Susana Prieto Terrazas est avocate et leader social du mouvement ouvrier gréviste et syndical le plus important du Mexique depuis les quarante dernière année dans le Nord, connu comme Mouvement de Matamoros ou Mouvement 20/32. Les ouvriers ont fondé un vaste syndicat indépendant et démocratique qui rebat les cartes de l’échiquier syndical jusqu’à lors dominé par des syndicats jaunes et blanc complètement véreux et autoritaires. Après avoir souffert d’emprisonnement, de torture et de menaces de mort, Susana Prieto a continué le combat jusqu’à obtenir la destitution du gouverneur corrompu et complice du narco dans le Tamaulipas, Cabeza de Vaca, qui a fui au Texas pour être protégé par la loi étasunienne de la justice mexicaine. Elle est la bête noire de la Coparmex, équivalent mexicain du MEDEF, et des chambres de l’industrie. Récemment elle a été élue députée fédérale autonome mais associé au parti au pouvoir de Lopez Obrador, morena. Elle nous livre un entretien exclusif pour IC de la situation de la casse ouvrière au Mexique.
Entretien exclusif réalisé le 24 septembre 2022
INITIATIVE COMMUNISTE : Je suis très heureux de pouvoir vous parler à nouveau, puisque plus d’un an s’est écoulé depuis la dernière fois, et nous pouvons commencer quand vous le souhaitez.
SUSANA PRIETO TERRAZAS : Quand vous voulez.
INITIATIVE COMMUNISTE :Je voulais vous demander quelle est la situation actuelle du mouvement ouvrier, notamment le Mouvement Ouvrier de Matamoros[1], et aussi dans le syndicat ? Parce qu’il y a eu plusieurs processus électoraux dans les entreprises, et il semble qu’il y ait eu beaucoup de progrès pour le syndicalisme démocratique et indépendant.
SUSANA PRIETO TERRAZAS : Eh bien oui, il y a eu des progrès, nous avons déjà des conventions collectives que nous administrons, grâce au dépôt du recours pour violation de l’article 23A du T-Mec[2], nous avons déjà pu obtenir le titre de la convention collective chez Tridonex à Matamoros, le titre de la convention collective chez Panasonic Automotiv Systems à Reynosa, et nous sommes à quelques jours de voir le Centre fédéral de conciliation et d’arbitrage du Travail[3] ne pas donner le certificat de représentativité à l’entreprise Rheem, Donc, le mouvement s’étend au-delà de ce qui était le Mouvement des travailleurs de Matamoros, que vous appelez MOM 20/32, je crois que nous sommes déjà en train d’imprégner tout l’État de Tamaulipas, mais nous nous sommes aussi étendus parce que, en tant que députée fédéral, il y a eu beaucoup de travailleurs, tant du secteur public que du secteur privé, qui se sont présentés pour faire avancer leurs propres luttes syndicales, partout dans le pays et, par conséquent, j’ai proposé une réforme de l’article 388 de la loi fédérale du Travail afin d’incorporer les droits des syndicats minoritaires, parce que tout travailleur qui souhaite appartenir à un syndicat nouvellement créé, comme ils s’appellent eux-mêmes, ou à un syndicat minoritaire pour des raisons numériques, comme la Cour suprême de justice de la nation les appelle, parce que les travailleurs ne sont pas respectés, ils reçoivent simplement la répression de l’entreprise, comme les licenciements, dès qu’ils présentent une lettre au département des ressources humaines indiquant qu’ils ne veulent plus appartenir au syndicat blanc et à son chef corrompu, l’entreprise exerce des représailles. Ainsi, au cours des trois dernières années, je n’ai cessé de faire comprendre qu’il n’existe pas de syndicat corrompu, mais plutôt une entreprise corrompue. Ce sont les entreprises corrompues qui maintiennent les syndicats blancs en tête, et il a été très important dans cette lutte de mettre en lumière cette situation, car nous avons réalisé que même certaines entreprises d’origine américaine, européenne ou asiatique ne se rendent pas compte de ce que font de nombreux directeurs des ressources humaines locaux, qu’ils sont de connivence avec les syndicats blancs, et qu’ils reçoivent même des commissions de leur part pour rester les « leaders », entre guillemets, des travailleurs, c’est-à-dire les bras droits des départements des ressources humaines. Parce que les syndicats blancs, qui étranglent et étouffent la classe ouvrière de ce pays depuis près de neuf décennies maintenant, continuent tout simplement à ne leur offrir ni de meilleurs salaires ni de meilleurs avantages dans les conventions collectives. Ils reçoivent leurs cotisations syndicales, le produit de leur travail, mais ils le volent pratiquement, ils le remettent comme le fait la CTM[4], 70% de ces cotisations vont directement à la centrale syndicale, le reste va aux dirigeants locaux et les travailleurs ne voient pas vraiment d’avantage en termes de salaires, ni d’avantages, et encore moins d’infrastructure des syndicats, qui puisse justifier leur paiement de cotisations syndicales.
INITIATIVE COMMUNISTE :Oui, c’est une situation qui prévaut depuis longtemps, et bien, d’après ce que j’ai pu étudier de l’histoire, je vois que depuis que ce modèle de tutelle syndicale a été imposé dans les années 30, il y a eu ces tentatives par les travailleurs de parvenir à la démocratie syndicale, c’est-à-dire à un syndicalisme qui soit vraiment dans leurs intérêts. Eh bien, c’est quelque chose qui a été réalisé ici en France dans une certaine mesure, bien qu’ils essaient aussi de le remettre en question, comme toujours, même le droit de grève, n’est-ce pas ? Eh bien, je ne sais pas comment vous évaluez cette lutte pour la liberté syndicale, est-ce que vous voyez qu’il y a des possibilités plus larges de le faire, par exemple dans le cadre du T-Mec qui a été négocié avec les Etats-Unis ? ou est-ce que c’est justement grâce aux possibilités de réformer la loi fédérale sur le Travail ? Comme vous l’avez mentionné.
SUSANA PRIETO TERRAZAS : Je ne pense pas. Je pense que la réforme du droit du travail fédéral est une métamorphose. Je pense qu’au ministère du travail et de la protection sociale, il y a beaucoup d’intérêts de la part du père du chef du ministère, qui est l’avocat de plusieurs syndicats blancs, donc ce syndicalisme corrompu ne s’arrête pas au Mexique, n’est-ce pas ? Nous voyons par exemple que les nouveaux centres fédéraux de conciliation et d’arbitrage du travail, les postes sont occupés par des fonctionnaires corrompus qui existaient déjà ou qui avaient déjà beaucoup d’expérience en tant que présidents de bureaux locaux ou fédéraux de conciliation et d’arbitrage dans tout le pays. Nous voyons, par exemple, que la légitimation des contrats collectifs de travail, par le biais des notaires publics, est une possibilité pour les syndicats blancs et les entreprises de se maintenir en tant que pseudo représentants des travailleurs, parce que les notaires publics falsifient les documents, parce que tout le contrôle des travailleurs se fait de la part de l’entreprise et des syndicats. Je ne vois pas d’autorité qui applique vraiment la loi, je pense qu’elle n’a pas encore commencé dans les états du nord du pays, que la loi fédérale sur le travail commence le 3 octobre, et ceux d’entre nous qui reçoivent des plaintes des avocats et des travailleurs qui sont dans cette lutte syndicale autonome, authentique, démocratique et libre, voient bien qu’il n’y a vraiment aucune ouverture de la part des autorités ou des entreprises au nouveau syndicalisme. Donc tout a dû passer par la lutte. Maintenant que, par exemple, le ministère du travail refuse de traiter la dernière plainte de BBB Industries, alléguant qu’après avoir interrogé 25 travailleurs pour prouver les intimidations dont ils ont fait l’objet, afin de soutenir le syndicat SIAMARM (Sindicato Industrial Autónomo De Operarios en General de maquiladoras de la Reynosa C.T. M.) de Humberto Lara, ils disent bien, mais les déclarations de ces 25 travailleurs ne sont pas un matériel suffisant, alors je ne sais pas s’ils veulent que les 4 mille travailleurs de Triple B (BBB Industries) puissent dire qu’il y a eu une irrégularité lors de la légitimation de cette convention collective. J’ai l’impression que T-Mec peut être une arme politique qui peut être utilisée par les États-Unis et le Canada contre le Mexique quand cela les arrange, quand c’est dans leurs intérêts politiques et économiques, mais pas quand il y a une violation des droits des travailleurs, ils s’en fichent. Avec la résolution sur Tridonex, ils ont d’abord décidé la même chose que les entreprises décident ici lorsque les travailleurs veulent se syndiquer, à savoir indemniser les travailleurs, et « si le chien est mort, la rage est terminée », comme on dit ici au Mexique. Et c’est ce qu’ils ont fait, ils n’ont même pas pris en compte le syndicat SNITIS[5]-Mouvement 20/32, ni les conseillers juridiques des travailleurs de SNITIS-Mouvement 20/32 pour prendre la décision, elle a été prise par le département du travail et l’entreprise, et il n’y a pas de véritable restitution des droits violés des travailleurs, en utilisant la position d’activer le mécanisme T-Mec, pour les violations contre les travailleurs, en d’autres termes, ils continuent à faire la même chose : les payer, les laisser partir et le problème est terminé. Le problème n’est pas terminé parce qu’ils sont payés, ils sont licenciés, ils sont privés du droit d’obtenir un autre emploi, ils sont discriminés, ils sont pratiquement affamés, parce qu’avec ce qu’on leur donne comme compensation, ils arrivent à passer quelques mois mais pas plus, donc je crois et je considère que nous devons continuer à travailler, à nous battre, à modifier la loi, pour que cette modification de la loi ne soit pas seulement un relooking, mais qu’elle devienne effective. Il s’agit de donner du mordant à la loi fédérale sur le travail, afin que les autorités, les entreprises et les syndicats parviennent à la respecter.
INITIATIVE COMMUNISTE : Bien, laissez-moi entrer dans le vif du sujet, comment voyez-vous votre rôle… ? Depuis la dernière fois que nous nous sommes réunis, l’élection n’avait pas été achevée. Maintenant que vous avez été élu députée fédérale, c’est aussi une nouvelle situation que vous pouvez, je suppose, mettre à profit pour cette lutte syndicale, maintenant non seulement en tant qu’avocate, mais aussi en tant que députée. Comment voyez-vous les possibilités au sein du Congrès de l’Union, dans le jeu parlementaire, de faire avancer ces questions-là ?
SUSANA PRIETO TERRAZAS : Il y a eu beaucoup de résistance de la part des députés fédéraux pour accorder plus d’avantages aux travailleurs, et pour renforcer la loi afin qu’elle soit réellement appliquée. La vérité est que l’une des plus grandes critiques que je pourrais faire à MORENA[6] est précisément qu’ils soutiennent les mouvements sociaux tant qu’ils ne sont pas au gouvernement, mais une fois qu’ils sont au gouvernement, beaucoup d’entre eux se comportent comme des néolibéraux, de la même manière, ils disent : « nous ne pouvons plus être seulement du côté des travailleurs, parce que maintenant nous sommes le gouvernement, nous gouvernons pour tout le monde et nous devons aussi être du côté des hommes d’affaires ». Mais comment est-il possible que, sans être au gouvernement, ils soient parfaitement clairs sur le fait que la classe vulnérable est celle des travailleurs, et qu’une fois au gouvernement, ils disent « pauvres patrons » ? C’est quelque chose de totalement inacceptable pour moi, et je pense que c’est une grande critique de MORENA, dans ce sens, cependant, je ne parlerai pas seulement de MORENA, mais, en tant que député fédéral, la réforme de l’article 388 pour incorporer les droits des syndicats minoritaires dans la loi a été votée à l’unanimité par toutes les fractions parlementaires de la commission du travail et du bien-être social. Il sera maintenant soumis à la plénière de la Chambre des députés, lorsque le conseil de coordination politique l’établira. S’il est adopté, il ira au Sénat, et s’il est approuvé par le Sénat, alors cette loi sera promulguée, où il y aura des règles du jeu plus équitables pour les syndicats majoritaires et minoritaires, mais chaque fois qu’il est question d’augmenter le nombre de jours de vacances pour les travailleurs, de réduire les heures de travail, de donner plus d’avantages aux femmes enceintes, de donner plus d’avantages aux travailleurs au chômage, de la mise en place de crèches dans les entreprises, et de tout le reste, le ministère du travail et de la protection sociale a toujours fait valoir qu’il s’agirait d’un coût supplémentaire pour les employeurs, et que « mes pauvres employeurs, ils ont eu une pandémie, comment vont-ils investir autant ? « Mais c’est aussi une question de lutte au sein du parlement, pour sensibiliser les députés des différentes fractions parlementaires, pour obtenir ces améliorations pour la classe ouvrière mexicaine, surtout dans le contexte du T-Mec, n’est-ce pas ? ». Le T-Mec est censé être signé et incorporé dans cette section 23A du T-Mec dans le but de surveiller l’attitude des gouvernements, et surtout des employeurs, pour s’assurer qu’ils ont des conditions égales. On parle ridiculement dans ce T-Mec qu’ils veulent aussi que les travailleurs mexicains gagnent 15 dollars de l’heure dans le secteur automobile, et bien, qu’attends-t-on ? Il me semble que c’est une sorte d’utopie, et la seule chose qui pourrait arriver serait que les entreprises décident de revenir aux États-Unis et que le travail continue à être généré pour les Américains et non pour les Mexicains de l’autre côté de la frontière. Nous considérons que l’augmentation du travail pour les travailleurs est un long chemin, mais je peux vous dire qu’une nouvelle initiative que je vais présenter cette semaine, précisément demain, est la réduction de la journée de travail, c’est une réforme constitutionnelle, qu’il y a un retard constitutionnel de la part de l’opposition, mais je veux savoir qu’ils voteront contre l’idée de réduire la journée maximale de travail de 48 à 40 heures, C’est-à-dire, ce qu’on appelle la « semaine anglaise », parce que le Canada et les États-Unis travaillent un maximum de 40 heures par semaine, tandis qu’au Mexique on travaille un maximum de 48 heures, donc pour atteindre l’égalité, il me semble que la réduction de la journée de travail à 40 heures par semaine, en augmentant le jour de repos de deux jours au lieu d’un, est une réforme qui est due à la classe ouvrière, et j’espère pouvoir convaincre les parlementaires de l’approuver.
INITIATIVE COMMUNISTE : Eh bien, ce projet semble très important car, à travers l’histoire, cette dimension du temps de travail a toujours été recherchée. Eh bien, ici en France, l’une des dernières conquêtes sociales, disons, réelles, a été de réduire la semaine de travail de 40 à 35 heures par semaine, vers 1995, mais je dois dire qu’en réalité, très peu l’appliquent. En d’autres termes, aujourd’hui, la plupart des entreprises enfreignent cette loi et travaillent une semaine de 40 heures, voire plus. Mais, bon, c’est un droit qui a été gagné, n’est-ce pas ? Et elle doit être appliquée, parce qu’en fin de compte, il s’agit d’une lutte directe contre l’exploitation, n’est-ce pas ? Le besoin de temps de repos, car nous ne sommes pas au XIXe siècle, n’est-ce pas ? De nos jours, la productivité est énorme, comparée à cette époque…
SUSANA PRIETO TERRAZAS : Oui, la réduction du temps de travail a tout à voir avec la productivité, par exemple, en Amérique latine on nous a vendu l’idée que plus on travaille longtemps, plus on produit, alors qu’en fait les études humanistes montrent exactement le contraire. Un travailleur fatigué ne produit plus. Ainsi, un travailleur qui travaille 55 heures ou plus par semaine est un travailleur qui a 35 % plus de risques d’avoir une maladie cardiaque et 17 % plus de risques de mourir d’un infarctus du myocarde. Une personne qui travaille plus de 48 heures, car à cela s’ajoutent les déplacements domicile-travail, laisse sa famille dans un abandon total, elle n’a pas le temps d’être attentive à la croissance et au développement de ses enfants, et cela a à voir avec la décomposition du tissu social. Donc, la réduction de la journée de travail n’est pas un caprice, ni un coup que la classe ouvrière veut donner aux patrons, c’est la stricte justice pour ceux qui sont les vrais producteurs de la richesse du monde, c’est-à-dire la classe ouvrière.
INITIATIVE COMMUNISTE : Bien sûr, il y a toujours cette division entre les pays du nord et du sud. En fait, au début, ils ont délocalisé les industries, parce qu’ils voulaient renverser ces conquêtes qui avaient été faites dans les pays du Nord, et nous en sommes encore là, pour être honnête. Et nous ne sommes pas les meilleurs. En Allemagne, je pense qu’il y a un an, ou peut-être avant le COVID, ils avaient réduit la semaine de travail dans certaines industries à 28h ou 26h il me semble. Eh bien, ils ont des syndicats très massifs là-bas, et quand ils font grève, ils sont écoutés, du moins par le gouvernement, bien que cela ait aussi ses limites en tant que modèle…
SUSANA PRIETO TERRAZAS : Eh bien, il faut aussi penser que si la journée de travail est réduite, cela permet à plus de gens d’avoir de d’emploi.
INITIATIVE COMMUNISTE : Bien sûr, le chômage ici est énorme. Le pourcentage de chômage est énorme et ils essaient de le couvrir, de le cacher avec des statistiques qui disent, eh bien, si vous avez une mauvaise qualification, vous êtes retiré du Pôle emploi, donc officiellement vous n’êtes pas au chômage, mais la personne est toujours là, au chômage, sans rien, et ici il y a plus de 7 millions de chômeurs, comme 12 ou 13% de la population qui pourrait être active, c’est vraiment énorme, et justement parce qu’ils ne veulent pas appliquer ces 35 heures. Même les syndicats ici, en tout cas la CGT, qui reste le syndicat le plus actif en matière de droit du travail, a demandé une réforme pour descendre à 32 heures par semaine. Mais je dirais aussi qu’il y a ici une crise interne du syndicalisme, entre une position devenue majoritaire à la tête de ces centrales syndicales. Même la CGT, qui était historiquement très rouge, et qui maintenant adopte des positions réformistes, ils ont une position de : ok, il y a des droits, nous devons les défendre, mais ils ne mobilisent jamais les travailleurs massivement, ils n’appellent pas à la grève prolongée, ils freinent même les mobilisations, et à la base des syndicats il y a des gens qui veulent se battre, non ? Qui veulent se battre pour plus, qui veulent aller plus loin, et je pense qu’il y a une crise maintenant au sein des centrales syndicales à cause de cette question, précisément parce que ces vieux dirigeants syndicaux sont restés coincés dans une position de «dialogue social » avec le gouvernement, mais cela finit toujours par une trahison…
SUSANA PRIETO TERRAZAS : Eh bien, la vérité est que les anciens dirigeants syndicaux ne savent même pas pour quoi se battre. Ce n’est pas pour cela qu’ils ont été mis là, donc ils n’ont aucune stratégie pour pouvoir satisfaire les intérêts de la classe ouvrière. La seule chose dont ils ne se sont jamais souciés, ce sont les travailleurs.
INITIATIVE COMMUNISTE : C’est-à-dire, oui, peut-être qu’ici nous n’avons pas atteint les mêmes niveaux de corruption qu’au Mexique, mais il y a aussi eu beaucoup de scandales avec cette vieille aristocratie syndicale, et je pense qu’il y a un besoin de renouvellement. En d’autres termes, je vous dis cela parce que j’avais moi-même dit que je recherchais la solidarité internationale. Dire : « voyons, vous pouvez faire preuve de solidarité avec les travailleurs du Mexique, ou d’autres pays qui se battent maintenant pour la même chose que vous avez combattu pendant des siècles », alors vous pouvez faire preuve de solidarité, n’est-ce pas ? C’est quelque chose de basique, mais je n’ai jamais trouvé de réponse, parce que dans ces départements, ils s’en fichent. Et c’est très difficile parce qu’en ce moment nous sommes battus au niveau international, même par l’Union européenne, et il n’y a pas de réponse organisée, et c’est ce qu’ils voudraient faire. Eh bien, je vous dis cela parce que, précisément, l’une des questions serait, eh bien, comment pouvons-nous soutenir la lutte des travailleurs au Mexique d’ailleurs, dans une perspective internationale.
SUSANA PRIETO TERRAZAS : En vérité par du financement. C’est ainsi que vous pouvez aider la lutte de la classe ouvrière dans ce pays. Si la plupart des travailleurs qui décident de lutter sont déjà licenciés de leur emploi, et qu’ils ne trouvent pas de travail, comment pouvez-vous forcer un travailleur qui n’a même pas assez d’argent pour payer le transport à rester dans la lutte ? Vous ne pouvez pas forcer un travailleur qui ne peut pas obtenir un emploi et qui n’a même pas de quoi nourrir ses enfants à se battre ! Il est puéril de croire que les travailleurs resteraient dans la lutte dans ces conditions. Le moyen de les aider est donc de leur apporter des contributions économiques, et ni les États-Unis ni le reste du monde ne les aident suffisamment. Maintenant, par exemple, ils ont donné au centre de solidarité au Mexique 10 millions de dollars du T-Mec pour promouvoir le syndicalisme indépendant dans ce pays, mais le syndicalisme indépendant est déjà constitué ! Ce dont il a besoin, c’est d’une solidarité monétaire directe pour continuer à se développer. Pas par l’intermédiaire d’un organisme qui va dire : « bien, créez tous les syndicats indépendants, nous n’avons pas besoin de dépenser 10 millions de dollars pour cela ».
INITIATIVE COMMUNISTE : Parfois, cela se prêterait au blanchiment d’argent, n’est-ce pas ?
SUSANA PRIETO TERRAZAS : Bien sûr, il y a plus de 500 ou 600 organisations autonomes au niveau national, nous sommes indépendants et autonomes, mais nous n’avons pas un seul centime pour bouger. Nous ne pouvons pas organiser les travailleurs, nous ne pouvons pas organiser la distribution de tracts, nous ne pouvons pas payer les travailleurs pour qu’ils s’organisent.
INITIATIVE COMMUNISTE : Eh bien, cela arrive ici aussi, dans de nombreux cas.
SUSANA PRIETO TERRAZAS : Bien sûr, ici on l’appelle le fonds de grève. Et les syndicats ne le soutiennent pas, parce que si les travailleurs font grève, c’est toujours contre leur syndicat blanc, et le syndicat blanc leur dit, eh bien, il n’y a pas d’argent pour le fonds de grève, parce que 70% ont été envoyés à la CTM et 30% ont été gardés par les dirigeants locaux et tout est dépensé, il n’y a pas de fonds de grève.
INITIATIVE COMMUNISTE : Oui, il semble qu’ils soient plus une barrière que s’il n’y avait rien, n’est-ce pas ? S’il n’y avait rien, ce serait plus facile…
SUSANA PRIETO TERRAZAS : En effet, que d’avoir à affronter un syndicat qui travaille pour les patrons, ce sont pratiquement des syndicats patronaux.
INITIATIVE COMMUNISTE : Eh bien, vous voyez qu’ici ils ont procédé d’une manière plus perverse, parce qu’ils ont créé ce qu’ils appellent la Confédération européenne des syndicats, mais c’est un organisme qui est totalement soumis à la Commission européenne et, eh bien, à la classe des patrons, donc ils ont affilié les syndicats ici en France à cela, et ensuite ils leur disent, non, ne faites pas grève, signez la réforme des retraites, n’est-ce pas ? La privatisation des retraites, qu’en pensez-vous, hein ? Si ce sont des syndicats, comment vont-ils signer cela, ou même maintenant, soutenir la guerre en Ukraine, bien sûr, les travailleurs ont beaucoup d’argent à gaspiller pour quelque chose comme ça, n’est-ce pas ? L’inflation que nous avons est très élevée, une période très difficile est à venir et, je pense qu’il y aura une explosion sociale parce que la base des syndiqués est très en colère contre cette corruption, cette bureaucratie, cette inaction des dirigeants, à qui la seule chose qu’ils demandent est qu’au moins ils n’arrêtent pas la mobilisation s’ils ne sont pas en mesure d’aider, mais non, ils continuent dans ce jeu. Je ne sais donc pas quel sera le résultat.
SUSANA PRIETO TERRAZAS : Et c’est la même chose aux États-Unis, en Europe et au Mexique.
INITIATIVE COMMUNISTE : Quoi qu’il en soit, je tiens à vous remercier de m’avoir communiqué ces détails. Je vais vous envoyer l’enregistrement de la vidéo et je vais la traduire et la publier dans nos médias, pour que les gens en France puissent aussi savoir ce qui se passe au Mexique, pour qu’ils puissent voir que nous luttons pour la même chose, et que nous sommes confrontés aux mêmes problèmes, la vérité est que nous sommes confrontés aux mêmes enjeux de classe.
SUSANA PRIETO TERRAZAS : Bien sûr, la classe ouvrière a le même problème dans le monde entier et c’est pourquoi, depuis le Mexique, j’envoie une accolade fraternelle et combative à tous les travailleurs français, et je leur dis la même chose que nous disons aux travailleurs mexicains, n’abandonnez pas ! N’abandonnez pas, car la dernière façon pour les travailleurs d’obtenir quelque chose est de se battre. Cela semblerait absurde, il semblerait que les lois soient faites pour protéger les travailleurs, mais les lois ne sont pas appliquées, et le capital nous dépasse, le capital n’a que des intérêts pour lui, pas pour la classe ouvrière. C’est pourquoi la classe ouvrière doit s’organiser à partir de la base pour pouvoir affronter les grands capitalistes du monde et parvenir à une répartition plus équitable des richesses dans le monde.
INITIATIVE COMMUNISTE : Eh bien, merci beaucoup, et salutations de la France, et bien, beaucoup d’encouragement dans toutes vos luttes. Merci.
SUSANA PRIETO TERRAZAS : Merci, Boris, salutations à tous.
[1] Ville frontière avec les Etats-Unis.
[2] Nouveau traité entre les EU, le Mexique et le Canada, remplace l’ancien TLC depuis 2018.
[3] Equivalent des prud’hommes.
[4] Equivalent de la CFDT au Mexique.
[5] Le nouveau syndicat national indépendant et démocratique des travailleurs soutenu par la députée et avocate Susana Prieto.
[6] Parti au pouvoir qui soutient le président Obrador. Susana est députée de Morena comme « externe » c.à.d. non affiliée au parti, seulement au groupe parlementaire, et donc libre de critiquer. Elle milite pour la création d’un parti authentiquement ouvrier dans son Etat.
En espagnol
Mexico : Entrevista con Susana Prieto Terrazas y Boris Differ (Initiative Communiste)
24 de septiembre de 2022
Initiative Communiste : Me da mucho gusto poder hablarle nuevamente, pues ya llevábamos más de un año desde la última vez y, cuando guste podemos empezar con las preguntas.
Susana Prieto Terrazas: Cuando usted guste.
Initiative Communiste : Pues yo he seguido. Bueno, ahora estoy en Francia haciendo el doctorado y he seguido un poco la actualidad en México, aunque no desde la calle pero sí desde los medios informativos, y de lo que publica usted también en su cuenta. Y pues he visto que han pasado muchísimas cosas, por eso quería preguntarle ¿cuál es la situación ahora del movimiento obrero, del MOM, y del sindicato también? Porque ha habido varios procesos de elección en empresas, y parece que ha habido muchos avances.
Susana Prieto Terrazas: Pues sí, ha habido avances, tenemos ya contratos colectivos de trabajo que administramos, gracias a la interposición del recurso de violaciones al apartado 23A del T-Mec, pudimos ya obtener la titularidad del contrato colectivo de trabajo de Tridonex en Matamoros, la titularidad del contrato colectivo de trabajo en Panasonic Automotiv Systems en Reynosa, y estamos a días de que el Centro Federal de Conciliación y Registro Laboral no dé la constancia de representatividad en la empresa Rheem, en Nuevo Laredo, Tamaulipas, entonces pues el movimiento está permeando más allá de lo que fue el Movimiento Obrero Matamorense, que usted llama MOM 20/32, yo creo que estamos ya permeando en todo el estado de Tamaulipas, pero además nos hemos extendido porque, en mi carácter de diputada federal, pues han sido muchos los trabajadores y trabajadoras, tanto del sector público como del privado los que se han acercado para efecto de avanzar en las propias luchas sindicales y, en consecuencia, yo he planteado una reforma al artículo 388 de la Ley Federal del Trabajo para efecto de incorporar los derechos de los sindicatos minoritarios, porque cualquier trabajador que desee pertenecer a un sindicato de nueva creación, como se autodenominan ellos, o sindicato minoritario por una cuestión numérica, según los llama la Suprema Corte de Justicia de la nación, pues no son respetados los trabajadores, simple y sencillamente reciben represiones por parte de la empresa, como despidos, como descansos, como desconocimiento de sus derechos sindicales, que se apartan, que no les dan las prestaciones que derivan del contrato colectivo de trabajo, una vez que presentan ante el departamento de recursos humanos la carta donde refieren no querer pertenecer más al sindicato blanco con su líder charro, la empresa toma represalías, por ello pues, durante los últimos tres años he estado yo en una constante, la de estar visibilizando que no existe un sindicato corrupto, sino una empresa corrupta. Son las empresas corruptas las que mantienen avante a los sindicatos blancos, y ha sido muy importante en esta lucha poner en evidencia esta situación, porque nos hemos dado cuenta que incluso algunos corporativos desde su origen americano, o europeo, o asiático, ni siquiera se dan cuenta lo que hacen muchos gerentes de recursos humanos en la localidad, que están coludidos con sindicatos blancos, y que incluso reciben hasta comisiones de estos por mantenerse como los « líderes » entre comillas, de los trabajadores, es decir, los brazos derechos de los departamentos de recursos humanos. Porque los sindicatos blancos, que ya tienen casi 9 décadas ahorcando, asfixiando a la clase obrera de este país, simple y sencillamente siguen sin ofrecerles ni mejores salarios ni mejores prestaciones en los contratos colectivos de trabajo. Reciben sus cuotas sindicales, producto de su trabajo, pero prácticamente se la roban, la remiten como lo hace la CTM, el 70% de esas cuotas van directo a la central obrera, el otro se queda para los líderes locales y realmente los trabajadores no ven ningún beneficio ni en salarios, ni en prestaciones, ni mucho menos en infraestructura de los sindicatos, que pueda justificar el pago de estos en cuanto a la cuota sindical.
Initiative Communiste : Sí, es una situación que ha predominado por mucho tiempo, y bueno desde lo que he podido estudiar de la historia, veo que desde que se impuso ese modelo de corporativización en los años 30 ha habido estos intentos de los trabajadores de conseguir una democracia sindical, o sea un sindicalismo que sea realmente en beneficio de sus intereses. Bueno, es algo que aquí en Francia sí se ha conseguido hasta cierto grado, aunque también tratan de ponerlo en tela de juicio, como siempre, incluso el derecho de huelga ¿no? Y bueno, no sé cómo valora usted esa lucha por la libertad sindical ¿ve que hay posibilidades más amplias de hacerlo, por ejemplo, en el marco del T-Mec que se ha negociado con Estados Unidos? ¿O precisamente es por estas posibilidades que hay de reformar la ley federal del trabajo? Como lo mencionó.
Susana Prieto Terrazas: No lo creo. Yo creo que la reforma a la ley federal del trabajo es un maquillaje. Creo que en la Secretaría de Trabajo y Previsión Social hay muchos intereses por parte del padre de la titular de la secretaria, que es el abogado de varios sindicatos blancos, así es que este sindicalismo charro no termina en México ¿no? Vemos por ejemplo que los nuevos centros federales de conciliación y registro laboral, los puestos están ocupados por funcionarios corruptos que ya existían o que ya tenían varia experiencia siendo presidentes de juntas locales o federales de conciliación y arbitraje a lo largo y ancho del país. Vemos por ejemplo que la legitimación de los contratos colectivos de trabajo, a través de notarios públicos, pues es una posibilidad para los sindicatos blancos y las empresas de mantenerse como líderes de los trabajadores porque se falsean actas por parte de los notarios públicos, porque todo el control de los trabajadores está por parte de la empresa y de los sindicatos. No veo que exista una autoridad que realmente esté haciendo valer la ley, creo que aún no ha empezado en los estados del norte del país, que empieza hasta el 3 de octubre la ley federal del trabajo, y ya queremos quienes de alguna forma recibimos las quejas de los abogados postulantes y de los trabajadores que están en esta lucha sindicalista autónoma, auténtica, democrática y libre, que realmente no hay esta apertura por parte ni de las autoridades, ni de las empresas al nuevo sindicalismo. Entonces todo ha tenido que ser a través de la lucha. Ahora que, por ejemplo el departamento del trabajo se niega a tramitar la última queja del BBB Industries, alegando que todavía, después de haber interrogado a 25 trabajadores para acreditar la intimidación de la que fueron objeto, para efecto de sostener al sindicato SIAMARM (Sindicato Industrial Autónomo De Operarios en General de Maquiladoras de la Reynosa C.T.M.) de Humberto Lara, dicen bueno, pero no es suficiente material las declaraciones de estos 25 trabajadores, entonces no sé si quieren que se vuelquen los 4 mil trabajadores de Triple B (BBB Industries), para poder decir que hubo una irregularidad durante la legitimación de este contrato colectivo de trabajo. Siento que el T-Mec puede ser un arma política que se pueda utilizar por los Estados Unidos de Norteamérica, por Canadá en contra de México cuando así les convenga, cuando sean sus intereses político-económicos, pero no cuando haya una violación a los derechos de los trabajadores porque parece que eso es lo que menos importa. Con la resolución de Tridonex, en un inicio ellos decidieron lo mismo que deciden las empresas aquí cuando los trabajadores se quieren sindicalizar, indemnizar a los trabajadores, y « muerto el perro, se acabó la rabia », como dice el dicho aquí en México. Y eso hicieron, no tomaron ni en cuenta al sindicato SNITIS Movimiento 20/32, ni a los asesores jurídicos de los trabajadores de SNITIS-Movimiento 20/32 para tomar la decisión, la tomó el departamento del trabajo y la empresa y pues no hay una verdadera restitución de los derechos violados a los trabajadores, con utilizar la posición de activar el mecanismo del T-Mec, por las violaciones a los trabajadores, o sea, siguen haciendo lo mismo: págales, que se vayan y se acabó el problema. No se acaba el problema porque les pagan, los boletinan, les privan del derecho de obtener otro trabajo, los discriminan, los tienen prácticamente muertos de hambre, porque con lo que les dan de indemnización, pues logran pasar algunos meses pero no más, así que yo sí creo y considero que hay que seguir trabajando, seguir luchando, seguir modificando la ley, para que realmente esta modificación a la misma no sea un maquillaje, sino que se haga efectiva. Es decir, ponerle dientes a la ley federal del trabajo, para que tanto las autoridades, las empresas y los sindicatos logren cumplirla.
Initiative Communiste : Pues precisamente aquí me permite saltar al tema, ¿cómo considera su papel…?, desde la última vez que nos habíamos visto, que no se había completado la elección. Ahora que fue elegida diputada federal, pues también es una nueva situación que supongo puede aprovecharse para esta lucha sindical, ahora no sólo como abogada, sino también como diputada. ¿Cómo ve las posibilidades dentro del Congreso de la Unión, dentro del juego parlamentario de hacer avanzar estos temas?
Susana Prieto Terrazas: Ha habido mucha resistencia por parte de los diputados federales a otorgar mayores prestaciones a los trabajadores, y a reforzar la ley para que realmente se cumpla. La verdad es que una de las grandes críticas que yo podría tener sobre MORENA (Movimiento de Regeneración Nacional) es precisamente que apoyan los movimientos sociales, mientras no son gobierno, pero una vez que son gobierno muchos de ellos se comportan como los neoliberales, de la misma forma, dicen: “es que ya no podemos estar sólo de lado de los trabajadores, porque ahora somos gobierno, gobernamos para todos y también tenemos que estar de lado de los empresarios”. Pero cómo puede ser posible que sin ser gobierno tengan perfectamente claro que la clase vulnerable es la de los trabajadores, y que una vez que llegan a ser gobierno digan que “pobres patrones” ¿no? Eso es algo completamente inaceptable para mí, y yo creo que es una gran crítica a MORENA, en este sentido, sin embargo, no sólo hablaré de MORENA, sino que, como diputada federal, la reforma al artículo 388 para incorporar los derechos de los sindicatos minoritarios a la ley fue votada por unanimidad de votos de todas las fracciones parlamentarias en la comisión del trabajo y Previsión Social. Ahora pasará al pleno de la Cámara de Diputados, cuando así lo establezca la junta de coordinación política. Si pasa ahí, seguirá al senado, y si se aprueba en el senado pues se promulgará esta ley, donde habrá un suelo más parejo para sindicatos mayoritarios y minoritarios, pero cada vez que se trata un tema de aumentar el número de días de vacaciones de los trabajadores, las vacaciones de reducir las jornadas laborales, de dar más prestaciones a las mujeres embarazadas en periodo de lactancia, como que hagan se cuneros en las empresas, y cualquier cosa, siempre ha habido el argumento de Trabajo y Previsión Social de que sería un costo adicional para los patrones, y “pobrecitos mis patrones, tuvieron pandemia, ¿cómo van a hacer para invertir tanto?” Pero es una cuestión también de lucha al interior del parlamento, para ir concientizando a los diputados de las diferentes fracciones parlamentarias, para lograr estas mejoras para la clase trabajadora mexicana, sobre todo en el contexto del T-Mec ¿no? Se supone que el T-Mec se firma y se incorpora a este apartado 23A al T-Mec para efecto de vigilar por parte de los 3 países de este convenio, la actitud de los gobiernos, y sobre todo de los patrones, que tengan igualdad de condiciones. Se habla ridículamente en ese T-Mec de que quieren que también en México ganen 15 dólares por hora en el sector automotriz, y bueno, nosotros no nos chupamos el dedo ¿no? Me parece que eso es algo así como una utopía, que en lo único que podría redundar sería en el hecho de que las empresas decidieran regresarse a Estados Unidos y que el trabajo se siguiera generando para los americanos y no para los mexicanos del otro lado de la frontera. Vemos muy lejano esto de aumentar el trabajo a los trabajadores, pero, si te puedo decir que una nueva iniciativa que voy a presentar esta semana, precisamente el día de mañana, es la reducción de la jornada laboral, es una reforma constitucional, que hay una mora constitucional por parte de la oposición, pero yo quiero saber que ellos voten en contra de la idea de reducir la jornada laboral máxima de 48 a 40 horas, es decir lo que se llama « semana inglesa », porque Canadá y Estados Unidos laboran una jornada máxima de 40 horas, mientras que México labora una de 48, entonces en miras de lograr esta igualdad, pues me parece que la reducción de jornada laboral a 40 horas semanales, aumentando un día de descanso por 2, es una reforma que se le debe a la clase trabajadora, y que yo espero poder convencer a los parlamentarios para efecto de que la aprueben.
Initiative Communiste : Pues parece muy importante este proyecto porque, a lo largo de la historia se ha buscado siempre esa dimensión del tiempo del trabajo. Pues aquí en Francia una de las últimas conquistas sociales, digamos, que fue real, pues fue esto de bajar la semana, justamente de 40 a 35 horas semanales, hacia el año 95, pero debo decir que la verdad es que muy pocos la aplican. O sea, ahora, mayoritariamente las empresas violan esta ley, y hacen semana de 40 horas o más incluso. Pero bueno, es un derecho que se ha conquistado ¿no? Y se necesita hacer valer, porque al final hay un combate directo contra lo que es la explotación ¿no? La necesidad del tiempo de reposo, porque no estamos en el siglo XIX ¿no? Hoy en día la productividad es enorme, en comparación con el siglo XIX…
Susana Prieto Terrazas: Sí, la reducción de las jornadas laborales tiene que ver todo con la productividad, por ejemplo, en América Latina nos han vendido la idea de que entre más tiempo trabajamos, más producimos, cuando realmente los estudios humanistas llevan a acreditar exactamente lo contrario. Un trabajador cansado ya no produce. Entonces, un trabajador que labora 55 horas o más por semana, es un trabajador que tiene 35% más de posibilidades de tener una enfermedad cardiaca y 17% de posibilidades más de morir de un infarto al miocardio. Una persona que trabaja más de 48 horas, porque a eso hay que sumarle los traslados, pues deja a su familia en el abandono total, no tiene tiempo de estar al pendiente del crecimiento y desarrollo de sus hijos, y esto tiene que ver con la descomposición del tejido social. Entonces, reducir la jornada laboral no es un capricho, ni un golpe que le quiera dar la clase obrera a la clase patronal, es estricta justicia para quienes son los verdaderos productores de las riquezas del mundo, que es la clase obrera.
Initiative Communiste : Claro, pues siempre hay esa división entre países del norte y del sur. De hecho, precisamente deslocalizaron al principio industrias, porque querían dar vuelta a estas conquistas que se habían tenido en los países de norte, y pues aquí se sigue viviendo eso, la verdad. Y no somos los mejores. En Alemania, creo que hace un año, o tal vez antes del COVID, habían bajado la semana laboral en algunas industrias. Bueno ahí tienen sindicatos muy masivos, que cuando hacen una huelga sí se les escucha, al menos el gobierno, aunque también tiene sus límites como modelo…
Susana Prieto Terrazas: Bueno también hay que pensar que si se reduce la jornada laboral eso permite mayor oportunidad de trabajo a más personas.
Initiative Communiste : Claro, aquí es tremendo el desempleo. El porcentaje de desempleo es enorme y tratan de maquillarlo, de esconderlo con estadísticas que bueno, si uno hace una mala calificación lo dan de baja en el instituto del empleo, entonces, oficialmente no se es desempleado, pero la persona sí sigue estando ahí, desempleada, sin nada, y pues aquí son más de 13 millones, como un 12 o 13% de la población que podría ser activa, es realmente enorme, y precisamente porque no quieren aplicar esta semana laboral de 35 horas. Incluso los sindicatos aquí, al menos la CGT, que es todavía el sindicato que más se mueve por derecho laboral, ha pedido una reforma para que baje a 32 horas a la semana. Pero también le comento que hay una crisis interna en el sindicalismo aquí, entre una posición que se ha hecho mayoritaria a la cabeza de estas centrales sindicales. Incluso la CGT, que históricamente era muy roja, y que ahora no busca pelear. Ellos tienen una postura como de: ok, hay derechos, hay que defenderlos, pero nunca movilizar a los trabajadores, no llaman a huelga, incluso frenan las movilizaciones, y desde la base viene gente muy, pues que quiere pelear ¿no? Que quiere pelear por más, que quiere ir más allá, y creo que hay una crisis ahora dentro de las centrales sindicales por ese tema y, precisamente porque estos viejos líderes sindicales han quedado como estancados en una postura de diálogo social con el gobierno, pero es colabo…
Susana Prieto Terrazas: Bueno, la verdad es que los viejos líderes sindicales no saben ni por qué luchar. No fueron puestos para eso, entonces no tienen ninguna estrategia para poder satisfacer los intereses de la clase trabajadora. Lo único que no les ha importado nunca son los trabajadores.
Initiative Communiste : Eso es, sí aquí quizá no se ha llegado a los mismos niveles de corrupción que en México, pero también ha habido mucho escándalo con esta vieja burocracia sindical, y creo que hay una necesidad de renovación. O sea, le comento eso porque yo mismo había dicho que buscaba como una solidaridad internacional. Decir: “a ver, pues pueden solidarizarse con los trabajadores en México, o en otros países que ahora están luchando por lo mismo que ustedes lucharon por siglos por eso,” entonces pues, se pueden solidarizar ¿no? Es como algo básico, pero nunca he encontrado respuesta, porque ahí en estos departamentos no les importa. Y es muy difícil porque ahora mismo nos vienen golpeando a nivel internacional, incluso de la unión europea, y no hay respuesta organizada, y eso es lo que les gustaría hacer. Bueno le comento eso porque, precisamente una de las preguntas sería, pues cómo se puede apoyar la lucha de los trabajadores en México desde otras partes, desde una perspectiva internacional.
Susana Prieto Terrazas: La verdad con financiamiento. Esa es la forma en la que se puede ayudar la lucha de la clase social trabajadora en este país. Si nosotros tenemos que ya mayor parte de los trabajadores que deciden luchar son despedidos de su trabajo, y boletinados y no consiguen trabajo, ¿cómo obligas a mantenerse en la lucha a un trabajador que no tiene recursos ni para la pecera (para transportarse)? A un trabajador que no consigue trabajo y que no tiene ni cómo darle de comer a sus hijos. ¡No puedes obligarlo a luchar! Es infantil creer que los trabajadores se mantendrían en la lucha bajo esas condiciones. Entonces, la forma de ayudarlos es con aportaciones económicas, y ni Estados Unidos, ni el resto del mundo, ayuda lo suficiente. Ahora por ejemplo le dieron al centro de solidaridad en México 10 millones de dolares de los que marca el T-Mec para impulsar el sindicalismo independiente en este país, ¡pero si el sindicalismo independiente está constituido! Lo que necesita es solidaridad monetaria de manera directa para seguir expandiéndose. No a través de un organismo que va a decir: “bueno, constitúyanse todos los sindicatos independientes, pues para eso no necesitamos gastar 10 millones de dólares”.
Initiative Communiste : A veces eso se prestaría al lavado de dinero, ¿no?
Susana Prieto Terrazas: Claro, habemos más de 500 o 600 organizaciones autónomas a nivel nacional, que somos independientes y autónomas, pero no tenemos ni un cinco para movernos. No podemos convocar trabajadores, no podemos hacer volanteo, no podemos pagarles a trabajadores para que se organicen.
Initiative Communiste : Pues ocurre también eso aquí, pues en muchos casos. Bueno, aquí las centrales tienen mucho recurso, pero pues uno nunca sabe a dónde se va eso. Se escuchan rumores de pasillo, pero, bueno de hecho uno de los secretarios de aquí del Sindicato de la CGT había sido despedido porque se había construido un depa en París con el dinero de los cotizados, de los sindicalizados, que eso es mucho recurso, pero eso lo usan para otras cosas o para hacer fiestas, y luego cuando hay que hacer una huelga no llega la caja de ahorro.
Susana Prieto Terrazas: Claro, aquí se le llama el fondo de huelga. Y los sindicatos no apoyan, porque si los trabajadores se van a huelga siempre es en contra de su sindicato blanco, y el sindicato blanco les dice, bueno es que no hay dinero para el fondo de huelga, porque ya el 70% se envió a la CTM y el 30% se lo quedaron lo líderes locales y todo está gastado, no hay fondo para huelga.
Initiative Communiste : Pues sí, parece que ellos son una barrera más que si no hubiera nada ¿no? Si no hubiera nada sería más sencillo…
Susana Prieto Terrazas: Efectivamente, que tener que confrontarte con un sindicato que trabaja para la patronal, son sindicatos corporativos.
Initiative Communiste : Pues fíjese que aquí han procedido de manera más perversa, porque han creado lo que llaman la Confederación europea de sindicatos, pero, es un organismo que está totalmente sujeto a la comisión europea, y pues, a la clase empresarial, entonces, fueron afiliando los sindicatos aquí en Francia a eso, y luego les dicen, no pues no hagan huelgas, firmen la reforma por la jubilación ¿no? Privatización de la jubilación, ¿cómo crees? ¿no? Si son sindicatos cómo van a firmar eso, o incluso ahora, apoyen a la guerra en Ucrania, que claro, los trabajadores tienen mucho dinero que desperdiciar en algo así ¿no? La inflación que tenemos es muy alta, se viene un momento muy difícil y, de hecho hay un congreso de la Confederación General del Trabajo y yo creo que va a estallar porque la base está muy enojada con esta corrupción, burocracia, con esta inacción de los líderes, a quienes lo único que se les pide es que al menos no frenen la movilización si no son capaces de ayudar, pero no, siguen en ese juego. Entonces no sé cuál sea el resultado.
Susana Prieto Terrazas: Y lo mismo pasa en Estados Unidos, y pasa en Europa, y pasa en México.
Initiative Communiste : Sí, aquí lo bueno es que hay una candidatura de un compañero de Marsella, que es un líder sindical local que sí es muy dinámico y esperamos que gane en el congreso, porque si así ganaría haría un cambio muy drástico en la orientación de la central, y yo espero en ese momento que también se abra un espacio para la cuestión internacional, o sea, la solidaridad, porque por mucho tiempo la CGT sí ha apoyado las luchas en muchos otros países, de todas las formas posibles, eh, sea financiación, mandar gente, incluso para apoyar las huelgas, entonces espero que se abra ese espacio y que podamos hacer algo también para apoyar a la clase obrera en México y de lo que están haciendo con el SNITIS, pero, por ahora no se sabe no puedo estar seguro que así pase. Pues en todo caso, le quiero agradecer por comentarme estos detalles. Le voy a mandar la grabación del video y haré la traducción para publicarlo en nuestros medios, y que pues también la gente en Francia se entere de qué está pasando en México, que vean que estamos luchando por lo mismo, y que, pues se enfrentan los mismos problemas, la verdad.
Susana Prieto Terrazas: Claro, la clase trabajadora tiene el mismo problema a nivel mundial y por lo tanto, pues desde México le envío un abrazo fraternal y combativo a todos los trabajadores y trabajadoras francesas, y les digo lo mismo que le decimos a las trabajadoras y trabajadores mexicanos, no se rindan! No se rindan, porque la última forma en la que los trabajadores pueden lograr algo, es luchando. Parecería absurdo, parecería que las leyes están hechas para proteger a los trabajadores, pero las leyes no se aplican, y el capital nos rebasa, el capital sólo tiene intereses para ellos, no para la clase trabajadora. Por eso, la clase trabajadora debe organizarse desde las bases para poder confrontarse con los grandes capitalistas del mundo y poder lograr así una distribución más justa de la riqueza a nivel mundial.
Initiative Communiste : Pues muchas gracias, y saludos desde Francia, y pues mucho ánimo en todas las luchas. Le agradezco.
Susana Prieto Terrazas: Le agradezco, Boris, saludos a todos.