Ce 23 mai, c’est dans une manifestation sauvage envahissant d’abord les locaux de la commission européenne à Paris, puis en forçant les barrages de la répression policières pour interpeller le ministre des transports, que les cheminots ont riposté aux annonces de finalisation du démantèlement du transport de marchandise par trains (le fret ferroriaire) et de la privatisation du fret sncf. Cibler spécifiquement les donneurs d’ordre qui sont l’Union Européenne, voila une réaction exemplaire des syndicalistes cheminots qui doit être mis en exergue. Le régime Borne vient en effet pour satisfaire aux ordres de la commission européenne d’annoncer la liquidation de la SAS fret SNCF. l’abandon de 30% du trafic au profit des opérateurs ferroviaires privés (privatisation pour 0€), le quasi don de 53 locomotives à ces opérateurs, la suppression de 500 postes de cheminots (10% des effectifs) et la création de 2 filliales de droits privés pour externaliser les cheminots restants. Et l’ouverture du capital des 2 filiales de la SNCF. Une privatisation en règle qui répond aux ordres fixés par les directives européennes du paquet ferroviaire. Des directives dans le cadre desquelles, les régions – y compris celle tenue par les pro UE se prétendant de gauche comme en Bourgogne – finalisent actuellement la privatisation des lignes de TER. Le parachévement visera in fine la RATP en Ile de France dans une dizaine d’annees. Service public et frexit progressiste ou privatisation et Europe du Fric, il faut choisir.
Le 25/05/2023 – Par la commission Luttes du PRCF et sa sous-commission Transports –
Sans retenue, la Commissaire européenne à la concurrence menace d’exiger le remboursement de 5 milliards d’euros de dette à l’entreprise FRET SNCF, filiale de la SNCF, après avoir jugé que cet argent, perçu par l’entreprise ferroviaire durant des années, serait potentiellement illégal au regard de la sacro-sainte « économie de marché ouverte sur le monde » et de la « concurrence libre et non faussée » qui définit l’UE dans les funestes traités européens. Cette attaque n’est rien de moins qu’une sanction visant à affaiblir, voire à achever, la filiale française et historique du transport de marchandises par voie ferroviaire, déjà fort mise à mal par des décennies de politiques européennes d’ouverture à la concurrence et de privatisation du rail. Des politiques relayées en France par les gouvernements maastrichtiens successifs des Balladur, Juppé, Jospin, Raffarin, Fillon, Valls, Philippe, Borne, etc.
Pour y « répondre », le Macronat (dont la voix est portée ici par la Première ministre Élisabeth Borne et par le ministre des transports Clément Beaune) souhaite « négocier » avec l’UE pour atténuer la douloureuse. Au programme une cure d’euro-austérité sans précédent pour l’entreprise, qui serait sommée d’abandonner ses marchés les plus juteux au profit de ses concurrents, donc de licencier des centaines de salariés concernés.
En clair, soit l’UE aura directement la peau de FRET-SNCF en la pénalisant suffisamment pour la liquider ; soit… l’UE aura la peau de FRET SNCF en la désarmant face à la concurrence du privé. Le rail français a donc le « choix » démocratique et pluraliste de décider des modalités de son exécution.
Hors de question évidemment pour ce gouvernement euro-vassalisé d’imaginer une seule seconde défendre la souveraineté NATIONALE du peuple et l’indépendance NATIONALE de la France et de ses intérêts, sans parler de l’emploi des cheminots et de l’avenir du « produire en France », des « gros mots » qui devraient pourtant primer sur les diktats capitalistes et supranationaux de l’UE, comme l’exige notre Constitution qui rappelle que « le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation » !
Chacun comprend que la destruction du fret ferroviaire public, qui détient 50% du marché du transport de marchandises par voie ferroviaire en France, est une aubaine pour ses concurrents privés qui se partagent les autres 50%. Comme à chaque fois, le dogme euro-capitaliste de la « concurrence libre et non faussée » – en réalité largement faussée par des cartels capitalistes qui empêchent toute réelle « liberté d’entreprendre » (si critiquable soit-elle) – ne produira qu’une hausse du coût des transports. Et finalement, alors que le Macronat vient de présenter son programme de soi-disant « planification écologique », ce dogme imbécile ne fera que jeter d’autant plus de camions sur les routes. Des camions transportant du fret international de Gibraltar à Helsinki en polluant l’air et en chauffant l’atmosphère, et que les militants franchement communistes du PRCF appellent à taxer à la tonne pour financer la reconstruction du rail français et celle d’un secteur public industriel modernisé, démocratiquement géré et ajusté aux besoins du pays.
C’est ce que soulignent les représentants syndicaux de l’entreprise SNCF, tous légitimement inquiets et en colère pour les salariés comme pour le devenir du fret ferroviaire dans le pays.
Mais la réponse syndicale devra être à la hauteur des véritables tenants et aboutissants. Notamment en refusant fermement, cette fois, d’esquiver le rôle CENTRAL de l’UE dans cette affaire, que ce soit en multipliant les faits d’agitations médiatiques sans élever la conscience politique et sans traiter les questions DE FONDS, ou que ce soit en rabattant le tir principalement voire uniquement sur Macron et le gouvernement, comme si ces derniers ne participaient pas de manière active à la « construction européenne » et comme si l’attaque de la commissaire européenne à la concurrence n’avait aucun rapport avec le caractère intrinsèquement capitaliste et supranational de l’UE et de ses traités dogmatiques.
Le temps n’est plus, depuis longtemps, aux illusions stagnantes sur une introuvable « Europe sociale à visage humain » ou autres fadaises ne permettant pas aux travailleurs de France de combattre tous ensemble et en même temps Macron, le MEDEF, le CAC 40 ET l’UE capitaliste et supranationale. Chacun peut constater que, pendant que toute l’euro-gauche établie (du P« C »F aux Verts franco-allemands) court après cette chimère, le grand capital désormais euro-mondialisé détruit nos services publics (hôpitaux, fonction publique territoriale, Poste, EDF-GDF, Equipement, SNCF, Education nationale, Justice, police nationale de proximité, Défense ci-devant « nationale » … mais aussi notre langue française, premier des services publics, menacée par le « tout-anglais » du monde des affaires capitalistes !) et nos conquêtes sociales (retraites par répartition à 60 ans, Sécurité sociale, salaires indexés sur l’inflation, grandes nationalisations des transports, des infrastructures et de l’énergie etc.), tout en écrasant notre souveraineté nationale et populaire (traité de Maastricht, Traité de Barcelone, viol du NON populaire au référendum de 2005, Traité de Lisbonne…).
Il est temps d’être clair sur la question, comme le dit le PRCF depuis des années désormais : pour s’en sortir des politiques euro-capitalistes mise en place, en France, par le grand-capital « français » inféodé à Bruxelles et Berlin, il faut sortir :
De l’euro, cette monnaie faite pour l’écrasement austéritaire des peuples ;
De l’UE, cette prison capitaliste et supranationale des peuples ;
De l’OTAN, ce bras armé et euro-atlantiste de l’impérialisme nord-américain et « partenaire stratégique » de l’UE qui menace d’escalade nucléaire exterministe la planète toute entière ;
Et enfin de l’euro-mondialisation capitaliste mortifère qui broie les travailleurs, les nations d’Europe et notre environnement.
Sans cette clarté, il est impossible de faire entendre la juste revendication des travailleurs – et des syndicalistes de classe du ferroviaire – en faveur de la reconstruction d’un monopole public de la SNCF sur le rail français, l’amélioration des salaires et des conditions de travail des cheminots et cheminotes, l’élévation du niveau de qualification et la participation à haut niveau de ce monopole public à la transition écologique en France, en Europe et dans le monde.