NIGER: LA « FRANCAFRIQUE » NEO-COLONIALE CRAQUE DE TOUTES PARTS.
SEULE UNE NOUVELLE REPUBLIQUE FRANCAISE SOCIALE ET SOUVERAINE RECENTREE SUR LE MONDE DU TRAVAIL ET EN MARCHE VERS LE SOCIALISME PEUT A LA FOIS LIQUIDER LE NEOCOLONIALISME POURRI, REFONDER SUR DES BASES INTERNATIONALISTES LES RELATIONS FRANCO-AFRICAINES et ETABLIR DES RELATIONS PLEINEMENT FRATERNELLES ENTRE LES PEUPLES D’AFRIQUE ET LE PEUPLE FRANCAIS
4 aout 2023- Paris – Déclaration de Fadi Kassem, Georges Gastaud et Rachida El Fekaïr (secrétariat national du PRCF), d’Aymeric Monville et Boris Differ (commission internationale) et de Gilliatt de Staërk et Jérémy Coignard (commission internationale de la JRCF) – 4 août 2023.
Après le Mali et le Burkina Faso, pays de Thomas Sankara, qui ont « remercié » et éconduit les troupes de l’opération Barkane en faillite, après le Sénégal, où le pouvoir néocolonial peine à contenir l’opposition populaire regroupée autour de Songo, c’est au tour du Niger, jusqu’alors base de repli de l’armée française d’Afrique et source importante d’approvisionnement en uranium pour l’industrie française, de ruer dans les brancards de la Françafrique: dans ce pays, le coup d’Etat appuyé par toute l’armée et par une large partie de la jeunesse de Niamey pourrait se transformer en un mouvement révolutionnaire de dimension internationale, voire de portée historique pour toute l’Afrique.
Face à ce qui apparaît de plus en plus comme une évolution globale, de portée potentiellement révolutionnaire et historiquement inéluctable de l’ex-« pré-carré » français néocolonial, l’Elysée et tout ce qui, en France, plonge ses racines dans les intérêts égoïstes et dans l’imaginaire colonial et néo-impérial, – du Rassemblement lepéniste aux LR en passant par Zemmour, par le parti présidentiel et par la fraction la plus social-impérialiste de la « gauche » établie -, « montre les muscles », cherche des appuis impérialistes transnationaux (européens, et surtout, américains…) et semble tenté par une opération militaire intrusive qui dresserait immanquablement contre lui, d’une manière irrésistible, la jeunesse africaine refusant le chômage de masse, la corruption des pouvoirs néocoloniaux, la démocratie d’apparat cautionnée par l’Occident et les ingérences militaires à répétition. Il faut espérer que, tant pour la sécurité des Français travaillant en Afrique que pour la préservation de ce qui subsiste du rayonnement culturel international de la France, Macron n’aura pas la folie, contrairement à Sarkozy (et à son opération criminelle et désastreuse de déstabilisation de la Libye), puis à Hollande (dont le PRCF avait prévu l’échec programmé de sa prétendue aide militaire au Mali), de déclencher une guerre qui embraserait totalement l’ex-Afrique française tout en faisant de nombreuses victimes civiles et militaires, y compris parmi les jeunes soldats français.
Quand, sous Sarkozy, le PRCF avait mis en garde contre l’intervention impérialiste française (et également anglo-américaine) anti-libyenne conseillée par le belliciste professionnel BHL, quand, en 2012, à l’encontre de presque toute la gauche établie, notre organisation avait condamné les ingérences françaises menées sous le masque hypocrite des droits de l’homme, c’est bien nous qui avions réellement à coeur à la fois le bien des peuples d’Afrique et l’honneur de notre pays. Le PRCF est en effet resté profondément fidèle à l’adage d’Engels, mis en pratique notamment par notre défunt ami et camarade Henri Alleg (l’auteur de La Question), à savoir qu’ « un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre ». Aujourd’hui, tout ce qu’a rapporté à la France le comportement intrusif irresponsable des dirigeants bourgeois successifs de la France, y compris des « socialistes », c’est que le drapeau tricolore – celui du 4 août 1789 qui proclama la fin des privilèges féodaux à la face du monde, celui des Trois Glorieuses immortalisées par Delacroix, celui des maquis FTP et FTP-MOI – est brûlé partout en Afrique pendant que les pouvoirs émergents à Ouagadougou, Niamey, Bamako, et peut-être demain Dakar et à N’Djamena, dénoncent les liens officiels existant avec une langue française qui, dans la diversité foisonnante de ses usages, est pourtant encore de facto notre bien commun, voire le « butin de guerre » des peuples anciennement colonisés par la France bourgeoise, pour reprendre l’expression de Kateb Yacine.
Bref, le colonialisme, l’impérialisme et le néocolonialisme ne sont nullement des remparts pour le rayonnement de la France, de la langue française et de la Francophonie bien comprise telle que la portent par ex. positivement les luttes du peuple québécois contre la domination culturelle anglo-saxonne: ils sont au contraire un boulet terrible, une « bouée de plomb », un poison violent pour le prestige en chute libre, et à terme, pour l’existence nationale même de notre pays !
En effet, un autre résultat tragique du néocolonialisme français persistant et de ses pratiques obsolètes, c’est que, dans l’Hexagone lui-même, et plus encore dans les Outremers, la tension va encore grimper d’un cran entre les populations d’origine océanienne, amérindienne ou africaine, qu’elles soient françaises ou étrangères, et un Etat bourgeois français de plus en plus tenté par la fuite en avant fascisante, par le recours à l’Etat policier, par un comportement de répression, d’embrigadement (SNU) et de marche aux guerres extérieures: ce qui ne peut que précipiter le délitement du sentiment de coappartenance nationale des citoyens de France tout en alimentant une marche déjà enclenchée au fascisme prenant prétexte des risques d’explosion territoriale à l’américaine et de guerre civile d’apparence communautaire.
Et cela d’autant plus que, sous l’effet de la marche antidémocratique de nos « élites » maastrichtiennes vers l' »Etat fédéral européen », de la substitution qui s’en suit de l’Europe néolibérale des régions faisant sauvagement concurrence à la République indivisible héritée de Robespierre, de l’euro-casse méthodique des conquêtes sociales du Front populaire et du CNR (retraites, sécu, statuts, services publics, Code du travail, nationalisations démocratiques…), de la dévastation du « produire en France » sacrifié à « l’économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » (traité de Maastricht et ses successeurs), notre pays se défait de jour en jour, son ennemi n°1 n’étant nullement en Afrique mais bel et bien à Paris même, où l’oligarchie « française » arc-boutée contre les acquis sociaux se complait même de plus en plus dans le rôle de sous-traitante de l’Europe allemande et de la marche au « conflit de haute intensité » voulu par Washington à l’encontre de la Chine et de la Russie. Bref, la « Françafrique » et la « Franceurope » couplées à la « Françallemagne », à la « Françamérique », voire à l’entreprise, impulsée par Macron lui-même (sommets « Choose France », « French Tech », « One Planet Summit »…) de dévastation de la langue française et de la Francophonie internationale au profit du tout-anglais cher à la Commission européenne et officialisé par les Traités néolibéraux transatlantiques.
Dans ces conditions, nous invitons les communistes, les travailleurs, les syndicalistes de lutte, les progressistes, patriotes, antifascistes, antiracistes et internationalistes véritables de toutes sensibilités, à
- refuser toute intervention militaire directe ou indirecte de l’impérialisme français, de ses créatures régionales et de ses suzerains (sous drapeau de la CEDEAO par exemple, ou sous drapeau de l’UE, ou directement sous l’égide des USA…) dans quelque pays de l’Afrique francophone que ce soit;
- appeler à la fraternisation entre les jeunes Africains épris de liberté et la masse du peuple français qui n’a que faire du colonialisme et veut vivre en paix avec les pays du monde entier ; camarades africains et français, ne confondons pas « la France » et la langue française, notre bien commun si divers, avec les tristes individus qui gouvernent notre pays et qui ne représentent pas mieux le peuple français, qui les rejette, que ne l’ont fait jusqu’ici en Afrique les potentats corrompus que la jeunesse populaire conteste à juste raison. Ensemble méditons la juste parole prononcée devant l’Assemblée générale de l’ONU par ce délégué malien fustigeant les dirigeants parisiens « ANTIfrançais et traîtres aux Lumières » qui sont nos destructeurs communs. Les mêmes qui, en Ukraine, trahissent la Résistance antifasciste française et les principes de la Révolution française en soutenant, avec l’UE et l’OTAN, le régime pronazi de Zelensky.
- retirer les troupes françaises de toute l’Afrique, l’armée française devant revenir à sa seule mission républicaine légitime, la protection du territoire national
- combattre du même élan la « Françafrique » néocoloniale, la « Franceurope » maastrichtienne dominée par l’Axe impérialiste franco-allemand, la « Françamérique » matérialisée par l’OTAN:
- sortir la France de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et de la Françafrique néocoloniale dans une dynamique générale de rupture avec le capitalisme-impérialisme et de marche vers un socialisme-communisme de nouvelle génération, devient une nécessité existentielle pour notre pays qui, à coup sûr, se déshonorera, voire finira dans les pires tourments si n’a pas lieu à temps dans notre pays une nouvelle Révolution française, de nature cette fois prolétarienne et populaire, mettant le « monde du travail au centre de la vie nationale » comme y invitait le PCF au moment de la fondation du CNR.
« Le socialisme ou la mort! », cette devise chère à Che Guevara et à Fidel Castro n’est plus seulement désormais une juste devise pour l’humanité confrontée sur tous les plans aux prédations du capitalisme et de l’Impérialisme, c’est aussi un choix de plus en plus incontournable pour le peuple français.