Par Roger BENNATI
Dans son passage chez J.C Bourdin de BFM TV, vendredi dernier 20 juin, le ministre français des Affaires étrangères a dû reconnaître que le chaos s’aggrave en IRAK, où les implacables djihadistes du ISIL sont près de s’emparer du pouvoir.
Les USA, par la bouche du Président Obama, se refusent d’envoyer des troupes terrestres pour recommencer une guerre ’’perdue’’ qui a été qualifiée de désastreuse.
Le monde politique européen s’interroge et ne prend aucune décision précise, tant les avis sont discordants au sein de l’UE.
JUVENTO (*) a déjà exprimé à maintes reprises sa propre thèse sur le développement des meurtrières opérations inter ethniques au sein de ce pays IRAK- par deux fois agressé et démantelé par l’armada étasunienne.
Son analyse contredit la version qui, au vu de la généralisation de ces actions terroristes planifiées, qualifie de cuisant échec pour les Etats Unis les suites catastrophiques de la deuxième guerre d’Irak.
NON, LE CHAOS QUI S’ÉTEND EN IRAK TOUT COMME EN LIBYE, OU EN SYRIE (voire en CENTRE AFRIQUE et dans de nombreuses zones africaines) NE DÉMONTRE PAS L’ÉCHEC DES OPÉRATIONS ARMÉES OCCIDENTALES SOUS CONDUITE AMÉRICAINE !
MAIS AU CONTRAIRE LEUR SUCCÈS :
Les guerres et les opérations armées manigancées dans ces régions visent à déstabiliser les pays où se déroulent les opérations coûteuses et meurtrières que multiplie l’Occident un peu partout dans le monde.
ET CE BUT EST GÉNÉRALEMENT BIEN ATTEINT, MAIS A QU’ELLE FIN ?
Le vieil adage : diviser pour régner semble être le principe fondamental de cette stratégie du ’’chaos’’.
D’abord, en montant longuement les diverses fractions ethniques, religieuses ou simplement traditionnelles du Pays les unes contre les autres, à coup de manipulations, de fausses rumeurs et d’arrosages financiers, puis suit l’intervention des troupes spéciales occidentales, actives après la dévastation systématique préalable des villes et des centres politiques du pays par les bombardements et l‘occupation temporaire ce qui complète la paralysie des administrations légales et alimente ainsi le climat de guerre civile qui se développe et conduit à la dislocation des fonctions nationales.
Ainsi, privées d’organes de cohésion et de gouvernance centrale, les différentes régions territoriales tombent sous la coupe des milieux armés en cheville avec les financiers des multinationales maîtresses de ce qui reste de rentable d’une économie qu’elles dominent alors sans frein.
Ce schéma sans doute simplifié à l’extrême, mais qui se veut réaliste dans son principe général, se complique aujourd’hui du fait relativement récent du changement de la position géopolitique traditionnelle des monarchies absolues du golfe arabique conduites par l’Arabie saoudite et le Qatar.
Jusqu’il y a peu de lustres, ces strictes dictatures religieuses étaient censées faire totalement cause commune avec l’occident. Leurs calculs politiques s’orientent désormais ouvertement en fonction de leurs propres desseins et visées internationales.
A leur tour, ils sont entrés dans la compétition globale et s’efforcent de promouvoir leurs intérêts essentiels au sein du conflit qui est en train d’opposer au finish les multinationales de l’Ouest et le reste du monde ou presque (Brics et pays émergents)
Ces richissimes pays pétroliers sont maîtres d’une vaste portion de territoire du Moyen Orient en effervescence, mais où la prévision des richesses futures en énergie fossile explose en Méditerranée orientale.
De plus par l’expansion de leurs fastueux investissements mondiaux et notamment européens et africains, ils ne cessent d’élargir leur influence diplomatique et pénètrent de plus en plus ouvertement les sphères dirigeantes des nations occidentales.
En outre, ce qui constitue un atout exclusif et déterminant dans le corps à corps armé qui a éclaté sur la planète entre adversaires économiques candidats à l’hégémonisme mondial, ils disposent sans restriction de l’arme quasi imparable et invulnérable que constituent les mouvements radicaux du Jihadisme terroriste en essor généralisé sur la planète.
On peut évidemment se demander quel avenir laisse présager ces conflits ouverts et actifs ou encore latents.
JUVENTO (*) a déjà écrit qu’il croit à l’éclatement d’un troisième conflit mondial avant 2020.
En effet, les évènements s’accélèrent.
Est-ce que la haute finance occidentale mondialisée sous l’égide US de Wall-Street– qui demeure la puissance mondialement prédominante encore aujourd’hui face à la Russie, la Chine et autres pays émergents (Inde, Brésil, Amérique du sud…)- va attendre que ses challengers rattrapent leur retard et la surpassent dans les domaines économique et militaire ?
Certes les contradictions et disparités qui pullulent encore au sein du monde financier occidental globalisé pèsent sur la décision cruciale qui, sous le commandement américain, devra être adoptée, mais son urgence semble devoir rapidement s’imposer vus les dangereux développements des situations conflictuelles qui éclatent un peu partout sur la planète.
Faut-il souligner en outre qu’en dépit des désastreuses et humainement effroyables conséquences d’une nouvelle guerre plus destructrice encore que la précédente, le monde financier sera tôt ou tard contraint d’y avoir recours pour changer la donne d’une situation économique mondiale qui lamine le taux de profit prévisible des investissements financiers actuels et surtout futurs.
La thèse de la baisse tendancielle du taux de profit moyen des investissements a été développée par Karl Marx dans le 3eme T du »Capital ». Cette »tendance » s’affirme toujours plus fortement au fur et à mesure que le progrès scientfique et technique remplace plus de travail salarié humain par des robots. En effet, seul le travail vivant (humain) peut produire plus de richesse (valeur) qu’il n’en consomme, et donc laisser une »plus value » (marge)au capital privé qui le rémunère. Les investissements techniques (immeubles, machines, méthodes de P) ne font que reproduire leur coût (amortissement). Il s’ensuit, que le taux de marge par rapport au capital total investi a tendance à baisser. Comme les choses ne sont jamais unilatérales, il se manifeste dans ce processus aussi des facteurs contrariants (par ex : la baisse de la valeur de la force de travail (salaire) induite par la hausse de productivité du travail qui fait baisser le prix des marchandises sur le marché (production de masse).
Ce ne sera que ce moyen extrême qui pourra détruire suffisamment en grande série biens et constructions matérielles, villes et infrastructures de tous genres terrestres et maritimes, moyens et outils de production, de transport et de communication pour ainsi parvenir à éliminer matériellement et économiquement le trop plein de capitaux surnuméraires et rétablir le rendement financier des capitaux survivants. (Ce qui a déjà été le résultat de la dernière guerre de 1939-1945 : plan Marchall US).
Face à l’incontournable mondialisation de l’économie terrestre que détermine le niveau actuel de la science et des techniques productives généralisées, ainsi qu’à l’inéluctable division internationale du travail et de la production qui lui fait suite, quelle sera la version géopolitique qu’adoptera la communauté humaine ?
L’organisation et la gouvernance du globe en fonction de l’intérêt social de l’humanité, ou la domination à perpétuité du capital mondialisé qui dispose toujours sur l’ensemble de la planète aujourd’hui des moyens politiques, idéologiques et administratifs dominants ?
C’est cet affrontement de classe, au finish, qui va se jouer dans les toutes prochaines décennies sur l’ensemble de la planète bleue.
Un développement impétueux des luttes nationales et internationales unitaires et collectives impulsées et animées par les partis d’avant-garde communistes et alternatifs pourra, in fine, en décider pour l’avenir.
Roger Bennati.
JUVENTO (*) : http://www.juvento.org