Après de longues discussions, le gouvernement avait décidé de frapper les patients très durement. L’Union Européenne nous avait promis de l’austérité dans la santé pour financer les missiles et les canons dans sa grande “Europe de la défense” totalitaire, le gouvernement et les députés appliquent la sentence.
Au menu du jour
1 : Augmentation des tarifs des consultations chez les médecins. Le généraliste passe de 26,50€ à 30€, de 33,50€ à 37€ pour le gynécologue, de 31,50€ à 37€ chez le gériatre, ou encore de 51,70€ à 55 pour les neurologues, psychiatres et neuropsychologues. SI la question de la rémunération des médecins fait débat, la plupart des gens considèrent qu’il est normal que les rémunérations des médecins doivent augmenter avec l’inflation (comme devraient l’être tous les salaires !), mais critiquent avec raison les dépassements d’honoraires (qui peuvent être copieux !) qui trouvent parfois leur raison dans une cotation un peu hasardeuse par la sécurité sociale d’actes qui sont difficiles et longs mais peu rémunérés, et trouvent parfois leur raison dans la stricte cupidité du praticien. Mais enfin, le vrai problème, c’est le point numéro 2.
2 : Diminution des remboursements des consultations, passant de 70% à 60%, une mesure qui vise à faire peser le poids de cette augmentation des consultations sur le portefeuille des patients. A titre d’exemple, pour une consultation chez le généraliste, l’augmentation de 3,50€ de la consultation serait couplée à un passage du ”reste à charge” de 7,95€ à 12€, soit une augmentation de 4,05€. Ce sont les patients qui paieraient intégralement cette augmentation !
Cette situation est dénoncée par le syndicat de médecins MG France qui prend clairement position contre cette politique austéritaire qui n’a jamais réussi à “modérer” la “consommation” de soins comme elle le prétend. Pour une raison bien simple : la santé n’est pas un marché où l’offre et la demande s’équilibrent en fonction des prix. Les gens sont malades et ont besoin de soins, la consommation abusive de consultations est largement fantasmée et/ou le fruit de demande abusive de documents administratifs non médicalement ou légalement justifiés (écoles, crèches, clubs sportifs…). Comme le disait l’immonde Martin Shkreli, responsable d’avoir multiplié par 50 le prix d’un médicament (Daraprim) pour engraisser le fonds de pension américain qu’il représente, “la santé est un des rares domaine où le prix d’un médicament n’a que peu d’influence sur son chiffre de ventes”. Bien entendu ! Les gens sont malades, ils ont besoin de soins, toute recherche de profit juteux sur un produit de santé revient à un chantage, voire à un braquage !
Ce fameux “ticket modérateur” (reste à charge) n’a jamais eu pour but de modérer quoi que ce soit
Il est depuis le début la porte d’entrée des assurances privées dans la santé et donc le moyen nécessaire du développement du secteur privé. Voilà le motif réel et unique de ce dispositif qui gagne du terrain !
Mais en fait ce projet du gouvernement a été mis à jour par la sinistre de la santé Mme Darieussecq (les noms de méchant, ça ne s’invente pas) qui a décidé, dans son ultime clémence, de ne nous diminuer le remboursement que de 5%, soit de 70 à 65%, moyennant une petite contrepartie :
3 : Diminution du remboursement des médicaments, passant de 65% à 60%, de 30% à 25%, et de 15% à 10% selon l’efficacité démontrée des médicaments. Peut-être après discussion avec les assurances privées selon ce qui est le plus avantageux ? Ou avec la CPAM pour savoir ce qui réduirait le mieux les dépenses ?
Je m’en fiche, j’ai une mutuelle
Mais combien te coute ta mutuelle ? Plus le prix des médicaments augmente, plus ta complémentaire va augmenter ! Une augmentation des dépenses des complémentaires de 3% est prévue… et forcément ces complémentaires ont prévu de progressivement augmenter de 6% leurs cotisations ! Une assurance est une entreprise qui ne fait pas de philanthropie, tout tarif est calculé selon une certaine rentabilité probable. Si une augmentation est prévue, les assurances s’arrangeront pour organiser une augmentation coordonnée des prix pour s’ajuster et maintenir les profits… C’est pas le communisme ici !
4 : Réduction drastique des consultations de nuit. Le gouvernement augmente peut-être ici les médecins, mais les frappe là, et il frappe sur un point très sensible du système de santé : les maisons médicales de garde.
Personne n’ignore la crise majeure, existentielle pour le système hospitalier, des urgences françaises. Afin de les désengorger, ces urgences se reposent fréquemment sur des maisons médicales de garde, c’est à dire des structures organisées entre médecins généralistes (entre autres) pour assurer des consultations de médecine générale les weekends, les jours fériés ou en en soirée voire la nuit, permettant aux patients ne nécessitant pas forcément d’une prise en charge longue et complexe comme celle des urgences.
Ces consultations hors semaine sont passées au sanibroyeur. La majoration de weekend/jour férié, de 19,06€, ainsi que la majoration de consultation après 20h, de 35€, vont être rasées pour tomber à 5€ chacune. Cette réduction de la majoration, de 75 à 85%, est un coup très dur porté volontairement aux maisons médicales de garde, et de ce fait aux urgences de France ! Le gouvernement se démasque lui-même par cette manœuvre : c’est lui qui assassine les urgences depuis des décennies et il a décidé de leur porter le coup de grâce, en dissuadant les médecins généralistes de venir travailler dans les maisons de garde la nuit et les week-ends !
Travaillez jusqu’à crever
5 : Attaque aux arrêts de travail, avec augmentation d’un jour de carence et diminution du taux de remboursement pour le reste. Au lieu d’être calculées selon le salaire maximum 1,8 fois le SMIC, les indemnités devraient être plafonnées à 1,4 fois le SMIC, et commencer à être versées au bout de 4 jours sans paie et non plus 3. Au moins, le message est clair : interdit d’arrêter de travailler.
“Tant mieux, y en a marre des gens qui se mettent en arrêt pour rien”. C’est vrai ça, y en a marre ! Il faudrait interdire aux gens de se mettre en arrêt, la seule façon pour quelqu’un d’obtenir un arrêt de travail devrait être sur prescription d’un médecin après que celui-ci ait examiné le patient et confirmé la nécessité de l’arrêt ! Surprenant que personne n’ait pensé à ça avant ?
Chaque patient en arrêt de travail l’est sur prescription médicale. Et le prescripteur le sait très bien. Les clowns de plateau télé qui pérorent sur les arrêts en série des “fainéants” le savent tout autant. Ces arguments sont du même ordre que ceux qui visent à critiquer les chômeurs en les faisant passer pour des fainéants. Ce sont des arguments surplombants, humiliants et qui n’ont qu’un seul but : masquer ce qui se passe réellement, c’est-à-dire la dégradation progressive et programmée de nos conditions de vie au profit des plus riches. Ils détruisent les protections sociales, qui sont la propriété de tous les travailleurs et conquis de haute lutte, et ils baissent nos salaires à la moindre occasion. Car ces journées de carence ne sont rien d’autre que des économies faites sur le dos des travailleurs, alors qu’il est déjà assez dur de trouver un médecin lorsqu’on a besoin d’un arrêt maladie. Un obstacle de plus donc à se faire soigner lorsqu’on en a besoin. Et si l’on en a besoin c’est bien parce que nos conditions de travail se dégradent, avec des rythmes effrénés, des carences en effectifs répétés, et des journées à rallonge.
Une pause, mais pas de repos
Avec la censure du triste sire Michel Barnier, c’est tout ce projet qui tombe à l’eau, à l’exception de quelques mesures comme l’augmentation du prix des consultations. Ouf, un vrai soulagement.
Mais ne nous reposons pas trop vite. Barnier n’est que le pantin de l’Union Européenne, comme le larbin Macron, et le nouveau premier ministre le larbin Bayrou. Tant que nous resterons dans la prison capitaliste de l’Union Européenne, et dans le capitalisme en général, ces projets reviendront sur la table, et lorsqu’ils passeront, de nouveaux projets similaires se succéderont, comme nous l’avons vu depuis plus de 40 ans. Nous ne pouvons pas espérer que le vent tourne tout en laissant le pouvoir nous échapper.
Nous avons toutes les richesses nécessaires dans notre pays pour faire un beau système de santé
Partout les bras sont prêts à travailler pour construire une puissance industrielle du médicament en France. Partout les soignants à bout de souffle exigent qu’on leur apporte du soutien. Et partout les gens sont écœurés de payer si cher leurs mutuelles alors que Sanofi fait 40 milliards d’euros de chiffres d’affaires chaque année et que la part des assurances privées ne cesse de croitre.
Les premiers responsables des dépenses de santé, ce ne sont pas les vieillards qui ont besoin d’une prothèse de hanche, les travailleurs en arrêt, ou les malades psychiatriques qui ont besoin d’hôpitaux spécialisés. Les premiers responsables, ce sont ceux qui se gavent, milliards après milliards, en vendant les médicaments, en rachetant les cliniques, en vendant des assurances, ou des attelles hors de prix. Ce sont eux qui se gavent sur nos parents en EHPAD, sur les chimiothérapies des enfants, sur les blocs opératoires, sur les maisons de repos. L’industrie du médicament, les fonds de pension américains, les assureurs privés, voilà les parasites qui pèsent le plus lourd sur le budget de la sécurité sociale et sur le budget des familles.
Il est grand temps d’exproprier tout le secteur privé de la santé, pour reconstruire un système de santé entièrement public, avec remboursement à 100% des soins, pour retrouver la souveraineté dont le peuple de France a besoin, et répondre enfin aux besoins de notre population.
Ces mesures ne peuvent s’entrevoir que dans le cadre de la quadruple sortie, qui brisera les chaines autour de notre cou : sortie de l’UE, sortie de l’euro, sortie de l’OTAN, et sortie du capitalisme ! Un seul chemin donc, celui de la révolution communiste, où les travailleurs doivent prendre ensemble le pouvoir d’Etat et le contrôle des entreprises !
Contre le capitalisme terminal, administrons le communisme radical !
Antoine, médecin, pour la Commission Santé PRCF