Débat – ce n’est sans doute pas une évidence pour le plus grand nombre en raison de l’intense propagande médiatique déversée par ses maitres milliardaires, mais le régime Macron repose sur une base politique de plus en plus rabougrie. Régime de prédation au service de la dictature de la classe capitaliste, il ne peut évidemment s’afficher comme tel, du moins s’il veut pouvoir présenter quelques atours. C’est autour de cette question que Jean Pierre Combe nous interroge dans une tribune versée au débat.
L’érosion du corps d’idées dont s’inspire le gouvernement Macron
Le 4 janvier 2 023, Jean-Pierre Combe
Depuis quatre décennies, les partis socialistes et nationo-capitalistes alternent à la présidence et au gouvernement de notre pays : ils ont grandement accéléré la destruction de nos cantons, départements, communes, associations intercommunales, associations de citoyennes et de citoyens régies par la loi de 1 901, bref, de toutes nos institutions où vivait encore un peu de démocratie, en leur substituant toujours des procédures autoritaires.
En même temps, la part financière du capital prenait la direction de l’économie de notre pays, et l’intégration supranationale des capitaux financiers nous faisait passer sous la domination impérialiste de la finance US dont la capitale, ne nous y trompons pas, est Wall Street, la rue de la bourse aux valeurs située à New-York, dans l’île de Manhattan…
Telles sont les pressions destructrices qui imposent à notre pays une véritable métamorphose qui s’avère de plus en plus évidemment une fascisation : sur le plan idéologique, cette fascisation a pris un tel contrôle de la presse écrite, parlée et numérisée de notre pays que personne ne dispose plus de la possibilité de publier les informations auxquelles il peut accéder, auxquelles il accède d’ailleurs de plus en plus difficilement : la fascisation accomplit le fascisme en nous imposant la pensée unique du corps idéologique dominant, qui définit l’Alpha et l’Oméga de la « philosophie » de ceux qui nous gouvernent !…
Nous avons vu l’opinion publique contrôlée tout au long de la crise dite sanitaire, où les savants et les soignants eux-mêmes ont été censurés (ils le sont encore !…).
Nous voyons aujourd’hui censurer nos opinions sur la guerre qui ravage l’Ukraine…
Mais le corps idéologique dont s’inspire le gouvernement de notre pays subit en ce moment une érosion certaine, quoiqu’ambiguë :
Le premier facteur de cette érosion est l’opposition politique des milieux de droite qu’influence fortement l’intégrisme catholique le moins tolérant, celui qui combattait naguère l’« aggiornamento » du concile « Vatican 2 » : ces milieux prennent leurs distances avec la politique macronienne de guerre en Ukraine tout en qualifiant de « gauchiste » l’inquiétante démagogie à prétention moderniste du gouvernement de Monsieur Macron.
De ce côté, le gouvernement se défend au moyen de la confusion qui règne du centre-gauche-droite mélencho-macronien à l’extrême-droite fasciste en passant par les divers intégrismes religieux ;
Cette confusion vise d’abord à faire disparaître la lutte pour l’égalité en droits de tous les êtres humains derrière une collection de revendications de droits catégoriels, conduite au bénéfice de catégories (telles par exemple que celles appelées en anglais « Lesbians », « Gay’s », « bisexuals », « Transgender ») dont la théorie a été concoctée par des « think-tanks ».
Ces « think-tanks » (ont-ils un nom français ?) hébergent en réalité des spécialistes de réthorique « hors-sol » habiles à rédiger des théories sans fondement scientifique.
Les théories dont les politiciens de nos « centre-droit » et « centre-gauche » sont clients n’ont pas d’autre fondement que leur propre volonté de puissance.
La confusion qui en résulte nécessitera de préciser l’étude de ces questions.
Ces mêmes chantiers de théories virtuelles ont aussi inspiré les circulaires ministérielles qui tendent à substituer l’« écriture inclusive » à notre orthographe traditionnelle : or, l’« écriture inclusive » est un code artificiel et d’usage très compliqué qui présentera, si le gouvernement réussissait à nous l’imposer, les deux très graves défauts de faire obstacle à l’apprentissage de l’écriture par nos enfants et de faire barrage à la prise de connaissance par les générations futures des œuvres littéraires et scientifiques du passé : mais pour les candidats à la dictature continentale et mondialiste, ces deux très graves défauts sont de très grandes qualités !…
Pour devenir président de la République, Monsieur Macron devait piper le plus possible des voix des électeurs « de gauche » : à cette fin, mais aussi sous l’influence d’une idéologie sectaire en vogue aux USA, et peut-être aussi parce qu’il trouve plaisir à jeter la confusion sur les droits humains et civiques, il a mis les thèmes précédents en bonne place dans sa campagne électorale.
Cela n’empêche pas d’autres politiciens, autour de Mélenchon, de faire de même sous le « drapeau de la gauche » (« c’est la fausse gauche ! » aurait dit Georges Marchais) : brandissant ce faux drapeau, ceux-ci parviennent à inhiber les revendications essentielles des travailleuses et des travailleurs (pour l’égalité en droits et en dignité des femmes et des hommes, pour le salaire et les retraites, pour les conditions de travail, pour les conditions de vie, pour la liberté) ; que cette inhibition soit une victoire de la réaction capitaliste est évident : ces revendications sont révolutionnaires !…
Le second facteur d’érosion de l’idéologie macroniste, plus récent, est beaucoup plus sérieux ; il procède des milieux de droite héritiers du gaullisme : ceux-ci condamnent la politique de guerre conduite par l’OTAN en Ukraine et suivie sans esprit critique par les gouvernants auxquels préside monsieur Macron.
Cette opposition au corps d’idées gouvernemental est certainement beaucoup plus inquiétante pour les gouvernements de Monsieur Macron que la première : il est porté par des diplomates et des hommes d’affaires, tels Pierre De Gaulle, le petit-fils du général, dont la culture politique est beaucoup moins imprégnée des idéologies états-uniennes néo-conservatrices cultivées autour de Chicago et dans le sud naguère esclavagiste et resté raciste des USA.
Il s’agit là en réalité de l’évolution idéologique de deux clans politiques de la grande bourgeoisie française ; tout en en prenant conscience, nous devons observer les efforts que font certains de ses membres pour fédérer ces clans contre le gouvernement Macron, afin d’en comprendre l’axe idéologique et de mesurer la vraisemblance de leur réussite : car bien évidemment, les clans politiques de la droite française peuvent toujours protéger leur pouvoir de classe en se fédérant sur le plan idéologique, comme ils y ont toujours réussi.
En effet, ces deux clans sont d’accord pour réduire la définition de la Nation française à l’héritage médiéval de la foi religieuse et des « valeurs traditionnelles », et pour effacer le fait que l’institution nationale et son contenu laïc sont l’œuvre de la Révolution ; ils sont d’accord aussi pour rejeter, en l’imputant à « la gauche », la confusion essentielle à la démagogie grâce à laquelle monsieur Macron, homme de droite, s’est fait élire sous l’étiquette de « la gauche » : cet accord se manifeste notamment dans leur ferme opposition aux lois qui instituent le « mariage pour tous ».
Remarquons encore que les hommes d’affaires et politiciens bourgeois opposés à l’idéologie macronienne sont en accord avec les lois de répression de la publicité faite à l’homosexualité récemment prises en Russie : ils font mention de cet accord pour donner du poids à leur proposition de fonder la paix en Europe sur un empire capitaliste nord-eurasiatique, du Portugal au Kamtchatka.
Ce serait une très bonne chose que la politique des milieux riches de tradition gaulliste parvenue au pouvoir en France entreprenne résolument de quitter l’OTAN, et donc l’affaiblisse, ce qui contribuerait à faire cesser la guerre qui ravage l’Ukraine ; mais aujourd’hui, nous ne pouvons pas être certains qu’elle le fasse, et de plus, nous devons avoir conscience qu’elle ne résoudra certainement pas les problèmes de la vie quotidienne, les problèmes du droit au travail, les problèmes des salaires, non plus que les problèmes de la santé de nos concitoyennes et de nos concitoyens, ceux de la santé publique de notre pays !…
Une autre opposition au gouvernement Macron est la nébuleuse politique qui gravite autour de Mélenchon : nous ne pouvons pas nous reposer sur elle, d’abord parce que cette nébuleuse participe à tous les thèmes de la confusion fondatrice du gouvernement de Monsieur Macron ; ensuite parce que depuis le lugubre mois d’Août 1 914, nous faisons l’expérience de son fondement idéologique social-démocrate…
En vérité, la venue de Monsieur Mélenchon ou de ses amis au pouvoir n’affaiblira ni l’OTAN ni l’exploitation capitaliste : elle ne résoudra aucun des problèmes de notre peuple.
Une chose est donc claire : aussi longtemps que nous, militants du pôle de renaissance communiste en France, n’aurons pas rendu à notre peuple le grand parti communiste dont il a besoin, tous les gouvernement de la France défendront les intérêts de la bourgeoisie du grand capital financier !