La direction du FRONTE POPOLARE, mouvement communiste italien a accordé un entretien à la rédaction d’Initiative Communiste, le journal du PRCF
Dans la presse italienne, la victoire de Macron – dans un pays comme la France qui est en train de vivre de fortes contradictions et de nombreuses luttes sociales – a été exaltée presque unanimement et accueillie avec soulagement, ce que l’on peut aussi interpréter comme un soutien (même virtuel) aux actuelles classes dominantes européennes.
A l’exception de la Ligue de Salvini pro-lepéniste, les principales forces politiques ont sauté sur le char du vainqueur, y compris le Mouvement 5 étoiles de Grillo qui, tout en attaquant Macron en tant que “banquier”, évalue positivement le supposé éloignement des partis traditionnels et s’est dit “prêt à collaborer” avec Macron “pour une Europe à la hauteur des peuples”.
La tentative – même en Italie – de faire passer l’extrême-droite comme l’unique alternative aux élites ultra-libérales a été en partie ruinée par le fort résultat de la France Insoumise, ce qui a démontré qu’il existe un espace politique progressiste et de rupture.
Quel rapport entretenez-vous aujourd’hui avec l’Union Européenne ?
Nous considérons que la question de la nature de l’UE et la façon dont il faut la traiter, représentent pour la gauche de classe européenne une ligne objective de division pour le mouvement communiste.
Les faits les plus récents sont en train de faire tomber les uns après les autres masques et illusions avec lesquels avait été vendu le “projet européen”.
Ce dernier naît en réalité, depuis les origines, comme un projet anticommuniste – dans le contexte de la Guerre Froide – mené par les classes dominantes européennes, subordonnées aux classes états-uniennes, en tant que puissant instrument de destruction des droits sociaux et d’inversion des rapports de forces en faveur du capital.
En même temps, les traités et l’union monétaire ont déterminé un déplacement énorme du pouvoir économique et politique aux pays limitrophes de l’Union, en particulier en faveur du Grand Capital allemand et – en position subalterne – français.
De ce point de vue, la perte de 25 % de la production industrielle italienne depuis le début de la crise à aujourd’hui, atteste le caractère anti-national et parasitaire de nos classes dominantes qui, pour satisfaire leurs intérêts, ont accepté et soutenu ce scénario.
Les politiques suivies par l’UE assument de façon toujours plus claire les caractéristiques néocoloniales, comme le met en évidence le cas grec. Un pays touché par la crise à qui l’UE a imposé -contre l’avis contraire exprimé par le peuple Grec- privatisations massives, destruction des droits sociaux, coupes aux retraites, etc, pour recevoir des “aides” qui à 95 % sont allées directement payer les intérêts de la dette en faveur particulièrement des banques françaises et allemandes, et même en partie italiennes.
Face à la perte de consensus subie ces dernières années et à l’aggravation des contradictions internes, les classes dominantes européennes semblent avoir l’intention de répondre avec une triple fuite en avant : plus de néolibéralisme, plus de fédéralisme et plus de militarisme.
Celui qui à gauche continue de proposer une possible réforme et à taire le nationalisme comme solution de rupture, se trompe d’analyse puisque l’UE ne s’est pas perdue en route, mais est née depuis le début avec ces objectifs politiques et que ses traités ne sont modifiables qu’avec l’accord unanime de tous ses États membres.
Celui qui théorise la possible réforme de l’UE soutient en substance que – dans des pays extrêmement variés par leur propre histoire, culture et surtout rapports de force internes entre classes – il est possible d’arriver simultanément à un échange radical dans le sens progressiste de la société.
Une position qui s’est déjà avérée irréalisable et qui mène celui qui la suit, comme l’a montrée la capitulation de Tsipras, à trahir son propre peuple et à revêtir les habits de l’opposition à Sa Majesté.
La campagne électorale de Mélenchon et de la “France Insoumise” – même sans ignorer ses évidentes contradictions et les différences nationales – comme cela a été évoqué précédemment, a été importante même pour nous parce qu’elle a montré qu’il existe bel et bien un espace politique pour affirmer un projet politique de masse, de rupture progressiste et révolutionnaire face aux institutions européennes. Nous partageons pleinement à ce propos la position soutenue par le PRCF.
De ce point de vue, le mot d’ordre ItalExit créé par Eurostop, une plateforme sociale – dont nous sommes parmi les fondateurs – qui rassemble différentes organisations politiques et syndicales, nous semble être un facteur positif et inédit pour le valoriser et le faire vivre dans les luttes.
De manière certaine, il faut aussi repousser la thèse soutenue par certains qui – dans une période de confusion risque de se répandre même à gauche – selon lesquels le retour à la monnaie nationale représenterait en soi la fin de la crise et d’une grande partie des problèmes ; outre le fait que la crise est propre au système capitaliste dans son complexe, il faut par ailleurs être conscients qu’une sortie – surtout par la gauche – des institutions européennes déterminerait une forte réaction de la part de l’impérialisme et poserait immédiatement les questions centrales du commandement dans la société et de la lutte pour le pouvoir.
Comment êtes-vous en train de préparer le centenaire de la Révolution d’octobre ?
En novembre nous participerons à une initiative importante à Rome avec d’autres organisations proches de nous ; dans le même temps des initiatives sur le même thème sont programmées pour l’automne à Milan et à Turin. Parallèlement nous avons constitué un “Comité pour le Centenaire de la Révolution d’Octobre. (https://www.facebook.com/