Le Parti communiste sud-africain salue le « camarade » Mandela et … confirme qu’il était membre du Parti dans les années 1960
La nuit dernière, des millions de personnes en Afrique du sud, dont la majorité de la classe ouvrière et des pauvres, et les milliards d’êtres humains qui peuplent la planète, ont perdu un vrai révolutionnaire, le Président Nelson Rolihlahla Mandela, « Tata Madiba ».
Le Parti communiste s’associe aux sud-africains, comme aux autres peuples du monde, en exprimant ses plus sincères condoléances à Mme Graca Machel et à toute la famille de Mandela pour la perte de celui que le Président Zuma a justement présenté comme le plus grand des enfants d’Afrique du sud, le Camarade Mandela.
Nous souhaiterions également profiter de cette occasion pour exprimer notre solidarité avec l’ANC, une organisation qu’il a engendré et qu’il a servie remarquablement, tout comme l’ensemble de ses collègues et camarades dans notre mouvement de libération.
Comme le disait Madiba : « ce ne sont pas les rois et les généraux qui font l’histoire mais les masses, les peuples, les travailleurs, les paysans ».
La disparition du Camarade Mandela marque la fin de la vie d’un des plus grands révolutionnaires du 20 ème siècle, qui a combattu pour la liberté et contre toutes les formes d’oppression, à la fois dans son pays et à l’échelle mondiale.
Dans le cadre ces masses qui font l’histoire, la contribution du Camarade Mandela à la lutte pour la liberté s’est située, et forgée, dans l’appartenance et la direction collective de notre mouvement de libération national, mené par l’ANC – car il n’était pas un élément isolé.
Avec le Camarade Mandela, nous avions un soldat brave et courageux, un patriote et un internationaliste qui, si on peut emprunter le mot du Che Guevara, « était un véritable révolutionnaire guidé par des grands sentiments d’amour » pour son peuple, un trait extraordinaire de tous les authentiques révolutionnaires populaires.
Au moment de son arrestation en août 1962, Nelson Mandela n’était pas seulement un membre du Parti communiste sud-africain alors clandestin, mais il était aussi un membre de notre Comité central.
Pour nous, communistes sud-africains, le Camarade Mandela symbolisera toujours la contribution monumentale du SACP à notre lutte de libération. La contribution des communistes dans la lutte pour la liberté des sud-africains ne connaît que peu d’équivalent dans l’histoire de notre pays.
Après sa libération en 1990, le Camarade Madiba devint un grand et proche ami des communistes, jusqu’à son dernier souffle.
La leçon importante que nous devons apprendre de Mandela et de sa génération de dirigeants, c’était leur engagement à une unité reposant sur des principes dans chacune des formations de notre Alliance [NdT : alliance tri-partite contre l’apartheid entre l’ANC, le Parti communiste et le syndicat de classe COSATU], tout comme à l’unité de notre Alliance dans son ensemble, et celle de l’ensemble du mouvement démocratique de masse.
Sa génération a lutté pour construire et cimenter l’unité de notre Alliance, et nous devons donc honorer la mémoire du Camarade Madiba en préservant l’unité de notre alliance.
Que l’on rappelle à ceux qui ne comprennent pas combien de sang a été versé pour maintenir l’unité de notre Alliance qu’ils ne doivent pas traîner dans la boue l’héritage et la mémoire de personnes de la trempe de Madiba, jouant négligemment avec l’unité de notre Alliance.
Le SACP a soutenu l’entreprise de réconciliation nationale de Madiba. Mais la réconciliation nationale pour lui n’a jamais signifié éviter de traiter les inégalités de classe, sociales dans notre société, comme certains aimeraient à nous le faire croire aujourd’hui.
Pour Madiba, la réconciliation nationale était une plate-forme pour poursuivre l’objectif de construction d’une société sud-africaine plus égalitaire, libérée du fléau du racisme, du patriarcat et des inégalités criantes.
Et une véritable réconciliation nationale ne sera jamais achevée dans une société encore caractérisée par des inégalités qui vont en se creusant et par l’exploitation capitaliste.
En hommage à ce grand combattant, le SACP va intensifier la lutte contre toutes les formes d’inégalité, y compris en intensifiant la lutte pour le socialisme, seule solution politique et économique aux problèmes que rencontre l’humanité.
Pour le SACP, la disparition de Madiba doit donner à tous ces Sud-africains qui n’avaient pas adhéré à une Afrique du sud démocratique, et qui toujours d’une façon ou d’autre rêvent de la période de domination blanche, une seconde chance de se faire à une Afrique du sud démocratique fondée sur le principe de la règle de la majorité.
Nous appelons tous les sud-africains à s’inspirer de son exemple de désintéressement, de sacrifice, d’engagement et de services rendus à son peuple.
Hamba kahle Mkhonto ! (repose en paix, combattant de la libération)