Dans les coffres-forts de la bande, tout l’or du travail s’est fondu / En décrétant qu’on le lui rende / Le peuple ne veut que son dû! /
C’est la lutte finale… ». L’Internationale, Eugène Pottier
Par Floréal, PRCF, le 9 septembre 2023 Toute la Macronie, ministres et « service public de l’audiovisuel » en tête, s’est confondue en remerciements extasiés parce que le bon Sire Bernard Arnaud, première fortune de France, empereur mondial du luxe (ils ont le goût des contrastes!) et confident du Jupiter élyséen, a récemment envoyé deux de ses héritiers signer – sous les cameras convoquées pour l’occasion en présence des députés macronistes – un chèque de dix millions d’euros. Objectif hautement tactique de cette opération de com: empêcher la fermeture imminente des Restos du cœur qui sont aux portes de la cessation de paiement: et surtout, éviter le scandale qui s’en suivrait dans un pays où les inégalités sociales de plus en plus criantes ridiculisent déjà celles de l’Ancien Régime…
Sans doute sommes-nous d’abominables « Rouges » acariâtres, mais cette opération « Coeur et portefeuille à la Une » nous écoeure à trois titres :
- d’abord et surtout, il est scandaleux que le nombre de concitoyens forcées de recourir à une forme de « soupe populaire » explose dans notre pays comme l’ont révélé, non seulement les dirigeants des Restos du coeur, mais ceux du Secours Populaire, du Secours Catholique, de la Fondation de France, etc. Ce fait honteux, s’agissant d’un pays où le nombre de millionnaires explose également, dévoile l’énorme mensonge macroniste qui voudrait faire accroire que, grâce aux mesures de déréglementation et de dé-protection sociale portées successivement par MM. Sarkozy, Hollande et Macron sous l’égide de l’Union européenne (austérité sans fin, désindexation des salaires depuis 1983, démontage des services publics, baisse des APL, casse des statuts publics et du Code du travail, décotes frappant les retraité(e)s, euro-délocalisations, fusions industrielles et euro-privatisations à la pelle) l’ « emploi, donc la prospérité » (sic) remonteraient en flèche en notre « Doulce France ». Il n’en est rien car, comme dans tous les pays où ces recettes néolibérales ont été appliquées, c’est l’emploi ultra-précaire et mal payé, voire « ubérisé », un « emploi » qui ne permet même plus de nourrir ses enfants qui succède aux indemnités-chômage rabotées, à l’emploi stable et à des salaires sinon justes (chose impossible sous le capitalisme!), du moins permettant de vivre à peu près normalement.
- ensuite il est lamentable que l’Etat bourgeois, qui orchestre la casse sociale sous la férule de Bruxelles, et qui sait trouver du jour au lendemain 413 milliards pour abonder la course aux armements réclamée par l’OTAN, se défausse sur les grandes fortunes (qu’il a commencé par exempter de l’impôt sur la fortune!) pour assurer aux plus pauvres de quoi ne pas mourir de faim. Que fait donc ledit Etat pour bloquer les prix alimentaires, pour sortir EDF du marché européen de l’énergie qui dope le prix du courant, pour apaiser le conflit ukrainien qui exacerbe l’inflation paneuropéenne, pour forcer le MEDEF à négocier une augmentation générale des petits et moyens salaires, pour réindexer les salaires, pensions et minima sociaux sur les prix, pour supprimer les décotes scélérates qui ont transformé en nouveaux pauvres des millions de pensionnés, et surtout, de pensionnées ?
- enfin, ce qui est stupéfiant, ce n’est pas que Monseigneur Bernard Arnaud et sa progéniture dorée « donnent » 10 millions d’euros aux Restos du coeur (une paille pour lui vu la taille de sa fortune, littéralement démesurée !), mais bien qu’il puisse garder tout le reste, lui qui a manifestement cent mille fois moins d’appétit que de dîners à sa disposition ! Car d’où viennent les énormes profits de MM. les capitalistes, si ce n’est du TRAVAIL EXPLOITE des travailleurs salariés, ceux de France et ceux des pays où les gens sont encore plus exploités qu’ici ? Quand tu me « donnes » l’argent que tu m’as préalablement extorqué, tu m’injuries une deuxième fois, surtout si tu exiges qu’en outre je te dise chapeau bas: « Merci not’ Monsieur, merci not’ bon maître« ! Rappelons que le peuple français, qui fut jadis moins patient, a fait la révolution pour moins que ça en 1789, et surtout, en 1793 ou en 1871 (Commune de Paris) !
Bref, la « renaissance », la « générosité » grimacière et la « modernité » tout aristocratique que nous promettent Macron, les oligarques de sa Cour et les porteurs de serviette de son « nouveau CNR » bidon s’opposent du tout au tout aux orientations que mettrait en œuvre une nouvelle République française sociale et souveraine émancipée de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme: le « modèle social » Macron, est en effet celui des dames patronesses (et patronales!), celui de la Comtesse de Ségur dont les « bons-pauvres-allant-à-la-messe » ôtaient leur béret en baissant les yeux quand les belles Dames du Château s’invitaient chez eux pour leur fourguer leurs nippes. Vous nous excuserez, Messire Arnaud de Macron de la Vuittonie, de leur préférer, ensemble ou au choix, la Constitution robespierriste de 1793 (1), ou encore le programme intitulé « Les Jours heureux », qu’adopta le CNR clandestin le 27 mai 1944 (2)…
Mon, Messieurs Macron, Arnaud et tutti quanti, manger n’est pas un luxe, ni l’effet gracieux de vos aumônes, c’est un droit imprescriptible que piétine quotidiennement votre caste gorgée de profits, de cadeaux fiscaux et de subventions d’Etat, sans parler de votre UE arrimée à l’OTAN et à ses incessantes menées impérialistes.
En réalité, ce qui serait de plus en plus « un luxe » pour notre classe ouvrière méprisée, pour notre pays vendu à l’euro-découpe, pour l’humanité sacrifiée au tout-profit dévastateur, ce serait de demeurer plus longtemps les otages humiliés d’un capitalisme destructif où les uns gaspillent, se gavent et regorgent tandis qu’un nombre croissant d’humains, et avant tout d’enfants de notre classe, dont le nom est prolétariat, sont priés de tendre la main pour disposer d’un toit, pouvoir s’éclairer la nuit ou échapper à la faim!
(1) Elle disposait, sur demande de Robespierre:
Art. 21. : Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler)
(2) – Entre autres mesures sociales, le programme du CNR se fixait pour but « l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie »,« le retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques », un rajustement important des salaires et « un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ».