Sans surprise, la motion de censure de la NUPES n’a pas été adoptée lundi 12 juin 2023, tandis que le projet d’abrogation de la contre-« réforme » des retraites proposé par le groupe parlementaire LIOT a échoué jeudi 8 juin 2023 – au point d’être retiré après avoir été vidé de sa substance. Devenu depuis plusieurs semaines le dernier espoir « légaliste » pour faire reculer la Macronie, LIOT s’est heurté à cette dernière qui, de toute façon, a prévu depuis le début de détruire les retraites par répartition. Au moins cette énième séquence d’humiliation de députés devenus inutiles et transformés en laquais serviles de la Macronie ou en agitateurs impuissants face au despote Macron aura-t-elle eu le mérite de démontrer la réalité de la prétendue « démocratie libérale ». Au point qu’Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti dit « socialiste » (qui avait adopté la contre-« réforme » Touraine en 2014 pour porter le nombre d’annuités de cotisations à 43…), a refusé de cautionner le cirque pseudo « démocratique » en boycottant sa présidente Yaël Braun-Pivet : « Je ne vais pas continuer à faire le guignol avec des gens qui me prennent pour un con ». Un rare moment de lucidité pour un homme qui, avec la « gauche » établie (dont la direction euro-mutante du P« C »F-PGE, mais aussi celles de la CFDT et de la CGT), a appelé à voter Macron au second tour des présidentielles 2017 et 2022 en le présentant comme un « barrage antifasciste ».
Seulement voilà : comme ne cesse de le démontrer le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) depuis des années, Macron est le meilleur carburant de la fascisation, au point que la Macronie détruit désormais tranquillement les vestiges pseudo « démocratiques » de la Cinquième République. C’est ce dont Paul Molac, euro-girondiniste fanatique qui souhaite désétablir la langue française et qui promeut une perspective euro-régionaliste débridée pour la Bretagne, s’est ému la veille du vote, mercredi 7 juin 2023, estimant que « la présidente de l’Assemblée nationale est dans une confusion totale de pouvoirs qui, finalement, prend les injonctions du gouvernement ». Et d’ajouter : « à chaque fois qu’une proposition de loi déplaira au pouvoir, c’est le Parlement lui-même qui censurera ses propres parlementaires ».
En somme, rien de bien surprenant de la part des tenants de l’ordre euro-atlantique qui censurent depuis des décennies les citoyens et les travailleurs de France, par la matraque toujours plus violente (les gilets jaunes en savent quelque chose), par le verrouillage des médias et même par le viol du vote démocratique du 29 mai 2005 quand 55% des Français rejetèrent par référendum la constitution européenne – ce qui n’empêcha pas l’adoption du traité de Lisbonne en 2008 par le pouvoir Sarkozy-Fillon avec la complicité des « socialistes ». Il fallait vraiment être aveugle pour croire qu’un projet de loi porté par le groupe LIOT – d’ordinaire très prévenant envers Macron – ait une chance de renverser la détermination de la Macronie, zélée applicatrice des desiderata du MEDEF, de Berlin et de la Troïka Commission européenne-Banque centrale européenne-Fonds monétaire international. Faut-il rappeler que la Macronie, comme en 2019-2020 et comme les euro-gouvernements précédents (y compris de la « gauche » établie), applique avec zèle les « recommandations » de l’UE du Capital et les accords de Barcelone de 2002 (signés par Chirac et par Jospin) visant à porter progressivement le départ de l’âge à la retraite à 67 (voire 70) ans et à dynamiter les retraites par répartition ?!
Malgré cela, l’Intersyndicale, sous l’impulsion du jaune Berger qui a déjà annoncé la défaite avant même la mobilisation du juin 2023 (rien de tel pour motiver les travailleurs !), a décidé de caler le calendrier des mobilisations « saute-mouton » sur le calendrier parlementaire, au nom d’un légalisme suicidaire pour les travailleurs. Cela s’en est d’ailleurs ressenti le 6 juin 2023, première mobilisation dans la rue depuis… le 1er mai 2023 – le monde pouvait s’écrouler quatre fois entre-temps. Et ce, malgré la détermination croissante des bases CGT les plus combatives de mener la « grande explication » de classes dans la rue que l’Intersyndicale (y compris la direction confédérale de la CGT) a gentiment anesthésiée. Et encore une fois, en dépit de la remarquable mobilisation des travailleurs et du rejet toujours largement majoritaire de la contre-« réforme » des retraites par les Français, cette dernière finit par passer.
En somme, ce nouvel (et non dernier) épisode de destruction des conquêtes sociales, des libertés, des services publics (avec, en ce moment, un feu nourri de la Commission européenne contre la SNCF et EDF-GDF), de la République une et indivisible, de la souveraineté populaire et de l’indépendance nationale, démontre l’échec cuisant de la stratégie « légaliste », minimaliste et purement institutionnelle du « syndicalisme rassemblé ». Celle de l’Intersyndicale croyant que la despotique Macronie est prête à débattre « démocratiquement », et appelant à un « dialogue social » visant à accompagner syndicalement les contre-réformes.
Echec cuisant aussi de la NUPES, cette alliance électoraliste de bric et de broc qui ne cesse de se déchirer (au point que Mélenchon s’interroge ENFIN sur l’utilité de la conserver… après avoir remis en selle un PS à l’agonie) et qui croyait faire plier la Macronie à l’Assemblée nationale – et ce, malgré un combat déterminé et calomnié par tous les états-majors des partis établis du Rassemblement lepéniste au P« C »F-PGE (et même par Philippe Martinez !) pour bloquer au maximum la destruction programmée des retraites.
Et alors que tous les partis établis (« RN » inclus, lui qui ne veut sortir ni de l’euro, ni de l’UE, ni de Schengen, ni l’OTAN, et encore moins du capitalisme) se tournent déjà vers les élections européennes, l’heure est plus que jamais à souligner l’illégitimité objective TOTALE de la Macronie et de toutes les forces qui contribuent depuis plus de 40 ans à la dislocation de la France dans l’ordre euro-atlantique établi – y compris les états-majors confédéraux soumis à la « Confédération européenne des syndicats », qui vient d’inviter le chancelier Scholz et la belliqueuse présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à sa dernière assemblée ! Pour cela, seul un BOYCOTT POPULAIRE OFFENSIF DES EUROPEENNES créera un rapport de forces favorable à la « grande explication » entre l’oligarchie euro-atlantique et les travailleurs de France, de plus en plus visible depuis l’insurrection des gilets jaunes.
Et au-delà, cet énième épisode démontre l’urgence VITALE de reconstruire un VRAI parti communiste de combat, non pas pépèrement assis sur le calendrier institutionnel bourgeois, mais mobilisant hardiment les masses combattantes, en colère et qu’il faut détourner du fascisant, antipatriotique et antipopulaire « RN », cette alternative mortelle à la mortifère Macronie. LA SEULE ALTERNATIVE POSSIBLE pour de « nouveaux Jours heureux » (nom du programme du PRCF depuis sa fondation en 2004, bien avant que Roussel n’eût usurpé cette problématique) dont les travailleurs ont besoin reste l’Alternative Rouge et Tricolore orientée vers la sortie française de l’euro, de l’UE-OTAN et du capitalisme.