A plus de quatre-vingts ans, Ken Loach continue inlassablement à dénoncer les turpitudes du système capitaliste et à pourfendre les injustices sociales qui en découlent.
Le documentaire qui lui a été consacré sur la 5 montre toute la vigueur de ses attaques contre le libéralisme qui sévit en Grande-Bretagne depuis que Margaret Thatcher l’a porté sur les fonts baptismaux dans les années 80.
Ken Loach évoque dans cet entretien les sombres années où la classe ouvrière, mineurs en tête, fut broyée et impitoyablement réprimée au profit de capitalistes vantant les vertus du libéralisme et l’élimination des services publics.
Avec justesse, il analyse les raisons qui ont conduit les classes populaires au désarroi, à savoir la trahison pure et simple de la sociale démocratie encline à favoriser le pouvoir financier au détriment des ouvriers. Comme lui-même le dit dans cet entretien, la sociale démocratie n’est pas le socialisme ; elle préfère d’abord aider le patronat en freinant les revendications salariales de ceux qu’elle est censée défendre. Sa culture du compromis réformiste, selon Ken Loach, ne peut conduire qu’à l’impuissance à changer les choses en profondeur.
Le cinéaste met également en avant le double jeu des représentants syndicaux (peut-être prédisait-il le défilé de nos syndicats dans les bureaux d’Elizabeth Borne) qui, à travers la philosophie réformiste du grain à moudre, dédaignent, voire trahissent les aspirations de leurs bases.
C’est cette mollesse et ce manque de courage politique qui ont infecté le parti travailliste quand il était au pouvoir avec Gordon Brown ou Tony Blair, tous incapables ou non désireux de défier la puissance capitaliste et qui ont ouvertement tourné le dos aux classes populaires. Son constat reflète aussi ce qui se passe chez nous avec un PS (entre autres) euro formaté.
Ken Loach critique aussi l’arrogance de l’Empire britannique, notamment en ce qui concerne l’Irlande : mise en cause d’un colonialisme culturel, politique et financier que dénonce son film Le vent se lève.
La fin de l’entretien se teinte malgré tout d’un certain optimisme de combat, en dépit de la misère sociale qu’il dépeint dans d’autres films tels Moi, Daniel Blake ou La part des anges. Il évoque la nécessité d’une fraternelle unité, d’une entraide par delà les différences culturelles (évocation de l’arrivée de migrants syriens accueillis dans les quartiers populaires de Newcastle) si l’on veut changer les structures libérales et s’engager dans des luttes sans concession.
https://www.france.tv/films/festival-de-cannes/4964587-ken-loach-le-vent-de-la-revolte.html
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-ken-loach-l-insurge