La victoire du PS et de ses satellites « verts » et « MRC » à la législative confirme certes, et c’est heureux, la volonté majoritaire de notre peuple de battre l’UMP, le parti qui a mené pendant cinq ans une politique ultra-patronale ou clairement fascisante dans notre pays. Mais cette majorité PS ne doit pas occulter les mouvements de fond de l’opinion française, dans un pays saccagé par la crise capitaliste et par la « construction européenne », qui vit une grave crise d’identité.
Tout d’abord, une presque majorité d’électeurs, une majorité sans doute dans les quartiers populaires, n’est pas allée voter. C’est bien entendu l’effet délétère du quinquennat, mis en place par Chirac et Jospin avec l’abstention complaisante du PCF, qui réduit à rien le rôle du parlement en faisant de la législative l’ombre portée d’une présidentielle ultra-personnalisée. Mais la montée de l’abstention témoigne surtout du fait que l’électorat populaire se détache et se détachera de plus en plus d’un système politique qui ne propose rien d’autre qu’une alternance factice qui ne met jamais en cause le « socle commun » des partis dominants : l’acceptation de la mondialisation capitaliste et de la « construction européenne » pour le seul profit des dix mille familles ultra-riches qui dominent notre pays.
Par ailleurs, il faut dire clairement que, sur le plan idéologique, le glissement réactionnaire de notre pays se poursuit. Même si le FN n’a que peu d’élus en raison du mode de scrutin, ce parti est porteur d’une dynamique politique qu’il mettra entièrement au service de l’ultra-droitisation de la vie politique avec son « rassemblement bleu marine ». Encore plus gravement, l’UMP, qui est débarrassée de Bayrou, est très largement aspirée dans le sillage du FN : la masse des électeurs de droite déclare désormais qu’elle préfère sans états d’âme voter pour un candidat lepéniste plutôt que pour la gauche en cas de duel au second tour : c’est le honteux résultat de cinq années de sarkozysme, c’est-à-dire de stigmatisation échevelée des immigrés, des « musulmans », des « rouges », des syndicalistes de lutte, des enseignants, des fonctionnaires, des chômeurs (pardon : des « assistés »). Les bases politiques d’une « UM’Pen », d’une « UM’Pen », d’un front ultra-réactionnaire et fascisant usurpant le drapeau tricolore, existent objectivement et subjectivement.
Mais le glissement à droite se ressent aussi DANS la gauche. D’abord parce que l’orientation du PS est clairement néolibérale avec les Fabius, Moscovici et les autres partisans à tous crins de l’atlantisme, de l’européisme et du social-libéralisme – socialisme en paroles, néo-libéralisme en fait ! En réalité, le PS se prépare déjà, sous le mot d’ordre de l’austérité « juste », à faire lourdement payer les couches moyennes et populaires pour « sauver l’euro » et « rembourser les prétendues dettes » aux usuriers de la finance : le discours prononcé ce soir par Ayrault en est le signe très clair : une fois passés les flonflons électoraux, l’heure est aux « sacrifices ».
Dans l’immédiat, le PS veut ratifier la « charte européenne des langues minoritaires et régionale », inspirée par l’Allemagne : l’objectif de ce texte européen est de fragiliser encore davantage la langue française et de promouvoir un découpage ethno-linguistique du pays lourd de conséquences pour les services publics d’Etat ; en outre, le programme de Hollande comporte l’engagement d’approfondir l’euro-régionalisation du pays sous le nom de « nouvel acte de la décentralisation » : c’est exactement ce qu’exige le MEDEF dans son manifeste « Besoin d’airE » : le MEDEF y revendique la « reconfiguration des territoires » et le choix d’une « nouvelle patrie, les Etats-Unis d’Europe ». Cela signifie en clair que, pour écraser définitivement le mouvement ouvrier français, le grand patronat veut mettre un point final à l’histoire de France. Comment les militants ouvriers n’en tireraient-ils aucune conséquence pour leur propre combat de classe ?
Sur la gauche de la gauche, le « PC »/PGE qui ne s’est même pas battu sous ses couleurs et le front de gauche subissent un grave recul et sont hors d’état d’obtenir un groupe parlementaire, sauf renégociation avec le PS. Dès le premier tour, des sièges communistes historiques en Seine-St-Denis ou dans le Val-de-Marne, dans les Hauts de Seine (Gennevilliers) sont perdus au profit du PS qui continue indécemment de « plumer la volaille communiste », comme il le fait depuis Mitterrand.
Certes on peut savoir gré à Mélenchon d’avoir suscité l’espoir avant le premier tour des présidentielles et d’avoir réintroduit les thèmes patriotiques dans une gauche qui, depuis la mutation euroconstructive , liquidatrice et réformiste du « PC »/PGE avait abandonné les couleurs de la France à la réaction. Mais le Front de gauche paie lourdement le fait que pendant des mois et des mois, il a totalement décalé l’engagement populaire sur le seul terrain électoral, qu’il ne s’est jamais organisé « en bas » et en lien avec les luttes, pendant que la direction des confédérations syndicales, état-major de la CGT inclus, a pratiquement stoppé les luttes sociales d’ampleur pendant l’élection. Et surtout, comment le « PC/PGE » et le Front de gauche pourraient-ils retrouver le cœur de la classe ouvrière en DEFENDANT l’EURO, en déclarant de manière surréaliste que « l’Europe est à nous », que « l’euro est notre monnaie », comme ils l’ont fait sur la pression du Parti de la Gauche Européenne dont Pierre Laurent est le président ? Sur de telles bases, on ne peut pas unir les classes populaires et on rassemblera de moins en moins les classes moyennes qui vont être PRESSUREES comme JAMAIS au nom de l’euro. Comment en outre faire la différence avec le PS alors que jamais, le « PC/PGE » n’a déclaré avant l’élection, s’il irait au gouvernement ou s’il choisirait l’opposition populaire ? Le PRCF est pleinement légitime à produire ces critiques UTILES puisque, là où le Front de gauche a accepté de débattre, le PRCF lui a au cas par cas apporté un soutien critique.
Tout en se félicitant de l’élection brillante de Jean-Jacques Candelier, un député franchement communiste qui a succédé à Georges Hage dans le nord et qui était seul en piste au second tour, le PRCF appelle à nouveau à:
* Construire une Convergence d’Action Communiste (un « CAC rouge » !) portant la bataille contre la fascisation et l’euro-austérité, pour la rupture révolutionnaire de la France avec l’UE, contre les guerres impérialistes; construire cette convergence imposera de privilégier l’action commune contre l’UE plutôt que l’allégeance aux appareils qui, d’échec en échec, conduisent le communisme français et la nation aux pires impasses ; il faudra aussi que les communistes, renouant avec l’héritage du grand PCF du Front populaire, de la Résistance et du Conseil National de la Résistance réapprennent à porter ensemble les deux drapeaux révolutionnaires de notre peuple, le rouge frappé des outils ouvrier et paysan et le tricolore frappé du bonnet phrygien, et qu’ils osent aussi se confronter au gauchisme, cet allié objectif de l’euro-destruction du pays, dont l’hostilité irrationnelle à la nation fait d’autant plus le jeu du MEDEF qu’elle se dissimule sous le masque d’un pseudo-combat de classe
* Consolider le front des syndicalistes de classe : il est stratégique, face à l’euro-austérité maintenue et peut être aggravée qui se profile, de préparer une grande rentrée de lutte ; ce n’est pas l’action revendicative qui fera le jeu de l’UM’Pen, c’est au contraire la passivité face à l’étranglement du peuple français au nom de l’euro. Plus que jamais chaque syndicaliste de lutte doit poser la question aux salariés : le salut de LEUR euro vaut-il qu’on lui sacrifie la Sécurité sociale, les services publics, le « produire en France » industriel et agricole, les retraites, les salaires, la souveraineté budgétaire et politique de notre pays ?
* Multiplier les contacts pour mettre en place un NOUVEAU CONSEIL NATIONAL DE LA RESISTANCE ouvert à tous les patriotes progressistes et à tous les internationalistes sur les bases de principe qui, à l’appel du PCF clandestin, fédérèrent notre peuple sur les principes d’indépendance nationale, de démocratie populaire et participative, de nationalisation des secteurs clés de l’économie, de planification démocratique, de laïcité, de progrès social, de coopération internationale, d’antiracisme et d’antifascisme, de rôle central du monde du travail dans la vie politique.
Durant toute la campagne électorale, les militants bénévoles du PRCF auront diffusé des dizaines de milliers de « programme candidats » et d’affiches appelant à « dégager » Sarko, l’euro, l’UE et le capitalisme. Sans se laisser impressionner, ni détourner de ce travail d’avant-garde par les menaces, les attaques ignobles et bassement calomnieuses de quelques flancs-gardes de l’euro-réformisme, le PRCF continuera avec confiance son travail unitaire sur des bases de principe, des bases communistes et franchement anti-Maastricht.
Le PRCF appelle tous les communistes fidèles aux valeurs du grand Parti Communiste Français historique à le rejoindre dans son combat pour l’unité des communistes de France, pour l’indépendance nationale et pour le socialisme, seule issue de fond pour la classe ouvrière et pour la nation.