Pour l’union combative des franchement communistes, pour la renaissance d’un vrai Parti communiste en France, pour l’unité offensive des syndicalistes de classe, pour un Front Antifasciste, Patriotique, Pacifique, Populaire et Ecologiste ciblant à la fois le Macronat, l’extrême droite et l’UE-OTAN, il faut renforcer le PRCF et les J.R.C.F.
Un texte de Georges Gastaud, responsable du secteur Etudes et Prospective du PRCF
« Si le PRCF n’existait pas, il faudrait l’inventer ».
Henri Alleg, 2005
Le 18 novembre dernier, le PRCF était invité à tenir un stand à la fête de l’Association Nationale des Communistes. Le Pôle n’était cependant pas invité à y prendre la parole comme avaient pourtant pu le faire une semaine plus tôt les oratrices de l’A.N.C. et du Rassemblement communiste (R.C.) à la tribune du meeting unitaire organisé par le PRCF à St-Denis – Une représentante de l’A.N.C. figurait aussi à la tribune du débat politico-syndical qui s’est tenu avec succès au stand PRCF sur la Fête de l’Huma. C’est donc sur place, et alors qu’ils installaient le stand du PRCF, que nos camarades du PRCF ont entendu l’annonce faite, par Saïd Bouamama (R.C.), de la « fusion » déjà décidée et engagée entre le R.C. et l’A.N.C. – Le procédé est d’autant plus surprenant que, depuis deux ans, sans parler des nombreuses et hélas peu fructueuses tentatives antérieures engagées par le PRCF ou par ses prédécesseurs (le C.N.U.C. présidé par Georges Hage, puis la F.N.A.R.C.) pour que puissent coopérer les organisations communistes peu ou prou affranchies du P.C.F.-P.G.E., un processus fragile, mais cette fois-ci prometteur, de rapprochement militant, que le PRCF proposait de formaliser sous la forme d’une Convergence d’Action Communiste (C.A.C.), s’était engagé, quoiqu’avec des rythmes, des contenus et une traduction de terrain fort insuffisants, ou du moins fort inégaux, à notre gré. Pour mémoire, presque tous les textes et tracts communs publiés depuis deux ans l’ont été à l’initiative du PRCF et une deuxième rencontre exploratoire, maintes fois demandée par le PRCF, était également prévue entre l’A.N.C. et le PRCF pour la première décade de décembre. Dans ces conditions, et pour le dire un peu vertement, ce qui était donc proposé aux camarades du PRCF présents à la fête de l’A.N.C., c’était d’assister passivement à la nuit de noces de ses « partenaires » A.N.C. et R.C. tout en tenant la chandelle et… en étant implicitement prié de jubiler… Dans ces conditions, les militants du Pôle présents sur place ont renoncé à monter leur stand et, sans faire de scandale, ils ont quitté les lieux et avisé la direction du Pôle qui a validé leur réaction empreinte de dignité. Ils sont ensuite revenus sur place à titre individuel. En effet, et bien que les fondateurs (notamment Léon Landini, Jean-Pierre Hemmen, Georges Gastaud et Vincent Flament) et actuels dirigeants du PRCF (notamment Fadi Kassem) soient immunisés contre certaines manières de faire depuis des décennies d’initiatives infructueuses visant à promouvoir l’unité d’action des communistes, on aurait pu rêver de procédés plus délicats de la part de nos partenaires à l’égard d’un PRCF qui, certes, n’a jamais « baissé la barre » en matière de contenus de classe et de rigueur politique, mais dont la loyauté n’a jamais été contestée par quiconque.
Il faut alors le dire sans détour : cette situation nouvelle où deux partenaires du processus de convergence engagé à trois fusionnent en mettant le troisième « partenaire » devant le fait accompli (pour lui proposer ensuite, comme si de rien n’était, de crier Vive l’unité ?) appelle pour le moins un réexamen des relations avec les partenaires putatifs d’une convergence dont ces comportements exclusivistes risquent fort de favoriser involontairement, non la consolidation, mais le freinage et la défiance réciproques. Et cela dans une situation mondiale et nationale très grave pour la paix mondiale, pour les libertés démocratiques, pour l’indépendance de la France, pour les conquêtes sociales et pour le niveau de vie des travailleurs, sans parler de l’avenir du communisme organisé et du syndicalisme de classe en France et dans le monde.
Sur le fond, le PRCF ne peut que rappeler en bref les bases de principe d’une approche marxiste-léniniste des questions de l’unité communiste, de la reconstruction d’un parti communiste de combat, de la mise en place méthodique d’un ou de plusieurs fronts anti-oligarchiques visant à défendre la paix, l’indépendance de la France, la démocratie, les conquêtes sociales, la liberté des peuples d’Afrique menacée par le néocolonialisme, etc. Comme je l’avais récemment rappelé au nom du PRCF dans un texte récemment publié sur www.initiative-communiste.fr, puis de manière orale en conclusion du meeting unitaire du PRCF le 11 novembre dernier, cette approche de principe ne peut être négligée, sous couvert de précipitation, de « coups politiques » et de « pragmatisme », qu’au prix de graves mécomptes présents et futurs pour les communistes et pour le mouvement ouvrier.
I – POUR UNE APPROCHE DE PRINCIPE DE LA RECONSTRUCTION DU PARTI COMMUNISTE ET DE LA MISE EN PLACE DE LARGES FRONTS ANTICAPITALISTES. ANTIFASCISTES, ANTI-IMPERIALISTES ET ANTI-OLIGARCHIQUES
Tout d’abord, il faut saisir qu’il existe non pas un, mais plusieurs étages ou strates à partir desquels doit objectivement s’organiser le travail de construction de l’unité, n’en déplaise à ceux qui pensent régler magiquement tous les problèmes d’un coup quand ils parlent de « front antifasciste, antiimpérialiste, anticapitaliste ». Dans cet esprit, il définir à la fois, en les articulant mais sans les confondre, les « périmètres » :
- de l’unité d’action des communistes,
- de la reconstruction du Parti communiste proprement dit, ce qui est impossible sans un travail rigoureux de confrontation théorique et programmatique,
- l’action anticapitaliste large (où l’on touche nécessairement à la question syndicale, notamment à celle de l’affrontement incontournable du syndicalisme de classe en plein renouveau et du pseudo-syndicalisme contre-réformiste et euro-formaté des appareils dominés par la CES (confédération européennes des syndicats),
- de l’action antifasciste pour la démocratie la plus large,
- de l’action anti-impérialiste (qui suppose de défendre les peuples opprimés par la Françafrique tout en défendant sans frilosité aucune, et sans rien céder au gauchisme qui abandonne à l’ennemi de classe, aux racistes et aux fascistes, les symboles de masse du patriotisme populaire issus de la Révolution française, l’indépendance de notre propre pays par rapport à son euro-dissolution en marche dans les « Etats-Unis d’Europe » et l’ « Europe des régions »),
- de l’action contre l’hégémonisme euro-atlantique (qui peut momentanément comporter un soutien militaire provisoire exempt de soutien idéologique ou proprement politique à des Etats possiblement impérialistes mais provisoirement hostiles à l’ « unilatéralisme » nord-américain).
Si l’on n’opère pas ces distinctions, qui ne relèvent pas d’une tendance dogmatique à étiqueter les fronts, mais de la nature objectivement stratifiée des contradictions à sérier et à traiter méthodiquement, on est assuré, soit de dissoudre la réorganisation communiste dans un front large sans contenu de classe défini ni socle théorique et programmatique déterminé ; cela revient alors à liquider d’emblée la perspective de reconstruction d’un Parti communiste et marxiste-léniniste, ancré sur la classe ouvrière, solidement organisé selon les principes du centralisme démocratique, et dirigeant de manière conséquente la bataille anti-impérialiste ou antifasciste elle-même), soit à l’inverse d’appeler dérisoirement « front anti-impérialiste » ou « front antifasciste » de minuscules regroupements plus rouges que rouges (du moins en apparence) évacuant d’emblée la grande diversité sociopolitique et socioculturelle que doivent comporter de tels fronts. C’est ce qu’on a vu jadis de manière éclatante à l’initiative, en France, du trio innovant Thorez-Duclos-Frachon quand il prit soin d’unir contre Hitler et ses collabos « français » le drapeau rouge du prolétariat mondial au drapeau tricolore de la Nation républicaine. Même chose à l’échelle mondiale quand, à l’initiative de G. Dimitrov citant Thorez, le VIIème congrès de l’Internationale communiste (1935) exigea des partis communistes qu’ils bâtissent de larges fronts patriotiques, antifascistes et populaires et qu’ils fassent le nécessaire pour en prendre la tête et pour leur permettre de s’approfondir et de s’orienter vers le socialisme. Concrètement, on pense, entre cent exemples, au Front populaire français, qui permit la transformation du PCF en aile marchante de la Nation démocratique, puis à la mise en place du CNR. notamment porté par Jacques Duclos et par Pierre Villon, qui voulait mettre « le monde du travail au cœur de la Nation » ; on pense aussi à l’Appel international de Stockholm contre l’arme nucléaire dans les années 1950 où la « colombe » d’Eluard et de Picasso devint un emblème mondial, ou encore à la grande Coalition anti-impérialiste antihitlérienne des années 43/46 qui intégra momentanément pour battre Hitler, ennemi principal du moment, des pays impérialistes momentanément alliés à l’URSS comme la France ou l’Angleterre. En réalité, ces strates ou étages de la construction communiste dans lesquels se ramifient objectivement les contradictions de la société capitaliste-impérialistes sont distincts, même si le rôle de l’avant-garde communiste nationale ou internationale est de les articuler sans les confondre pour unir au maximum les forces populaires et pour percuter au maximum les forces réactionnaires.
Revenons alors tour à tour sur chacun de ces niveaux de la construction unitaire qu’il ne faut ni confondre ni opposer, mais qu’il faut au contraire articuler en faisant sans cesse converger les luttes contre l’ennemi principal des peuples (à notre époque l’impérialisme étatsunien et ses vassaux oligarchiques dont font partie l’UE au niveau continental et le Macronat et ses satellites au niveau hexagonal).
1°) pour l’unité de combat des communistes en France
Nul n’a jamais dit, même si d’aucuns l’accusent arbitrairement du contraire, que le PRCF exigerait une parfaite unité de pensée théorique et politique pour engager ensemble une série d’actions communes possibles, par exemple telles qu’illustré dans le discours de conclusion par le PRCF du meeting pour la paix du 11 novembre 2023 : pourquoi pas, proposait on alors, ici et maintenant, des actions ou des tracts communs distribués ensemble à Lille, Paris, Lyon, St-Etienne, Avignon, Marseille, Nice, Montpellier, Tulle, Bordeaux, Toulouse, Rennes, Nantes, Brest, Ivry, St-Denis, Bagneux, Boulogne-sur-Mer, Amiens, Angers, Bayonne ou Annecy, avec des contacts de terrain à l’appui, entre nos organisations respectives et une répartition méthodique du travail pour diffuser ensemble aux entreprises ? Les thèmes d’action possibles sont d’ores et déjà très nombreux pour peu que l’on respecte les orientations déjà consignées dans les déclarations unitaires existantes :
- « l’argent pour les salaires, pas pour la guerre », en tapant sur la loi de programmation militaire, en dénonçant l’euro, ce dispositif continental anti-salariés, et en fustigeant le M.E.D.E.F., Macron, l’UE et l’OTAN qui, pour gaver les marchands de missiles et porter à bout de bras les bataillons pronazis de Zelensky, ruinent l’industrie française et européenne (donc la classe ouvrière), étranglent les salaires, dopent les profits, et nous mènent à la guerre mondiale sous le drapeau mortel de la russophobie, de la sinophobie et de l’antisoviétisme recuit !
- Suspension immédiate, retrait et détricotage de toutes les contre-réformes maastrichtiennes (hôpital, école, EDF, SNCF, Poste, etc.), de toutes les euro-privatisations (G.D.F., autoroutes…), de toutes les fusions capitalistes transnationales tueuses d’emploi (Alsthom, Renault, Stellantis…), sans craindre de défendre haut et fort le « produire en France », c’est-à-dire l’emploi ouvrier et paysan, et de réclamer la nationalisation démocratique des secteurs-clés de l’économie.
- Défense résolue du syndicalisme de classe ami de la FSM que s’efforcent de « cerner » et de réduire non seulement la CFDT jaunâtre intimement liée à la CES (donc aux financements de l’UE !), mais nombre de hauts dirigeants des confédérations euro-formatées qui détruisent la combativité ouvrière en allant régulièrement à la table de NON-négociations mises en place par l’Elysée et Matignon pour relégitimer Macron ! Rappelons que, lorsque le PCF combatif de Pierre Sémard et de Jean-Pierre Timbaud marchait main dans la main avec la CGT de classe des Croizat et autre Marcel Paul, le mouvement ouvrier français était à l’offensive car à l’époque, notre classe ouvrière était indépendante du patronat, de l’Etat bourgeois et de la social-démocratie ; au contraire, depuis que, sous le prétexte hypocrite de l’ « indépendance syndicale », les militants politiques et syndicaux du mouvement populaire sont systématiquement séparés, voire « parqués » par les bureaucrates confédéraux dans des « enclos » différents, c’est la CES jaunâtre qui fait la loi dans nos syndicats et qui bloque le « tous ensemble en même temps » que réclamaient encore récemment l’avant-garde ouvrière des luttes pour les retraites, à savoir les travailleurs de la Chimie, de l’Energie, des ordures ménagères, des transports, etc.
- Pour la paix, l’indépendance et le non-alignement de la France, sortie immédiate de notre pays de l’OTAN, donc aussi de l’UE qui lui est stratégiquement arrimée ! Et soutien à la Plateforme anti-impérialiste de Caracas sans continuer à flatter mouches du coche gauchistes et autres pseudo « léninistes » qui renvoient dos à dos l’impérialisme euro-atlantique et l’ensemble des pays qu’il agresse, du Donbass à la Chine populaire !
- Campagne unitaire continue, non pour présenter tous les cinq ans Macron comme un « moindre mal » par rapport à Le Pen, ou comme un « barrage antifasciste » ( !!! ), fût-il branlant, mais pour le délégitimer radicalement en le présentant pour ce qu’il est : le chef de file actuel de la fascisation de la France qui, avec le renfort ostensible des Ciotti, Zemmour et Le Pen, diabolise et réprime méthodiquement la gauche populaire et les syndicalistes de lutte comme Sébastien Ménesplier, tout en « dédiabolisant » le RN ! Et pour cause, toute cette engeance, à laquelle se joignent dès qu’ils le peuvent le P.S. du néoconservateur R. Glucksmann et les Euro-« Ecologistes » de Cohn-Bendit, est totalement intégrée à l’union sacrée russophobe, sinophobe, anti-cubaine, anti-palestinienne, etc. : encore faut-il comprendre, bien entendu, que la fascisation de la vie politique, la marche à la guerre impérialiste mondiale, l’euro-casse sociale et l’euro-dissolution nationale ne sont que les divers aspects d’un seul processus réactionnaire !
- Refus des lois de fascisation contre la libre expression sur la Palestine, contre les travailleurs immigrés, contre les libertés syndicales et individuelles, en montrant, encore une fois, que cette fascisation est indissociable de la marche à la guerre impérialiste, de la casse sociale, du démontage national et du négationnisme antisoviétique structurel de l’Union européenne (Résolution du Parlement européen en date du 16 septembre 20189).
- Lutte résolue pour l’indépendance nationale de la France, donc pour la sortie par la gauche (Frexit progressiste, antifasciste et anti-impérialiste), de l’euro, ce carcan austéritaire continental, de l’UE, cette prison des peuples dominée par la République Fédérale d’Allemagne en plein réarmement, de l’OTAN, cette machine de guerre aux mains de Washington ! « L’émancipation nationale est le socle de l’émancipation sociale », disait déjà Jean Jaurès, grand militant et martyr de la paix s’il en fut ! Bataille du Frexit progressiste et lutte pour le droit du peuple français à construire le socialisme sont indissociables tant il est aisé de prouver que les traités européens prohibent la marche au socialisme et « sanctuarisent » de manière totalitaire l’ « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » !
- (Se) défendre (en défendant) Cuba socialiste (politiquement, pas seulement « humanitairement ») et en soutenant la lutte anticoloniale du peuple palestinien.
- Soutien au peuple nigérien et aux autres peuples d’Afrique francophone (Mali, Burkina Faso…) que strangulent l’impérialisme français et ses vassaux de la CEDEAO., rappel de l’idée qu’ « un peuple qui en asservit un autre ne saurait être libre » (Engels) si bien que lutter contre la « Françafrique », c’est aussi défendre notre propre peuple.
- Et pour tous les communistes conséquents, refuser l’illogisme grave consistant, en théorie, à condamner l’UE, tout en légitimant en pratique la construction supranationale et le « saut fédéral européen » imminent (fin du vote unanime des Etats de l’UE et passage au vote majoritaire = dévastation sans limite des acquis sociaux !) en allant, comme si de rien n’était, voter le 9 juin 2024 pour l’une des listes « euro-constructives » (CF, LFI etc.) en lice. Donc, proposition d’une campagne unitaire de masse liée aux luttes sociales pour le boycott des européennes.
- Défense commune de la mémoire communiste et révolutionnaire en démontrant que l’antisoviétisme, la russophobie, la sinophobie, etc. servent à banaliser et à réhabiliter le fascisme et le nazisme en Europe !
2°) S’unir pour la reconstruction du Parti communiste de combat en France
La reconstruction d’un P.C. de combat qui ne connaisse pas très vite, comme ce fut le cas du « Parti de la Refondation Communiste » italien (un parti fourre-tout sans unité idéologique ni bases de classe définies), les tendances, la division, la décomposition et l’éclatement, nécessite, comme le PRCF l’a toujours proposé, un travail d’approfondissement théorique respectant le principe léniniste « pas de mouvement révolutionnaire sans théorie révolutionnaire ». Si l’on ne veut pas, à l’arrivée, accoucher en tout petit d’un ridicule P.C.F. mutant bis, c’est-à-dire d’un groupuscule sans ancrage prolétarien ni physionomie idéologique propre, il est au minimum indispensable de réaffirmer clairement
- Que notre référence théorique majeure demeure le marxisme-léninisme, le matérialisme dialectique et historique, ainsi que leur application aux données politiques actuelles
- Que sur le plan historique, loin de gloser comme on l’a trop entendu, sur l’ « inactualité de la matrice léniniste », nous avons plus besoin que jamais d’un parti d’avant-garde solide, fortement organisé, pratiquant le centralisme démocratique (application par tous des votes majoritaires, mandats précis et limités, subordination du local au national, subordination des organes de presse à la direction élue, pratique constante de la critique et de l’autocritique, détermination de la ligne par le congrès national élu par les bases…) car chacun le voit clairement, que ce soit avec l’actuel P.C.F. devenu auberge espagnole, ou avec L.F.I. ce mouvement gazeux et soi-disant horizontal que dirigent en réalité d’une poigne de fer un clique étroite d’élus (voire par un ex-député désormais sans mandat aucun !) : le spontanéisme, le flou organisationnel et le confusionnisme idéologique chers aux mencheviks nous conduiraient très vite à la catastrophe, surtout dans une période de fascisation où les affrontements de classes vont être très durs. A fortiori la construction d’un parti digne de ce nom exclut-elle que l’on cultive le doute, à la manière des « mutants », des refondateurs droitiers ou des anarchistes, à propos de la « forme-parti ». Comment du reste comprendre que des camarades issus de la tradition marxiste-léniniste et dont certains se réclament ostensiblement de Staline puissent fusionner avec une organisation qui idéalise la forme « association » (laquelle montra ses limites mortelles avec l’échec de la Commune que suivit rapidement la dissolution de l’Association Internationale des Travailleurs), refuse le centralisme démocratique et cultive le doute sur « la forme-parti » ? Où seraient la logique idéologique et la solidité militante dans un tel amalgame ?
- Ancrage prioritaire dans la classe ouvrière des usines, chantiers, champs, gares et aérogares, ports et docks, transports, énergie, des lycées techniques et professionnels, des secteurs prolétariens précaires, etc., même si le parti communiste intervient aussi, dans la mesure de ses moyens, dans tous les milieux sociaux et sur tous les sujets possible, le but restant toujours de permettre au prolétariat de devenir le sujet politique central et de diriger la lutte de tout le peuple (et de tous les peuples) pour la paix, la démocratie, le progrès social, l’environnement, l’égalité des sexes et le socialisme.
- Réaffirmation du but final poursuivi par le Parti communiste, celui d’un socialisme-communisme de nouvelle génération visant une société sans classes par la révolution socialiste, la dictature du prolétariat, la socialisation des grands moyens de production et d’échange, la liquidation systématique des causes de l’inégalité et de l’aliénation sociales, culturelles et idéologiques
- Défense, sur des bases de classe n’excluant pas la critique constructive, du passé communiste et révolutionnaire contre le négationnisme historique
- Effort constant pour reconstruire un Mouvement communiste international agissant et pour, complémentairement, édifier un large Front anti-impérialiste mondial
- Combat ici et maintenant contre toutes les institutions supranationales du capital à commencer par l’UE, l’OTAN, le FMI, l’OMC, etc.
3°) Pour la construction de larges Fronts visant à isoler le grand capital
Loin de se limiter aux communistes, ces fronts larges doivent s’édifier avec tous ceux qui veulent combattre la fascisation, l’impérialisme, l’hégémonisme et l’exterminisme (en entendant par-là la tendance du capitalisme pourrissant contemporain à menacer l’existence même de l’être humain, voire du vivant), l’euro-dissolution de la France, le laminage des conquêtes sociales, des salaires, du produire en France (industrie, pêche, agriculture…), le PRCF proposant pour sa part de travailler à fédérer un Front Antifasciste, Patriotique, Pacifique et Ecologiste (FR.A.P.P.P.E. !) car redisons-le, la fascisation, la marche à la guerre mondiale impérialiste, l’euro-casse terminale de la nation et des acquis sociaux constituent les aspects différents de la même offensive d’un capitalisme devenu « réactionnaire sur toute la ligne » (Lénine).
On voit du reste à l’échelle internationale à quoi s’exposent ceux qui, pour les uns, veulent réduire de manière sectaire le front anti-impérialiste aux seules forces communistes et 100% anticapitalistes, et ceux, d’autre part, qui étaient encore tentés il y a peu de proposer une « Cinquième Internationale » sans contours idéologiques et de classe définis au risque d’effacer, voire de réprimer les partis communistes prolétariens en leur refusant toute activité indépentante. En réalité, à tous niveaux, il faut de larges fronts, par ex. en ce moment contre l’UE-OTAN et pour la paix, les salaires, les libertés, le non-alignement international de la France, et, dans ces fronts, des communistes montrant sans cesse qu’on ne viendra totalement à bout de l’impérialisme, l’hégémonisme et l’exterminisme qu’en abattant aussi le capitalisme. C’est-à-dire en saisissant bien la signification de la devise castriste « la (les) patrie(s) ou la mort, le socialisme ou mourir, nous vaincrons ! ».
Sur le plan pratique
Tout en prenant en compte pour l’avenir l’exclusivisme et l’ostracisme délétères qui le visent en tant qu’organisation léniniste, le PRCF continuera
- de s’organiser et de s’implanter le plus fortement possible, conscient qu’il est de sa responsabilité inaliénable qui est d’aider à forger le noyau d’un futur P.C. de combat fidèle au meilleur de ce que fut le grand P.C.F. – Pour cela, il faut travailler avec une rigueur redoublée et en se tournant toujours plus en priorité, non vers des micro-appareils en mal de domination, mais vers la classe ouvrière et vers les syndicalistes de classe ; en ce sens, le Pôle confectionnera et diffusera un numéro spécial d’I.C. sur la classe ouvrière ainsi qu’un autre Spécial I.C. sur les élections européennes.
- de débattre avec toute force communiste acceptant de pratiquer loyalement un dialogue fraternel ; y compris s’il s’en trouve (et c’est le cas) avec des forces issues du M.J.C. ou du P.C.F. qui rejettent la ligne opportuniste, déshonorante et macron-compatible de Roussel et de ses relais pseudo « identitaires ».
- engagera une grande campagne pour, tout à la fois, défendre et réactualiser les conquêtes du C.N.R. (à l’occasion du 80ème anniversaire de la signature des « Jours heureux ») et boycotter les européennes sachant que leur enjeu réel n’est pas de savoir lequel des partis de l’Arc euro-fascisant et guerrier arrivera premier au soir du 9 juin, mais de refuser la validation du « saut fédéral européen », du passage à l’ « Europe des régions » (avec à la clé la désarticulation du territoire national avec la marche à l’ « autonomie », voire plus, de la Corse, de la Bretagne, de l’Alsace, etc.) et la dissolution finale des conquêtes sociales et de l’héritage révolutionnaire français dans de monstrueux « Etats-Unis d’Europe » pilotés par Berlin, asservis à l’oligarchie du C.A.C. 40 et arrimés aux projets monstrueux de Washington. Loin de relever du fantasme, cette perspective grossièrement antinationale et antisociale vient d’être majoritairement assumée par le « Parlement » européen qui vient de se prononcer, dans le dos des peuples, pour une Europe fédérale dotée d’un gouvernement supranational, décidant à la majorité simple sur la plupart des sujets (adieu, derniers acquis sociaux français, adieux ultimes services publics…), et doté d’une armée européenne adossée à l’OTAN). Tout cela s’accompagnant, en France même, d’une campagne permanente des forces euro-séparatistes encouragées par le « girondin » Macron pour l’autonomie (puis pour l’indépendance ?) de la Corse, de l’Alsace, de la Bretagne, etc. ; en clair pour la mise à mort de ce qui subsiste tant bien que mal de la République souveraine, laïque, indivisible et sociale peu ou prou érigée par la Révolution française, par les lois de 1905/1906 (Jaurès), par le Front populaire, le C.N.R., les ministres communistes de 1945/47, etc. Et bien entendu, la fausse gauche et les pseudo-communistes de la place du Colonel Fabien « accompagnent » ce processus de démembrement, les un(e)s pourfendant les « punaises de lit » et les autres préférant palabrer sur twitter à propos du plaisir qu’il y a à manger « une bonne viande arrosée de rouge » (c’est tout ce qui reste de l’ « identité communiste » quand on a tout renié !).
Conclusion
Plus que jamais le PRCF est conscient de la responsabilité qui lui incombe, en cette périlleuse période de marche à la guerre mondiale impérialiste, d’euro-dissolution de la nation et de ses acquis sociaux, de fascisation accélérée de la vie politique, de négationnisme anticommuniste et « antijacobin », de tenir ferme le cap sur
- la reconstruction d’un parti de combat ancré dans le Mouvement communiste international sur des bases marxistes-léninistes et agissant clairement pour le Frexit progressiste et pour la révolution socialiste
- la défense du syndicalisme de classe et de masse, la marche des travailleurs au « tous ensemble en même temps »
- l’unité d’action des militants franchement communistes (et communistes franchement !) sur des bases loyales
- la construction du Front antifasciste, patriotique, populaire et pacifique pour la démocratie, la paix, l’indépendance nationale, l’environnement, l’égalité hommes/femmes, les « lumières » et le progrès social
- la main tendue à tous les travailleurs et citoyens qui, contre la droite xénophobe et contre la fausse gauche antinationale et, au final, pas moins xénophobe, veulent associer l’idéal d’une République sociale en marche vers le socialisme au projet d’une nation redevenue souveraine pour défendre la liberté, l’égalité et la fraternité pour tous les peuples.