Cinéphile et syndicaliste, Olivier a pu voir le film au titre alléchant La Syndicaliste. Une séance qui sur différent point lui a laisser un avis mitigé, le conduisant à partager la réflexion suivante
Successivement, « Ensemble » mensuel de la CGT et l’hebdomadaire du POID ont fait l’éloge du film « la syndicaliste ». C’est problématique.
Cette œuvre montre une pratique syndicale à l’opposé de la lutte de classe. Têtes à têtes de la secrétaire du CE avec le patron dans le bureau directoral, copinages dans les « hautes sphères » de l’appareil d’Etat, ignorance de la dimension impérialiste du capitalisme français, en l’occurrence Framatome devenu Areva puis aujourd’hui Orano qui prospère sur pillage de l’uranium nigérien. On peut, c’est notre cas, soutenir la fabrication de réacteurs nucléaires mais faire abstraction des questions environnementales et de sécurité des populations posées par cette activité relève du corporatisme.
Les couleurs de la CFDT semblent ainsi convenir à un salariat abrité de la précarité et employeur de personnel de ménage dans son pavillon résidentiel… La dérive est consommée quand on prend le thé avec la bonne « ex » patronne pour mieux vouer aux gémonies son successeur, voir laisser entendre qu’un troisième1 commanditerait des agressions sexuelles. On confond la revendication et les attaques « ad hominem » . Ces dernières ont pour défaut de laisser entendre qu’il suffirait de faire place à un individu meilleur. Or, cette corporation de patrons est biberonnée au dogmatisme néolibéral et tenue de respecter la « concurrence libre et non faussée ». Une remise en cause globale serait nécessaire pour qu’elle se soucie de la maîtrise technologique nationale et du devenir de l’outil de production.
Le scénario laisse entendre que la gestion privée de réseaux publics comme l’eau potable incite à la corruption et aux liens avec la pègre. Thèse plausible mais qui mériterait autre chose que des allusions. Le déni de la parole des femmes par l’institution médico-judiciaire est pour sa part absolument scandaleux. Mais sa juste dénonciation n’a recours qu’à des images quelconques où le banal des couloirs de commissariats le dispute au glauque des introspections vaginales. On poursuit en bavardant sur l’usage du scotch d’emballage et le recours aux traces ADN. Autant de poncifs de série B qui serviront peut-être pour une diffusion cathodique aux heures de grande écoute mais qui ne sauvent pas un film.
Olivier RUBENS
1 Il s’agit d’Henri Proglio. Rappelons, puisqu’ « Initiative Communiste » s’est fait l’écho de son « parler vrai » devant le Sénat, que nous n’avons pas de sympathie particulière pour ce grand patron, ami de Sarkozy et que nous exigeons la gestion publique des services publics, dont celui de l’eau potable.