En juin dernier, le Centre national du cinéma a labellisé le projet de pôle cinématographique industriel et culturel dans l’agglomération Cœur d’Essonne, fruit d’un partenariat public-privé. Avec la Base 217 (nom du site industriel) ou « 217 on air » en bon globish, le projet n’est rien de moins qu’un Hollywood français[1], à l’instar de l’objectif initial de la Cité du cinéma de Luc Besson à Saint-Denis. A la clé, on doit avoir sur le site en construction des plateaux intérieurs et extérieurs, des bureaux de production, des loges pour les artistes, etc, et le projet est bien entendu écologique (selon ses promoteurs) et doit créer des emplois.
Et pourquoi pas ? Il manque en France des studios de cinéma pour que les films soient tournés correctement. Vu les annonces du projet en termes de superficie et de services qui seront promus, on ne saurait douter qu’il s’agit d’un bienfait. Mais vient la lancinante question : pour tourner quoi ? Des films comiques où l’humour manque cruellement ? Peut-être les films d’actions entièrement calqué sur le modèle américain comme on en voit produit par la Cité du cinéma de Besson ? Un énième drame romantique dont l’histoire a déjà été vu des milliers de fois ? C’est bien plus un cinéma de divertissement auquel sont destinées ces installations. En soi, rien de problématique car nous autres communistes nous ne prenons pas notre plaisir dans un intellectualisme permanent. Toutefois on doit distinguer le divertissement acceptable du divertissement bas de gamme, soit dans un humour proche du crétinisme, soit dans un copié-collé sans gêne de ce qui se fait aux États-Unis. Ce qui risque d’en pâtir – ou du moins de ne pas en bénéficier -, c’est le cinéma politique, bien entendu marginalisé par cette grosse production car il vend peu et dérange beaucoup dans une époque de fascisation.
Une hypocrisie se cache dans tout cela : on s’extasie sur le fait de produire « made in France » mais on oublie totalement que la diffusion cinématographique est noyée dans la production américaine. Les accords Blum-Byrnes[2]ont supprimés en 1946 les quotas des films américains importés en France, ce qui désavantage grandement le cinéma français et permet l’importation du modèle américain. Même la production venant d’autres pays qu’anglo-saxons trouve peu de point de chute en France, comme-ci elle devait être dédaignée par le grand public. Le marché américain écrase tout et Netflix a à peine changé les choses.
Les JRCF, en adéquation avec le programme du PRCF, souhaitent dénoncer le consumérisme culturel d’une partie de la jeunesse sur fond d’américanisation générale de la société. Nous réclamons une politique nationale d’aide à la création artistique, le maintien et la revalorisation du statut des intermittents du spectacle. Nous demandons aussi la création d’un organisme chargé de garantir le niveau culturel de la production cinématographique, voire son caractère éducatif dans certains cas. La liberté de l’artiste doit être totale et les autorités ne doivent pas intervenir, à condition que les œuvres ne bafouent pas la dignité humaine et lois communes de la République.
un article de nos jeunes camarades des JRCF : http://jrcf.over-blog.org/2021/11/l-industrie-du-cinema-francais-doit-elle-se-renouveler.html
[1]« Essonne. Sur l’ancienne base aérienne 217, le futur Hollywood français se développe », Actu Essonne, 08/10/2021.
[2] Accords auxquels le PCF s’était opposé à l’époque.