Pendant qu’on nous rebat les oreilles à grands coups de bébés britanniques, quenelles, lanternes et autres scandales en dessous de la ceinture, le gouvernement, lui, ne chôme pas. Et poursuit sa réforme des rythmes scolaires
En effet, un décret paru au JO du 4 août 2013 (n°0180 page 13306) entérine les nouveaux taux d’encadrement réglementaires concernant les activités périscolaires. Désormais, les institutions et associations peuvent réduire leur taux d’encadrement comme suit :
- 1 animateur par tranche de 14 enfants de moins de 6 ans (au lieu de 10 précédemment) ;
- 1 animateur par tranche de 18 enfants de plus de 6 ans (14 jusque là).
Apprécions l’ironie du “peuvent” et encourageons les parents à être attentifs pour qu’il ne devienne pas un “doivent”.
Nous noterons aussi avec grand intérêt l’intitulé de ce décret : “aménagement à titre expérimental des taux d’encadrement applicables aux accueils organisés dans le cadre d’un projet éducatif territorial” et remercions grandement les gouvernants de faire des EXPÉRIMENTATIONS avec notre progéniture et ce pour une durée de 3 ans (après Hollande et son équipe n’ont aucune certitude d’être encore aux affaires et leurs successeurs feront bien ce qu’ils voudront).
Autre aspect inquiétant : “Par dérogation à l’article R. 227-20 du code de l’action sociale et des familles, les personnes qui participent ponctuellement avec le ou les animateurs à l’encadrement des activités périscolaires sont comprises, pendant le temps où elles y participent effectivement […] dans le calcul de ces taux d’encadrement”.
En clair, le texte peut être interprété ainsi : sont comprises dans le taux d’encadrement les personnes qui n’exercent pas le métier d’animation (directeurs, animateurs), qui ne sont pas diplômées ni formées pour intervenir auprès des enfants. En poussant la logique jusqu’au bout, on pourrait se retrouver avec une structure d’accueil comprenant un directeur-animateur et seulement des personnes non qualifiées, et une multiplication des intervenants due à leur disponibilités. Quand on sait que pour se développer harmonieusement un enfant a besoin de stabilité, de régularité et de repères, c’est quand même inquiétant non ?
De plus nous pouvons constater combien les associations confessionnelles « poussent » pour intervenir au sein des établissements publics lors de ces horaires. Lorsque c’est le cas, qu’en est-il donc de la séparation des églises et de l’État ?
N’oublions pas qu’avec le -bénéfique pour les enfants- retour au rythme 4 jours et demi par semaine, les activités périscolaires vont reprendre la place qu’elles occupaient avant le précédent changement. De fait, elles redeviennent primordiales dans la vie quotidienne des parents, surtout ceux qui travaillent et sont confrontés aux problèmes de garde.
Cependant, nombre de générations actuelles ont connu la semaine de 4 jours et demi où les parents travaillaient aussi. À cette époque si peu lointaine, les moyens de garde existaient (crèches, centres de loisirs…) et avaient de hautes exigences en termes de projets éducatifs, pédagogique et règles de sécurité.
Il ne faut pas oublier que la situation actuelle n’est qu’une autre conséquence de l’austérité dont on nous gave depuis quelques années et des milliers de postes supprimés à ce motif.
Que choisit donc ce gouvernement qui se dit de gauche ? Ignorer les besoins fondamentaux des enfants, continuer une logique purement comptable dont toute humanité a été effacée ? Tout ceci en méprisant le travail fondamental que font les animateurs, la plupart du temps sous-payés, malgré l’exigence d’un BAFA que beaucoup ont des difficultés à s’offrir.
Et nos enfants dans tout ça?
Ce n’est pas rien que de confier la vie (physique et psychique) de son enfant à quelqu’un ! Ce n’est pas rien, non plus, que de prendre en charge les enfants des autres. Quelles responsabilités et quel manque de reconnaissance !
Nous ne pouvons accepter ces nouvelles dispositions. Non seulement elles s’inscrivent dans une logique d’application de la politique d’austérité aux activités périscolaires que nous combattons, mais engendreront à terme des difficultés dont nos enfants seront les bouc émissaires.
Nous touchons, là très concrètement un des dangers de la loi d’orientation pour la refondation de l’école de la République (acte III de la décentralisation dans le prolongement de la réforme des collectivités territoriales de Nicolas Sarkozy) et son décret sur les rythmes scolaires, cette très contestée réforme des rythmes scolaires.
Ce gouvernement, en la personne du ministre Peillon aggrave chaque jour la situation des municipalités auxquelles elle donne toujours plus de charges et devoirs, mais oublie grandement les contreparties financières qu’elle se doit d’avoir.
Si les collectivités locales n’ont trouvé d’autres solution que de demander la révision des taux d’encadrement, c’est sans aucun doute par ignorance des besoins de l’enfant (qui est une personne faut-il le leur rappeler) et dans le seul but de faire baisser leurs charges.
À aucun moment l’intérêt, la sécurité, le développement de nos enfants n’ont été pris en compte.
Certes, on pourrait penser que seul l’état d’urgence a amené à cette démarche de la part des élus locaux, mais nous incitons fortement les citoyens à leur demander des comptes dès aujourd’hui et ne pas l’oublier au moment de mettre (ou pas) leur bulletin dans les urnes lors des prochaines élections municipales.
N’acceptons pas que la politique d’austérité amène les élus du peuple à prendre des décisions qui lèsent nos enfants (surtout ceux du prolétariat d’ailleurs), donc notre futur, à la seule excuse d’une logique comptable et soumise à la volonté des Hollande, Eyrault et autres Merkel.
Interpellons nos maires, conseillers municipaux, généraux afin d’organiser la résistance contre la terrible dégradation à venir concernant l’encadrement de nos enfants et cette atteinte supplémentaire à l’école de la République. Tentons de les amener à mettre de côté leur fatalisme pour entrer en résistance à nos côtés. Ils sont nos élus, nos représentants, c’est le peuple français qu’ils représentent, c’est à nous qu’ils doivent rendre des comptes.
Par nos camarades du PRCF 19 – SP
A retrouver sur le Blog du PRCF 19.