Publié le 30 avril 2012
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
150 000 personnes ont manifesté ce samedi 21 avril dans les rues de Prague pour ce qui constitue une des plus grandes manifestations, si ce n’est la plus importante, depuis la restauration du capitalisme en 1989.
Convoquée par la Confédération des syndicats tchèques et moraves (CMKOS), la manifestation remet en cause le plan d’austérité du gouvernement de droite, adopté au début du mois d’avril, et qui prévoit une série de mesures anti-sociales dans la lignée des plans adoptées en Grèce, au Portugal ou encore en Espagne.
Parmi les mesures mises en avant par le gouvernement, la hausse de la TVA, le gel des retraites, la réduction drastiques des budgets de l’éducation et de la santé, des déremboursements médicaux ou encore la privatisation progressive des systèmes de sécurité sociale ou de l’éducation supérieure.
Dans le cortège, nombre de militants syndicaux de la CMKOS, des membres de 21 associations civiques mais aussi plusieurs milliers de militants communistes ont marché derrière des banderoles où on pouvait lire : « Mettons en échec le gouvernement ».
Des mots d’ordre plus généraux ont été portés, illustrant la désillusion des tchèques vis-à-vis du système restauré en 1989, résumés dans le simple : « A bas le capitalisme ! »
Le président de la CMKOS, Jaroslav Zavadil a dénoncé après le rassemblement les ministres qui « humilient les humbles avec leurs réformes anti-sociales.
Il nous ont promis la responsabilité budgétaire, mais c’est bien la dette du gouvernement qui est en train d’augmenter.
Ils ont promis de lutter contre les pots-de-vin mais la corruption a gangrené leurs partis et toute la société. Trop c’est trop – il est nécessaire que le gouvernement recule, et que l’on tienne des élections anticipées », a-t-il déclaré.
L’ampleur de la fronde sociale, les divisions au sein d’une coalition gouvernementale minée par des scandales de corruption sans précédent pourraient faire éclater ce vendredi un gouvernement qui ne tient plus à un fil.
Le vote de confiance de ce vendredi 27 avril est déjà décisif pour l’avenir de la coalition de droite formée en 2000 entre le parti de droite traditionnel ODS, le parti de Vaclav Havel et Vaclav Klaus, et deux nouvelles formations libérales, TOP 09 et Affaires publiques (AP), frappées depuis de plein fouet par des scandales de corruption qui ont notamment entraîné la dissolution de l’AP.
Pour le Parti communiste de Bohême-Moravie (KSCM), le gouvernement « n’a plus aucune légitimité » et il est indispensable de convoquer des élections anticipées, « seule solution possible ».
Le KSCM exige du gouvernement qu’il entende les sollicitations populaires et qu’il « mette un terme à la destruction de l’économie tchèque et au recul progressif des conditions de vie du peuple ».
Le KSCM, avec ses 100 000 adhérents, ses 26 députés et ses 11,9% aux dernières législatives est à l’heure actuelle le principal parti d’opposition en République tchèque au capitalisme triomphant après la contre-révolution de velours.
Selon les dernières estimations, il réaliserait une percée historique en cas d’élections anticipées puisqu’il atteindrait la deuxième place, derrière le Parti social-démocrate, en obtenant autour de 20% des voix.
Plus de vingt ans après la restauration capitaliste en République tchèque, comme dans toute l’Europe de l’est, la désillusion est immense vis-à-vis d’un système capitaliste qui avait promis prospérité et liberté et n’a mené qu’austérité et autoritarisme.
En République tchèque, les travailleurs peuvent compter sur un parti communiste qui n’a pas renoncé à sa raison d’être : le KSCM.