Communiqué du PRCF – 14 mai 2023 – Samedi 6 mai 2023, des centaines de néo-nazis du « Comité du 9 Mai » paradaient tranquillement dans les rues de Paris. Ils rendaient « hommage » à l’un des leurs mort en 1994 après avoir sauté d’un cinquième étage pour échapper à la police – manifestation qui, à l’époque, dénonçait le débarquement anglo-américain survenu 50 ans plus tôt pour combattre le régime de Vichy et les nazis. Il a fallu les interpellations d’élus de gauche pour que le gouvernement daigne réagir, prenant la défense de la préfecture de police de Paris qui avait estimé, par l’intermédiaire de son chef Laurent Nunez, que ladite manifestation ne présentait aucun « risque de troubles à l’ordre public ».
Fort logiquement très critiquée pour avoir laissé s’exprimer les nostalgiques d’Hitler et Pétain en pleine rue, la Macronie a mis la pression pour que soient interdits des défilés de l’extrême droite. Et ce weekend du 13-14 mai 2023, la préfecture de police de Paris a décidé d’agir en interdisant cinq manifestations de formations d’ultradroite… mais au risque de semer une terrible confusion.
En effet, si le PRCF se félicite de l’interdiction de manifestation du Parti nationaliste français d’Yvan Benedetti, négationniste patenté nostalgique du Troisième Reich et du régime de Vichy, il exprime aussi son incompréhension face à la décision d’interdire la manifestation « Fête nationale de Jeanne d’Arc » organisée par les clubs Penser la France qui, dès lors, se retrouvent de facto catégorisés comme formation d’ultradroite. Cette décision est d’autant plus inacceptable que le Tribunal administratif a finalement décidé d’autoriser la manifestation de… l’Action française pour fêter Jeanne d’Arc, alors même que l’Action française, farouchement royaliste et xénophobe, brille par son anticommunisme primaire – l’Action française avait écrit à Darmanin pour demander la dissolution du Parti communiste français e novembre 2020 ! – et sa volonté d’abattre la République. Exactement aux antipodes des clubs Penser la France, qui fêtent tous les 18 juins l’appel du général de Gaulle et célèbrent la République tout en condamnant l’anticommunisme qui s’exprime toujours davantage à l’échelle européenne.
Plutôt que combattre efficacement la véritable ultradroite (on attend toujours l’interdiction des défilés et la dissolution pure et simple du Rassemblement national, de Reconquête, des Zouaves… et bien entendu de l’Action française), la préfecture de police de Paris contribue au confusionnisme idéologique croissant, servant en réalité l’euro-fascisation que la Macronie prétend combattre. Car comment assimiler une formation patriotique comme les clubs Penser la France, désireuse de sortir de l’euro, de l’UE et de l’OTAN tout en combattant le néolibéralisme, au Groupe Union défense dont les membres crient « Europe, jeunesse, révolution » dans ses rangs – slogan qui, « curieusement », n’attire nullement l’attention de la « gauche » établie qui continue d’affirmer mensongèrement que l’extrême droite veut sortir de l’UE tout en défendant des fadaises comme « l’Europe sociale » ?!
Cette décision, en dépit de ses aspects positifs vis-à-vis d’une toute petite partie de l’extrême droite paradant toujours davantage, est en réalité un signal très inquiétant pour la liberté de manifester pour des formations républicaines sincères dans le pays. Les critiques de la préfecture de police de Paris n’ont d’ailleurs pas manqué, à raison, de signaler que les casserolades ou les manifestations contre l’usage du liberticide 49-3 étaient considérées comme présentant des « risques de troubles à l’ordre public », « contrairement » à la marche du « Comité du 9 Mai ».
Et pendant ce temps, l’extrême droite sous toutes ses formes (royaliste, nationaliste, vichyste, néo-nazie, etc.) prospère de plus en plus en France, attaquant les locaux de la Fédération nationale de la Libre pensée (FNLP), agressant le collaborateur parlementaire de la députée LFI Aurélie Trouvé lors de la finale de Coupe de France de football entre Toulouse et Nantes ou multipliant les attaques contre des locaux du PCF ou de la CGT (sans compter les menaces de mort). Il est vrai que l’extrême droite bénéficie d’un contexte largement favorable dans le cadre de la fascisante Union européenne, qui assimile mensongèrement le communisme au nazisme à travers l’infâme résolution adoptée par une large majorité d’eurodéputés (y compris la Macronie, le « PS » et « EELV ») le 19 septembre 2019. Dorénavant, voici que le patriotisme porté par les clubs Penser la France est assimilé au nationalisme haineux et xénophobe du PNF et de l’Action française. Cela ne signifie pas que le PRCF soit d’accord par avance avec toute prise de position des clubs Penser la France. Mais de tels désaccords, parfois vifs, relèvent de la libre critique entre organisations, y compris de la polémique publique quand c’est nécessaire, et non d’une censure d’Etat d’autant plus perverse qu’elle n’a garde d’épargner les vrais fascistes, et que, globalement, la politique antisociale, belliciste et antinationale de Macron déroule le tapis brun menant à l’Elysée sous les pieds de Le Pen.
Gageons que demain, les formations communistes et républicaines constitueront la cible de la Macronie hostile à toute opposition politique de fond sur l’euro, l’UE, l’OTAN et le capitalisme. Raison de plus pour délégitimer totalement la Macronie, meilleur carburant de l’euro-fascisation en France, tout en portant l’indispensable Frexit progressiste afin de sauver les conquêtes sociales, les services publics, les libertés démocratiques pour les forces républicaines et progressistes, la République une et indivisible, la paix, la souveraineté populaire et l’indépendance nationale. Un projet nécessitant, plus que jamais, de construire une Alternative rouge ET tricolore résolument anticapitaliste, anti-impérialiste, anti-européiste… ET antifasciste !