Le PRCF et les Clubs « Penser la France » publient le texte suivant à l’occasion du 220ème anniversaire de l’exécution de Louis XVI.
220ème anniversaire de l’exécution de Louis Capet, acte fondateur de la première République
Face à l’UM’Pen qui veut criminaliser officiellement Robespierre
Face au MEDEF, à l’UE et aux partis maastrichtiens qui défont la République,
NOUS CONTINUONS LE COMBAT RÉVOLUTIONNAIRE POUR LA REPUBLIQUE SOUVERAINE, SOCIALE, UNE ET INDIVISIBLE
Le 21 janvier 1793, le ci-devant roi Louis XVI, détrôné par l’insurrection populaire du 10 août 1792, convaincu d’intelligence avec l’ennemi, déchu de son titre et condamné à mort par la Convention, était décapité place de la Révolution (ex place Louis XV, future place de la Concorde). « On ne règne pas innocemment », commentait Antoine Saint-Just qui, aux côtés de Robespierre prit alors la direction, dans les pires conditions qui soient (coalition contre-révolutionnaire de l’Europe monarchique, rébellion cléricale de la Vendée, fédéralisme girondin menaçant l’unité territoriale du pays), du Comité de salut public installé par les Jacobins sous la poussée du peuple Sans-Culotte.
Ce fut alors, non sans tragédies ni injustices, mais dans un élan sublime que Victor Hugo a salué dans son roman-épopée Quatre-Vingt-Treize, la lutte à mort entre, d’une part, les forces sanglantes du passé, qui voulaient raser Paris, asservir et diviser la France, en finir avec les « Lumières », et d’autre part les « soldats de l’An II » partis « à l’assaut des nues » sous la direction des Jacobins et de la Commune parisienne dominée par le peuple des faubourgs.
A l’arrivée, l’invasion qui menaçait la France fut terrassée, la chouannerie réduite, la République une et indivisible établie, la France constituée en État national, l’Ancien régime et les privilèges abattus, la propriété féodale abolie, même si les conditions économiques de l’époque ne pouvaient permettre au peuple travailleur de diriger le nouveau régime: avec le renversement et l’exécution sommaire de Robespierre, ce fut au contraire la grande bourgeoisie « thermidorienne », un moment rejetée à l’arrière plan par l’alliance du peuple et des députés de la « Montagne », qui prit en mains les destinées du pays en persécutant la gauche jacobine, en muselant le peuple parisien, en abattant le mouvement égalitariste de G. Babeuf et en préparant la victoire du régime impérial de Napoléon Bonaparte. Il est significatif qu’à notre époque la Mairie de Paris n’ait toujours pas dédié ne serait-ce qu’une rue de la capitale à Marat, à Robespierre ou à Rossignol, le chef de file du Faubourg Antoine !
Mais aujourd’hui, rappeler le 21 janvier 1793 et l’œuvre du Comité de salut public ne relève pas seulement du devoir de mémoire envers les grands révolutionnaires, disciples de Rousseau, qui établirent la République au péril de leur vie. Le peuple français doit désormais faire face à une entreprise sans précédent de démontage de la République et de dissolution de la nation. Les oligarques de la finance et du capital, suivis par nombre de « people » scandaleusement nantis, déclarent ouvertement la guerre à leur propre pays, encouragent à le quitter et choisissent sans honte de s’expatrier vers les paradis fiscaux alors que des millions de Français vivent dans la pauvreté. Sur le plan culturel, nombre de dirigeants politiques, médiatiques et patronaux font même l’impossible pour substituer l’anglais des affaires à la langue de Molière: en cela l’aristocratie du capital imite les nobles d’Ancien régime qui émigraient à Coblence, ralliaient les armées ennemies et reniaient leur propre pays pour recouvrer leurs privilèges.
Or, parce qu’il sert la funeste « construction » européenne et qu’il entend contribuer à instituer l’ « Europe fédérale » – nom du futur Empire européen centré sur Berlin – le pouvoir actuel entreprend méthodiquement de briser la République une et indivisible, de dissoudre l’État-nation et de désétablir la langue française (prochaine ratification de la Charte européenne des langues minoritaires et régionales, acte III de la décentralisation, référendum de février érigeant l’Alsace en « région européenne tournée vers l’espace germano-suisse », manifeste du MEDEF réclamant la « reconfiguration des territoires », des transferts de souveraineté vers Bruxelles et Francfort, mise en place de la « nouvelle patrie » de Laurence Parisot: les « États-Unis d’Europe » dirigés depuis Berlin, cela en violation grossière du Non éclatant opposé par le peuple français au projet de constitution européenne).
Le but de ces manigances est de briser tous les acquis sociaux que le monde du travail a arrachés au capital dans le cadre de l’Etat nation, notamment les statuts publics, la Sécurité sociale, les régimes de retraite, les conventions collectives, le SMIG et le droit du travail. Pour infliger une défaite décisive à la classe des travailleurs salariés, le pouvoir est même prêt, par delà les bavardages « démocratiques » à démolir les conquêtes politiques provenant de la Révolution française ou de ses suites historiques: souveraineté nationale et populaire, égalité de tous les territoires français devant la loi, séparation laïque de l’Etat et de la République (l’UE institutionnalise au contraire le « dialogue avec les religions »,les particularismes et les communautarismes ethniques).
Dans ces conditions, il est indispensable que les véritables républicains
* défendent haut et fort la Révolution française, sans se laisser impressionner par le climat contre-révolutionnaire et grossièrement antijacobin actuel; il ne s’agit évidemment pas d’idéaliser le passé, de nier les fautes ou les excès commis dans le feu d’une guerre de classes déjà continentale, mais d’assumer le choix révolutionnaire et de le prolonger dans les conditions de notre temps contre toutes les idéologies antirépublicaines et contre-révolutionnaires;
* défendent POUR LA TRANSFORMER ET FAIRE ÉMERGER LA RÉPUBLIQUE SOCIALE la République laïque, une et indivisible en s’opposant frontalement à la « construction » européenne. Il est aussi absurde aujourd’hui de rêver d’une « UE sociale » qu’il était aberrant hier d’espérer une Europe démocratique dans le cadre du Traité de Vienne et de l’Europe de Metternich.
* appellent à prendre appui sur le meilleur de l’héritage national progressiste, combats séculaires pour l’indépendance nationale, mouvement d’idées de l’humanisme, du rationalisme et des Lumières, Révolution française et révolutions populaires de 1830, 1848 et 1871, mouvements laïques de 1881 et de 1905, luttes ouvrières, antiimpérialistes et antifascistes, Front populaire, Résistance patriotique, réformes progressistes de 1945/47, et plus près de nous, grandes grèves et manifs de 1968, 1995, 2003, 2006, 2010; alors que les oligarques et leurs chiens de garde idéologiques s’efforcent de discréditer toute forme de révolution en France et dans le monde, il importe que les citoyens, et spécialement la jeunesse, se réapproprient l’histoire du mouvement progressiste et démocratique.
C’est indispensable pour sauver notre pays menacé de désintégration rampante et pour construire un nouveau Conseil national de la Résistance qui, brisant la prison qu’est l’UE oligarchique, retirant la France du FMI, de l’OTAN et des autres institutions de la mondialisation capitaliste, rendra à notre peuple son indépendance politique, sa capacité à coopérer avec tous les peuples, à reconstruire le « produire en France » industriel et agricole, à redynamiser une culture française vivante et créative, à rendre aux travailleurs l’espoir d’un monde de liberté, d’égalité, de fraternité et de « lumières communes ».
Signataires
* Pôle de Renaissance Communiste en France
* Clubs Penser la France