C’est avec un vrai plaisir que nous accueillons la prise de position de votre groupe de réflexion Gauche d’Opposition qui se fixe pour but de faire évoluer le Front de Gauche sur la question européenne, et reconnaissant qu’ « Il apparait clair, aujourd’hui, qu’il faut que le Front de Gauche assume une rupture nette avec l’Union européenne, qu’il fasse sien le scénario d’une sortie de l’euro et promeuve un protectionnisme de Gauche tout en partant à la reconquête de la souveraineté populaire, seul cadre existant de l’expression démocratique. » et que « Pour nous, le Front de Gauche doit assumer clairement la sortie de l’Union européenne, institution irréformable. Savez-vous que toute modification du traité de Lisbonne nécessite l’unanimité des 28 pays membres ? Nous devons accepter qu’il soit impossible de transformer ces institutions. La France doit être à l’avant-garde d’un mouvement nouveau en Europe. Il est nécessaire de l’assumer devant nos électeurs. » (http://simonulrich.com/2014/
Votre texte fondateur proclame d’ailleurs que :
« La souveraineté populaire, la désobéissance européenne et un protectionnisme ne sont pas des fins en soi. Pour nous, ils ne constituent aucunement l’aboutissement de notre projet politique. Mais nous les prenons pour ce qu’ils sont, des méthodes d’actions. Car seule leur application combinée permettra de sortir le peuple français de la mondialisation néolibérale et d’en finir avec la confiscation démocratique de sa destinée.
Nous défendons la souveraineté populaire, car elle est le préalable à tout choix démocratique. Nous refusons d’oublier Jaurès qui nous enseignait qu’un peu d’internationalisme écartait de la nation, mais que beaucoup y ramène toujours. La nation permet au peuple de choisir collectivement sa destinée. Elle est, pour la gauche, le préalable et le synonyme de la démocratie et de la république. Or, le programme du Front de Gauche ne pourra jamais s’appliquer sans un soutien populaire clair et affirmé. C’est pourquoi il faut en finir avec ce tabou de la nation française. Car aujourd’hui les peuples n’ont pas disparu. Ils sont le seul cadre de légitimité démocratique que l’on connait. Et c’est en y retournant que nous pourrons apaiser les relations internationales et internes.
Mais le projet du Front de Gauche doit également assumer clairement la désobéissance européenne. Aujourd’hui, l’Union européenne n’a rien d’un espace démocratique et il n’existe en son sein aucune prémice d’Europe sociale. Elle est devenue uniquement le temple de cette nouvelle religion qu’est le néolibéralisme.
La construction européenne a permis de supprimer la souveraineté populaire pour empêcher les peuples de choisir démocratiquement une voie différente. Nous ne pouvons accepter cette confiscation. C’est pourquoi il faut assumer la rupture avec le cadre juridique de l’Union européenne et son arme économique, l’Euro.
Nous ne pourrons pas changer l’Europe de l’intérieur. Comme l’ancien régime n’était pas réformable en 1789. Les traités sont devenus des lois fondamentales intouchables au service du marché. Le traité de Lisbonne nécessite l’unanimité de 28 pays ne serait ce que pour le plus simple amendement. Or ce n’est pas mentir que de dire qu’un gouvernement du Front de Gauche ne réussira pas à convaincre l’ensemble des pays européens. Ainsi, de facto, vouloir modifier l’Union européenne signifie tout simplement la quitter. Et c’est justement parce que la France du Front de Gauche assumera cette rupture qu’elle deviendra leader dans l’Europe de demain pour la construction d’un nouveau cadre européen au service de l’émancipation sociale.
Et c’est pour cette même raison qu’il faut assumer de dire que nous ne réussirons surement pas à modifier l’euro et la BCE. Rien ne nous empêche d’essayer. Mais nous ne pouvons ignorer qu’une victoire électorale du Front de Gauche rendra les marchés offensifs contre la France. Ainsi, il faudra agir vite, très vite. Ce qui rend impossible le scénario actuellement parfois défendu de prendre à témoin le peuple des difficultés par référendum. Nous devons être sincères avec le peuple pour être efficaces. C’est pour cela que dans nos campagnes électorales, GO poussera à ce que les porte-paroles du Front de Gauche assument clairement la possibilité de la sortie de l’Euro. Les Français pourront ainsi valider a priori ce choix politique et nous pourrons l’appliquer si nécessaire. »
Nous y voyons là une réponse tout à fait favorable à l’interpellation que nous lancions voilà déjà deux ans avant la présidentielle au citoyen Mélenchon candidat du FdG dans une lettre en date du 10 février 2012 (cf lien) appelant le FdG à clarifier et faire évoluer sa position vis à vis de l’UE pour pouvoir battre le FN et construire une puissante alternative progressiste à gauche capable de remettre les travailleurs à l’offensive. Nous vous en laissons juger.
« vous n’êtes pas sans savoir que subsiste entre nous une divergence politique importante sur l’analyse que nous faisons respectivement de l’Union Européenne. Vous et le Front de Gauche affirmez la possibilité d’une « Europe sociale ». Pierre Laurent, président du Parti de la Gauche Européenne, ne cesse d’intervenir en défense de l’euro, au nom duquel tous les acquis sociaux et toutes les souverainetés nationales sont ravagés, et d’affirmer qu’on peut transformer ce poison violent qu’est la monnaie unique en un outil au service du progrès.
Comme d’autres forces politiques progressistes, nous pensons au contraire que l’UE est intrinsèquement une construction du capital, que l’Euro est l’axe structurant de cette politique de guerre au monde du travail et aux nations constituées. Nous jugeons donc impossible une orientation progressiste de l’UE : on ne transforme pas un crocodile en doux végétarien. Rappelons que 80% de la classe ouvrière, selon les derniers sondages, partage notre constat et plus largement les couches populaires de façon majoritaire.
Bien entendu il ne s’agit pas simplement de constater la divergence mais d’étudier la manière de la surmonter de façon dynamique, dans une perspective qui nous serait éventuellement commune, et cela dans une situation où notre pays vit sa crise existentielle la plus grave depuis 1940, ce qui appelle à des efforts unitaires de tous les patriotes progressistes. Et cela d’autant plus qu’il serait gravissime d’abandonner au FN le combat contre l’euro : ce combat, à la fois national et social, fut en effet au cœur de la campagne du PCF de G. Marchais et de la CGT d’Henri Krasucki pour le « non » à Maastricht, qui impliquait le « non » à la monnaie unique.
C’est pourquoi nous souhaitons vous interpeller sur une question cruciale.
Si une fois élu président, vous constatiez, – ce qui nous parait inéluctable au vu des rapports des forces en Europe et en Allemagne -, que vos propositions pour transformer l’UE se heurtent au refus des autres gouvernements de l’UE (menaces et sanctions financières à l’appui),
quelle serait votre attitude ?
Vous soumettre en attendant des jours meilleurs comme l’a fait Jospin en 1997 ? Ou bien vous battre frontalement pour dégager notre pays de l’étau qui paralyse toute alternative progressiste, y compris jusqu’à la sortie unilatérale de l’euro et à la rupture totale avec l’Europe supranationale du grand capital ? Le vote de millions de citoyens dépend en réalité de la levée de toute ambiguïté sur cette question.
Ce point est en effet fondamental non seulement en termes stratégiques mais en termes tactiques et électoraux, en particulier vis-à-vis de notre combat commun et radical contre le Front dit National dont la montée en puissance repose largement sur l’exploitation de l’aspiration très légitime de la classe ouvrière à « produire en France » et à rompre avec le libre-échangisme mondial, qui n’est que le masque de la domination planétaire des monopoles capitalistes. C’est d’ailleurs dans le fait que le FN feint de récupérer le combat de G. Marchais pour produire en France (avec des Français et des immigrés, faut-il le dire !) et pour défendre la souveraineté de notre pays et son droit à coopérer avec tous les pays du monde que prend naissance l’écho ouvrier et populaire très alarmant suscité par Marine Le Pen.
L’affirmation, par un candidat progressiste, de cette double dimension idéologique: le combat pour l’indépendance nationale et l’engagement pour la solidarité internationale des peuples (une solidarité qui dépasse et de loin le cadre européen), nous parait une condition nécessaire pour rassembler l’électorat ouvrier et populaire car, comme le disait Jean Jaurès, « la souveraineté politique du peuple est le socle de l’émancipation sociale » et aussi : « un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène » «
Depuis notre création en 2004, et avant au sein de divers groupes au sein du PCF, nous défendons en effet le mot d’ordre qu’il faut sortir de l’UE et l’Euro qui sont des instruments de l’oligarchie capitaliste pour écraser et exploiter les peuples, en faisant le constat du caractère intrinsèquement capitaliste de ces institutions qui ne sont donc pas réformables dans l’intérêt des travailleurs.
Comme vous pourrez le constater à travers quelques textes récents du PRCF que je vous transmets, notre objectif est de faire bouger la gauche sur ce sujet et au delà de participer à construire un large front du peuple pour la sortie de l’UE, de l’Euro et de l’OTAN par la voie de gauche, celle d’un CNR 2.0. Car sortir de l’UE et de l’euro pour défendre et étendre les acquis du CNR c’est rendre la souveraineté au peuple pour lui permettre de mener une politique dans l’Intérêt de la classe des travailleurs. C’est combattre la dictature de l’oligarchie capitaliste et de ses institutions totalitaires de l’europe supranationale, ouvrant ainsi une vraie perspective révolutionnaire pour notre pays. Cette dynamique de rassemblement n’est pas qu’un slogan et une posture pour le PRCF mais déjà une réalité concrète et vivante. Le PRCF est ainsi avec d’autres organisations communistes dans et hors du PCF un des initiateurs de l’Appel des Assises du Communisme pour la sortie de l’UE, de l’Euro, de l’OTAN et du capitalisme en Juin 2013. Le PRCF est également initiateur avec le M’PEP et les CPF d’un appel des 1000 pour un nouveau CNR appelant également à sortir de l’UE, de l’euro et de l’OTAN.
Au niveau européen, le PRCF est membre de l’Initiative, rassemblement d’une 30e de partis communistes d’Europe pour la sortie de l’UE.
Au delà, le PRCF recherche partout et dès que possible l’unité d’action, et s’adresse très régulièrement comme vous pourrez le constater sur notre site web à l’ensemble de l’arc progressiste et républicain.
Je pense qu’il peut être utile que nous prenions contact afin d’envisager la façon dont nous pourrions agir ensemble et concrètement.
Bien fraternellement
Au nom du Secrétariat du PRCF, le responsable de l’action unitaire
Antoine Manessis
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