Femmes résistantes (http://lewebpedagogique.com)
« Lénine accordait une grande importance au mouvement des femmes comme étant une partie importante et, dans certaines conditions, la plus importante du mouvement des masses. Il considérait naturellement l’égalité sociale complète de la femme comme un principe qui, pour les communistes, est en dehors de toute discussion. » Clara Zetkin 1924.
D’abord le constat. Terrible.
Une femme meurt tous les trois jours de violences conjugales en France.
47 573 faits ont été enregistrés par la gendarmerie et la police, ce qui constitue une hausse de plus de 30 % par rapport à 2004 (36 231), mais pas une augmentation du nombre de cas : il y a plus de déclarations qu’avant, encouragées par le combat féministe, et il y a une nouvelle définition de la violence conjugale qui inclut, désormais, les violences faites par un ancien conjoint.
Les violences conjugales représentent plus du quart de l’ensemble des actes de violence.
En 2006, 137 femmes sont mortes des coups portés par leur compagnon (soit une femme tous les trois jours) et plus de 3 000 actes de violence ont entraîné une incapacité de travail supérieure à huit jours (en légère baisse, de 3 360 à 3 103).
Statistiquement, cela correspond à 18,7 faits de violence conjugale pour 10 000 femmes, mais avec des pointes dans certains départements au-delà de 30 pour 10 000 femmes.
Les communistes ne sont pas indifférents à un tel phénomène social et au sort de milliers de femmes, c’est-à-dire de milliers d’entre nous. Le combat féministe est le combat des femmes, donc le combat de l’humanité. Nous ne sommes ni indifférents, ni modérément féministes. Nous sommes féministes. A la façon dont les marxistes sont écologistes ou antiracistes ou antifascistes, c’est-à-dire d’un point de vue de classe.
En l’occurrence qu’est-ce que cela veut dire? Cela veut dire que nous pensons que les phénomènes sociaux contre lesquels nous luttons ont des causes sociales, idéologiques, politiques et des solutions sociales, idéologiques et politiques. Que les combats pour la civilisation sont des combats pour l’émancipation du travail contre la domination du capital et que cette libération du Prolétariat conduira à la libération et à la résolution de tous les phénomènes de domination y compris la domination des femmes, « prolétaire du prolétaire » selon la formule de Marx.
Les communistes ont été, dès l’origine de notre mouvement, à l’avant-garde de la libération des femmes. Nos camarades Rosa Luxembourg ou Clara Zetkin furent parmi les premières femmes à porter haut, au sein de mouvement ouvrier et communiste, la dimension féministe de notre combat. Lénine instaura, ce qui est « oublié » par les médias bourgeois, le 8 mars, journée internationale des femmes. Dans tous les pays socialistes, en URSS d’abord et de la Chine à Cuba, le combat pour l’égalité, l’amélioration de la condition des femmes fut une réalité.
Partout, femmes et hommes ont lutté ensemble au sein des partis communistes, des syndicats pour des objectifs émancipateurs pour l’humanité. Les femmes portant leurs revendications spécifiques en synergie avec la dimension libératrice de la lutte de classe.
Pour nous, communistes, donner au combat féministe toute sa dimension et son efficacité implique que les femmes participent au combat anticapitaliste, anti-impérialiste, au combat pour le socialisme et la paix. Et partout les femmes participent au prix d’encore plus de sacrifices et de pugnacité à ces combats. Comme il y a une écologie bourgeoise qui prône le capitalisme « vert », il y a un féminisme bourgeois qui ne veut pas de l’objectif révolutionnaire du féminisme progressiste, qui prétend déconnecter le féminisme du combat de classe.
Or, la domination masculine a ses origines dans les rapports sociaux créés par la capitalisme, alors que le socialisme et le communisme créent des relations sociales qui permettront au combat féministe de s’épanouir, y compris en luttant contre des mentalités héritées du capitalisme, même chez ceux qui le combattent.
Vive donc le féminisme rouge né sous la Révolution de 1789, avec la participation des femmes en tant que telles aux événements révolutionnaires, véritable émergence du mouvement féministe à part entière et qui marque l’entrée de cette thématique sur la scène politique. Avec la Commune de Paris, où l’Union des femmes de la Commune participe au recensement des ateliers, abandonnés par les patrons partis se réfugier à Versailles, et organise des ateliers autogérés. La Commune reconnait l’union libre, elle verse aux veuves de fédérés mariées ou non, ainsi qu’à leurs enfants légitimes ou naturels, une pension. Les femmes mettent en application le décret de séparation des Églises et de l’État dans les écoles et les hôpitaux. Elles se battent, comme Louise Michel et d’autres, sous l’habit des fédérés et elles défendent Paris contre les « versaillais » sur les barricades, une centaine, place Blanche, avec Nathalie Le Mel. Et que dire de la Résistance où, bien que minimisé, le rôle des femmes fut essentiel, des milliers de femmes anonymes aux côtés d’autres plus connues comme Danielle Casanova, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Lucie Aubrac.
Combattre aujourd’hui pour le féminisme c’est combattre pour un salaire égal à travail égal et c’est combattre toutes les formes de machisme, violentes ou dissimulées.
C’est l’honneur des communistes, femmes et hommes, que de mener ce combat.
ARIS