Monsieur Copé ose parler de « racisme anti blanc ».
J’ai vécu à Brazzaville de novembre 1960 à mai 1962.
J’y ai vu la misère, la misère profonde, la misère qui tue ; des gosses qui fouillaient les poubelles de l’armée française pour pouvoir survivre ; l a moitié d’une ville se prostituant pour nourrir l’autre moitié. L’insalubrité gluante porteuse de toutes les maladies régnait dans les quartiers africains, qui étaient des bidonvilles, pas d’électricité dans les cases, pas d’eau courante. Dans les rues traînaient les immondices un quartier de Brazza s’appelle Poto Poto ( la boue) c’est tout dire.
Les colons blancs eux, les gens de l’administration coloniale, vivaient dans le beau quartier du Plateau, dans d’agréables villas servis par leurs boys « nègres ». La population était mise en coupe réglée par les colons blancs, les maîtres, qui traitaient les « négros » ces « mangeurs de manioc » avec le mépris et la haine et n’hésitaient pas à utiliser la chicote (la cravache des colons) pour se faire mieux obéir.
Une population terrorisée par l’armée française, j’ai vu les paras descendre dans les marchés ravager les pauvres étalages, brûler des cases, par simple plaisir sadique. Plusieurs fois j’ai du intervenir manu militari pour empêcher des viols. J’ai vu une population écrasée par l’occupant français. Les descentes dans les villages pour y razzier les hommes qu’on envoyait en France pour les besoins du capital.
Je ne parle pas des milliers de « tirailleurs », chair à canon des deux guerres mondiales ! Lorsque je vivais à Brazza les mères congolaises si leurs gosses n’était pas sages les menaçaiten de les donner à Bottafoco, cet administrateur colonial des années 1930 qui avait institué le travail forcé généralisé et faisait brûler les villages qui refusaient de remplacer les cultures vivrières par l’hévéa.
Personne au Congo n’a oublié que la construction du Congo Océan a coûté la mort de 17 000 personnes en raison du travail forcé. En 1930, la France, comme l’Espagne et le Portugal a refusé de ratifier la convention internationale contre le travail forcé. Et ce n’est qu’en 1946 que le travail forcé sera interdit dans les colonies. La colonisation a reposé sur un état d’exception permanent à l’encontre des « indigènes. ».
Et pourtant chez ce peuple spolié, chez ce peuple martyrisé, chez ce peuple victime dès le 16° siècle de la traite des esclaves, jamais je n’ai entendu un propos de caractère raciste. Certes une colère profonde et combien justifiée contre l’exploitation colonialiste, mais jamais de « racisme anti blanc » monsieur Copé. Mais qui êtes vous donc pour oublier tous les crimes de la colonisation, tout le martyr enduré par le peuple noir à cause de gens comme vous ! Monsieur Copé votre volonté de marcher sur les traces du FN vous fait dépasser certaines limites. Il est des phrases qu’on ne doit pas prononcer quand on est « blanc » !
JP Hemmen