Les annulations de crédit annoncées le 21 février ont provoqué les protestations justifiées tant des organisations patronales du spectacle comme le SYNDEAC que celle des syndicats, notamment CGT Spectacle et CGT culture. Ces coups de rabot ne sont du reste qu’un avant-goût des coupes budgétaires bien plus importantes que le Macronat voudrait imposer en 2025 à la Santé, à la culture, aux pensions de retraites, aux indemnité chômage, aux remboursements de soins, à la Recherche et à l’Education nationale, pour “tenir” les critères d’austérité européens et abonder la course aux armements programmée pour nourrir l’escalade militaire en Ukraine.
Aux côtés de l’Education, la création et le patrimoine perdent en effet près de 100 millions d’euros chacun. Un volume comparable au budget d’Etat pour les bibliothèques. Dans son communiqué, le SYNDEAC parle d’« hallali du service public de la culture ». Quoi qu’il en soit, les annulations de spectacles seront nombreuses avec le risque de perte du statut pour de nombreux intermittents.
En ce début mars, « Télérama » se fait à son tour l’écho de l’inquiétude des opéras. « Une menace réelle de fermeture pèse sur certaines institutions », titre l’hebdo. L’austérité maastrichtienne et guerrière frappe même les publics jugés plus « sélects »… et ralentit l’effort pour atteindre de nouveaux publics. Même le collabo linguistique « Cult news », très sensible aux charmes du « show-biz’ » anglo-saxon, y va de son couplet de protestation.
Mais d’où vient le problème ?
Ces mesures ministérielles dictées par Bruxelles et exigées par Berlin jettent aux orties un acte budgétaire adopté par un Parlement au rôle de plus en plus décoratif. Voilà qui illustre ce qu’il faut penser de « notre démocratie ». Il s’agirait de plaire aux agences de notation. Issue de 40 ans de désindustrialisation et de casse agricole du pays, la dette française est gérée par des banquiers, dont le plus connu siège à l’Elysée. Ils ont leurs exigences.
Il y a ensuite les exigences de l’Union Européenne. Le premier janvier, la commission de Bruxelles a discrètement remis en vigueur et renforcé le « pacte de stabilité ». Elle peut à nouveau imposer de lourdes amendes aux Etats « coupables » de déficit budgétaire. Cela, sans même consulter un « Parlement européen » encore plus décoratif que le nôtre.
Elles viennent enfin des besoins militaires escalatoires de l’UE-OTAN en marche vers un “conflit global de haute intensité” derrière le va-t-en-guerre en chef Macron.. Alors même que B. Le Maire cherche comment faire 10 ou 20 ou un peu plus milliards d’euros d’économie (sur les Service Publics, la Sécu, etc.), trois milliards d’euros ont été ajoutés à l’occasion du nouvel accord avec l’Ukraine. Les canonnières françaises déployées en Mer Rouge assurent la « liberté du commerce », et accessoirement celle d’approvisionner Israël à défaut de voir la diplomatie française américano-centrée dénoncer le blocus génocidaire de Gaza, stigmatiser le criminel blocus étatsunien de Cuba et agir pour la désescalade en Ukraine.
Des réalités qui devraient faire réfléchir les acteurs de la culture et dynamiser leurs mobilisations sociales pacifiques alors que nos médias aux mains de l’Etat ou du grand capital ne cessent, suicidairement au regard des enjeux, d’exciter l’hystérie anti-russe ou antichinoise…et assurément militariste et guerrière!
11 mars 2024 * Commission culturelle du Pôle de Renaissance Communiste en France