Après trois tentatives de renverser Castillo, le Congrès parvient à ses fins sous l’influence de l’ancienne candidate à la présidentielle de l’oligarchie, Keiko Fujimori, comme nous avions pu le rapporter dans des précédents articles, le congrès n’avait pas permis au président nouvelle élu Castillo de gouverner un seul mois sans obstruer son gouvernement, sans opposer une motion de censure ou un refus de vote de confiance. L’organe législatif s’était transformé en une chambre d’opposition systématique à Castillo, son parti étant en majorité simple faible. Les fragiles alliances constituées n’ont jamais permis de tenir un cap.
À cela il faut ajouter les erreurs du Président lui-même, il avait perdu le soutien de son propre parti, Pérou Libre, après avoir limogé plusieurs ministres dans deux gouvernements successifs, dont un premier ministre, Guedo Bellido, qui ensuite avait « rendu la carte ».
Après la destitution de Pedro Castillo à la présidence, décidée par le Congrès du Pérou, qui a approuvé une motion de vacance, l’ancien mandataire a été arrêté par la police nationale, après avoir dissous le parlement et mis en place un gouvernement d’exception.
Castillo reste dans la préfecture de Lima, où se trouve également le procureur de la nation, Patricia Benavides, qui enquête sur lui en collaboration avec l’équipe spéciale dirigée par Marita Barreto, dans le cadre des accusations de corruption.
Le Congrès du Pérou a destitué Pedro Castillo ce mercredi avec le prétexte d’ »incapacité morale », ignorant la décision du mandataire de dissoudre le Parlement et de réorganiser le système judiciaire, ainsi que la convocation à une assemblée constituante pourtant demandé par le peuple péruvien.
La destitution de Castillo a été approuvée par 101 voix sur un total de 130 membres du Congrès, dans sa troisième tentative de le retirer du pouvoir depuis qu’il a pris la présidence il y a 16 mois. C’est la très opportuniste Dina Boluarte qui a été postulé comme présidente en intérim à la place de Castillo, issu du centre gauche et non de Pérou Libre.
Quelques heures plus tôt, Castillo a décrété ce mercredi dissoudre temporairement le Congrès et mettre en place un gouvernement d’urgence national et a ordonné un couvre-feu national à partir du jour de ce mercredi à partir de 22h00 heure locale (03h00 GMT jeudi).
Castillo aurait récemment demandé l’asile au Mexique, pour éviter un faux procès à son encontre tout comme Morales en Bolivie suite au coup d’état fasciste à son encontre en 2019…
La mobilisation populaire monte…
Suite aux nouvelles de l’arrestation du président, la population s’est mobilisée massivement pour protester, y compris devant la préfecture de Lima ou Castillo est retenu prisonnier.
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Suite à une assemblée nationale, Vladimir Cerron, le président fondateur du parti Pérou Libre, a annoncé apporter son soutien à Castillo, pour obtenir sa libération et son retour à la présidence, ainsi que la convocation d’une constituante et la dissolution du congrès factieux.
Le Parti Communiste Péruvien et le Parti Communiste du Pérou ont tous deux appelés à la mobilisation populaire pour dissoudre le congrès et convoquer une constituante. Ce dernier n’appelle cependant pas à la libération de Castillo.
Comme on le voit la demande principale du peuple péruvien, reste la convocation à une assemblée constituante ouvrant la voie à une transformation radicale des institutions, en partie inspirée du modèle bolivien voisin qui revendique le socialisme, à sa manière…
Par-delà les avatars de la politique c’est bien la lutte des classes, le peuple péruvien, la population indigène majoritaire, les paysans, ouvriers, d’une part, l’oligarchie péruvienne et les intérêts impérialistes, de l’autre, qui déterminera qui exerce réellement le pouvoir dans le pays.