Parmi les secteurs d’avant garde de la mobilisation contre le plan Macron UE MEDEF de casse des retraites par répartition, celui de la collecte des déchet est un de ceux qui montrent spectaculairement l’exemple. Ces travailleurs illustrent que lorsque les travailleurs sont en grève, la production s’arrête, et que ce sont les travailleurs et eux seuls qui sont essentiels pour le pays. Initiative Communiste, via ses correspondants du PRCF 94, donne la parole à Julien, gréviste CGT du TIRU d’Ivry
Initiative Communiste – Pouvez-vous vous présenter et faire l’historique de la lutte ?
Moi c’est Julien, je suis égoutier à la ville de Paris et un des responsables de la CGT FTDNEEA, qui représente toute la filière traitement des déchets, nettoiement, eau et assainissement de la ville de Paris.
On occupe le site d’Ivry depuis le lundi 6 mars à 8h. Nous sommes en grève reconductible depuis cette date-là. Le mardi 7 mars, des travailleurs du privé qui se sont mis en grève avec nous. C’est un peu la jonction des salariés du privé et du public sur cette filière.
Initiative Communiste – Comment voyez vous l’avenir de la lutte ?
A notre niveau, on essaye de participer aux manifestations, même si en ce moment c’est un petit peu compliqué, car nous tenons à la fois ce site, mais également l’ensemble des garages de la ville de Paris, les garages de benne à ordures. 6 garages sont bloqués de 5h du matin jusqu’à tard le soir. Nous ce qu’on dit, c’est que celui qui prend en otage les Français de manière générale, c’est Macron. Il lui suffirait de retirer la réforme pour qu’on reprenne le boulot et qu’il n’y ait plus d’ordures à Paris. Sur le principe, on est là jusqu’à ce que la réforme tombe. Après ce sont les grévistes qui décident. Notre Assemblée générale sera mardi.
Initiative Communiste – De quoi avez-vous besoin pour mener la grève à bien ?
On a déjà besoin d’un maximum de grévistes. Que des secteurs qui ne sont pas en grève ou partiellement rentre dans une grève reconductible comme nous. Matériellement, on a tous les jours des soutiens des enseignants, des étudiants, des travailleurs, des chômeurs qui viennent nous voir et apporter à manger, plus du matériel. Nous ne sommes pas seul. Soutien qu’on voit y compris dans les sondages de la part des Français et on le vit ici directement sur le lieu d’occupation.
Initiative Communiste – Pendant le confinement, vous étiez considérés, au même titre que les soignants, comme des travailleurs essentiels, et qu’on devait vous revaloriser. Avez-vous vu un changement depuis 2020 ?
Nous menons une double bataille. Depuis 2017 on a une revendication sur le déroulement de carrière à la ville de Paris. C’est une revendication portée aussi sur le préavis de grève reconductible. Nous avons été reçus vendredi dernier par la ville de Paris. Officiellement, des négociations sont ouvertes. Pour l’instant cela avance de ce côté-là.
Au-delà de la question salariale, ce n’est pas qu’à la ville de Paris. Au niveau du gouvernement, on a reconnu que certains de ces métiers étaient indispensables. Plusieurs agents ont continué à travailler pendant la pandémie. S’ils ne l’avaient pas fait, il y aurait eu un gros problème en termes de salubrité publique. On voit par cette réforme que les premiers à payer le plus, avec les femmes bien évidemment, ce sont les métiers dits les plus pénibles. Dans nos professions, par exemple les éboueurs, ils peuvent partir aujourd’hui à 57 ans, les égoutiers à 52 ans ; avec la réforme ce sera 2 ans de plus pour tout le monde. En sachant qu’un égoutier à 10 ans d’espérance de vie en moins que la population des cadres et que les éboueurs en ont 12 ans de moins. Donc concrètement le projet, pour nous remercier de ce que nous avons fait durant la crise sanitaire, c’est de nous faire mourir au travail. On a beaucoup de collègues qui meurent juste avant ou juste après la retraite, ou qui développent des maladies très graves quelques années après leur retraite. C’est concrètement la réalité, ce n’est pas de l’idéologie : c’est dire à nos collègues vous allez mourir au travail.
Initiative Communiste – Dernière question, avez-vous un message à adresser à la fois au gouvernement et à l’ensemble du patronat qui soutien la réforme des retraites ?
Le patronat, je pense, soutient idéologiquement la réforme des retraites, mais si suffisamment de travailleurs se mettent dans la lutte, il va changer d’opinion sur le sujet. Si cela leur coute très cher ils vont peut-être commencer à y réfléchir. Et les patrons iront faire pression sur Macron.
Le message à Macron c’est qu’il a été élu par une minorité de Français en réalité. Bon nombre des voix pour lui c’était des voix anti-RN, pas un blanc-seing à sa politique. Je pense que la plupart des gens qui ont voté Macron n’étaient pas d’accord sur ce qu’il disait sur les retraites. Le message au président de la République ce serait de lui dire qu’il faut respecter la démocratie, et que celle-ci n’existe pas uniquement que tous les 5 ans.