C’est face à la montée des forces nazis en Allemagne que le KPD lança un appel à l’action antifasciste et des comités furent créés dans tout le pays en 1932
Le KPD – Parti Communiste d’Allemagne – avait développé la RFB, Roter Frontkämpferbund, l’Union des Combattants du Front Rouge, troupes de choc du Parti devant au fur et à mesure se transformer en Armée rouge. Mais le KPD ne devait pas qu’affronter les nazis, il devait également affronter le SPD – parti socialiste – qui était violemment anti-communiste, participait aux institutions et soutenait la répression à l’encontre du KPD.
La ligne du KPD était ainsi bien sûr de gagner la base socialiste et de rejeter totalement la direction du SPD, considéré comme « social-fasciste. » La social-démocratie était vue comme l’obstacle à l’unité des masses pour la révolution. Le problème étant, avec la progression des SA, que le SPD ne faisait pas que s’opposer à la révolution, ce qui théoriquement ne faisait que perdre du temps par rapport à l’inévitable révolution.
Ce qu’il faisait également, c’est s’opposer à la lutte antifasciste, de plus en plus vitale. Ainsi, suite à la manifestation de force nazie de Braunschweig en octobre 1931, la social-démocratie unifia ses forces dans le Eiserne Front, le front de fer. Cette organisation reprit comme symbole les « trois flèches », symbole républicain anti-nazi et anti-communiste ; la social-démocratie refusait toute alliance avec les communistes.
La perspective de l’Action antifasciste était inversement fait d’unifier le plus largement face aux fascistes.
Le prétexte à la naissance de l’Action antifasciste fut un affrontement extrêmement violent entre nazis et communiste au parlement de Prusse, le 25 mai 1932, qui se solda par des blessés graves. Le KPD lança un appel à l’action antifasciste et des comités furent créés dans tout le pays.
Ces comités eurent un grand succès, car les nazis attaquaient toutes les personnes progressistes, qui par conséquent faisaient face à la même situation et s’entraidaient. Le 8 juillet 1932, 20 socialistes furent invités au bâtiment central du KPD pour poser des questions au secrétaire général du KPD, Ernst Thälmann, au sujet de l’antifascisme. Les questions et les réponses furent publiées dans une brochure, servant de base pour pousser à la constitution de l’Action antifasciste.
La réponse de Thälmann sur ce que devait être celle-ci était très claire :
« Elle est un point de ralliement au-dessus des partis pour une lutte sans merci contre le fascisme ds travailleurs qui y sont prêts. Ce n’est pas une organisation, mais un mouvement de masse. C’est un courant, où se jettent toutes les forces combattantes qui veulent vraiment mener la lutte, l’attaque de masses contre le gouvernement actuel, qui mène la mise en place à court terme de la dictature fasciste. La direction des comités d’unités formés dans les usines, dans les rues etc, doit évidemment être dans les mains des travailleurs voulant lutter eux-mêmes. »
Lors du congrès de fondation de l’Action antifasciste à Berlin les 10-12 juillet 1932, il y eut ainsi 1550 délégués : 379 communistes, 132 socialistes et 954 sans parti. Le symbole de l’organisation fut deux drapeaux rouges, représentant les communistes et les socialistes.
Dans le document publié en 1932, « Que veut l’action antifasciste ? », on peut lire :
« L’Action antifasciste ne permettra pas que soit établie sur l’Allemagne la dictature fasciste, que les les organisations de classe du prolétariat soient détruites et interdites, que tous les droits de la classe ouvrière soient piétinés, que la sécurité sociale et toutes les réalisations du mouvement ouvrier soient éradiquéés. L’Action antifasciste organise dans le Front Uni le plus large possible l’auto-protection de masse rouge décidée des ouvriers, des chômeurs et des travailleurs en Allemagne. L’Action antifasciste veut la lutte de masse de tous les travailleurs conscients, de tous les Combattants antifascistes de la liberté pour la défaite totale du fascisme hitlérien, pour la reconquête des millions de travailleurs trompés par les nationaux-socialistes. »
A partir de là, lors des meetings ouvriers de lutte, on pouvait voir des socialistes prendre la parole, voire des SA. Un aboutissement très connu en Allemagne est la grande grève des transports en commun de Berlin, en novembre 1932.
Sur les 22 000 personnes qui y étaient salariées, 1200 étaient liées au KPD et 1200 aux nazis, et la grève devait « ramener » les ouvriers trompés par les nazis. Si la grève fut un échec relatif, elle permit au KPD de prendre l’ascendant ; si le parti nazi avait soutenu la grève, il fut incapable d’initiative réelle et cela posa de surcroît de nombreux problèmes par rapport à ses appuis bourgeois. Mais la direction socialiste sabota autant que possible le projet, condamnant systématiquement les personnes participant à l’Action antifasciste.
Le résultat fut le triomphe nazi en juillet 1932 lors d’élections marquées par l’offensive générale de la SA (affrontements systématiques, faisant pratiquement 100 morts). Avec une participation de 84,1%, les nazis obtinrent 37,3% des voix, soit 19 % de plus qu’auparavant. Aux élections de novembre de la même année, le reflux commença, les nazis obtenant 33,1 %, mais ils étaient déjà en place, disposant d’une masse de SA, et pouvaient être utilisés par la bourgeoisie, qui les appela au pouvoir en janvier 1933.
Les communistes avaient trouvé une perspective, mais il était trop tard, en raison de la social-démocratie (les résultats électoraux communistes sont assez expressifs: juin 1920 : 2,1 %, mai 1924 : 12,6 %, décembre 1924 : 9,0 %, mai 1928 : 10,6 %, septembre 1930 : 13,1 %, juillet 1932 :14,6 %, novembre 1932 : 16,9 %,).
L’Action antifasciste a été la première tentative de trouver un moyen pour unifier les masses par-delà l’influence de la direction social-démocrate.
(extrait : http://lesmaterialistes.com/80-ans-en-allemagne-naissait-action-antifasciste)
Sur le rôle d’Ernst Thalmann (KPD) http://lesmaterialistes.com/action-antifasciste-role-ernst-thalmann-bilan
source : http://www.editoweb.eu/nicolas_maury/Il-y-a-80-ans-en-Allemagne-Le-KPD-a-l-origine-de-l-action-antifasciste_a6588.html
en 1932 !!! Ils ont bonne mine en 1932 de commencer à se rendre compte que le fascisme est le vrai ennemi alors que pendant des années (depuis le 6e congrès de l’Internationale en1928) l’ennemi c’est le social-fascisme (la sociale-démocratie). Cette division explique la victoire de Hitler en 1933. Après le sectarisme ce sera l’opportunisme car à partir de là l’anti-fascisme (nécessaire bien sur) servira de prétexte pour renoncer à la révolution dans des alliances avec les démocratie bourgeoises. L’Espagne en sera l’illustration. Espérons qu’en 2017 certain/es comprennent que face à la droite extrême et à l’extrême -droite la seule chose à faire c’est de soutenir la candidature Mélenchon !