Depuis le 22 février 2022, cela fait en ce 2 novembre 253 jours que la Russie est rentrée en confrontation militaire ouverte avec la coalition des forces de l’Axe euro atlantique en Ukraine. Une opération militaire qui est la poursuite de la guerre lancée dès 2014 dans le Donbass avec le régime de Poroschenko installé à Kiev par le coup d’état de Maidan et dont le massacre de la maison des syndicats d’Odessa et celui de Marioupol, puis les attaques militaires, avec bombardements et colonne de tank ont ensuite fracturé le pays. Depuis 2014, cette guerre ne s’est jamais arrêtée, la défaite stratégique des forces de Kiev devant Debaltsevo en 2015 avait pourtant imposé la signature des accords de Minsk devant signer le retour à la politique, à la diplomatie et le silence des armes. En réalité, l’UE, les USA, l’OTAN n’auront alors eu de cesse que de militariser l’Ukraine, avec des livraisons massives d’armes et des subventions massives à son armée transformé en la seconde armée d’europe. Suivant l’intensification des bombardements sur Donetsk constaté par l’OSCE depuis la fin 2021, la Russie passait d’une posture passive à celle d’une réaction vigoureuse. Non sans avoir tenté au préalable de faire respecter par la diplomatie les accords de Minsk et les engagements pris par l’OTAN lors de la chute de l’Union Soviétique. Une impasse voulue par Washington et Bruxelles, plongeant l’Europe dans une nouvelle guerre majeure et risquant d’entrainer le monde dans une guerre ouverte entre puissances nucléaires mettant en danger la survie même de l’humanité. Que chacun se pose la question lorsque le bloc bourgeois emmené par LREM avec le soutien de l’arc RN EELV PS réclame l’intensification du soutien militaire à Kiev et de la confrontation contre Moscou : de combien est il prêt à réduire son salaire pour financer cette guerre ? combien de fils et de filles enverra t il sur le front de la guerre demain pour accompagner ses armes ? quelles valeurs est on censé défendre par ce soutien militaire qui abonde une junte faite de la coalition d’oligarques ukrainiens et de bataillons ouvertement néonazis ? en quoi les canons caesar et les obus livrés par la France bombardant les civils de Donetsk serviraient ils à la paix ? Ce 11 novembre, un appel à manifester à Paris Place de la Nation à 10H, pour la paix est lancé, car oui, c’est bien la paix qu’il faut défendre et non la guerre qu’il faut soutenir.
La situation du front au 1er novembre 2022
En travaillant sur les informations en sources ouvertes, recoupant les sources occidentales et russes, www.initiative-communiste.fr vous propose une carte de situation de la ligne de front au 1er novembre 2022. Elle témoigne d’une situation bien plus contrastée que ce que la propagande de guerre veut bien claironner dans les médias en France. Une propagande qui dépend une situation faite de victoire retentissante de l’armée Zelenski, d’effondrement de l’armée russe et de victimes exclusivement ukrainienne qui est à mille lieux de la réalité.
Sur cette carte topographique, nous avons représenté la ligne de front au 22 février 2022 en grisé, en violet la ligne de front aujourd’hui. Figurent également en point bleu les points de tirs fortifiés et casemates et en rouge les principales lignes de tranchées de la ligne de fortification construite de 2014 à 2021 par Kiev et l’OTAN. A noter que cette représentation n’est pas complète, puisqu’elle repose sur l’analyse des photos aériennes qui ne sont disponibles qu’antérieurement à février 2022, la censure frappant en Europe la visualisation de ces données, y compris commerciales.
Plusieurs points sont à remarquer :
- Depuis la fin de l’année 2021, les intenses bombardements d’artillerie sur Donetsk ne discontinuent pas. S’y ajoutent désormais les bombardements par des mines anti personnels. Ils ont déjà provoqué la mort de plus de 1000 civils et des blessures graves pour plus de 3000 autres.
- de Marinka à l’ouest de Donetsk à Toretsk, la ligne de front ultra fortifiée n’a que peu bougée. C’est pourtant dans ces secteurs qu’on lieu de façon continue des combats intenses et violents, du même type que ceux de la guerre de 14. Une véritable et littérale guerre de tranchée, où les vagues de bombardements d’artilleries sont entrecoupés de tentative de percées des infanteries blindés. Une infanterie qui ici est largement composée par la mobilisation des citoyens de la république populaire de Donetsk, dont nombre sont mobilisés depuis 2014. Marinka, Krasnohorivka, Peski et l’aéroport de Donetsk, Avdivvka, Niu York… l’état major de l’OTAN et de Kiev maintient ici des forces considérables qui bombardent quotidiennement les centaines de milliers de civils résidants à Donetsk. Des bombardements qui ont déjà fait plus d’un milliers de victimes civiles
- A l’Ouest de Donetsk et jusqu’à la rive gauche du Dniepr, l’armée russe tient une ligne de front de 200 km partant des faubourgs de Donetsk à ceux du sud de Zaporizhia (à peine à 30km, à portée de canon donc). Cette ligne résulte de la poussée offensive principale du printemps 2022, ayant abouti au retour de Marioupol au sein de la RPD. Une percée militaire ayant nécessité de prendre 100 km de fortifications et conquérir une ville de plus de 250 km². 2,5 fois la surface de Paris.
- Sur la rive droite du Dniepr, autour de Kherson, l’armée russe maintient une tête de pont de 4500 km², tenant un front de 180 km. Les offensives de l’été et de l’automne de la junte de Kiev appuyée par l’OTAN l’ont conduit reculer assez nettement au nord (perdant 1500 km²) tandis que la ligne de front entre Kherson et Nikholaiv ne bougeait pas.
- Au nord de de Zaitzevo, la percée décisive des fortifications de Kiev dans le secteur de Pospana permettait de la fin du printemps à la fin de l’été aux milices de la RPD et de la LPR appuyées par l’armée russe de reprendre 1800 km² des régions de Lougansk et Donetsk à l’ouest de la rivière Sieverodonetsk. Les grandes villes de Sieverodonetsk et Lysyschank étant prises à début juillet après des combats sanglants. Signant la fin de l’initiative offensive russe.
- Grace à l’appui des satellites occidentaux et de leurs renseignement, ainsi que la livraison des lances missiles multiples et canon à hautes précisions (HIMARS, Caesar,PZH 2000) en nombre, l’OTAN a réussi à briser les franchissements par pont sur le Dniepr, obligeant la Russie à tenir une logistique complexe par barges et pontons flottants, également sensible à l’artillerie. Dans le même temps, la Russie se montrait incapable de frapper les infrastructures dont les ponts sur le Dniepr alimentant l’escalade guerrière sur la partie nord du front Est.
- Entre septembre et octobre, après avoir subit durant l’été des recul tactiques de la ligne de front des faubourgs de Kharkhov à la rivière Sieverodonetsk – protégeant la frontière russe dans le secteur de Belgorod, grande ville russe située à portée de l’artillerie lourde – la junte de Kiev lançait une puissante offensive pour franchir cette rivière à l’Est de Kharkhov, entre les villes de Chkalov et Balaklia. Sa percée surprise sur 60km dans la partie centrale du front jusqu’à la rivière Oksol a entrainé une victoire stratégique sur cette partie du front. Obligeant d’abord l’armée russe à se retirer en catastrophe d’Izium, une ville acquise au prix de sanglants combat en avril/mai, et supprimant le front nord de Sloviansk Kramatorsk, puis à se retirer de Koupiansk et Vovschank. Des villes et leurs populations qui s’étaient pourtant rangées dès le début de l’opération en février du coté de la Russie. La crise opérationnelle s’est poursuivie durant tout le mois de septembre et d’octobre, avec la perte de Lyman sur la rive gauche de la Sieverodonetsk, et un front qui ne commence seulement à se restabiliser sur la ligne Urazovo Svatove Kremina que depuis la fin octobre.
Sur le plan militaire et stratégique, les éléments saillants du rapport de force et de la stratégie militaires sont les suivants :
- la capacité opérative dans la profondeur de l’armée russe, observés durant les deux premiers mois de son offensive, a été stoppée à la fois par ses difficultés logistiques propres ( tenir une ligne logistique de 300 km pour une guerre à haute intensité dans l’encerclement de Kiev), à la fois par la bonne organisation de l’armée de Kiev OTAN, dont la stratégie de riposte aura été celle du harcèlement des convois logistique par des bataillons alimentés par un stock énorme de missiles anti char portatifs modernes aussi couteux qu’efficaces.
- le format réduit de la mobilisation russe (environ 120 000 hommes, troupes de la RPD et de la RPL comprise) sur un front d’une longueur variant 2000 km à environ 1000 km aujourd’hui conduit à de fortes difficultés opérationnelle de sa tenue continue, alors que le régime de Kiev grâce à l’appui économique et militaire de l’UE, de l’OTAN et des USA a pu mobiliser une armée d’un million de soldats, bien plus importante que ces 250 000 soldats de métier initiaux qui représentait déjà une force considérable (205 000 en France). Le rapport de force sur le plan du nombre de militaire est ainsi de l’ordre de 1 à 8. Sur le front la densité de soldats russes est de l’ordre de 120 soldats par kilomètre. Soit de manière opérationnelle, un bataillon russe (~800 soldats) à la garde d’une dizaine de kilomètres de ligne de front, en première ligne et dans les échelons de défense de la seconde ligne. Cela explique la stratégie offensive de Kiev et de l’OTAN : l’infiltration par de nombreuses attaques simultanées de bataillons mobiles dans l’arrière du front. Cette stratégie profite de la supériorité numérique importante de l’armée de Kiev, de son équipement massif par l’OTAN en blindés et transports de troupes, et surtout du renseignements satellites et des communications modernes permettant la coordination de ces mouvements complexes.
- de façon connexe, les difficultés de l’armée russe à tenir un si long front résulte de son impossibilité à imposer sa suprématie aérienne d’une part, de sa faiblesse dans le domaine des munitions de bombardement de précision. La première l’empêche de frapper de façon préventive et réactive les rassemblements et mouvements de troupes, ou de logistique, dans la profondeur de l’armée de Kiev, la seconde l’oblige à compter sur un barrage d’artillerie de zone, très couteux en munitions mais également en pièce d’artilleries et en main d’œuvre pour les manier. Renforçant ainsi le caractère statique du front, profitable à l’armée disposant de la main d’œuvre la plus nombreuse. La faiblesse dans le domaine aérien de la Russie résulte du caractère massif et multicouches de la défense aérienne ukrainienne. Celle-ci bénéficie de l’héritage soviétique de 300 systèmes de missiles anti aérien S300. Une arme redoutable capable de détecter missiles de croisières et avions à moyenne et haute altitude dans une rayon de 300 km et de les abattre dans un rayon de 100 km. une arme qui plus est totalement mobile et dont les différents éléments (radar, lanceurs), peuvent être dispersés. Elle dispose en outre pour la basse altitude des milliers de missiles de courte portée guidée automatique livrés par l’OTAN. En conséquence, les chasseurs bombardiers russes s’ils réussissent globalement à interdire de ciel les chasseurs et bombardiers de Kiev, n’ont jamais réussi à jouer un rôle offensif. Celui-ci est entièrement confié aux couteux missiles de croisières principalement mis en œuvre par la marine russe et quelques bombardiers stratégiques. La faiblesse en munition de précision, explose par ailleurs en retour la logistique russe aux nouvelles capacités de frappe de précision de l’artillerie de Kiev : les armes de l’OTAN permettent de frapper avec une précision métrique, y compris avec correction durant le temps du vol par liaison satellite, dans la profondeur jusqu’à 300 km.
- la débauche offensive de Kiev, avec des attaques tout azimut et quotidiennes, se traduit par un bain de sang. Selon certaine source, le rapport des pertes ukrainienne serait de 8 pour 1. Illustrant la volonté de l’OTAN de se battre pour frapper la Russie jusqu’aux derniers soldats ukrainien. Elle est également extrêmement couteuse en matériel et en munition, des postes financés par les travailleurs occidentaux.
- Ces éléments ont obligés la Russie a revoir le format de son opération militaire, en doublant le nombre de soldats engagés, en lançant une mobilisation partielle de 300 000 hommes. Une mobilisation dont les premiers effets pourraient se faire sentir dès la fin novembre
- Une réponse dans la profondeur est également donnée par la Russie : alors que Moscou s’était jusque là refusé à tout bombardement aérien sur les villes ukrainienne, dans la suite de l’attaque du pont de Crimée, des frappes de missiles ont été lancés sur l’infrastructures électriques du pays. Visant principalement les stations de transformation de moyenne tension. Elles ont plongées les grandes villes ukrainiennes dans le noir, arrêté la distribution d’eau et de chauffage pour de longues heures dans la journée. Ces frappes visent à l’affaiblissement de l’arrière de l’armée ukrainienne en désorganisant la logistique ferroviaire et l’appareil économique d’une Ukraine 100% mobilisée dans la guerre par l’OTAN. D’après les rapports de la presse occidentale, ces frappes n’ont pas donnés lieu à de nombreux morts civiles. Par ailleurs, la Russie s’appuie également sur des munitions autonomes de conception iranienne pour saturer et épuiser les défenses aériennes ukrainiennes et mener des frappes ciblées. Avec un réel succès.
Pause opérationnelle de Kiev OTAN avant de nouvelles offensives… ou reprise de l’initiative par la Russie ?
Depuis la mi octobre, la situation du front s’est stabilisé. Au tentative d’attaque sur Kherson et sur Svatovo et Kremina de Kiev, Donetsk et Lougansk réplique par l’assault sur Artemisk et sur les fortifications de Marinka et de l’aéroport de Donetsk. Des combats très violents mais qui ne font pas bouger la ligne de front. Plus récemment des tentatives de mouvements sur le front sud sont également rapportés.
Cependant ces batailles demeurent à ce stade d’ampleur territoriale locale. Il semble que à Nikolaev et Krivoi Rog, et surtout à Koupiansk l’armée de Kiev soit passée en pause opérationnelle. Soit qu’elle a épuisé ses forces et perdu son initiative, soit qu’elle regroupe ses forces pour mettre en œuvre de nouvelles offensives.
L’armée russe elle enregistre des succès limités mais significatifs autour d’Artemisk (Bakmout). Pour prendre la ville, il lui reste cependant à prendre les fortifications importantes situées sur les hauteurs dans son ouest. La chute de cette ville, carrefour routier important, et hauteur stratégique verrouillant l’accès à Kramatorsk pourrait signer une défaite du même ordre que celle de Pospana pour Kiev. C’est pourquoi Kiev y mobilise des renforts importants
Plus au sud, quoi que limitées en territoire, l’armée de la RPD enregistre des victoires importantes en pénétrant dans la première ligne de fortifications de Kiev au nord de Donetsk.
Enfin, l’armée russe a avancé de façon limitée sur le front sud, sur Pavlovka et Vulhedar, ce qui pourrait être les prémices d’une action plus offensive dans ce secteur en lien avec l’intensification des actions sur Marinka
La question de ce mois de novembre sera donc de savoir si l’hiver conduit à une pause généralisée des actions offensives de part et d’autre. A un changement de main de l’initiative au profit de l’armée russe, ou au maintien de l’initiative comme observée à l’automne du coté de l’OTAN. De fait, la grande offensive annoncée par l’OTAN ne se situe pas dans les secteurs susmentionné, mais sur Kherson, dont l’armée russe a fait évacuer la population, par crainte d’attaque criminelle, à la bombe sale ou par destruction des barrages sur le Dniepr pour submerger la ville.
Dans tout les cas, ce bilan de situation illustre une nouvelle fois l’impasse militaire actuelle pour qui refuse l’escalade du sang : faire durer la guerre comme le veut l’OTAN c’est ajouter la mort à la mort. C’est à cela que servent les livraisons d’armes, le déploiement des forces spéciales de l’OTAN et la mobilisation économique de l’UE. Et également à accroitre l’asservissement de l’Union Européenne totalement réduite à la dépense auprès de Washington et à la colonisation effective complète d’une Ukraine qui aujourd’hui n’existe plus qu’en mercenaire sacrificiel de l’OTAN. Car loin de faire reculer la Russie dont le peuple sait qu’il joue ici sa sécurité, sa souveraineté et en définitive son existence, cette escalade de l’OTAN n’a jamais fait que provoquer l’escalade symétrique de Moscou. Et chacun sait jusqu’ou l’armée russe a les moyens de suivre. Il n’y a pas là de porte de sortie possible autre que celle de la diplomatie et du retour le plus rapide à la paix.
JBC pour www.initiative-communiste.fr