Avec une unanimité touchante les députés, y compris du pcf et du parti de gauche, viennent de voter en première lecture, par un vote à main levée, la proposition de loi UMP qui vise à pénaliser la négation des génocides et notamment le génocide arménien de 1915.
Quels sont donc ces génocides dont parle la proposition de loi ? Car c’est bien là que ce situe un piège dangereux pour les libertés démocratiques en France.
Personne parmi nous, communistes, ne nie le génocide arménien. Son ampleur, son horreur.
En revanche nous pouvons poser des questions sur la légitimité de l’Assemblée Nationale à trancher des questions historiques, les débats historiques. La réalité des génocides arménien, juif ou amérindien, même contesté par certains, s’est imposée
parce que l’histoire est connue, que les historiens ont travaillé, qu’un débat et un combat politique a été mené. Pas parce qu’une Assemblée en a décidé ainsi mais parce que la référence au travail historique suffit.Travail historique qui est l’oeuvre des historiens, cela sans exclusivisme car l’histoire est aussi « l’oeuvre créatrice des masses » qui font l’histoire et donc doivent contribuer à l’écrire.
En revanche le pseudo-génocide en ex-Yougoslavie est un sujet en débat, avec des historiens, des politiques, des citoyens qui s’affrontent et confrontent leurs analyses des faits. Il en va de même du pseudo-génocide ukrainien, terrain d’affrontements historiographiques et politiques. Bref pour le reste, le terrain appartient aux historiens et aux citoyens, pas aux Assemblées.
Or ce qui s’est voté à l’Assemblée risque de créer un amalgame entre faits historiquement avérés et manipulations politiques sujettes à caution, à débat libre, et donc à contestation. Fabriquer une pensée officielle qui criminaliserait ceux qui n’acceptent pas le point de vue de l’idéologie dominante, qui est celle des classes dominantes ne l’oublions pas, est donc extrêmement dangereux pour la démocratie et engage le pays sur une voie, un processus que le PRCF dénonce depuis longtemps : la fascisation. Ainsi vous contestez telle ou telle vote de l’Assemblée (vote politique et non historique) et vous voila « négationniste » ! On invente des « génocides » pour frapper l’ennemi intérieur: la ficelle est un peu grosse.
Rappelons nous aussi la tentative de la droite revancharde de faire passer un texte sur « les bienfaits » de la colonisation.
Enfin comment ne pas voir que le pouvoir sarkozien, comme lorsqu’il tente de briser la grève des aéroports, se livre à une manœuvre électorale combinant la recherche des voix des Français d’origine arménienne tout en inscrivant cela dans la campagne anti musulmane.
ALR et AM 25 décembre 2011.
