Le 11/04/2024 – Par la commission Luttes du PRCF et sa sous-commission Transports –
Du 28 mars au 4 avril se tenaient les élections professionnelles à la SNCF.
Marqués par une abstention importante de 57 %, les résultats de ces élections restent riches en enseignement.
En effet, si la CGT cheminote reste la première organisation, elle recule encore (32,85 % ; -3,9%) pendant que SUD-rail continue de progresser (20,27 % ; +3,3%).
D’abord, nous nous réjouissons que les syndicats historiquement de combat restent majoritaires à la SNCF avec 53 % des voix, d’autant que, comme dans toutes les sociétés publiques privatisées, l’entreprise est en voie de cadrification (comme chez EDF/GDF), or les cadres ne sont pas connus pour voter pour les syndicats de combat.
Néanmoins, le recul d’élection en élection de la CGT au profit de SUD en dit long sur l’état d’esprit de la base.
En effet, SUD-Rail affiche une combativité (et non pas une « radicalité », comme on le lit ou on l’entend souvent dans la presse aux ordres) plus grande que la CGT à la SNCF. SUD multiplie ainsi les préavis de grève, soutient les mouvements à la base, fait des actions coups de poing spectaculaires. Nous pouvons notamment citer l’envahissement du siège de la commission européenne en France le 23 mai 2023, visant à dénoncer le démantèlement quasi définitif du fret SNCF exigé par Bruxelles et dont nous avions fait échos dans les colonnes d’initiative communiste. (https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/lunion-europeenne-attaque-ce-qui-reste-du-fret-sncf-macron-borne-et-beaune-negocient-son-demantelement/) Malgré cette juste position, nous constatons que solidaire est encore loin d’une position euro critique conséquente et n’assume pas une position claire contre la construction euro-atlantique qui pourrait l’opposer à la guerre, au saut fédéral européen en vue et permettre de créer le tous ensemble avec EDF, l’hôpital, l’Education nationale, le privé défendant le produire en France, etc.
Pendant ce temps là, la fédération CGT Cheminot, que nous ne saurions confondre avec ses syndicalistes de classe à sa base toujours aussi combatifs (ce qu’ils ont encore largement démontré en 2018 (ouverture à la concurrence) en 2019/2020 (retraite à point) ou encore en 2023 (contre réforme des retraites)), totalement inféodée à la CES, donc à la construction européenne, c’est à dire au dogme de la concurrence libre et non faussée qui casse nos services publics nationaux, notre code du travail national, notre sécurité sociale nationale et bien-sur nos sociétés publiques nationales, à commencer par la Société National des Chemins de fer Français, n’a que très mollement dénoncé la responsabilité de l’union européenne dans la casse de la SNCF.
Pire, après le résultat des élections, les commentateurs médiatiques ont jugé que la monté de SUD-Rail au détriment de la CGT était une mauvaise nouvelle pour le groupe, car SUD ne respecte pas le dialogue social ! Quel aveu !
Résultat de cette stratégie pour la fédération CGT cheminote, elle baisse inexorablement que ce soit au niveau de la SNCF ou en général (puisque la confédération est passée de la première organisation de France, à la deuxième au profit de la CFDT). À ce titre, rappelons qu’après la grande grève de 95 contre le plan Juppé, où les cheminots, emmenés par les syndicats de classe CGT de la base, avaient fait capoter la contre réforme, la CGT cheminot affichait un résultat de 51 % aux élections professionnelles de 1998 !
Cela démontre que la ligne de la CGT infondée à la confédération européenne des syndicats, empêtrée dans un syndicalisme rassemblé derrière l’intersyndicale CFDT, est de plus en plus rejetée par les travailleurs, qui attendent, au contraire, une grande combativité de la part des organisations syndicales pour se mettre en mouvement « tous ensemble et en même temps » contre Macron/MEDEF/UE/OTAN. Et d’autant plus en cette période où la crise aiguë du capitalisme rime avec exacerbation de la misère et même risque de plus en plus grand de guerre mondiale aux conséquences dévastatrices pour l’ensemble du vivant de notre planète
Bref, il est temps que les syndicalistes de combat de la CGT se ressaisissent et œuvrent à remettre sur les rails le syndicalisme de lutte, non pas pour transformer la CGT, mais bien pour qu’elle redevienne ce qu’elle était, car à la base les travailleurs n’attendent qu’une chose pour adhérer et voter pour elle : que la CGT soit la CGT !
*Le Fanal est la lanterne placée à l’avant de la locomotive ou à l’arrière du dernier véhicule d’un train