Sans partager le passage de ce texte qui semble reprocher à la CGT de Bretagne (et non à la « CGT bretonne ») de n’avoir pas défilé derrière les bonnets rouges du MEDEF et de l’euro-régionalisme, le PRCF porte à la connaissance des visiteurs de son site cette analyse syndicale intéressante de Jean Lévy, qui alerte sur la signification très négative pour les salariés de la direction confédérale CGT et de la direction « orange », pour ne pas dire pire, de la CFDT, la confédération favorite des médias maastrichtiens et du MEDEF .
Jean LEVY est adhérent de la CGT depuis septembre 1944
L’an dernier, la CFDT, la CFTC, la CGC et l’UNSA signaient ensemble la capitulation de leurs centrales face aux revendications du Medef, soutenues par le gouvernement, dit « socialiste ». Avec l’ANI, sous couvert de recherche de productivité, le patronat obtenait la liberté de licencier, de réduire les salaires, d’allonger les horaires, sans se soucier du Code du travail et des Conventions collectives.
Cet « accord » fut immédiatement dénoncé comme une trahison du monde du travail par la CGT, FO et la FSU.
C’était l’an passé…
Le 23 novembre 2013, Thierry Lepaon et Laurent Berger, au nom de la CGT et de la CFDT, défilaient bras dessus bras dessous en Bretagne, non contre le Medef (c’était impensable pour Laurent Berger), mais contre les « populismes », nom donné aux manifestations de colère de catégories sociales rassemblées contre l’Ecotaxe et les impôts nouveaux qui leur étaient imposés. Certes, les revendications étaient portées par des foules où les salariés étaient très minoritaires, avec une composante patronale inquiétante, la présence de FO ne compensant pas celle-ci.
On pouvait discuter la décision prise ce jour-là par la CGT bretonne de défiler dans d’autres lieux, pour ne pas créer d’amalgame.
Mais la nouvelle et soudaine empathie de la direction confédérale CGT envers la CFDT-ANI pose question.
De même, les objectifs affichés du nouveau couple : la lutte, non contre le MEDEF et le gouvernement à sa botte, mais la rédaction d’un « programme commun » à soumettre à ceux-ci. Ce qui permetteraient aux centrales syndicales (à toutes, sauf à FO), d’évacuer toute possibilité de mobilisation populaire contre la politique de misère dictée par le patronat et mise en musique par l’équipe Hollande.
C’est là que le bât blesse.
Qui a décidé, au nom de la CGT, ce changement de cap ?
Les syndicats et les militants n’ont, nulle part, été consultés.
Certes, la direction confédérale, depuis la journée revendicative du 10 septembre dernier, n’avait jamais envisagé de préparer une suite au 10 septembre.
En la matière d’inaction, Lepaon battait même Bernard Thibault.
De son temps, un défilé par trimestre faisait patienter les militants et servait de défouloir…
Aujourd’hui, plus rien de rien.
Sur fond d’accord avec la centrale jaune pour « causer » avec le patronat !
Ce n’est plus possible !
Les militants et les salariés, confrontés à la plus noire réaction sociale depuis Vichy, doivent réagir. Et vite !
Si rien ne se passe, alors, oui, s’ajoutera le risque bien réel, non pas celui d’un quelconque « poujadisme », mais d’un pouvoir autoritaire en complet veston investi par la force, pour imposer par décrets les objectifs dictés par un Pierre Gattaz impatient de réduire à néant ce qui reste encore du « modèle social français » détesté par le patronat depuis la Libération.
N’est-ce pas là d’ailleurs, l’objectif de l’Union européenne et de Business Europe ?
Il faut arrêter … Toutes les personnes sérieuses savent que la cgt et d’autres pouvaient se permettre de ne pas signer l’accord ANI parce que cet accord n’avait besoin que de trois signataires pour s’appliquer; la cgt se donnait ainsi le beau rôle mais eût été bien embêtée s’il avait fallu plus de signatures, car alors, l’Etat, qui finance tout ce beau monde, aurait exigé que la cgt et les autres signassent. Il n’y a donc aucun revirement de la cgt concernant l’ANI; la cgt a fait semblant de s’y opposer, sachant parfaitement que cette pseudo-opposition n’empêcherait de toute manière pas l’entrée en vigueur de l’accord puis de la loi. Quant aux manifs improvisées par les syndicats, là aussi, toutes les personnes sérieuses savent qu’il s’agit de voler au secours du gouvernement, et non pas d’exiger une politique plus à gauche, comme le fait croire par exemple l’imposteur Mélenchon. Je ne suis ni à FO ni au NPA, mais je constate que le NPA s’est montré critique envers les manifs syndicales bretonnes, qui n’ont d’ailleurs rassemblé que quelques milliers de personnes (le NPA s’abstenant cependant de dire que ces manifs avaient pour objectif, entre autres, de diviser); quant à FO, je crois qu’elle a vendu la mèche en accusant ces manifs d’être des manifs de soutien au gouvernement; tout est dit … Il faut arrêter d’entretenir des illusions et de faire semblant de critiquer les directions syndicales tout en se gardant bien d’en tirer les conclusions qui s’imposent. Monsieur est à la cgt depuis des décennies ? Et, depuis au moins 30 ans, la cgt n’en finit plus de se vendre, de se cfdtiser. Thibault était pour le oui au référendum européen de 2005. Le Duigou, l’un des pires notables de la cgt, l’a représentée au conseil économique et social, au conseil d’orientation des retraites, au comité de l’énergie : il y a défendu des positions étranges, il faut se pincer pour croire que c’est un « syndicaliste » qui les a défendues … Mr Le Duigou, ancien bras droit de Thibault, mais également membre du Siècle, créateur de groupes de réflexion mêlant « syndicalistes » et représentants du grand patronat. J’ai travaillé à la vo, neuf ans. Mon témoignage est mentionné dans le dernier livre de Touly et Lenglet : Syndicats : corruption, dérives, trahisons. Vous voulez que je vous raconte ce que j’ai vu à la vo ? Vous voulez que je vous parle de tous ces apparatchiks, de ce qu’ils sont vraiment, de ce qu’ils font, de leur train de vie ? Alors, arrêtez d’entretenir des illusions.
Je précise que la vo (maintenant nvo) est le journal de la cgt. Je vais raconter une anecdote, j’espère n’être pas censuré; elle en dit long sur ce qu’est la cgt. Elle concerne le responsable des publications juridiques de la vo (ne disons pas son nom, appelons-le M, sinon je serais censuré), individu qui était mon petit chef à la rubrique juridique de la vo. Au passage, ce monsieur publie également des chroniques juridiques dans L’Humanité. Il a même animé des débats à la fête de l’Huma. Voici ce que c’est qu’un défenseur des travailleurs : Les salariés des éditions Milan s’étaient mis en grève parce que leur employeur voulait leur supprimer le 13e mois au motif qu’ils avaient obtenu les 35 heures. Au cours d’une réunion, le patron a brandi un papier : une consultation que M avait vendue aux dirigeants de Milan. Tout en brandissant ce papier, l’employeur a clamé : « J’ai le droit de vous supprimer le 13e mois. D’ailleurs, c’est pas moi qui le dis, c’est la cgt. J’ai ici une consultation qui nous a été vendue par monsieur M, chef de la rubrique juridique de la vie ouvrière, journal de la cgt, et rédacteur en chef de la rpds, revue juridique de la cgt. Monsieur M dit expressément qu’en échange des 35h, j’ai le droit de vous supprimer le 13e mois ». Ce fut la consternation chez les salariés, notamment les syndiqués cgt. Ces derniers ont déboulé à la vo pour démolir M, mais n’ont pas pu car il s’était débiné. Ils ont saisi la filpac cgt, avec demande de licenciement de M pour faute grave. La filpac a monté un dossier qu’elle a transmis à Bernard Thibault, alors numéro 1 de la centrale, avec demande de licenciement de M pour faute grave. Le Thibault s’en est lavé les mains. M n’a pas été inquiété le moins du monde et a tranquillement continué de vendre des consultations aux patrons, dans le dos des salariés, contre les intérêts desquels il monnaie ses connaissances juridiques auprès des employeurs. Le plus beau, c’est que M fait cela pendant le temps de travail vo, dans les locaux de la vo, en utilisant la documentation juridique de la vo, au vu et au su de tout le monde. Tout le monde le sait (sauf le syndiqué de base, évidemment …), la direction de la vo, la hiérarchie de la cgt jusqu’au plus haut niveau. Cela ne les gêne pas le moins du monde.
Pour la petite histoire, les syndiqués cgt de Milan, à l’époque, ont rendu leurs cartes cgt.