Avec le Projet de Loi de Finance de la Sécurité Sociale, pour obéir à l’euro austérité, Macron continue le massacre de la Santé
Le budget 2023 est l’un des sujets majeurs de la rentrée politique. Outre le budget de l’Etat, le régime Macron élabore aussi le budget de la sécurité sociale à travers le projet de loi de finance de la sécurité sociale (PLFSS). Un budget qui répond sans surprise exclusivement aux ordres donnés par l’Union Européenne dans ses directives du semestre européen et en aucun cas aux urgences des besoins de santé de la population française. Alors que les hôpitaux explosent, fermant tour à tour jusqu’à leurs service d’urgences, c’est bien nos besoins vitaux d’accès à l’hôpital public, à la médecine qui sont en cause. Lors de la dernière réunion confédérale de la CGT le 27 septembre, le sujet a fait l’objet d’une vigoureuse alerte par Cédric Volait de la fédération de la CGT Santé et Action Sociale (lire son interview à propos de la situation catastrophique des hôpitaux en région PACA), qu’a pu consulter initiative communiste.
A l’opposé de la gestion démocratique par les travailleurs, il est utile de rappeler que le paritarisme sous arbitrage du gouvernement donne les outils pour réduire la réponse aux besoins de santé. C’est notamment le cas de « l’objectif national de dépense d’assurance maladie » le fameux ONDAM qui vise à fixer un plafond au financement par la solidarité nationale à travers la sécurité sociale de ne soins médicaux et de santé.
Cédric Volait souligne « il est important de rappeler que nous ne sommes pas d’accord avec le principe d’une enveloppe globale, d’un ONDAM et du PLFSS. C’est comme si la Sécu était sous tutelle du gouvernement dans ses décisions. Et il ne se prive pas d’exercer cette tutelle puisqu’il verrouille toutes les dépenses de santé, et met les hôpitaux (mais pas que) en position d’asphyxie. »
Cette gestion financière vise à servir comme première priorité le plafonnement et la réduction des dépenses de santé prises en charge par la sécurité sociale ce qui est une revendication du patronat (généralement emballé sous la périphrase de la réduction de la « dépense publique ») et qui est imposé par les directives européennes du semestre européen qui verrouillent l’établissement du budget du gouvernement en France. Faut-il rappeler qu’à plus de 60 reprises et cette année encore la Commission Européenne a ordonné la réduction des dépenses de sécurité sociale ? Du coup, il ne s’agit plus de répondre aux besoins de santé et de soins de la population mais de répondre aux contraintes d’une enveloppe financière toujours plus réduite (si on tient compte de l’inflation, de l’augmentation de la population notamment), qui en plus est largement déterminée par le fait que les gouvernements successifs, aux services du grand patronat, ont poursuivi les politiques d’exonérations de cotisations sociales. C’est-à-dire qu’ils ont réduit le financement de la sécurité sociale en permettant au patronat de réduire de façon considérable les montants de salaires mutualisés qu’il doit aux travailleurs en rémunération de leur travail, cela afin de gonfler la part de richesse produite attribuée aux profits.
« Tout est organisé pour qu’on refuse des soins, pour qu’on refuse les patients à l’entrée des hôpitaux, pour qu’on n’ait pas les lits pour les accueillir, pour qu’ils trouvent une porte fermée quand ils arrivent aux urgences »
Cédric Volait – CGT Santé
Cédric Volait alerte : « Tout est organisé pour qu’on refuse des soins, pour qu’on refuse les patients à l’entrée des hôpitaux, pour qu’on n’ait pas les lits pour les accueillir, pour qu’ils trouvent une porte fermée quand ils arrivent aux urgences, et qu’il y ait une multitude de barrages… »
Alors bien sûr, il y a eu des annonces. Mais la CGT santé n’est pas dupe. Concernant la première mouture du PLFSS 2023, il y a deux types de mesures : d’un coté des mesurettes aux services d’une opération de propagande visant à masquer la dégradation générale par de soit disant progrès. Mais hormis la gratuité de la contraception qui constitue une avancée, il y aurait beaucoup à dire sur les autres mesures : La fin du remboursement des arrêts maladie délivrés par téléconsultation, Les études de médecine allongées (une année de plus pour les internes), la fin de l’intérim pour les jeunes soignants, La capacité de prescription vaccinale donnée aux pharmaciens et infirmiers Cédric Volait et la CGT santé ne laissent planer aucune illusion sur ces annonces : « Ce sont des mesures pour brouiller les pistes ou pour noyer le poisson ». Et d’alerter sur la partie cachée de l’iceberg, la plus importante et la plus dangereuse, celle qui est la question de fond . Cédric Valait : « Le gouvernement explique que les économies ne seront pas sur l’hôpital mais uniquement sur les médicaments. Pourtant, dans le PLFSS, il n’augmente l’ONDAM (hors mesures Covid) que de 4,1%, c’est environ 2 points en dessous de l’inflation. Donc, chacun comprendra aisément que c’est largement insuffisant et qu’on va être à nouveau sous contraintes.[NDLR de réduire le nombre de soins ou leur remboursement ] Pour la santé, on était en 2022 à 97,1 milliards de dépenses, pour 2023, on est à 100,7. Pour le médico-social, nous sommes sur des augmentations qui sont ridicules aussi de l’ONDAM, on passe de 14,6 milliards à 15,3. Donc oui, il y aura des économies ! »
Derrière les discours du régime Macron, les actes sont terribles. Chacun peut voir que les hôpitaux, les remboursements santé de sécurité sociale qui sont des besoins vitaux sont en danger. Mais la priorité du régime Macron, c’est de répondre aux revendications du grand patronat et donc d’obéir aux ordres autoritaires de leur Union Européenne, des critères de Maastricht de l’Euro plafonnant les dépenses publiques pour les services publics sous peine d’invalidation du budget par la commission et d’attaque spéculative des banquiers. Le tout pour accélérer la privatisation de notre santé, un marché potentiel juteux de près de 500 milliards d’euros par an pour les assurances et les cliniques privés, et ainsi faire encore plus les poches des travailleurs pour remplir les coffres des milliardaires.
A l’opposé de cette politique destructive et dangereuse qui n’aura pour effet que de réduire l’accès aux soins, et de faire perdre des chances à nombre de malade (c’est-à-dire faire des morts et des vies abîmées que l’on pourrait sauver pour parler clair et cru), la fédération CGT Santé et Action Sociale fait valoir des revendications indispensables avec pour objectif simple pouvoir soigner la population :
- Une augmentation des moyens pour répondre aux besoins des usagers, permettant non seulement de maintenir l’existant, mais également pour rouvrir les lits qui ont été fermés et pour embaucher. Il faut également que cette augmentation des moyens soit supérieure à l’inflation (au regard du glissement automatique des dépenses).
- Un plan de formation et d’embauches massives
- La fin de Parcoursup (on voit des taux d’abandon dans les IFSI de 30% dans tel département, 40% dans tel autre…)
- La généralisation des contrats d’études (avec un salaire pendant la durée totale des études et avec une projection sur plusieurs années)
- Un moratoire sur les restructurations et fermetures de lits
- Le maintien des services d’urgences ouverts 24h/24, 365 jours/365 et sans filtrage
- La réintégration des personnels suspendus
- Les 32h00 sur 4 jours (donc avec un financement spécifique)
Ajoutons que la santé n’est pas un cas isolé. A ce secteur vital pour chacun d’entre nous, il faut ajouter les attaques systématiques, là aussi impulsées via Bruxelles, contre les secteurs vitaux pour le fonctionnement et l’avenir de notre pays : Education nationale, service public de l’énergie (d’ores et déjà libéralisé et privatisé), service public des transports (privatisation et libéralisation en cours d’achèvement avec le point final donné à la RATP à la suite de la SNCF ), service public des communications, de l’aménagement et équipement du territoire ou encore de l’écologie… Au moment où poussée par la spéculation entretenu par la Banque Centrale Européenne depuis des années l’inflation flambe et que les salaires sont bloqués, au moment où Macron appuis à nouveau sur l’accélérateur de la destruction de la branche retraite de la sécurité sociale, il y a donc urgence à lancer la riposte, tous ensemble et en même temps.
JBC pour www.initiative-communiste.fr