Pressé par la droite qui veut rééditer en Syrie l’aventure libyenne (laquelle a déstabilisé – outre la Libye elle-même, en proie à de violents désordres dont on n’entend pas parler ou que très peu – toute l’Afrique occidentale en plongeant le Mali dans le malheur, pour commencer !), les « pacifiques » Hollande et Fabius s’empressent de prendre la tête du camp des va-t-en guerre en Syrie.
Hollande annonce qu’il reconnaîtra aussitôt un éventuel « gouvernement » du prétendu « conseil national syrien » et que, si ce gouvernement fantoche dont l’idée germe à Paris et à Washington le réclame, la France interviendra militairement en Syrie. Bien entendu, l’emballage est « humanitaire » – encore que, le 25 Août, dans son discours lors de la cérémonie de commémoration de la Libération de Paris, Hollande ait bel et bien dit : « Ce régime [syrien] disparaîtra parce que – et c’est la leçon que nous pouvons livrer au monde – quand la liberté est en marche, rien ni personne ne peur l’arrêter. La France a pris et prendra les initiatives nécessaires en soutien de la révolution syrienne, sur le plan politique, sur le plan diplomatique, sur le plan humanitaire pour aider au soulèvement ». Bien entendu, il s’agit pour l’instant de « rester dans la légalité internationale » – par crainte des représailles russes ou chinoises (on sait moins que l’Inde et le Brésil sont plus que réticents à l’idée d’une intervention de l’OTAN en Syrie…). Mais qui ne voit que la mise en place de « zones tampons », de « couloirs aériens », de « zones d’exclusion » par les armées occidentales, conduiront nécessairement à une nouvelle guerre totale contre un pays arabe, au risque d’embraser aussi le Liban puis l’Iran – un pays qu’Israël se prépare à frapper de son côté alors que de notoriété publique, Tel Aviv s’est illégalement dotée depuis longtemps de l’arme nucléaire!
Bref, une fois de plus, ces bonnes âmes (si manifestement éprises de Liberté, Egalité, Fraternité – il n’est que de voir comment les choses se passent en France!) se préparent, à l’appel du « philosophe » guerrier BHL, à créer les prémices d’une nouvelle guerre régionale, voire pire avec tout ce que cela signifiera inévitablement : violation du droit des nations à disposer d’elles-mêmes sans ingérences externes, éclatement vraisemblable de l’Etat syrien « à l’irakienne », arrivée au pouvoir d’intégristes fanatiques ; sans parler des frais énormes occasionnés au budget national par ce type d’aventure alors qu’on nous raconte que l’Etat français n’a même pas les moyens de maintenir la retraite à 60 ans pour tous ou de remplacer les fonctionnaires qui partent à la retraite (déjà 6 sur 7 ne sont plus remplacés à l’Equipement)…
Une fois de plus, le PS fait mine de « traîner les pieds » devant une intervention impérialiste puis, quand la droite fronce les sourcils, le vieux parti social-impérialiste de Jouhaux, de Guy Mollet et de Mitterrand – ces piliers des guerres impérialistes et coloniales – s’empresse de montrer qu’il n’est pas moins belliqueux que la droite…
Avec en prime le jésuitisme propre à Laurent Fabius ; car en réalité, Hollande feint de « venir à l’aide » de ses commis syriens (depuis des mois la France jette de l’huile sur le feu et arme les insurgés syriens, comme le fait la Turquie, l’Arabie saoudite, la CIA et le Qatar, ces parangons de démocratie…) alors que – comme chacun peut le constater – c’est Hollande qui dicte de Paris la marche à suivre aux « opposants » syriens avec pour seul objectif de permettre à l’impérialisme occidental de re-coloniser la Syrie en sauvant les apparences d’un « appel à l’aide » venu de Damas d’une prétendue « révolution syrienne », de Damas même ! Il est vrai que la Syrie et le Liban sont les plus anciennes colonies françaises : la première colonisation de ces deux pays – et de la Palestine – date des Croisades et la seconde colonisation date du « mandat » colonial attribué à la France par la SDN à l’issue de la guerre de 14/18.
Dire cela ne signifie en rien donner un blanc-seing à quelque « régime » que ce soit. C’est simplement rappeler que ceux qui veulent instaurer la « démocratie » en Syrie (avec l’aide d’Al Qaida et des Emirats ?) n’ont pas été si regardants quand l’Arabie saoudite a, tout récemment, écrasé la révolution populaire au Bahrein. Alors il n’était pas question de « régime » saoudite et personne à Paris ou à Washington n’a réclamé une intervention militaire pour châtier les envahisseurs saoudiens. Monsieur BHL était sûrement alors à Cannes en train de parader dans le dernier navet à sa gloire que lui ont offert ses parrains impérialistes pour le remercier de ses arrogants services dans la recolonisation récente de la Libye.
Plus que jamais, les progressistes français doivent apprendre le doute méthodique à l’encontre de la propagande totalitaire qui déferle sur notre pays à propos de la Syrie (comme de Cuba, du Venezuela, etc. où l’on n’entend jamais qu’UN son de cloche dans les médias). Que chacun se souvienne que « les peuples n’aiment pas les missionnaires bottés » (Robespierre) et que l’impérialisme est l’ennemi principal des peuples et de la paix.