Il y a 40 ans le gouvernement et le Président des États-Unis décident de renverser le gouvernement chilien d’Unité Populaire (UP).
Celle-ci est composée du PC, PS, PSD, MAPU, Chrétiens de gauche et bénéficie du soutien de la CUT (Centrale unique des travailleurs, le puissant syndicat du Chili). Le candidat de l’UP à la Présidence de la République, Salvador Allende, est élu à la majorité relative le 4 septembre 1970. Allende obtient 36,3 % des voix, le candidat de la droite 34,9 % et celui de la démocratie chrétienne 27,9 %. Il ne faut en aucun cas oublier ce rapport de forces au Chili pour comprendre la suite des événements.
Nixon déclare avec son élégance habituelle de maccarthyste : « Il faut écraser au plus tôt ce fils de pute ! ». Une immense opération de subversion se met alors en place pour renverser le Président du Chili, Allende. Opération placée sous la coupe de l’âme damnée de Nixon, le criminel Henri Kissinger. Avec la participation de la CIA et bénéficiant des moyens immenses mis à la disposition des fascistes et de la droite chilienne par les grands groupes capitalistes des États-Unis (qui sont nationalisés par l’Unité Populaire).
Dès le premier jour, cette conjuration frappe : Allende n’est pas encore investi que le général en chef de l’armée chilienne est assassiné pour provoquer un coup d’Etat. Mais il est trop tôt et le dispositif légal tient le coup.
Commence alors une lutte sans merci entre les USA et la bourgeoisie chilienne et l’Unité Populaire et les masses populaires. En 1973 lors des dernières législatives avant le golpe, l’UP obtient 63 députés sur 150 que compte la Chambre : la droite est majoritaire et prépare avec Kissinger la phase finale de son plan subversif. La base de masse de la réaction lui permet de manipuler une partie de l’opinion, une véritable stratégie de la tension est mise en place qui aboutira le 11 septembre 1973 au putsch de Pinochet, qu’Allende venait de nommer à la tête de l’armée chilienne, le croyant respectueux de la légalité.
Le fasciste Pinochet et le criminel américain Kissinger
Le Chili de Pinochet devenait, après avoir démoli tous les acquis sociaux et nationaux de l’UP, le terrain d’essai des « Chicago boy ». Des économistes ultra-libéraux venus de Chicago et qui expérimentèrent au Chili les recettes que bientôt Thatcher et Reagan vont étendre au monde capitaliste et qui ont abouti à la crise économique dans laquelle nous sommes plongés pour le plus grand bénéfice du très grand capital.
Allende comptait organiser un référendum qui pouvait permettre soit une légitimation de l’UP qui aurait eu ainsi les moyens politiques d’affronter la subversion impérialiste et de la bourgeoisie chilienne, soit un repli en bon ordre de l’Unité Populaire en cas de défaite. Mais cette perspective a effrayé aussi bien la droite et la démocratie chrétienne chiliennes que leur maître de Washington, qui ont avancé la date du coup d’état au 11 septembre 1973.
40 ans sont passés. La blessure reste au cœur de tous ceux qui ont vécu ces tragiques événements historiques. Les leçons du Chili ont-elles été tirées ? Vaste sujet de réflexion qui ne manque pas de ressurgir régulièrement depuis 40 ans.
Nous pouvons esquisser quelques pistes :
* tenir compte, dans toutes ses dimensions et conséquences, des rapports de forces,
* tenir compte de la lutte des classes, c’est-à-dire ne se faire aucune illusion sur l’attitude de l’impérialisme et de la bourgeoisie face à un danger vital pour ses intérêts,
* tenir compte et tirer les conséquences quant à la ligne politique des communistes, des progressistes et des patriotes, que la dimension sociale de notre combat doit être impérativement liée à sa dimension nationale (identifier combat pour l’émancipation sociale et combat pour la souveraineté nationale-populaire) et cela pour des raisons stratégiques et tactiques pour élargir la base de masse de la révolution, seul moyen d’engager le bras de fer avec un minimum de chances de le gagner,
* tenir compte de la dimension internationale du rapport de forces en construisant un réseau d’alliances anti-impérialistes dans le monde.
Le Président Allende dit lors de son ultime intervention avant sa mort héroïque :
« Si on m’assassine, le peuple suivra sa route, suivra son chemin même si les choses seront plus difficiles et plus violentes. Et ce sera une leçon objective très claire pour la majorité de ces gens que rien n’arrête… Allez de l’avant tout en sachant que bientôt s’ouvriront de grandes avenues sur lesquelles passeront des hommes libres de construire une société meilleure.
Vive le Chili ! Vive le peuple ! Vivent les travailleurs ! Ce sont mes dernières paroles. J’ai la certitude que le sacrifice ne sera pas inutile. Et que pour le moins il aura pour sanction morale : la punition de la félonie, de la lâcheté et de la trahison ».
Dernier discours de Salvador Allende, le 11 septembre 2013
http://www.youtube.com/watch?v=ufHIrEEl0_o
http://www.dailymotion.com/video/xhvnu8_ultimo-discurso-de-salvador-allende-en-radio-magallanes_news