Le PRCF publie cette intéressante analyse de nos camarades d’Action Communiste Haute-Normandie.
Avec la constitution du « front de gauche », le PCF donnait à penser à son électorat et à ses militants qu’il mettait un terme à sa stratégie d’alliance avec le PS. La politique européiste et anti sociale du gouvernement socialiste accréditait d’ailleurs cette décision aux yeux du grand public.
Désillusion et incompréhension
On imagine donc sans peine l’ampleur de la désillusion et l’incompréhension qui ont frappé un grand nombre de militants et de sympathisants communistes quand la direction du PCF a décidé, à l’occasion des élections municipales, de remettre au goût du jour des listes d’union avec le PS. Il n’est pas besoin d’être agrégé de politique pour comprendre que ce revirement est entièrement dicté par le souci qu’a la direction du PCF de vouloir conserver le plus grand nombre de ses élus. Cette tactique électoraliste risque de faire long feu car elle conduira certainement à l’abstention, au vote blanc, voire au vote front national, bon nombre d’électeurs choqués par le caractère opportuniste d’une telle alliance qui se révèle de plus en plus contre nature, compte tenu de la politique droitière menée par les socialistes au pouvoir.
Opportuniste parce qu’elle privilégie des intérêts immédiats au dépens des engagements politiques proclamés. L’alliance d’un PCF se réclamant du progrès économique, social et démocratique avec un PS favorisant les actionnaires du CAC 40 aux dépens du peuple, est par ailleurs une entente contre nature et s’apparente au mariage de la carpe et du lapin.Des élus communistes pour quoi faire ?
Naguère, les communistes ne sacralisaient pas les élections. Connaissant les limites de classe de la démocratie bourgeoise, ils ne faisaient pas du vote un moment privilégié des luttes. Bannissant le « crétinisme parlementaire », ils voulaient des élus qui gèrent au mieux les intérêts de la population et surtout qui se saisissent des moyens et de l’audience que leur procurait leur mandat pour convaincre leurs administrés de la nécessité de s’unir dans les luttes afin de mettre un terme au capitalisme.Opportunisme désorienté …
Aujourd’hui, le désengagement de l’état imposé par Bruxelles prive les collectivités locales de ressources importantes. La capacité qu’ont les élus communistes de faire la différence au plan de leur gestion pure s’en trouve considérablement amoindrie. Ce devrait être une raison de plus pour que ceux ci consacrent une part plus importante de leur travail à l’activité politique.
Et sur ce point, l’expression des élus communistes est insuffisante, voire indigente. Dirigé essentiellement par des élus, sans projet de société pour cause d’abandon du socialisme auto gestionnaire, le PCF s’est condamné à verser dans l’opportunisme. L’exercice du pouvoir amenant progressivement ceux qui y accèdent à considérer la conservation de celui-ci comme le but principal à atteindre, les élus sont toujours tentés de privilégier le consensus au détriment de l’affrontement de classe, de ménager l’opinion publique aux dépens de la vérité. La recherche d’ententes électoralistes d’états majors de partis politiques prend le pas sur l’activité militante pourtant nécessaire à la réalisation de l’union du peuple de France. L’absence de projet de société, la baisse voire l’inexistence de l’activité militante, le poids accru des élus, conduisent la direction de PCF à remettre sans cesse à l’œuvre la vieille stratégie d’union avec le PS.… ou affrontement de classe ?
Cependant, de plus en plus de militants protestent contre cet opportunisme désorienté. A Marseille, à Lyon par exemple, les adhérents ont majoritairement refusé les listes d’union avec le PS. Souhaitons que ces refus d’alliances contre nature entraînent chez ces camarades la volonté d’agir afin que le PCF rompe définitivement avec ses orientations politiques pour œuvrer désormais à la réalisation d’un large rassemblement populaire sur ces enjeux majeurs que sont les conquêtes sociales et la souveraineté populaire.