EPHEMERIDES POLAIRES 2 – 3 juin 2023 – Georges Gastaud, directeur politique d’I.C. revient sur l’actualité de la semaine
A lire :
- Que faire, et surtout que ne pas faire, pour que gagne le peuple travailleur ?
- Converger à Paris dans une manifestation nationale, faire prévaloir le peuple souverain, mettre en cause les donneurs d’ordre… des propositions pour alimenter la mobilisation et gagner
- peuple souverain, mettre en cause les donneurs d’ordre… des propositions pour alimenter la mobilisation et gagner
- Bas les masques : pour la CES c’est oui à la retraite à 67 ans ordonnée par l’UE !
PENDANT QUE LES DIRIGEANTS CONFEDERAUX DEFILENT A LA QUEUE LEU LEU A MATIGNON, LE GOUVERNEMENT S’EMPLOIE A INTERDIRE UN ULTIME DEBAT PARLEMENTAIRE SUR LES 64 ANS!
Ainsi donc, après avoir juré de faire bloc et de ne revenir à la table des (NON-) négociations qu’après avoir dûment obtenu le retrait de la contre-réforme des retraites, ils et elles sont donc tous et toutes pieusement retourné(e)s à Matignon, successivement, en procession et chacun de son côté, sinon sous la houlette directe de leur gentil Berger, revisiter Mme Elisabeth Bornée. Comme si de rien n’était après 14 manifs géantes méprisées par le pouvoir, des grèves reconductibles dans nombre de secteurs, des blocages risqués menés par des milliers de prolétaires et d’étudiants courageux, onze 49/3 brandis et quasi banalisés au Parlement, deux camouflets cinglants infligés à la NUPES par le « Conseil constitutionnel » oligarchique des Fabius et autre Juppé… Sans oublier les milliers de camarades syndicalistes intrépides qu’a nassés, gazés, tabassés ou placés en garde à vue leur « police républicaine », ou qu’a traqués et licencié le patronat au fil des manifs et des blocages de sièges sociaux et de zones industrielles…
Bien entendu ces messieurs-dames clament en choeur que « la page des 64 ans n’est pas tournée!« : il faut bien ménager pour la forme, sinon respecter sur le fond, les millions de salariés en lutte qui ont cru et qui croient peut-être encore, hélas, que les confédérations euro-formatées les aideraient à tenir jusqu’au bout le bras de fer social avec ce pouvoir oligarchique, atlantiste et maastrichtien. Des travailleurs qui, pour beaucoup, n’auraient jamais pensé que les états-majors confédéraux n’aideraient pas, ou du moins qu’ils n’aideraient pas si vite et si indécemment (le « délai de décence » réclamé par Berger, du reste démissionnaire après un si grand effort militant!, n’aura même pas duré un mois!), Macron et sa clique de ministres millionnaires à se relégitimer et à remonter en selle alors que ce président, archi-minoritaire dans le pays, est désormais honni par 90% des travailleurs en activité…
Nos aimables états-majors confédéraux ne nous en appellent pas moins à manifester le 6 juin pour soutenir le groupe parlementaire LIOT qui voudrait soumettre aux députés un projet annulant les 64 ans et demandant de fait le retour à la loi Touraine (qui entérinait le passage aux 62 ans (Sarkozy), les décotes Raffarin-Fillon (2003) et l’allongement des annuités décrété par Touraine), tous ces gouvernants affiliés au Parti Maastrichtien Unique appliquant avec zèle l’Accord européen de Barcelone (2002) qui somme les Etats européens de monter à 67 ans en moyenne l’âge minimal de départ en retraite dans les pays de l’UE.
Or même ce vote de nature surtout symbolique sur le projet LIOT, Macron, qui est le vrai chef (parfaitement anticonstitutionnel) du Parlement, ne veut même pas l’accorder aux dirigeants confédéraux sagement revenus palabrer à Matignon. En effet, les ministres macronistes se succèdent dans les médias et manoeuvrent au Parlement pour empêcher ce dernier de mettre aux voix le projet LIOT… Bref, les uns, bonnes filles et braves garçons de l’illusoire collaboration de classes, reprennent gentiment le « dialogue social » (bidon!) cher à la CFDT, mais leur hôte présidentiel, digne proconsul de l’UE et du CAC 40, les « remercie » de leur zèle conciliateur en tentant de couper court au débat parlementaire* histoire de de décourager le mouvement social… et de punir ceux qui, dans l’Intersyndicale, continuent stérilement d’arrimer le calendrier syndical au calendrier des institutions politiques de la grande bourgeoisie au lieu de mener l’offensive en se posant une seule question: que faire pour que le mouvement se développe et se durcisse, pour qu’il percute l’oligarchie, pour que, en un mot le « tous ensemble en même temps » des prolétaires fasse fléchir la classe capitaliste et ses institutions européennes et hexagonales…
Qu’en déduire? Surtout pas qu’il ne faudrait pas aller aux manifs du 6 juin: car au fond, c’est une participation en baisse qu’espèrent ceux qui voudraient que ces manifs ne soient qu’un baroud d’honneur permettant, aux confédérations euro-formatées de sauver la face (on n’en a rien à faire, Messieurs-dames les permanents confédéraux que vous nous fassiez « perdre avec les honneurs »!) tout en permettant à Macron de prouver à Bruxelles qu’il garde la main pour lancer le nouveau train de contre-réformes exigées par les « agences de notation » (EDF, SNCF, école publique et statut des enseignants, hôpital, statuts publics, etc.). Telle est la « souveraineté européenne » qu’exaltent Scholz et Macron et que la gôche établie et les confédérations eurobéates trouvent étrangement plus progressiste que la défunte souveraineté nationale du peuple français en voie de destitution… Mais en quoi le supranationalisme européen, cette perversion oligarchique de l’internationalisme, serait-il moins « nationaliste » que ne l’est son petit frère hexagonal?
Faut-il pour autant suivre passivement les NON-mots d’ordre syndicaux qui sont censés scander ces manifs du 6 juin (« Liot-Liot-Liot-Codec? »)… pour mieux « tourner la page » et finir « en beauté » (en beauté pour qui? est-ce le futur très jeune retraité Berger qui va se manger deux ans de plus à trimer sur une chaîne, à poser des parpaings, à faire des trajets travail-domicile de 40 km chaque jour ou à laver des lits d' »hôpital, voire à faire cours à 35 élèves par classe ?) le plus grand mouvement social qu’ait connu ce pays depuis 1995, si ce n’est depuis mai 68?
Nullement. Il convient au contraire, camarades, d’y aller en masse, non seulement pour exiger plus que jamais le retrait de la loi Borne, mais aussi de TOUTES les contre-réformes maastrichtiennes en cours ou en voie de lancement (casse du Fret SNCF, « marché européen de l’énergie », mise en extinction du statut de la fonction publique, écartèlement des lycées pros, primarisation de fait du collège, traitement humiliant des « bénéficiaires » du RSA, surcroît de traque des travailleurs immigrés…) sur fond d’augmentation massive des budgets militaires alimentant le « conflit de haute intensité » déjà engagé de l’UE-OTAN contre les peuples russe et chinois.
Libre à nous aussi, les travailleurs présents dans ces manifs, d’exiger le 6 juin l’augmentation et l’indexation des salaires et pensions que, pour ne surtout pas décoiffer le sacro-saint Berger gardien de l’euro et de l’austérité à perpète qu’il implique, on avait décidé de tenir à distance de la lutte alors même que, faute d’indexation des salaires sur les prix, 1/3 des Français ne font plus désormais chaque jour que deux repas sur trois? « Les salaires, il faut les augmenter! Les salaires, il faut les indexer! », « L’argent pour les salaires, pas pour la guerre, l’argent pour les pensions, pas pour les marchands de canons! ».
Et surtout, profitons de cette occasion pour mettre en débat entre nous, syndicalistes de base, gilets jaunes, militants de l’alternative progressiste, la proposition suivante avancée par la commission Luttes du PRCF : pourquoi pas à la rentrée prochaine, une** grande manif combative sur les Champs-Elysées**, pour exiger l’augmentation/indexation des salaires, pour revendiquer l’abrogation de toutes les contre-réformes maastrichtiennes passées, en cours ou à venir, pour revendiquer l’interdiction des délocalisations industrielles, pour clamer la volonté majoritaire du peuple français qu’on en finisse avec la ruineuse et suicidaire course au surarmement et à la guerre mondiale, mais aussi pour appeler ensemble et sans tourner sans fin autour du pot, au blocage « tous ensemble en même temps » du profit capitaliste? Sans cela, on ne stoppera pas le dépiautage de notre pays, de la démocratie et des acquis sociaux de la Résistance, sans cela on finir d’ouvrir un boulevard à cette extrême droite haineuse et haïssable que la fausse fauche politico-syndicale incapable de rompre vraiment avec Macron et de s’affranchir de l’UE-OTAN propulse chaque jour un peu plus vers l’Elysée !
LE « PARTI DU TRAVAIL »? – Par Georges Gastaud
Loin d’inviter à la désescalade militaire* en Ukraine et de « mettre le paquet » sur l’augmentation et l’indexation des salaires dans notre pays, le PCF-PGE cultive une équivoque redoutable si ce n’est populiste au pire sens du mot quand il s’affiche actuellement sur les murs de France sous le slogan hautement suspect et dangereux : « PCF, le parti du travail« . Comment ne pas voir l’équivoque redoutable que porte ce message subliminalement suspect dans un pays où des millions de travailleurs sont… sans travail, où des millions d’autres se sentent maltraités, voire harcelés au boulot, où Macron traite implicitement les Français les plus pauvres et les plus malheureux de fainéants en prétendant imposer une forme humiliante de corvée publique aux « bénéficiaires » (comme ils osent dire!) du R.S.A., tandis que les LR sarkozystes nous gavent de discours équivoques sur la « valeur travail » (alors que leur chère UE somme en permanence la France d' »abaisser le coût du travail », en clair, de bloquer les salaires et de restreindre les acquis sociaux)?
Procès d’intentions de notre part? Nullement. Il suffit de rappeler les propos honteux, indignes d’un communiste (il en a pris la dangereuse habitude, et malheureusement il n’en a pas moins été plébiscité par 80% des congressistes de Marseille!), d’un Fabien Roussel opposant, comme le premier réac venu, la « gauche du travail » (que défendrait le PCF-PGE) à la censément budgétivore et laxiste « gauche des allocs » (des noms!)…
Quant à nous, militants du PRCF qui sommes restés franchement communistes et qui donc, comme l’exigeait déjà le Manifeste du Parti communiste, militons pour unir toute la classe prolétarienne, qu’elle soit active ou retraitée, précaire ou embauchée, française ou immigrée, du public ou du privée, chômeuse ou en formation, nous ne sommes pas le parti « du travail », pas plus que, chaque Premier Mai, nous ne célébrons pas la « Fête du travail » (chère à Pétain), mais bien la Fête des travailleurs. Nous, militants du PRCF et des JRCF, appelons plutôt à retrousser les manches pour reconstruire le parti de combat des TRAVAILLEURS de France, c’est-à-dire un vrai parti communiste de combat militant pour l’EMPLOI stable et pour des SALAIRES et PENSIONS décents pour tous. Avec pour perspective une République française souveraine, sociale et fraternelle centrée sur la classe travailleuse et en marche révolutionnaire vers le socialisme.
Libre aux uns de racoler des voix sur des bases de plus en plus troubles en opposant pernicieusement les travailleurs actifs aux travailleurs privés d’emploi, c’est-à-dire deux segments d’un même prolétariat naviguant entre exclusion et surexploitation ; libre aux autres, dont nous sommes, et qui veulent reconstruire une avant-garde communiste digne de ce nom en France, de tout faire – fût-ce avec des moyens financiers dix mille fois plus modestes que ceux dont jouissent les partis financés par l’Etat bourgeois et par leur chère « Europe », PCF-PGE inclus – pour impulser le « tous ensemble en même temps » de l’ensemble des membres de notre classe qu’exploite, qu’exclut, que précarise et/ou que paupérise le grand capital au pouvoir, notre seul ennemi.