MONTRÉAL – Coup de théâtre début septembre 2024 au Québec. Le premier ministre François Legault congédie le super ministre Pierre Fitzgibbon, numéro deux du régime, du gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ). Il détenait officiellement les principaux leviers économiques,(ex. la puissante Hydro-Québec) donc du dossier énergétique; mais en réalité M. Fitzgibbon était l’homme de paille des multinationales étrangères. C’est notoire.
Est-ce que la CAQ serait devenue socialisante? Nenni! Mais le peuple québécois, lui, oui… Et la CAQ sent le pouvoir politique lui échapper. En témoigne la force du mouvement gréviste dans la Belle Province.
Il y a la montée de la gauche au Québec et le petit parti communtete pourrait y trouver son compte. À suivre!
Une opportunité de virage majeur dans des élections – Par Guy Roy, ancien chef de file du PC du Québec (« Action socialiste québécoise »).
La démission du ministre Fitzgibbon est une bonne occasion pour tenir un débat national sur la façon d’orienter l’économie québécoise moins tournée vers les transnationales et autrement que dirigée par des hommes d’affaires. Déjà le Premier Ministre vient de ce milieu qui n’est pas caractérisé par un grand sens de l’État puisqu’ils sont portés à le mettre au service d’une économie privée faisant dévier les discussions vers l’économie plutôt que vers la volonté politique générale exprimée par les électeurs. De plus il est opportun de se demander si la manière de diriger l’économie québécoise, vers une mondialisation qui s’essouffle, était la bonne. On a qu’à voir comment nos marchés intérieurs se ferment à des autos électriques moins dispendieuses sur les marchés mondiaux.
Se fier sur les transnationales pour un développement national n’est pas du tout la bonne chose à faire. Même du point de vue de la filière batterie, nous avons les centres de recherche, les universités, les ingénieurs (il s’agirait de rattraper le retard dans leur formation) pour développer ce créneau par nous-mêmes et contribuer au développement mondial, sur une base nationale, sans toujours compter sur Ottawa et indépendamment des États-Unis, de tout le secteur de la transition écologique.
Il s’agit donc de profiter du retrait d’un acteur affairiste économique important du développement du Québec pour effectuer un virage patriotique, qui le soit vraiment, pour orienter tout le secteur énergétique du Québec vers des initiatives autocentrées qui soient à la hauteur d’un projet national ambitieux. Les demi-mesures ont fait leur temps. Avec Legault, il n’y pas de volonté d’orienter le Québec, la nation entière, vers des objectifs qui mettent en valeur toutes nos capacités comme peuple. Si nous sommes « un grand peuple », il est temps de mettre en œuvre tout le potentiel de notre main-d’œuvre, de nos ressources naturelles, de notre génie, de toutes nos facultés nationales pour apporter notre contribution au monde moderne tel qu’il s’annonce.
Il faudrait commencer par remettre en cause le pouvoir politique de ce gouvernement de la CAQ à courte vue, qui ne sait aucunement compter sur toutes nos capacités et tout le potentiel national. Il s’appuie d’abord sur une économie de marché toute tournée vers le Canada et les États-Unis. Sans nous faire d’illusion sur la possibilité de changements en profondeur par les élections, on peut dire qu’il ait un renouvellement du personnel politique. Même si les programmes du PQ et de QS ne sont pas ajustés à ce que ça prend, un débat de toutes les forces qui s’apprêtaient à se prononcer sur le méga projet de Loi du Ministre démissionnaire permettrait d’en fixer les balises.
Moi-même je propose un virage qui soit du type d’un projet « Maitre chez nous » des années soixante (Je participerais d’ailleurs ainsi au débat électoral) en commençant par les nationalisations des mines de lithium et des industries de transformation, le lancement d’un plan de l’État qui cesse de compter sur l’entreprise privée pour le développement d’une filière batterie indépendante, des investissements massifs dans la recherche en électricité et la chimie et dans la formation d’ingénieurs compétents, une fiscalité qui permette de mobiliser les fonds nécessaires à cette entreprise nationale.
Déjà se dessinerait les avenues d’un développement autocentré misant sur les ressources et une intervention de l’État qui favoriserait une prise en charge de l’économie par nos propres forces : celles d’un État se dirigerait vers son indépendance des autres nations du monde qui ne cherchent qu’à nous spolier, en commençant par le Canada et les États-Unis, qui n’ont de visées sur nos ressources et notre main-d’œuvre que pour les exploiter à leur profit.
Des élections donc sont de mise pour un débat qui soit d’abord politique sur la manière d’impulser un développement différent que tout ce que la CAQ a entrepris comme gouvernement soumis aux forces du marché pour nous déposséder de nos acquis comme société. Hydro-Québec, notre compagnie nationale, pourrait très bien être le centre moteur du projet. Pour que soit proposé un développement à la hauteur des capacités des Québécois de se mobiliser dans une entreprise qui leur soit propre et qui enthousiasme tous les secteurs intéressés par un projet national ambitieux et qui mette définitivement au rebut un projet de Loi sans envergure qui rabaisse nos capacités nationales à l‘État de dépendance envers les autres pays qui dominent le monde.
Guy Roy