Le 27 mai 2012, dans un grand silence médiatique, nous commémorons le 69ième anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance (CNR). En effet, le 27 mai 1943, 16 organisations de Résistance décidèrent de s’unir pour bouter l’occupant nazi hors de France.
* Huit mouvements de Résistance intérieure.
* Deux grandes confédérations syndicales.
* Et six représentants des principaux partis politiques.
Le CNR représentait alors le large prisme politique de la Résistance.
Moins d’un an plus tard, c’est-à-dire le 15 mars 1944, les membres du Conseil National de la Résistance à l’unanimité, signèrent un programme qui avait été écrit par le communiste Pierre Villon, en étroite collaboration avec les chefs de la Résistance armée communiste, Benoît Frachon et Jacques Duclos.
Ce document ne se limitait pas seulement à la coordination d’actions militaires, mais il établissait un véritable programme de gouvernement qui préconisait notamment:
* L’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale.
* Le retour à la Nation des grands moyens de production monopolisés fruit du travail commun,
* Des sources d’énergies, des richesses des sous-sols, des compagnies d’assurance et des grandes banques.
* La garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa
famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine.
* Un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence,
dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’Etat.
Au moment même où notre peuple vient de condamner les gouvernants qui ont supprimé des centaines de classes et n’ont pas remplacé des milliers de salariés de l’Education Nationale, il semble opportun de rappeler ce paragraphe du programme.
La possibilité effective pour tous les enfants de bénéficier de l’instruction la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient accessibles à tous ceux qui en auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance, mais de mérite et constamment renouvelée par les apports populaires.
Ce programme, également appelé « Le programme des jours heureux » nous a été légué, par des Résistants, qui ont combattu, ou qui sont morts sous la torture dans les geôles de la police, de la milice ou de la Gestapo.
Des Résistants qui ont supporté l’insupportable et se sont sublimés à leur insu, uniquement parce qu’ils avaient la conviction absolue que leurs sacrifices ne seraient pas vains, qu’ils n’allaient pas mourir pour rien, et qu’ils allaient permettre de changer ce monde.
Que les survivants sauraient bâtir un monde de Paix, de Justice et de Liberté. Un monde dans lequel les mots : guerre, faim, oppression, racisme, torture seraient bannis à jamais. En un mot, un monde dans lequel, il ferait bon vivre.
Le programme du CNR est là et bien là, plus d’actualité que jamais, pour rappeler et pour démontrer que les raisons fondamentales de l’engagement dans la Résistance, allaient bien au-delà de la libération de notre pays.
D’ailleurs ces exigences étaient tellement expresses, qu’elles amenèrent le Général de Gaulle à exprimer cette volonté en déclarant :
La France … veut que cesse un régime économique dans lequel les grandes sources de la richesse nationale échappaient à la Nation, où les activités principales de la production se dérobaient à son contrôle, où la conduite des entreprises excluait la participation des organisations de travailleurs et de techniciens, dont, cependant,elle dépendait.
Elle veut que les biens de la France profitent à tous les Français, que sur ces terres, pourvues de tout ce qu’il faut pour procurer à chacun de ses fils un niveau de vie digne et sûr, il ne doit plus se trouver un homme ni une femme de bonne volonté qui ne soient assurés de vivre et de travailler dans des conditions honorables de salaire, d’alimentation, d’habitation, de loisirs, d’hygiène, qui ne puisse faire instruire ses enfants.
Quant à la place de notre France dans le monde, comment ne pas être frappé par l’aspiration qu’il exprimait alors :
Un tel régime politique, social, économique, devra être conjugué avec une organisation
internationale des rapports entre toutes les nations, telle que, dans un monde dont l’interdépendance est désormais la loi, chaque peuple puisse se développer suivant son génie propre et sans subir aucune oppression politique ni économique.
Qui donc peut encore aujourd’hui, prétendre que notre France ne subit aucune oppression politique ni économique, alors que nos gouvernants et nos élus, nous imposent une Union Européenne « de la concurrence libre et non faussée », avec au cœur de cette dictature capitaliste l’euro, monnaie découlant de Maastricht, basée sur le Deutsch-Mark et traduisant l’arrogance de l’impérialisme allemand ?
Cela étant, comment pourrions-nous continuer d’accepter cette Union Européenne que 15 500 000 Français avaient rejetée en mai 2005, lorsqu’ils refusèrent une Constitution qui les assujettissait entièrement aux « Marchés financiers ».
Une Union Européenne, qui exige que le budget de notre Nation soit établi à Bruxelles par une Commission, dont l’écrasante majorité de nos concitoyens ignorent le nom des membres de cette Commission et qui les a nommés à ce poste.
Une Union Européenne qui ordonne à nos gouvernants de détruire chaque jour un peu plus, les quelques rares acquis du programme du CNR qui nous restent, en exigeant la privatisation par les grandes sociétés financières de tous les biens appartenant à notre pays.
Une Union Européenne, que d’aucuns voudraient essayer de nous faire croire qu’elle peut devenir sociale, alors qu’elle nous entraîne de plus en plus dans une effroyable misère à cause d’une crise, dont nos concitoyens ne portent aucune responsabilité.
En conclusion, nul ne peut contester que le programme du CNR soit totalement antinomique de cette Union Européenne des financiers, faite par des financiers et pour les financiers.
En conséquence, pour défendre le programme du CNR, il nous faut exiger que nos gouvernants respectent le suffrage universel et le vote de 2005 et qu’ils rendent à la France sa liberté et sa totale indépendance.
Mais s’ils refusent de le faire, reprenons à notre compte l’immortel appel du 10 juillet 1940, lancé par Maurice Thorez et Jacques Duclos au nom du PCF clandestin : « Jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves ! »
* Léon Landini – Officier FTP-MOI – Interné de la Résistance – Grand Mutilé de Guerre – Officier de la Légion d’Honneur – Médaille de la Résistance – Président du Pôle de Renaissance Communiste en France.
* Pierre Pranchère – Résistant FTP dès l’âge de 15 ans – Croix de Combattant Volontaire de la Résistance – Ancien député à l’Assemblée Nationale et au Parlement Européen – Vice Président du Pôle de Renaissance Communiste en France.