A défaut de se prononcer, comme le fait le PRCF, pour un Frexit progressiste soustrayant notre pays au carcan de l’euro et de l’UE-OTAN, à défaut de défendre la langue française (son slogan est « PCF is back! ») comme le faisaient jadis Aragon, Triolet ou Ferrat, le PCF affilié au Parti de la Gauche Européenne tente de récupérer et de neutraliser la campagne permanente du PRCF pour l’union du drapeau tricolore et du drapeau rouge – orné de l’EMBLEME OUVRIER ET PAYSAN – en réduisant cette alliance très symbolique à une forme de folkore pseudo-communiste n’engageant à rien de précis, sinon à réveiller quelques souvenirs et à piper quelques voix pour prolonger l’existence d’un appareil déchu.
Quand Thorez et Duclos, approuvés par l’Internationale communiste, eurent l’intelligence politique en 1935 d’unir le drapeau de la Nation, issu de la Révolution française, au drapeau écarlate du prolétariat mondial, c’était dans le but stratégique d’arracher le drapeau national des mains indignes des fascistes « français » (qui, allié à l’Action française, rêvaient de lui substituer le drapeau blanc des monarchistes), de placer la classe ouvrière au coeur du Front populaire antifasciste ET PATRIOTIQUE (en 38, Thorez devait même proposer un Front français contre la Cinquième Colonne hitlérienne et durant l’Occupation, le PCF fut à l’origine du Front National pour l’Indépendance et la Liberté de la France), puis, la Libération venue, de « mettre le monde du travail au centre de la vie nationale » comme y invitait le CNR. En clair, le PCF encore fièrement marxiste et léniniste d’alors invitait la classe ouvrière à revendiquer la succession de la bourgeoisie française faillie en vue de continuer l’histoire de France: unité du combat patriotique et du combat de classe pour répondre à l’appel de Marx invitant le prolétariat de chaque pays à « devenir la nation ». Et cette alliance des deux drapeaux s’accompagnait d’un appel à « rendre à la nation » les moyens de production monopolisés par la finance et à fusionner le combat antifasciste, le rétablissement de l’indépendance nationale, le refus du nouvel empire américain en construction… et le réarmement de l’impérialisme allemand sous le mot d’ordre fallacieux de « construction européenne ».
Or non seulement Roussel défend, comme son poulain Léon Desfontaines, la fable selon laquelle on peut « réorienter l’euro et l’UE du dedans, dans un sens progressiste et pacifique » (et pourquoi pas, pendant qu’on y est et comme y invitait jadis le leader eurocommuniste italien Berlinguer, « construire le socialisme dans le cadre de l’OTAN »?), mais il vote à l’Assemblée nationale les crédits permettant l’envoi d’armes lourdes au régime pronazi et pro-OTAN de Kiev. A tous niveaux, le PCF roussellien est engoncé dans l’alliance NUPES, préférentiellement d’ailleurs avec son aile droite PS et EELV, qui est notoirement belliciste et fédéraliste. Roussel avait déjà publiquement jeté aux orties Lénine, la première expérience mondiale de construction du socialisme, et avec eux purgé la faucille et du marteau, son prédécesseur Robert Hue ayant déjà pour sa part retiré des statuts du PCF les références au socialisme, à la classe ouvrière, à la socialisation des moyens de production et au marxisme. Mais l’ami et concurrent de Roussel, le sénateur PCF Pierre Laurent toujours pontife du PGE porte toujours fièrement à la boutonnière le drapeau bleu de l’UE tandis que nombre de mairies « communistes » totalement désorientées déploient un peu partout le drapeau du régime néo-bandériste de Kiev, voire celui de l’UE, mais ne savent plus hisser le drapeau rouge le 1er mai. Du reste, aucune d’elle n’a répondu positivement à la proposition du PRCF de hisser le drapeau palestinien sur les mairies « communistes » en signe de soutien revendiqué aux malheureux enfants gazaouis… Surtout, ne pas se couper du PS sans lequel presque aucun maire « communiste » ne retrouverait son fauteuil !
Bref, derrière l’alliance rousselienne en trompe-l’oeil du drapeau rouge expurgé des « outils » et du drapeau tricolore coupé de toute forme d’indépendantisme français, flotte le vrai drapeau de ces gens incapables de dénoncer offensivement l’UE en plein « saut fédéral européen » et en pleine marche euro-atlantique vers la guerre mondiale: j’ai nommé le drapeau européen supranational, atlantiste, 100% capitaliste et insidieusement clérical, puisque le haut fonctionnaire européen qui l’avait originellement proposé avait avoué avoir dessiné un drap marial bleu frappé de la « médaille miraculeuse » des douze apôtres…
Combien il serait plus franc, au lieu de feindre prolonger les combats passés, d’avouer qu’on ne croit plus, ni à l’avenir d’une France indépendante, ni à la survie de la langue française, ni à l’internationalisme prolétarien déployé à l’échelle du monde (tout autre chose que le supranationalisme euro-atlantiste), ni, tout bonnement, au communisme. Cette franchise permettrait du moins d’aider les communistes à reconstruire un vrai parti de combat !
GG pour www.initiative-communiste.fr