UN ENTRETIEN AVEC GEORGES GASTAUD, DIRECTEUR POLITIQUE D’INITIATIVE COMMUNISTE – 15 septembre 2022
Initiative Communiste : Comment, selon toi, apprécier l’évolution de la situation internationale et géopolitique?
Georges Gastaud: Ne nous y trompons pas, la situation mondiale est tendue à se rompre. Non parce que « la Chine veut envahir Taiwan » (laquelle fait partie sans l’ombre d’un doute de son territoire national du point de vue du droit international!), ni parce que « Poutine, nouvel Hitler, veut s’emparer de notre belle Union européenne » (sic), comme le martèle la machine médiatique occidentale, mais pour deux raisons indissociables:
- d’une part, le capitalisme-impérialisme-hégémonisme, piloté par Washington et servilement suivi par l’UE et Macron, se débat dans une crise inextricable où s’entremêlent le structurel et le conjoncturel ; la crise inflationniste actuelle et les énormes tensions qui pèsent sur les approvisionnements mondiaux, c’est-à-dire sur les conditions de vie des masses quasiment partout (chauffage, alimentation, déplacements de travail) n’est pas due principalement à la « guerre en Ukraine » et aux méchants Russes; car non seulement cette guerre a été sciemment provoquée par l’encerclement insistant de la Russie par le bloc UE-OTAN aidé par le régime pronazi de Kiev, non seulement la montée vertigineuse des prix dans le monde résulte surtout de la structure largement spéculative de l’économie capitaliste mondiale (et de la destruction de l’agriculture et de l’industrie dans notre pays!), mais les éléments structurels de la crise capitaliste étaient là très en amont de la crise ukrainienne si bien que, si celle-ci ne dégénère pas en guerre transcontinentale, ces éléments continueront de s’aggraver après une éventuelle, et toute provisoire, fin de conflit.
- *d’autre part, face à la montée systémique des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), dont la Russie est l’avant-garde militaire et dont la Chine forme l’avant-garde techno-économique (sans parler de l’Inde, qui monte elle aussi en puissance), l’impérialisme étatsunien et ses « vassaux-rivaux » (il faudrait presque inventer le mot « ri-vassaux », voire, « rival-sots », tant ces derniers s’abandonnent aux caprices stratégiques de Washington!) sentent qu’ils perdent pied: ils voient que le temps travaille contre eux et qu’il faut « régler leur compte » à leurs concurrents planétaires, notamment à la Chine, avant que ceux-ci ne leur aient imposé, non pas une « contre-hégémonie asiatique », comme le serine une propagande anti-« Asiates » puant le racisme, mais une réorganisation du monde dans le sens du multilatéralisme et du respect de la Charte des Nations-Unies ; c’est ce que demande en permanence – ni plus, ni moins – le président chinois Xi Jinping. Mais structurellement, les USA ne peuvent renoncer à la domination mondiale du triptyque Wall Street-Pentagone-Dollar inconvertible qui vampirise les relations internationales et le commerce mondial tout en détruisant l’écosystème planétaire.
Dans ces conditions, l’Ukraine devient, un peu comme l’Espagne avant 1939, le ban d’essai d’une possible guerre mondiale impérialiste-hégémoniste à laquelle il faut résister prioritairement car, à supposer qu’elle n’aboutisse pas, comme c’est probable, à la « solution finale » pour l’humanité, elle achèverait d’affoler le climat et rendrait la vie des survivants éventuels pire que la mort. J’entends bien que, de divers côtés, on prétend que, avec la « dissuasion » nucléaire, une guerre mondiale d’extermination est devenue impossible; je réponds que les meilleurs paratonnerres n’ont jamais empêché l’orage et que surtout, il ne faut pas occulter le caractère de plus en plus prédateur, irresponsable, exterministe en un mot de cet impérialisme euro-atlantique qui semble dépourvu de toute marche arrière et qui paraît prêt à tout risquer pour préserver son système de prédation mondiale: on l’avait déjà constaté en 1984 au moment de la crise des euromissiles.
Il n’y a pas lieu de trembler pour autant car la dérive exterministe de l’UE-OTAN ouvre aussi d’immenses possibilités de rassemblement mondial derrière les communistes si ces derniers savent brandir à temps le drapeau de la raison et de la vie en combinant intelligemment le combat anti-exterministe et la proposition stratégique d’un socialisme-communisme de nouvelle génération. Si Fidel Castro avait raison, au nez du super-traître mondial Gorbatchev, de prendre pour devise « le socialisme ou la mort », c’est bien que, en dernière analyse, les fameuses « valeurs » dont se réclame jusqu’à la nausée le peu reluisant Occident, ne sont que le masque de la mort de l’humanité par extermination ou par surexploitation générale de la Terre et des travailleurs, alors qu’en définitive, le socialisme est le chemin de la vie et la voie de la raison. Or la majorité des humains sont jeunes, notamment en Afrique, en Amérique latine et en Asie, et ils veulent vivre et bien vivre et non pas mourir ou survivre d’une vie pire que la mort. Si donc nous, militants du prolétariat, savons clairement porter en tous domaines le drapeau de la paix et de la vie, celui des « cerises » communardes, des « outils » prolétariens et de la colombe de la paix, comment ne porterions-nous pas du même coup le drapeau de la victoire pour le camp du progrès social, des nouvelles Lumières et de la coopération entre peuples souverains? Ainsi, un peu de combat anti-exterministe mène au pessimisme historique, mais un combat anti-exterministe conséquent, donc révolutionnaire et anticapitaliste, mène à un optimisme non pas béat, mais offensif!
Concernant la guerre en Ukraine, le PRCF avait d’emblée affirmé que, dans cette affaire, l’agresseur structurel n’était nullement l’agresseur apparent, c’est-à-dire la Russie. Il n’est que de voir la manière dont le Donbass a été bombardé durant 8 ans par les criminels nazis des bataillons Azov et Aïdar, et aussi comment Zelensky, l’otage des néonazis ukrainiens et le fantoche de l’Oncle Sam, ont saboté les accords de Minsk accordant au Donbass russophone l’autonomie dans le cadre de l’Ukraine et comment, au surplus, des plans américains de partage de la Russie et de la Chine sont désormais ouvertement sur la table. Cette question est tout-à-fait distincte de celle de savoir s’il existe un impérialisme russe car dans cette affaire, la Russie capitaliste est clairement pressée sur toutes ses frontières (tout dernièrement les va-t-en-guerre de l’OTAN et leurs seconds ou troisièmes couteaux ont même tenté de rouvrir un front antirusse indirect en Serbie, via les provocations de l’Etat-fantoche kosovar et c’est sans doute aussi le cas dans le Caucase où Bakou, armé par Ankara (rallié à l’OTAN après quelques coquetteries visant à faire monter les enchères) s’inscrit dans les rêves « néo-ottomans » d’Erdogan et réactive le front anti-arménien. Plus que jamais, l’aspect principal de cette guerre est le bloc géo-hégémoniste OTAN-UE, l’ennemi le plus dangereux de la paix mondiale. Il nous faut donc réinterpréter dans les conditions modernes l’idée, lancée par Karl Liebknecht en 1914, que « l’ennemi principal est dans ton pays », en l’occurrence, « dans ton propre bloc politico-militaire », celui de l’euro-atlantisme débridé en pleine ruée vers l’Est en Europe, et vers la Chine dans la région de l’Indopacifique. Je rappelle au demeurant que c’est très antérieurement au conflit ouvert en Ukraine que Biden, Macron et le chef de l’état-major français parlaient d’un « conflit de haute intensité » inéluctable avec la Chine et la Russie.
Un aspect second, mais pas secondaire, est que cette crise géopolitique précipite la transformation de l’UE en un Empire européen (en « Etat fédéral européen » pour parler comme le chancelier allemand Olaf Scholz) sous l’égide de Berlin : l’impérialisme allemand sacrifie tactiquement et très provisoirement ses intérêts industriels (les « sanctions » russes font actuellement boomerang sur l’Allemagne à la grande satisfaction de Washington qui fait coup double!) en échange de l’opportunité géopolitique structurelle qui lui est offerte de réarmer massivement et de se mettre à nouveau en état de faire la loi en Europe, non seulement économiquement comme on l’a vu en Grèce en 2008, mais militairement au grand désavantage du « partenaire » (?) français.
Bref, la perspective ultraréactionnaire est celle d’une Europe berlinoise dans un monde washingtonien avec en filigranes l’émergence d’un Grand Marché Transatlantique de la force de travail qui, sur fond de basculement au tout-anglais transcontinental imposé sans débat aux peuples, offrirait une formidable aubaine aux capitalistes et serait un terrible piège, en termes de moins-disant social et salarial, pour les ouvriers, les employés et même les cadres des deux rives, sans parler des agriculteurs.
Qui plus est ce nouvel empire européen, que Macron rebaptise « souveraineté européenne » dans sa novlangue d’acajou, a déjà mis le cap sur la fascisation politique avec à la clé la criminalisation paneuropéenne du marxisme-léninisme (« Résolution sur la paix en Europe » votée par les eurodéputés en septembre 2018), la réhabilitation galopante des nazis et l’émergence un peu partout, France macroniste en tête, d’un Etat policier de plus en plus musclé. La création annoncée (budget 2023) de 8000 postes de policiers principalement dédiés à la répression du mouvement populaire plutôt qu’à la police de proximité, en est une nouvelle illustration: le pouvoir s’attend à une « grande explication » avec le mouvement populaire sur les salaires, les retraites, les statuts publics, et il agit en conséquence. Ainsi, ceux qui ne voient la fascisation que du côté de l’extrême droite, et qui ont sottement appelé à lui « faire barrage » en votant Macron au second tour de la présidentielle, confondent l’iceberg de la fascisation avec sa pointe émergée lépéno-zemmourienne : en réalité, la fascisation est un mouvement de fond de la société capitaliste en crise et affecte largement l’UE, qui arme d’ailleurs indirectement les légions nazies en Ukraine! Ne parlons pas des USA où toute une partie de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie se fascise à vue d’oeil!
J’ai par ailleurs attiré l’attention, dans ma Lettre ouverte à Poutine récemment traduite en russe, sur le fait qu’il est inconséquent, historiquement faux et militairement contre-productif, de prétendre défendre les intérêts légitimes des ouvriers russophones du Donbass, l’une des contrées de l’ex-URSS les plus traditionnellement « rouges », en vitupérant Lénine, en déniant le droit à l’existence de l’ex-Ukraine soviétique (présentée comme une création artificielle des bolcheviks!), sans parler de la stratégie militaire passablement illisible et erratique de l’état-major russe.
D’où la « double besogne » qui doit être celle des vrais communistes à l’international (je ne parle pas de M. Roussel qui a renié la lutte anti-OTAN, qui a hésité à accepter l’idée de « gouvernement d’union nationale » lancée par Macron et dont de nombreux maires affichés PCF arborent les drapeaux de Kiev sur leur mairie à l’unisson de leurs mentors de la « NUPES »: drôle d’ « insoumission » et drôle de « combat pour la paix » soit dit en passant!):
- d’une part, il faut élargir la brèche au flanc de l’impérialisme-hégémonisme-exterminisme mondial et pour cela, il faut soutenir les BRICS contre l’unilatéralisme euro-atlantiste; les défenseurs de la paix doivent rejeter les facilités d’un « ni-ni » renvoyant dos à dos l’OTAN et les BRICS. Et cela d’autant plus que nous vivons à l’Ouest, que notre ennemi principal est chez nous et qu’en outre, le ralliement total de Macron à l’UE-OTAN mène à court ou à moyen terme à la liquidation de la France (soit parce qu’une guerre nucléaire en Europe signifierait l’anéantissement de notre patrie, soit parce que la consolidation de l’Europe fédérale sous condominium germano-américain aboutirait à une forme d’ « évaporation » de la nation qui rendrait bien plus ardue notre lutte pour l’indépendance nationale et pour la révolution sociale.
- d’autre part, il faut travailler d’arrache-pied à reconstruire de manière pleinement indépendante le mouvement ouvrier et populaire international sur tous les terrains, celui des luttes, celui du Mouvement communiste international et celui du syndicalisme rouge national et international.
- le terrain du mouvement ouvrier international: nous soutenons la grève (suspendue en raison des funérailles royales) des camarades britanniques des transports, des ports et docks, de l’enseignement, contre ce gouvernement conservateur grossièrement anti-ouvrier. Nous regardons avec admiration les 80 000 manifestants tchèques qui ont défilé à Prague début septembre sous les justes mots d’ordre « à bas l’OTAN, à bas la dictature de l’UE, augmentez les salaires, halte aux sanctions contre le peuple russe, etc. ». C’est pourquoi nous saluons les prolétaires américains qui ont récemment bloqué des mastodontes capitalistes comme « John Deer » ou « Amazon ». C’est pourquoi surtout, nous sommes attentifs aux plus grandes grèves ouvrières et paysannes de l’histoire, du moins en chiffres absolus, qui viennent de se dérouler en Inde à l’appel des syndicats de classes et des PC marxistes-léninistes de cet immense pays. C’est pourquoi nous disons que les dockers italiens qui ont refusé récemment d’embarquer des armes destinées aux fascistes ukrainiens sont à la fois les dignes héritiers de Gramsci et l’honneur de la seule Europe qui vaille, celle des luttes. Enfin nous sympathisons avec les efforts de la Fédération Syndicale Mondiale anticapitaliste et anti-impérialiste pour rendre au syndicalisme international (qu’ont dévoyé de concert les eurocommunistes et les bureaucrates de la Confédération Européenne des Syndicats), de véritables syndicats de classe indépendants du patronat et de l’UE-OTAN.
En outre, n’oublions pas que dans chacun des « BRICS’ (c’est aussi pour cela que les euro-atlantistes les redoutent!) persistent de puissantes traditions rouges et communistes. Sans parler de la Chine populaire, ou un parti se réclamant de Marx est au pouvoir, qu’il suffise de rappeler les noms prestigieux du communiste brésilien Carlos Prestes, du Russe Oulianov, du martyr communiste sud-Africain Chris Hani…
Bref, ne remettons pas le sort du mouvement populaire mondial dans les mains des dirigeants des BRICS, dont les dirigeants peuvent être des contre-révolutionnaire acharnés comme Poutine, sans parler des Bolsonaro (Brésil) et autre Modi (Inde), et souvenons-nous toujours que, quelles que soient nos nécessaires fronts uniques contre l’exterminisme, l’hégémonisme, le fascisme et l’impérialisme, « l’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes« , comme le proclamait la Première Internationale fondée par Marx. Du reste, à l’intérieur des larges rassemblements nationaux et internationaux à construire pour isoler l’ennemi principal, le VIIème congrès de l’Internationale communiste faisait obligation aux partis communistes de conquérir le rôle dirigeant, non pas en s’instituant les mentors du mouvement populaire, mais en méritant sa confiance par la clarté des analyses et par la pertinence de leurs propositions unitaires.
Dans l’immédiat, je suis fier d’appartenir à une organisation, le PRCF qui, depuis le début du conflit en Ukraine, milite clairement contre l’escalade militaire et les livraisons d’armes, pour les négociations, et qui, avec ses dynamiques JRCF, a multiplié les actions avec dernièrement, à Strasbourg, une courageuse manifestation anti-OTAN franco-allemande à Strasbourg. Aux aigris qui ricanent en prononçant le mot « PRCF », je dis : qu’avez-vous fait de semblable avec vos maires, vos députés, vos subventions d’Etat payés par le contribuable?
Du point de vue de l’activité internationaliste, rien que durant l’été qui s’achève, le PRCF a rencontré les camarades du Comité central du PC de Cuba en visite à Paris, pris la parole à la fête du PC portugais, participé aux deux meetings Thälmann de Berlin, soutenu deux livres faisant la clarté sur la Chine et sur la Russie et diffusé une importante interview du PC brésilien à la veille des élections présidentielles dans ce pays.
Initiative Communiste : d’après toi, où va notre pays en cette rentrée politique et sociale? G.G. :
Georges Gastaud : Structurellement, la situation est très préoccupante : en effet, l’oligarchie fédérée par Macron, pressée par Bruxelles et flanquée des nantis archi-réactionnaires dits « LR », passe à la vitesse supérieure dans sa guerre de classe contre les travailleurs et le peuple français. Et elle le fait hélas avec le plein soutien (PS, Verts) de certains chefs de la NUPES sur le terrain international, le citoyen Mélenchon se faisant surtout remarquer par ses zigzag incessants sur tous les plans.
sur le plan social,
Sur le plan social, le pouvoir ne « lâche » que le minimum qu’il estime indispensable pour conjurer un soulèvement du peuple travailleur dont les conditions de vie, de salaire, de logement, de travail, d’emploi sont majoritairement pénibles, voire insupportables et invivables. En outre Macron annonce la démolition de ce qui reste des indemnités chômage (alors que 2/3 des chômeurs ne sont pas indemnisés et que Macron refuse de taxer les superprofits!). Le gouvernement Borne veut en outre passer en force sur la retraite à 65 ans, ce qui sera totalement impossible sans militariser la lutte policière contre le mouvement social.. et sans obtenir la compromission des états-majors euro-formatés des syndicats, CFDT en tête.Ne parlons pas de l’état lamentable de l’hôpital public et de l’Education nationale qui, avant le traité de Maëstricht de 1992, étaient considérés comme les meilleurs du monde (malgré leurs défauts) avant que la « construction » européenne a base d’austérité salariale, de gestion managériale des entreprises publiques et de la Fonction publique a réduits à l’os. L’été 2022 a montré les sommets d’hypocrisie atteints par ce pouvoir qui ne cesse de parler de défense environnementale et qui, chaque année, supprime des centaines de postes à l’Office National des Forêts…
Enfin comment ne pas entendre la grondante souffrance au travail qui devient peu à peu majoritaire avec des travailleurs, y compris ingénieurs et cadres, qui sont mal payés, peu considérés, corvéables à merci (combien de millions d’HS effectuées ne sont-elles pas payées aux salariés chaque année?) et habitant souvent bien loin de leur lieu de travail. En réalité, la prétendue réduction du temps de travail ne correspond en rien à la réalité vécue faite de stress, de frustration professionnelle, de transports incessants, bref, d’épuisement professionnel, y compris dans l’enseignement public dont les concours sont largement désertés par les jeunes diplômés. Mais qu’importe puisque le projet de Macron est de contourner les concours et le statut de la fonction publique en recrutant par « job-dating » (sic) des personnels bouche-trous « formés » en… quatre jours ! Quel assassinat éhonté de l’école publique, quel cadeau majeur consenti à l’école privée subventionnée par l’Etat pour offrir une éducation à triple vitesse qui contredit l’idéal républicain de laïcité, d’égalité et de fraternité!
sur le plan économique, industriel et agricole,
Sur le plan économique, industriel et agricole, la casse du produire en France se poursuit avec la continuité des coupes claires ou sombres dans les effectifs ouvriers de Renault, de Peugeot devenu « Stellantis », la poursuite à bas bruit des délocalisations et des fusions capitalistes transnationales, la faillite organisée d’EDF, d’Engie et de la SNCF, l’asphyxie de la Poste, l’assèchement des capacités de raffinage de la France, le déséquilibre massif de la balance des paiements (une des origines de la « dette » dont le pouvoir se garde bien de parler!). Chacun voit par ailleurs, en observant les rayons vides des supermarchés, à quel point nous dépendons du marché mondial (spéculatif!) suite à la Politique agricole européenne qui a mené à l’élimination des 9/10èmes des paysans travailleurs français depuis le lancement du Marché commun. Un pays comme la France doit désormais importer même sa moutarde, c’est tout dire !
* sur le plan institutionnel, la marche du pays vers l’euro-vassalisation et l’euro-découpage se poursuit. Sans la moindre consultation du peuple français, Macron et Darmanin promettent de « donner l’autonomie » aux sécessionnistes corses, voire aux « Girondins de Bretagne » (dont les chefs de file sont Bolloré et Le Drian), c’est-à-dire au MEDEF local, tandis que l’Alsace est devenue une « euro-région » et que la Moselle se transforme en « euro-département ». Nous sommes fiers d’annoncer à ce sujet que les ARC bretonnes du PRCF lancent en ce moment même un nouveau site intitulé « Bretagne commune » pour contrer le « largage d’amarres » d’avec la France préparé par l’oligarchie bretonne et par sa presse type « Télégramme de Brest ».
Enfin, comme cela a été rappelé plus haut, Macron piétine à la fois le vote des Français – qui avaient refusé la Constitution supranationale européenne à 55% des voix en 2005 – et la Constitution française qui dispose que « la souveraineté réside essentiellement dans la Nation »: Où donc le drapeau européen flottant sur nos mairies à côté de l’étendard douteux de Kiev figure-t-il dans notre Constitution, M. Macron, et qui vous a donné mandat pour faire avancer ce que nous osez appeler la « souveraineté européenne » afin de suivre M. Olaf Scholz qui, lui, parle ouvertement d’ « Etat fédéral européen »? Quand les Français se sont-ils prononcés pour que la République française indépendante se dissolve dans ce que Bruno Le Maire appelle franchement, reconnaissons-lui ce mérite, le futur EMPIRE européen ?
Sur le plan culturel,
Sur le plan culturel, qui est le plus fondamental à long terme, il est indispensable que la résistance – aujourd’hui faible et peu consciente de l’entreprise « linguicidaire » en cours – grandisse fortement au sein de la gauche populaire et du mouvement ouvrier. En effet, bien qu’ayant présidé le Conseil européen durant 6 mois, E. Macron n’aura pas eu un seul mot pour empêcher la Cour européenne, la Commission de Bruxelles et le Parquet européen de choisir l’anglais comme seule langue de travail (en plein Brexit!); de même, la ministre « marcheuse » de l’Université, Mme Dominique Vidal, a scandaleusement fait de l’anglais la langue officielle bis de l’Université (au détriment non seulement du français, mais aussi de toute autre langue vivante: mépris total pour les étudiants germanistes, hispanisants, arabisants, italianisants, etc.) en forçant tout étudiant de troisième cycle à posséder un haut diplôme d’anglais (c’est le prélude au basculement de toutes les études universitaires à l’anglais; bonjour les discriminations sociolinguistiques, et tout cela dans l’absolu et honteux silence des syndicats étudiants et enseignants!). De même, l’anglais est-il désormais devenu « la » langue bis de l’administration française puisque nos cartes d’identité seront dorénavant libellées en français et en anglais en violation flagrante de l’article II-a de la Constitution qui dispose que « la langue de la République est le français ». On va donc clairement vers l’officialisation de l’anglais comme seule langue officielle de l’UE, puis, en toute logique, vers son officialisation rampante comme « langue officielle auxiliaire » de chaque pays européen. Il est choquant que le mouvement ouvrier et enseignant ne s’empare pas d’un tel sujet alors que les classes populaires sont les premières visées par cette entreprise de substitution linguistique pilotée d’en haut et dénuée d’équivalent historique à une telle échelle. Comment appeler cela autrement que de l’exterminisme linguistique?
Il est donc temps, face à ces défis de classe qui menacent directement et à brève échéance la paix mondiale, les acquis fondamentaux, l’environnement (1), la démocratie et l’existence même de la Nation, que le peuple français se dresse, classe ouvrière et monde du travail en tête. Même si c’est sous d’autres formes, pour le moment moins dramatiques il est vrai, que celles, terribles, vécues en 1939/40, jamais notre peuple et notre pays n’auront été aussi vitalement menacés qu’aujourd’hui, et cela principalement à cause de l’oligarchie « française » auto-vassalisée aux puissances mondiale et continentale de la mortifère euro-mondialisation capitaliste. Nos générations seront-elles celles dont la passivité aura fait mentir l’Appel Thorez-Duclos du 10 juillet 1940 conclu par la magnifique proclamation « Jamais, non jamais, un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves!’? C’est impossible et « Marianne » ne consentira point au déshonneur qu’on lui prépare!
En conséquence, face aux euro-réformistes – qui, faute de clarté sur l’UE se sont condamnés à devenir de plus en plus des accompagnateurs vert-pâle, rosâtres ou rouge-défraichi des contre-réformes et des contre-révolutions – , il faut fermement maintenir la ligne générale historique des « quatre sorties » que porte le PRCF:*sortie de l’euro, ce dispositif austéritaire continental adossé au mark et au dollar, *sortie de l’OTAN, cette machine de mort universelle pilotée par le Pentagone, *sortie de l’UE, ce pilier Est de l’OTAN dominé par Berlin, * tout cela dans la visée claire et nette d’une rupture révolutionnaire avec le capitalisme.
C’est dans cet esprit, et pour s’opposer frontalement au pseudo-CNR macroniste (le conseil national de la « Refondation ») que le PRCF participera prochainement à Paris à une prise de parole plurielle appelant à mettre en place, pour de « nouveaux Jours heureux » qui ne soient pas qu’un feu de paille électoral à la Roussel, une Convergence Nationale pour la Résistance et la Reconstruction (CNR²).
Plus globalement, au « conflit de haute intensité » qu’organisent les fauteurs de guerre mondiale antirusse et antichinoise, il faut opposer le salutaire conflit de haute intensité qui revient un peu partout entre le camp du Capital, de la guerre et de l’impérialisme et le camp du Travail, des peuples souverains et de la paix.
A cet égard, les ouvriers britanniques qui furent déjà le fer de lance électoral du Brexit, nous montrent le chemin par leurs luttes actuelles : après s’être débarrassés de Bruxelles, les voilà qui attrapent aux oreilles le loup capitaliste et thatchérien de leur propre pays: leur victoire serait notre victoire, leur défaite notre défaite! Le meilleur moyen de les aider, outre la solidarité avec les grévistes qu’il faut développer, c’est de leur montrer que, en France aussi, nous pouvons construire le « tous ensemble en même temps » des syndicalistes rouges, des gilets jaunes et des militants politiques, culturels et associatifs du mouvement populaire.
Initiative Communiste : Quelles sont les perspectives d’organisation pour le mouvement communiste et révolutionnaire?
Georges Gastaud : Tout d’abord, il faut gagner la bataille des idées sur la question de la réorganisation nécessaire du Parti de combat dans notre pays. N’aident pas à la gagner ceux qui, tout en se réclamant décorativement du marxisme-léninisme, accompagnent en traînant les pieds toutes les opérations de ravalement de façade du PCF euro-mutant et qui trouvent des excuses à Roussel quelque énormité qu’il puisse formuler (dernièrement sur la « valeur travail » – en plein rabotage macroniste des indemnités chômage!). A l’inverse, laisser croire qu’on est un « parti communiste » quand on ne regroupe que quelques dizaines de membres sans prise sérieuse sur le mouvement populaire, ce n’est pas aider à faire le nécessaire pour reconstruire le parti puisqu’on fait comme si la tâche était déjà accomplie.
La 6ème Conférence nationale du PRCF, qui se tiendra les 11, 12 et 13 novembre prochain, accentuera la bolchevisation de notre organisation. Elle dispose d’une vraie dynamique dans la jeunesse mais elle doit encore approfondir sa force organisée, s’implanter bien plus solidement dans la classe ouvrière et le syndicalisme rouge, développer fortement le lectorat d’Initiative communiste et de la revue Etincelles, pour être mieux à même d’appeler en pleine légitimité à reconstruire le parti communiste. Ce qui devient une urgence proprement vitale. Dans ce but, la JRCF se transforme pas à pas en une organisation de jeunesse agissant sur la base de la politique du Pôle mais disposant de son organisation propre.
Nous essayons aussi en ce moment de lancer plusieurs « forums »,
- avec des communistes extérieurs au PRCF, pourvu qu’ils soient clairs sur la rupture avec l’UE, l’OTAN et le capitalisme,
- avec des syndicalistes de classe (pourvu qu’ils sachent tenir tête aux appareils euro-formatés) [à suivre en diffusion sur la chaine youtube du PRCF cliquez ici https://www.youtube.com/c/Initiative-communisteFr],
- avec des internationalistes (pourvu qu’ils ne renvoient pas dos à dos l’impérialisme américain adossé aux nazis et ses victimes!),
- avec des patriotes républicains (pourvu qu’ils ne continuent pas de vendre le mensonge de l’Europe sociale et qu’ils refusent toute espèce de soutien à Le Pen et Cie). C’est une tâche ardue mais difficile et urgente.
Une course est engagée entre le mouvement populaire, qui doit à marche forcée réorganiser ses avant-gardes politique, syndicale et culturelle, et les euro-liquidateurs du communisme, du syndicalisme et, tout bonnement, de la République française indépendante.
Pour gagner ce sprint historique, le maître-mot est ORGANISATION. Chacun doit sans tarder en tirer les conséquences en termes d’engagement personnel: notre classe et notre pays ont urgemment besoin de l’apport déterminé de chacun.
(1) La Thatcher bis que la City et le parti « tory » viennent d’introniser derrière les fastes de la succession royale veut autoriser l’exploitation du gaz de schiste; elle laisse entendre, à l’instar de Trump, Bolsonaro et autres climato-criminels planétaires, que l’environnement est le cadet de ses soucis. Business first !