Le Front Syndical de Classe, 9 mai 2012
Sarkozy dehors, c’est chose faite !
Avec les millions de travailleurs qui se sont battus durant des années contre la casse généralisée des acquis sociaux et démocratiques, contre la casse des retraites, contre la chasse aux immigrés et la xénophobie d’Etat, contre la casse des services publics et les délocalisations…. le Front Syndical de Classe se réjouit de la défaite de l’ami des grands patrons du CAC 40 et du MEDEF qui ne visaient qu’à détruire tout l’héritage du Conseil National de la Résistance : d’où sûrement l’allusion au « vrai travail » de Pétain !
La réélection de Sarkozy aurait constitué un terrible coup pour les luttes, ouvrant la voie à une aggravation sans limites d’une politique de plus en plus droitisée.
Qui peut croire et prétendre que le maintien du fascisant Sarkozy au pouvoir aurait eu pour effet de mobiliser dans la lutte sociale le salarié menacé de licenciement, le chômeur opposé au « vrai » travailleur, l’immigré pointé comme responsable de l’aggravation de la situation de tous ?
Pour autant, aujourd’hui comme hier, les travailleurs ne pourront compter que sur eux-mêmes pour mettre réellement fin avec la politique euro-formatée qui mène les peuples à la ruine.
Or, que proclame F. Hollande ?
Il affirme son engagement d’honorer la dette :1700 milliards d’euros et par an, le paiement des intérêts qui engloutit l’ensemble de l’impôt sur le revenu (50 milliards) constitue un cadeau royal aux marchés financiers ALORS que l’expérience montre, de l’Argentine de 2000 à l’Islande récemment, que tout redressement au service de la population passe par une remise en cause et au minimum une restructuration de la dette (75% dans le cas de l’Argentine).
Il réaffirme le maintien à tout prix dans l’eurozone qui constitue le motif principal du choix des politiques d’austérité imposées aux peuples comme on le voit avec le cas de la Grèce !
Il revendique sa soumission à la logique européenne et aux différents traités qui ont organisé l’Union européenne et la « concurrence libre et non-faussée » et donc la concurrence entre les salariés en Europe (approbation du Traité de Maastricht, du Traité constitutionnel Européen, du Traité de Lisbonne…). Il ne cache pas qu’il est prêt à accepter le « mécanisme européen de stabilité », à la condition de lui joindre un « pacte de croissance » : tout en précisant d’ailleurs aussitôt, que la croissance passe par la compétitivité des entreprises et donc par la flexibilisation du marché du travail et par conséquent par la mise en cause du Contrat de travail à durée déterminée…
Ces choix et ces orientations sont précisément à la racine de la crise que nous traversons et qu’ils veulent nous faire payer !
Là est précisément le piège :
Les classes dominantes savent, comme Lionel JOSPIN a dû l’admettre sur France Inter mardi 8 mai, que leurs politiques d’austérité infligées conduisent au chaos comme en Grèce et que les peuples rejettent de plus en plus fortement ET ces politiques ET les partis qui les appliquent.
Les luttes qui se développent partout en Europe, en Tchécoslovaquie comme en Allemagne et le résultat des élections comme en Grèce avec l’effondrement de la droite et du parti socialiste au pouvoir attestent de ce puissant rejet des peuples!
La renégociation du traité en particulier avec l’Allemagne, le volet de croissance et l’évocation de la « justice », de la répartition de l’effort sont donc brandis comme la nouvelle solution afin de faire accepter les nouvelles mesures de rigueur en préparation !
C’est ce piège tendu aux travailleurs que Nicolas Doisy, « senior advisor » de Cheuvreux, conseillant 1200 banques et fonds de pension, révélait dans son interview récente par François Ruffin :
» Ne serait-ce qu’à cause de l’échec du référendum sur la constitution de l’UE en 2005, François Hollande va devoir naviguer à travers des forces contraires dans la gauche.
Le traité avait été rejeté parce qu’il devait consacrer le marché libre comme principe fondateur de l’Union Européenne, au travers l’insertion de la directive Services dans la Constitution. Ce rejet était une manifestation typique du préjugé français (de gauche comme de droite) contre le marché.
Dans cette perspective, il serait politiquement intelligent que ses partenaires de l’Eurozone permettent à François Hollande de prétendre qu’il leur a arraché quelques concessions, même si c’est faux en réalité. La demande de renégociation du traité serait alors utilisée pour tromper le public français en lui faisant accepter des réformes convenables, dont celle du marché du travail.
[…] François Hollande a le cœur d’un Européen convaincu. Entre 93-97, il a présidé le think tank de Jacques Delors, le « Club témoin ». Cela devrait l’aider à opter pour une politique efficace de réforme favorable à la croissance telles que couper dans les dépenses publiques et libéraliser le marché du travail (et les services) d’une manière ou d’une autre. Le vrai défi pour lui sera de trouver une formule politique pour vendre ces réformes à la population française. «
Nous voilà prévenus !
Comment dans ces conditions en finir avec la casse de tous nos droits ?
* En finir avec la réforme des retraites qui nous a été imposée malgré de puissantes luttes (retour aux 60 ans sans conditions !)
* En finir avec le saccage des services publics (poste, hôpital, école …)
* En finir avec la loi scélérate sur l’autonomie des universités
* En finir avec les suppressions de postes dans la fonction publique et au contraire donner les moyens humains de fonctionner aux services publics
* En finir avec licenciements massifs, les fermetures d’entreprise, les délocalisations et réindustrialiser
* En finir avec les politiques salariales qui ont privilégié depuis 30 ans les actionnaires : le SMIC à 1600€ net par mois !
* En finir avec la sujétion à la politique américaine, à l’OTAN et aux guerres d’ingérence menées hypocritement au nom des droits de l’homme !
Sans parler des mesures d’urgence pour les populations directement frappées par la crise comme le blocage des loyers, le blocage du prix de l’essence et le blocage des prix des biens de première nécessité !
La sortie du marasme actuel passe par la remise en cause de la dette, la domination des marchés et par la remise en cause des institutions qui encadrent la domination de l’oligarchie et des marchés : la zone euro et l’Union européenne !
Dans l’immédiat, ce qui est en jeu après avoir battu Sarkozy, c’est d’en finir avec la politique qu’il a acté et donc de commencer par revenir sur les contre-réformes qu’il nous a imposé.
Et maintenant, comme cela a toujours été le cas pour le monde du travail, notamment en 36 45 et 68, c’est de l’ampleur de nos luttes que tout dépendra !