A propos du « matraquage fiscal », par Floréal.
Persévérant sans complexe dans la voie de l’euro-austérité, le budget 2014 programme dix-huit milliards supplémentaires d’économies sur la Sécurité sociale et sur les services publics déjà exsangues. Dans le même temps, la pression fiscale augmente lourdement sur la masse des Français. Des centaines de milliers de gens modestes qui n’étaient pas imposables le deviennent subitement. Dans ces conditions, il est facile pour la droite de mettre en avant le « ras-le-bol fiscal » en sommant le gouvernement d’accélérer les suppressions de postes dans la fonction publique, de porter à 65 ans l’âge légal du départ à la retraite… et d’alléger toujours plus, non pas l’impôt pesant sur les « classes moyennes », mais les « charges » patronales et la pression fiscale déjà presque nulle qui pèse sur le CAC 40… Quant au MEDEF, il ose impudiquement réclamer, en groupe de pression grossièrement antirépublicain qu’il est, « la suppression des communes et des départements » (dixit P. Gattaz), à quelques mois des élections municipales !
Faut-il alors dénoncer, sans plus de précision, le « matraquage fiscal » de Hollande ? Faut-il oublier que dans les conditions actuelles, l’impôt, honni des néolibéraux, est un outil de redistribution sans lequel il n’y aurait ni services publics, ni protection sociale, ni développement collectif, ni, tout simplement, nation(s) ?
Ce n’est pas l’impôt « en général » que les vrais progressistes doivent dénoncer, c’est CETTE mauvaise répartition de l’effort fiscal, cette détestable utilisation de l’argent public, toutes deux au service de cette classe capitaliste privilégiée qui n’a plus rien à envier à l’aristocratie d’Ancien Régime.
Nous, militants franchement communistes et franchement progressistes, nous exigeons notamment :
· Une réforme démocratique des impôts majorant sensiblement la pression fiscale sur les grandes fortunes et les actionnaires du CAC 40 : est-il tolérable que ces entreprises ne paient presque rien (alors que les PME payent plein pot), que les cent plus grandes fortunes françaises ont gagné un quart de leur valeur en un an, pendant que les salariés petits et moyens « n’y arrivent plus », sans parler des huit millions et demi de Français qui survivent au dessous du seuil de pauvreté ?
· Une traque systématique à l’évasion fiscale des super-riches dans les « paradis » fiscaux, dont l’un d’eux, la Belgique, sert de siège à l’Union européenne ; une évasion fiscale vingt fois supérieure au « déficit » des caisses de retraite !!!
· Le refus par la France de payer la « dette » qu’elle est censée devoir aux grandes banques privées que l’argent public a sauvées en 2008 ; ces banques, il faut les nationaliser – sans indemnités pour les gros actionnaires – comme d’ailleurs l’ensemble des grandes entreprises stratégiques de notre pays
· La fin de l’austérité salariale qui, en étouffant l’activité productive, détruit l’emploi et… majore mécaniquement la « dette » publique en diminuant les rentrées fiscales de l’Etat : avec la désindustrialisation orchestrée par le MEDEF (facteur de déficit structurel de la balance import-export), le remboursement de la dette publique illégitime est un des principaux vecteurs du surendettement !
· La suppression ou la forte diminution de la TVA sur les produits les plus indispensables à la vie quotidienne des masses
· La fin des guerres, immixtions impérialistes et autres activités impérialistes des gouvernements UMP et PS successifs : car ces guerres ruinent notre pays tout en apportant la mort à d’autres peuples ;
· Enfin et surtout, la sortie de la France de l’euro et de l’UE ; celle-ci constitue d’ailleurs par elle-même le plus gros de tous les matraquages fiscaux que subit le contribuable français ; en effet, moins de la moitié des dix-huit milliards annuels versés par la France (« contributeur net ») à l’UE revient à notre pays sous forme de « subventions européennes » (en plus il faut dire merci !). La différence est utilisée par Bruxelles, non pour développer les pays européens du sud et de l’Est, mais pour mettre en musique les politiques de misère orchestrées par la « Troïka » de Lisbonne à Sofia.
Plus généralement, il faut sortir de cette prison des peuples qu’est l’UE, il faut en finir avec cette zone euro-mark qui n’est qu’un protectionnisme déguisé pour les industries allemande et américaine, il faut rendre au peuple sa souveraineté politique, monétaire et budgétaire : non pour revenir au « statu quo ante » d’avant-Maastricht, mais pour revitaliser les idéaux du CNR, mettre en place de nouveaux traités internationaux progressistes et pour affronter la domination du grand capital sur notre pays. Pourquoi ce que les ministres franchement communistes de 1945, Thorez, Croizat, Marcel Paul, Billoux, Tillon, ont réussi à mettre en place à la Libération (Sécu, retraites par répartition, conventions collectives, etc.), alors que la France était ruinée par la guerre, serait-il devenu « insupportable » aujourd’hui alors que notre pays est cent fois plus riche qu’en 1945 ?
Bref, notre mot d’ordre n’est pas « moins d’impôts ! » : pas question de suivre la droite et ses émules du PS quand ils désossent la protection sociale et les services publics ; notre mot d’ordre est : TAXONS DUREMENT LES TRES RICHES, DEGREVONS LA CLASSE OUVRIERE et les « COUCHES MOYENNES », agissons pour l’EGALITE dans notre pays ; et dans ce but, construisons une dynamique populaire majoritaire capable de rompre avec l’euro, l’UE, l’OTAN, le capitalisme, pour bâtir une vraie société socialiste débarrassée des « matraqueurs » du tout-profit !
Chers camarades,
Je pense qu’il serait souhaitable, afin de ne pas prêter à des interprétations subjectives, que nous proscrivions une bonne fois l’utilisation des termes « riche » et « pauvre » pour en rester au vocabulaire marxiste, bien plus précis et situant bien les véritables responsabilités : « exploiteur » et « exploité » !
En effet, on peut toujours être le « riche » ou inversement le « pauvre » de quelqu’un, tandis que les statuts d’exploiteur ou d’exploité reposent sur des données objectives.
Bien fraternellement