Des « prisonniers de conscience » en République de Corée
«Un prisonnier de conscience est un prisonnier de trop » a dit Ms Daw Aung San Suu Kyi, lors de la conférence Nobel, Oslo, 16 juin 2012 concernant les détenus en Birmanie (1). En effet, en République de Corée la loi de sécurité nationale édictée depuis 1948, exerce la répression à l’égard du Parti Progressiste Unifié (PPU) et de l’Alliance coréenne. Le PPU se battant pour la démocratie et la réunification avec plus de 16% des voix aux dernières élections, a été interdit le 19 décembre 2014, et nombre de ses militants incarcérés, et menacés de lourdes condamnations pour un complot imaginaire, sur la base de témoignages de complaisance (2)
Concernant les «prisonniers de conscience» en République de Corée il serait urgent de porter à la connaissance de la communauté internationale leur situation à l’égard des principes fondamentaux relatifs au traitement des détenus en particulier sur le cas de Kim Hye-young.
Par ailleurs, le 24 juin 2016, trois membres incarcérés de l’Alliance coréenne (émanation du PPU), Han Jun-hye, Kim Kyoung-koo et Choi Min ont été libérés suite à une campagne nationale et internationale en particulier du CILD – AAFC et d’Amnesty international. Ils ont été arrêtés le 20 Décembre 2015 et maintenus en détention à Daejeon. Le tribunal de première instance les a condamnés à 1 an six mois de prison avec sursis à exécution de deux ans le 24 Juin à 2016. Tous trois ont fait la grève de la faim pendant 10 jours au détachement de sécurité de Mokcheon de la province de Chungnam.
Actuellement sont détenus les membres de l’Alliance coréenne suivants:
1-Kim Hye-young, membre du Comité organisateur du Forum International de Corée, a été arrêtée le 26 juillet 2015 et détenue au centre de détention de Seoul.- Elle souffre du cancer de la thyroïde. La cour d’appel l’a condamnée à 2 ans de prison à la date du 26 mai 2016. Dès le 26 mai 2016, elle a fait la grève de la faim jusqu’au 14 Juin 2016, après 20 jours dont 10 jours au poste de police de Namdaemun. Le 18 juin 2016 les délégués étrangers du Forum International de Corée sur la paix et la réunification, Derek Ford (USA), Gérard Halie, Maurice Cukierman et Nguyen Dac Nhu-Mai (France) sont allés la voir pendant 10 minutes et lui apporter leur solidarité.
2-Lee Sang-hun, co-président de l’Alliance coréenne, co-représentant de l’Alliance coréenne, ancien vice-président du comité de Séoul du PPU depuis 2012, a été arrêté le 23 Juillet 2015 et est détenu au centre de détention de Séoul. La cour d’appel l’a condamné à 2 ans de prison ferme le 26 mai 2016. Il a fait la grève de la faim pendant 10 jours au poste de police de Jongno et au centre de détention de Séoul. Je suis allée le voir le 21 juin pendant 10 minutes pour lui apporter notre soutien. Comme la précédente fois, toute la communication a été enregistrée.
3-Ji Young-chul, co-président de l’Alliance coréenne, ancien co-représentant et ancien représentant du Centre économique alternatif, a été arrêté le 20 octobre 2015 et est détenu au centre de détention de Séoul. – Le tribunal de première instance l’a condamné à 2 ans de prison ferme le 28 Avril 2016. Il a fait la grève de la faim pendant 10 jours au poste de police Jongno.
4-Lee Mi-sook, membre de l‘Alliance coréenne, ancienne secrétaire générale du Comité européen du DLP et Secrétaire générale du Forum international de Corée (IFC), a été arrêtée le 9 Août 2015 et est détenue au centre de détention de Séoul. La cour d’appel l’a condamnée à 2 ans de prison ferme le 26 mai 2016. (Elle a fait la grève de la faim pendant 10 jours aux postes de police Namdaemun et Seongdong Institut correctionnel).
5-Kim Dae-bong, membre de l‘Alliance coréenne, arrêté le 28 Octobre 2015 a été incarcéré à la détention de Suwon. Le tribunal de première instance l’a condamné à 1 an et 6 mois d’emprisonnement ferme le 20 mai 2016. Il a fait la grève de la faim pendant 10 jours au poste de police Nambu Suwon.
Les membres de l’Alliance coréenne incarcérés sans détention sont les suivants :
6- Kim Jeong-hee: ancienne vice-présidente du Comité Choongnam du PPU et directrice du centre Choongnam pour l’éducation et de la culture pour l’égalité des sexes. Elle a été arrêtée le 9 Août 2015 et libérée après 48 heures de garde à vue. – La cour d’appel l’a condamnée à 2 mois de prison, mais 3 ans de sursis à exécution. Elle a fait la grève de la faim pendant 48 heures au poste de police Namdaemun.
7-Kang Soon-young, ancienne rédactrice en cheffe de l’organe central du DLP, a été arrêtée le 15 Juillet 2015 et libérée après 48 heures de garde à vue. – La cour d’appel l’a condamnée à 1 an et 6 mois d’emprisonnement, mais trois années de sursis à exécution. Elle a fait la grève de la faim pendant 48 heures à la station de police Jongno.
8-Kim Dong-gwan, rédacteur en chef du journal en ligne «Journal of Progressive Workers», a été arrêté le 24 Juillet 2015 et libéré après 48 heures de garde à vue. – La cour d’appel l’a condamné à 1 an et 6 mois d’emprisonnement, mais trois années de sursis à exécution. Il a fait la grève de la faim et a coupé l’eau pendant 48 heures au poste de police Seodaemun.
9-Lee Dong-keun, ancien président du comité sur les collectivités territoriales de Choongnam, province DLP, a été arrêté le 26 Juillet 2015 et libéré après 48 heures de garde à vue. – La cour d’appel l’a condamné à 1 an et 6 mois d’emprisonnement ferme. Il a fait la grève de la faim la grève de la faim et a coupé l’eau pendant 48 heures au poste de police Seodaemun.
La situation de répression politique relative à la liberté d’expression exercée à l’encontre des membres de l’Alliance coréenne est certes intolérable. La santé de Kim Hye-young, souffrant du cancer de la thyroïde est très préoccupante car les autorités carcérales ne l’ont pas autorisée à consulter un médecin à l’extérieur pour des soins appropriés. Cet acte est contraire aux Principes fondamentaux relatifs au traitement des détenus et à ceux relatifs à l’éthique médicale élaborés par le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits humains (3).
La communauté internationale ne devrait pas oublier les prisonniers de conscience encore incarcérés en particulier en République de Corée (cas des 9 membres de l’Alliance coréenne) comme en Iran (cas de Ms Nisria Sotoudeh), au Burundi (cas de Pierre C. Mbonimpa), aux Etats-Unis d’Amérique (cas de Ms Ana Belén Montés) et d’autres en Birmanie. Elle devrait agir pour réclamer leur libération immédiate.
Nguyen Dac Nhu-Mai, Membre du CILD et de l’AAFC
Notes
(1) S’il faut se réjouir de la libération de nombreux prisonniers politiques depuis mai 2011, plusieurs centaines sont toujours détenus dans les prisons birmanes et le nombre croissant de détentions arbitraires donne à réfléchir. Depuis janvier 2012, il y a eu au moins 200 arrestations politiquement motivées. Le gouvernement actuel utilise en effet la législation pour persécuter et intimider les personnes qui osent exprimer des opinions contraires aux intérêts de l’Etat. In http://www.info-birmanie.org/un-prisonnier-de-conscience-est-un-prisonnier-de-trop/
(2) Charles Hoareau : Condamnation de l’interdiction du Parti Progressiste Unifié en Corée du Sud . In
http://www.reveilcommuniste.fr/article-le-parti-progressiste-unifie-de-coree-du-sud-interdit-125367215.html
(3) La reproduction, en tout ou en partie, de la teneur des documents publiés dans la présente publication est autorisée. Toutefois, en pareil cas, il est demandé que mention soit faite de la source et qu’un exemplaire de l’ouvrage où sera reproduit l’extrait cité soit communiqué au Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Palais des Nations Unies. Il est possible de se procurer des exemplaires du Manuel, du Guide du formateur, du Guide de poche et de la présente Compilation en s’adressant au : Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Palais des Nations 8-14, avenue de la Paix 1211 Genève 10 (Suisse)
#Vidéo La Corée du Sud un régime totalitaire de répression. Entretien avec Goeun Yang.
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Site Web : http://www.ohchr.org e-mail : publications@ohchr.orgons, 8-14, avenue de la Paix, CH-1211 Genève 10, Suisse. In
http://www.ohchr.org/Documents/Publications/training11Add1fr.pdf18. Principes fondamentaux relatifs au traitement des détenus
5. Sauf pour ce qui est des limitations qui sont évidemment rendues nécessaires par leur incarcération, tous les détenus doivent continuer à jouir des droits de l’homme et des libertés fondamentales énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et, lorsque l’État concerné y est partie, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Protocole facultatif qui l’accompagne, ainsi que de tous les autres droits énoncés dans d’autres Pactes des Nations Unies.(p.229)
9. Les détenus ont accès aux services de santé existant dans le pays, sans discrimination aucune du fait de leur statut juridique.
32. Principes d’éthique médicale applicables au rôle du personnel de santé, en particulier des médecins, dans la protection des prisonniers et des détenus contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants
Principe 1 : Les membres du personnel de santé, en particulier les médecins, chargés de dispenser des soins médicaux aux prisonniers et aux détenus sont tenus d’assurer la protection de leur santé physique et mentale et, en cas de maladie, de leur dispenser un traitement de la même qualité et répondant aux mêmes normes que celui dont bénéficient les personnes qui ne sont pas emprisonnées ou détenues. (p.371)