Nous publions ci-dessous l’analyse irréfragable diffusée par COMAGUER reprenant un article de Giacomo Marchetti.
Y est démontrée de manière accablante l’ « extrême-droitisation » de l’UE et de la plupart des Etats qui l’a composent.
Il n’y a pire contresens politique possible actuellement que celui que commet depuis des décennies l’extrême gauche petite-bourgeoise à la traîne de la social-eurocratie, sans oublier les dirigeants de la CGT arrimés à la C.E.S. et à la CFDT, quand ils voient dans l’UE une alternative et un contrepoids démocratique, voire « internationaliste », à la fascisation galopante de l’UE.
Pas de pire contresens non plus pour un patriote républicain que de voir dans l’extrême droite un « moindre mal » face à l’euro-dissolution en marche de la France: en réalité, la mise en place d’un Empire euro-atlantique allié aux néonazis ukrainiens et copilote par Berlin et Washington ne fait qu’un avec la montée continentale des extrêmes droites, ces meilleures élèves de la classe impérialiste et contre-révolutionnaire.
Nous invitons les véritables communistes, patriotes républicains, syndicalistes de classe et autres militants FRANCHEMENT insoumis, à le comprendre à temps! Refus de L’UE-OTAN belliciste et de la fascisation continentale, MÊME COMBAT !
Georges Gastaud, directeur politique d’I.C.
Bulletin Comaguer 522 – 28 juin 2023
L’opération militaire spéciale (provoquée) de la Russie en Ukraine est bien une opération antifasciste et toute erreur d’analyse sur cette question par les forces de gauche se paye très cher dans toute l’Europe. C’est ce que démontrent les résultats des récentes élections nationales ou régionales dans tous les pays de l’UE sans oublier que ce sont les LR qui, au Parlement, ont sauvé la “réforme” des retraites en France.
Union Européenne, à droite toute !
Article paru le 27 Juin sur le site Contropiano (traduction Comaguer)
par Giacomo Marchetti
Vingt-trois ans après le “choc” provoqué par l’entrée au gouvernement du FPÖ de Jorg Haider en Autriche, le centre de gravité politique des exécutifs continentaux s’est considérablement déplacé vers la droite.
Et la convergence entre les conservateurs et l’extrême droite est l’un des axes politiques qui pourrait se projeter vers Bruxelles depuis les différents pays différents de l’UE lors des élections parlementaires européennes de juin prochain.
Il ne s’agit pas de simples « convergences électorales », mais de véritables nouveaux camps politiques dans les différentes familles de conservateurs continentaux, conséquence ultime de la nature de l’Union européenne et des oligarchies qui la dominent, qui ont adopté des politiques de plus en plus bellicistes, racistes, écocides et des attaques contre les classes subalternes.
Ce tableau est inquiétant, si l’on tient compte du fait qu’en général, les formations de la gauche radicale – divisées sur l’orientation à suivre en ce qui concerne l’escalade de la guerre en Ukraine en février de l’année dernière et les politiques belliqueuses individuelles de leurs cadres à cet égard – ne semblent pas jouir d’une bonne santé, à l’exception de quelques rares cas.
Giorgia Meloni, est à présent, à la tête de l’exécutif italien. Les Démocrates de Suède, formation d’extrême droite au passé néo-nazi, sont au centre du programme et du gouvernement d’Ulf Kristersson. A Helsinki, les Vrais Finlandais ont conclu un accord avec deux formations conservatrices pour composer l’exécutif le plus à droite de l’histoire du pays depuis la Seconde Guerre mondiale.
En Espagne, Vox et le Parti Populaire mènent différents accords au niveau local, prélude possible à une coalition au niveau national après les élections générales anticipées qui auront lieu le 23 juillet.
Les deux derniers faits confirmant l’ascension de la droite sont le succès électoral de Nouvelle Démocratie en Grèce lors des élections de ce dimanche, qui lui a garanti la majorité absolue – et avec les Spartiates d’extrême droite qui ont franchi le seuil des 3 %.
Et l’élection d’un membre allemand de l’AFD dans un “Landrat” – une administration territoriale regroupant différentes municipalités – avec Robert Sesselman qui va gouverner le district de Sonneberg, dans la région de Thuringe de l’ex-Allemagne de l’Est.Il s’agit d’une première réussite locale pour l’extrême droite allemande, dix ans après sa fondation. Probablement le premier d’une longue série…
Le politologue néerlandais Cas Mudde, interviewé en février dernier par Le Monde, a parlé d’un processus d’“hybridation” entre la droite et l’extrême droite dans différents pays.
Deux phénomènes contemporains peuvent être relevés à cet égard : d’une part, l’assomption des thématiques d’extrême droite dans la droite conservatrice traditionnelle et, en parallèle, la “ normalisation ” des partis de droite radicale qui se dédouanent en tant qu’acteurs capables de gouverner un pays, malgré leurs origines qui ne sont pas exactement attribuables à la sphère libérale-démocratique : néo-nazis, ex-falangistes et groupes fascistes divers.
Le soutien apporté par l’UE aux néonazis de Kiev depuis 2014 a accéléré ce processus, favorisant en outre des « échanges d’expérience » extrêmement dangereux – de nature militaire – entre les groupes néofascistes de la vieille Europe et les groupes ukrainiens. (souligné par nous)
Il est évident que dans le tableau général de la « désintégration » de la représentation politique conservatrice traditionnelle, des « météores » sont apparus, capables de capitaliser sur d’importantes portions de consensus et d’orienter le débat politique dans des contextes politiques nationaux individuels, pour ensuite disparaître une fois qu’ils ont rempli leur fonction.
C’est le cas de Ciudadans en Espagne ou de l’UKIP de Nigel Farage en Grande-Bretagne, plutôt que de Zemmour en France.
L’un des exemples les plus récents est sans doute le Mouvement des agriculteurs-citoyens de Caroline van der Plas aux Pays-Bas, qui est récemment devenu le premier parti du pays, en menant campagne contre le plan de réduction de l’azote dans l’agriculture, même dans un paysage politique – à droite – plutôt encombré.
Le Danemark a ouvert la voie à une convergence stable entre les forces conservatrices traditionnelles et l’extrême droite. Les conservateurs et le Parti du peuple danois (Dansk Folkpati, FD) – une formation nationaliste, avec des politiques anti-immigration et un euroscepticisme qui a fait ses débuts en 2001 – ont profondément modifié le paysage politique.
Les conservateurs de ce pays ont pu aller au-delà des propositions de l’extrême droite en termes de politiques racistes, tandis que les sociaux-démocrates – revenus à la tête du gouvernement en 2019 – les ont ensuite perpétuées.
Les conservateurs de ce pays ont pu aller au-delà des propositions de l’extrême droite en matière de politiques racistes, tandis que les sociaux-démocrates – qui étaient revenus à la tête du gouvernement en 2019 – les ont ensuite perpétuées.
Note Comaguer : la campagne actuelle des LR pour durcir la politique migratoire de la France et multiplier les expulsions de réfugiés est portée directement par Darmamin et s’inspire explicitement de la politique danoise.
Une dynamique à laquelle nous avons assisté dans plusieurs pays, également sur d’autres questions réactionnaires – des droits civiques aux garanties sociales globales.
En Suède, le leader des conservateurs – Ulf Kristersson – qui, il y a un peu plus de quatre ans, avait juré et parjuré qu’il ne voulait pas » collaborer, converser, coopérer et gouverner avec les Démocrates de Suède « , a fait sien leur programme sur l’immigration et en a fait un pilier de son propre exécutif avec l’accord d’octobre dernier entre les 4 formations qui soutiennent aujourd’hui le gouvernement.
En Belgique, l’extrême droite flamande incarnée par le parti d’extrême droite Vlamms Belang (VB) est créditée par les sondages de 25 % des préférences et donnée comme possible vainqueur des élections de 2024.
La droite conservatrice de Bart De Wever, président de l’Alliance néo-flamande (N-Va, donnée à 22% dans les sondages), a intégré depuis longtemps certains des thèmes chers à l’extrême droite, mais rejette pour l’instant une éventuelle coalition avec le VB et son jeune président, Tom Van Grieken, à moins de rompre les liens avec les courants de l’extrême droite identitaire.
Ce ne serait ni la première, ni la dernière opération de maquillage politique visant à entrer dans une structure gouvernementale, comme on l’a vu dans notre nationalité réduite avec le passage du MSI de Fini à l’Alleanza Nazionale à Fiuggi, ou de Le Pen au RN (Ex-FN) en vue des élections présidentielles.
En Allemagne, le “cordon sanitaire” de la CDU de Friedrich Merz contre l’AFD semble tenir pour l’instant – malgré quelques glissements de terrain locaux – mais le parti d’extrême droite allemand menace de près la formation conservatrice, surtout dans l’ex-Allemagne de l’Est.
Les sondages situent l’AFD à 20 % au niveau national – soit un électeur sur cinq -, un pourcentage qui s’élève à plus de 30 % dans les Länder est-allemands, devançant (selon un récent sondage Forsa) les chrétiens-démocrates d’environ neuf points, et divisant effectivement le pays en deux plus de trente ans après la chute du mur.
Les thèmes d’extrême droite ont toutefois été repris par le “jumeau” historique bavarois de la CDU, la CSU de Markus Söder.
Avec un Die Linke en grande difficulté, divisé en interne, et une CDU qui a gouverné plusieurs fois en “grande coalition” avec le SPD, le gouvernement composé des sociaux-démocrates, des verts et des libéraux a pour seule et véritable opposition l’extrême-droite de l’AFD, pourtant traquée depuis longtemps par les services de renseignement allemands.
En Autriche, où le tabou d’une alliance entre les conservateurs (ÖVP) et l’extrême droite (FPÖ) a été brisé en 1998, la distance entre les deux est principalement liée à la politique étrangère, le Parti de la liberté ne suscitant le rejet des conservateurs qu’en raison de sa position contre les sanctions européennes à l’égard de la Russie.
En France, les héritiers du gaullisme – Les Républicains – s’apparentent de plus en plus à une formation d’extrême droite lorsqu’il s’agit d’islam, de sécurité et d’identité.Il n’est pas surprenant que l’étoile montante de l’extrême droite française, Éric Zemmour, ait été chroniqueur dans l’un des journaux traditionnels de la droite française, Le Figaro, avant de se lancer dans la politique.
Un changement qui montre la contiguïté des “valeurs”, de la vision du monde, entre les deux camps.
Les Républicains sont actuellement l’aiguille dans la balance de la Macronie, comme nous l’avons vu par exemple dans le cas de la réforme des retraites ou du droit au logement. Sans leur vote, le « président des riches » ne pourrait pas réaliser son programme politique, à la tête d’un exécutif minoritaire.
Il n’est donc pas surprenant qu’une loi créée ad hoc dans les années 1930 contre les formations para-militaires du fascisme français ait été récemment utilisée pour dissoudre le collectif écologiste « Les Soulèvements de la Terre ».
Les tentatives d’endiguer cette nouvelle vague réactionnaire resteront vaines si les politiques reprises par l’Union européenne et le bloc euro-atlantique ne sont pas remises en cause à la racine.
Un renversement ne peut se faire que par une césure positive sur les cendres d’une social-démocratie en crise terminale et d’une partie de la “gauche radicale” qui a complètement abandonné le profil d’une alternative aux politiques bellicistes et d’austérité.