L’annonce par le patron de Bercy de l’extension d’un décret de 2005 qui permet à l’État d’intervenir, lors de la prise de participation d’investisseurs étrangers, apparaît comme un pétard mouillé. Le MEDEF par la voix de Pierre GATTAZ (celui qui vient de déclarer qu’il faut baisser le SMIC jusqu’à le supprimer tout en augmentant sa rémunération de 29 %) « déclare que ce n’est pas une bonne idée », Jean-François Copé patron de l’UMP qui déclare que « c’est une nouvelle foucade d’Arnaud Montebourg… », la Commission Européenne reste toujours très soucieuse de faire respecter la libre circulation des capitaux, la CFDT « qui espère que le gouvernement n’aura pas à utiliser ce décret dans le cas d’Alstom« , Force Ouvrière qui trouve que « cela ne pose aucun problème et que cela va dans le bon sens » mais se pose la question de savoir » si cela sera efficace« . Il n’y a que la CGT qui se dit « pas opposée » au texte, mais que la réponse du gouvernement n’est « pas à la hauteur des enjeux« .
On peut ne pas s’étonner des prises de positions de l’UMP, du MEDEF et de la Commission européenne, par contre, la position de certaines organisations syndicales dans cette affaire nous semble bien mollasse par rapport à la situation de ce fleuron de l’industrie française. Ils ont la mémoire courte, les dirigeants des confédérations syndicales : déjà en 2004, pour sauver ALSTOM, SARKOZY avait temporairement et partiellement nationalisé les pertes et renfloué les actionnaires, pour mieux démanteler la cohérence du groupe et respecter les injonctions de Bruxelles. Il ne faut pas oublier, non plus que, depuis 2 ans sous le gouvernement Ayrault, Montebourg n’a absolument rien fait pour éviter la fermeture des usines PEUGEOT-CITROËN et a mis 700 millions d’euros d’argent public pour aider les capitalistes chinois DONG FENG à rentrer dans le capital de PSA ; que ce gouvernement de droite complexée a refusé de nationaliser pour sauver ce secteur clé de l’industrie qu’est la sidérurgie, a refusé de nationaliser PETROPLUS pour préserver ce secteur clé pour l’industrie qu’est la pétrochimie… ; que l’Etat vient de refuser de prendre ses responsabilités pour préserver l’emploi à la SNCM ; que l’Etat, par la voix de Mme Royal, a pris l’engagement de libéraliser et mettre en concurrence les barrages hydroélectriques, parlant d’une privatisation sous la forme de SEM… Rappelons que l’hydroélectricité, c’est justement un des débouchés d’ALSTOM qui est un des acteurs majeurs du secteur au niveau mondial.
M. Montebourg, assez gesticulé, il faut nationaliser !
Gageons que ce décret n’est qu’un coup médiatique, une opération de communication et que ce n’est que de nouveaux moulinets d’un ministre qui a, d’ores et déjà, affiché sa préférence pour un dépeçage par SIEMENS, au profit du grand capital allemand, d’un gouvernement qui ne fait qu’appliquer la politique décidéea par l’UE.
Pour sa part, le PRCF propose une véritable nationalisation de la sidérurgie, de l’automobile, des industries du transport et de l’énergie dans une cohérence (ALSTOM, EDF, SNCF, RATP). Pour l’emploi, pour la souveraineté populaire, pour la prospérité, oui il faut nationaliser pour créer un grand pôle public de l’industrie et ainsi réindustrialiser notre pays.
Commission Luttes du PRCF, 17 mai 2014