Par Georges Gastaud, secrétaire national adjoint du PRCF, syndicaliste de l’enseignement – La journée du 19 janvier a déjà été énorme et celle du 31 s’annonce plus forte encore. Malgré sa posture martiale obligée, l’appui des LR ultraréactionnaires de Ciotti et le semi appui du RN qui la joue « petit bras », le gouvernement Macron-Borne, qui se sait très minoritaire dans l’opinion, est mal barré. Alors, que faut-il faire pour passer enfin de la défensive perdante à la contre-offensive victorieuse, non seulement sur les retraites par répartition, qui périront si la contre-réforme passe (les cadres passeront à l’illusoire capitalisation et les jeunes ouvriers finiront pas ne plus vouloir cotiser pour une retraite misérable et trop tardive!), mais sur les salaires, écrasés par l’inflation, sur les services publics démantelés au nom de la « construction » européenne (hôpital, école, EDF, SNCF…), sans parler du « produire en France » dévasté par la sotte « économie de marché ouverte sur le monde » propre à l’UE sur fond de sanctions-boomerangs contre la Russie et d’ultra-protectionnisme américain?
La réponse est simple. Il faut d’abord que la journée de demain et les suivantes soient énormes, et que chacun, si peu qu’il puisse faire en raison du déni de libertés syndicales qui caractérise tant d’entreprises dans notre « libre » pays, contribue personnellement au mouvement des jours à venir; mais surtout, il ne faut pas écouter Laurent Berger (CFDT et CES) et tous ceux qui collent à sa roue et dont la stratégie perdante est d’épuiser les salariés dans des « journées saute-mouton » sans plan de lutte ni appel à construire la grève reconductible inter-pro jusqu’au retrait du projet Borne. D’où l’intérêt des appels à la grève de masse interpro reconductible lancés par les courageux syndicats CGT rouges, notamment par les cégétistes des raffineries et de l’EDF, mais aussi par d’autres travailleurs déjà en grève dans le public et le privé, sans oublier un nombre croissant d’établissements scolaires en lutte. Macron, l’UE, le MEDEF cassent les acquis du Front populaire, de la Résistance et de Mai 68? Eh bien, bloquons leurs profits. Et prenons conscience que si, par ex., les transports maritimes, aériens, ferroviaires, aéroportuaires, routiers s’arrêtaient en même temps, et non séparément et successivement, la production à flux tendu de l’UE transitant par la France stopperait net ; et cela créerait un salutaire appel d’air aux autres travailleurs d’Europe dont de nombreux détachements nationaux, notamment en Grande-Bretagne ou en Italie, sont déjà entrés en lutte! Le rapport des forces en serait changé en faveur du travail et au détriment du capital, et pas seulement dans l’Hexagone!Pour autant il ne faut pas négliger les origines profondes de l’affrontement de classes que Macron, sur mandat de l’UE et du MEDEF, impose au mouvement populaire français. A l’arrière-plan de l’inflation qui nous accable, il y a la gravissime guerre en voie de mondialisation que l’UE-OTAN a suscitée par son expansion provocatrice vers l’Est depuis la chute de l’URSS. C’est de là que part l’énorme flambée des prix de l’énergie qui, sur fond de marché européen de l’énergie remplaçant les prix historiquement bas d’EDF nationalisée, a renchéri l’ensemble des marchandises pendant que le gouvernement et le grand patronat refusaient d’augmenter et de réindexer les salaires. Il y a aussi et surtout l’UE, le FMI et les Accords européens de Barcelone (cosignés par Jospin en 2002) qui prescrivent de porter « à 67 ans en moyenne l’âge de départ en retraite dans les pays de l’UE ».
Il y a l’énorme, ruineux et dangereux surarmement de l’UE exigé par l’OTAN, et derrière eux, par Trump et Biden, en vue d’allumer ce qu’ils appellent déjà un « conflit de haute intensité » à la Russie et à la Chine populaire à seule fin de préserver l’hégémonie mondiale du dollar et de Wall Street que les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine rejettent de plus en plus. Tant pis si, dans les conditions actuelles d’un conflit nucléarisé, cela risque de rayer la France de la carte et de mettre un point final à l’histoire de l’humanité ! Bref, s’il est vrai que l’objectif immédiat de la lutte estle retrait pur et simple du projet Borne (en réalité, de la contre-réforme européenne mise en musique par Macron pour nous aligner sur l’Allemagne déjà en marche vers la retraite à 70 ans!), il ne faut pas perdre de vue les salaires, car des millions de gens n’y arrivent plus, ni les indemnités chômage sabrées par Macron, ni les services publics euro-privatisés, ni les usines délocalisées, ni surtout, la paix menacée; bref, toute les menaces existentielles qui émanent d’un système capitaliste pourrissant et de ses institutions européennes et atlantistes inféodées au pouvoir malfaisant, mortifère, voire suicidaire pour l’humanité, du grand capital.
Alors demain, ne nous contentons pas de défiler derrière les flonflons des camionnettes syndicales, crions ensemble à pleins poumons: « la retraite à 60 ans, oui, oui, oui, la retraite à 64 ans, jamais de la vie! »,
« Du pognon pour nos pensions, pas pour les marchands de canons! », « L’argent pour les salaires, pas pour la guerre, ni pour les actionnaires! », « pour nos acquis sociaux, grève inter-pro ! », « Ils cassent notre pays, bloquons leurs profits! ».