Alors que l’euro-austérité, renforcée par l’inscription de la France dans la procédure de déficit excessif par la Commission européenne, étrangle de plus en plus le financement de la recherche publique, sans bien sûr jamais s’en prendre au Crédit Impôt Recherche, véritable subvention au patronat versée sous prétexte de recherche, le très macroniste PDG du CNRS Antoine Petit a annoncé le mois dernier une adaptation particulièrement brutale de l’organisme à la pénurie : son recentrage sur un quart des laboratoires actuels, sélectionnés par la direction et dénommés « KeyLabs » (dans la langue de l’impérialisme dominant, à laquelle la Macronie, dans la lignée de Pécresse, a aggravé la subordination zélée dans l’enseignement supérieur et la recherche).
Bien sûr, officiellement il ne s’agirait pas d’abandonner les autres laboratoires, dans un premier temps… Mais vu le manque de moyens humains et financiers que subissent toutes les unités du CNRS, même les plus prestigieuses, il est évident que la réussite de cette nouvelle contre-réforme de la recherche entraînerait son désengagement complet à moyen voire court terme.
Les organisations syndicales de la recherche publique condamnent unanimement le projet et appellent notamment à un rassemblement des personnels au siège du CNRS le 27 janvier 2025.
Une motion de défiance contre la présidence du CNRS et pour faire stopper le plan KeyLabs a déjà été signée par 5200 chercheurs et personnels de recherche du CNRS (lire ci après).
Du coté des partenaires institutionnels du CNRS, particulier l’enseignement supérieur et les universités, c’est aussi une forte levée de boucliers. Dès le 20 décembre, France Universités, principal partenaire du CNRS dans ces unité mixtes relevant à la fois des universités et du CNRS, a souligné son « désaccord face aux annonces unilatérales faites par le CNRS ». Quatre vingt pour cent des dirigeants de laboratoires sont opposés à ce plan d’austérité, comme en témoigne un sondage de l’Association des directions de laboratoires.
pétition
Communiqué du SNTRS-CGT sur le statut « CNRS KeyLabs »
Notre communauté a découvert brutalement la création d’un label d’unité « CNRS Key Labs » lors de la conférence des Directeurs d’unités le 12 décembre 2024. Ce label est un choix assumé par la direction générale du CNRS. La direction du CNRS justifie de « mettre en cohérence la politique du CNRS avec celle de ses moyens ».Pour nous, cette opération est un plan social qui ne dit pas son nom !
Les Key Labs(KL) : le mauvais outil
Le statut de « CNRS Key Lab » ne sera attribué qu’à 26% des unités qui seront « mieux mises en valeur et mieux accompagnées » que les autres unités. Les critères qui prévalent à ce statut ne relèvent pas nécessairement d’une évaluation scientifique. C’est probablement pour cette raison que le Conseil Scientifique comme l’ensemble du Comité National de la Recherche scientifique (les CSIs et les sections) n’ont pas été associés ni même consultés sur ce concept.
Le choix et les critères sont avant tout mercantiles et idéologiques. Ils nient l’importance de la recherche dans tous les domaines de la connaissance. Ils auront notamment des conséquences dévastatrices et rapides dans les unités de petites tailles ou celles où le CNRS aura laissé les effectifs péricliter. Ce sera la double peine pour elles, car les postes IT seront attribués préférentiellement. Ce dispositif va générer un biais d’attractivité pour les jeunes candidat.es dont l’intérêt sera de privilégier les KL en raison de l’environnement de travail, et incitera fortement à des mobilités internes.
Les Key Labs changeront nos métiers
Ce dispositif sera structurant et compromet les missions fondamentales du CNRS. En l’état, l’établissement renonce à couvrir largement les disciplines et à participer au développement du front continu des connaissances. Il renonce aussi à son caractère national avec un repli sur une minorité ciblée d’unités. Il constitue un élément supplémentaire d’opposition et de compétition accrue des chercheurs entre eux. Alors que la compétition internationale est déjà rude, créer ce différentiel au sein même de nos établissements nous semble absurde et sera terriblement improductif pour l’ESR français.
Pour les personnels ingénieurs et techniciens, ce projet est particulièrement dangereux. La description faite des KL indique qu’ils ont vocation à accueillir toutes les plateformes technologiques et de services, même si l’accès à ces plateformes restera possible pour l’ensemble de la communauté scientifique. Nous connaissons déjà les conséquences de ce genre de restructurations. Ces choix d’organisation du travail modifient considérablement nos métiers. Les personnels ingénieurs et techniciens ne serons plus impliqués dans le développement des connaissances et des savoir-faire, et leurs activités seront réduites à une suite de prestations décorrélées des objectifs et des contextes expérimentaux. Il s’agirait alors d’une organisation de la prestation « au ticket » comme aux rayons boucheries des hypermarchés. Cela souligne un mépris et une méconnaissance du rôle réel des IT dans les unités et dans leurs contributions à la recherche.
Nous faisons le constat que le label « CNRS Key Labs » est un mauvais outil pour répondre à un vrai problème, celui du manque de moyen.
La véritable question : les moyens
Plutôt que de dénoncer les manques de moyens budgétaires et d’emplois, nous regrettons que la direction générale du CNRS ait fait le choix de l’austérité pilotée par la politique de E. Macron.
En extrapolant les justifications de notre PDG, A. Petit, à savoir un repli du CNRS sur un quart de ses unités, nous entendons que l’établissement aurait besoin d’une augmentation de 3 à 4 fois plus de moyens pour maintenir ses unités et son potentiel de recherche.
Plutôt que de proposer un plan social, nous vous proposons d’œuvrer pour justifier les moyens suffisants pour le maintien de nos unités.Nous devons obtenir des budgets à la hauteur de nos besoins, plutôt que nous couper les mains !
La politique budgétaire en cause
Aujourd’hui, nous voyons bien que ce sont l’ensemble des opérateurs de l’État qui sont menacés, et ce, sans discussion de fond sur leurs rôles, leurs missions ni leurs importances. Tout comme le CNRS, d’autres « opérateurs de l’État » sont menacés.
L’ADEME, agence indispensable à la protection de l’environnement et qui accompagne efficacement les établissements et les administrations à préserver l’environnement et à construire un avenir plus responsable, se trouve, comme le CNRS, menacé. Il en va de même pour l’Office National de la Biodiversité. Comment peut-on sacrifier ainsi les structures clées dans la gestion et l’accompagnement du monde d’après le capitalisme ? À moins, justement, que la France anticipe le « trumpisme » dans une escalade dans le déni climatique et environnemental. Ces questions sont la clé de notre avenir. Qu’ils soient sociétaux, économiques ou climatiques, les enjeux auxquels nos sociétés vont devoir se confronter ne peuvent trouver de salut sans une recherche fondamentale en état de marche, en capacité d’étudier et de proposer de nouvelles solutions.
Il n’y a pas de véritable crise budgétaire en France. Il y a des choix de gestion qui nous sont opposés et maquillés en « crise ».
La situation économique de la France ne s’est pas dégradée ainsi soudainement. Elle est le fait de choix budgétaires qui favorisent les cadeaux fiscaux aux très grandes entreprises, alors que les groupes du CAC40 ont versé un montant record en 2024 à leurs actionnaires. Le rapport de la Cour des comptes de 2023 sur les dépenses fiscales indique que l’État n’a réellement perçu que 12,4 % de l’impôt sur les sociétés. La réalité est que la France est devenue un paradis fiscal pour les grands groupes. Il n’y a donc pas de crise budgétaire, mais des choix de gestion qui favorisent honteusement le capital. Le Crédit Impôt Recherche (CIR) en est un exemple.
E. Macron préfère sacrifier le CNRS plutôt que renoncer aux 7,7 milliards d’€ de CIR.
Nous devons refuser cette politique. La violence de cette mesure doit nous obliger à répondre en posant les véritables questions. Nous devons aussi avoir conscience que cette brutalité n’est pas complètement étrangère aux positions agressives et cupides de certains universitaires à l’encontre du CNRS. Nous devons réaffirmer l’importance du rôle du CNRS et par conséquent, celle de ses moyens !Plutôt que des Key Labs, nous devons exiger des moyens ! Pour refuser les Key Labs,Pour obtenir les moyens nécessaires à nos missions. Le SNTRS-CGT, avec l’ensemble des syndicats du CNRS, appelle les personnels de la région parisienne à se mobiliser devant le siège du CNRS le jour de son Conseil scientifique, le 27 janvier à 12h30, pour signifier notre opposition à ce label « CNRS Key Lab »
Et, en délégations régionales, faites adopter des motions et adressez-les-nous
Pour dire non aux Key Labs et défendre nos unités, nos emplois et nos budgets !
Conseil d’administration du CNRS du 20 décembre 2024
Déclaration des élues et élus SNCS-FSU, SNTRS-CGT et SNPTES-UNSA au Conseil d’administration du CNRS sur la politique des « key-labs » du CNRS
Le projet de contrat d’objectifs, de moyens et de performance (COMP) du CNRS pour la période 2024-2028, annonce que « le CNRS se propose de mettre en valeur, parmi les laboratoires dont il assure la tutelle, les plus remarquables d’entre eux, ceux qui sont réellement ‘’de rang mondial’’ » pour lesquels « Naturellement, l’implication du CNRS serait plus forte, et plus pérenne, dans ces laboratoires ». Cette proposition a été précisée lors de la Convention CNRS des directeurs et directrices des laboratoires qui a eu lieu le 12 décembre 2024 : il s’agira de concentrer plus de moyens sur environ un quart des unités
de recherche, les key-labs. Ces laboratoires seraient d’envergure internationale, choisis par la direction du CNRS sur des critères inconnus. Alors que seule l’évaluation par des pairs majoritairement élus devrait définir la politique scientifique de l’établissement, des listes d’heureux élus circulent déjà dans certaines communautés, marginalisant ainsi les instances scientifiques et l’évaluation par les pairs dans les décisions de la direction du CNRS.
En concentrant les moyens, qui sont essentiellement les personnels ingénieurs, techniciens et chercheurs permanents, un des objectifs affichés par la direction du CNRS est de réduire à terme le nombre de laboratoires du CNRS. Les laboratoires qui ne seront pas « choisis » bénéficieront de moins de recrutements par le CNRS, voire plus du tout. Ces laboratoires péricliteront avec les départs des personnels en retraite ou en mobilité vers des laboratoires que le label key-lab aura survalorisés. Une compétition s’installerait ainsi entre les laboratoires, qui chercheront par tous les moyens à obtenir le label key-lab, ce qui se traduira nécessairement par une forte pression sur les personnels, qui intensifieront leurs efforts d’apparaître toujours plus « performants et compétitifs ». Et tous les 5 ans, les laboratoires « choisis » auront une épée de Damoclès au-dessus de leur tête.
Ce n’est ni la taille des laboratoires, ni le pourcentage des effectifs CNRS, ni la « reconnaissance internationale », ni la compétition qui conduisent aux ruptures scientifiques, épistémologiques et éventuellement à l’innovation. Cette vision est celle, une fois de plus, des technocrates des ministères.
Le CNRS dans son ensemble est un outil extraordinaire de la recherche française. Les personnels de la recherche publique y sont attachés, avec beaucoup d’estime et non sans raison. Distinguer un quart de ses laboratoires revient à déclasser les trois quarts restants et, à travers eux, leurs personnels.
Concentrer les moyens pour des raisons à la fois structurelles et conjoncturelles de déficience budgétaire fait entrer notre organisme dans un processus délétère qui ne peut que conduire à l’affaiblissement du CNRS et à son délitement.
Les élu-es SNCS-FSU, SNTRS-CGT et SNPTES-UNSA au Conseil d’administration du CNRS s’opposent à la mise en place de cette politique des « key-labs » au CNRS.
« Key Labs » et rôle du CNRS dans la recherche : le SNCS-FSU demande une conférence nationale de la recherche
Communiqué du SNCS-FSU du 16 janvier 2025 – « Key Labs » et rôle du CNRS dans la recherche : le SNCS-FSU demande une conférence nationale de la recherche
Le 12 décembre 2024, une nouvelle catégorie de laboratoires de recherche était présentée aux directrices et directeurs d’unité du CNRS par son Président-directeur général : les « CNRS Key Labs ». Cette catégorie vise à labelliser environ un quart des unités de recherche du CNRS pour y concentrer la majorité des moyens du CNRS. Le conseil d’administration du CNRS a entériné¹ ce principe des « CNRS Key Labs » le 20 décembre 2024.
Le SNCS-FSU s’oppose à la création des « CNRS Key Labs »² qui redéfinit radicalement pour les dix prochaines années la politique scientifique et les objectifs stratégiques du CNRS et, plus largement, le rôle et la place du CNRS dans le paysage de la recherche en France. Il est inacceptable pour le SNCS-FSU que cette politique des « CNRS Key Labs » ait été lancée par la direction du CNRS à l’insu des instances scientifiques³, des directrices et directeurs d’unité du CNRS et des autres tutelles des unités du CNRS.
Cette décision déplorable est une tentative de s’ajuster à la politique de sous-investissement chronique de tous les gouvernements depuis plus de vingt ans dans la recherche publique. Le CNRS n’ayant pas les moyens humains et financiers de soutenir une recherche de qualité dans l’ensemble de ses unités de recherche, la direction du CNRS préfère concentrer les moyens sur un quart de laboratoires labellisés « CNRS Key Lab » et laisser péricliter les trois quarts restants des laboratoires.
Le CNRS est un outil extraordinaire de la recherche française, auquel ses agents et les personnels de la recherche publique sont attachés, et qui est reconnu et envié par les scientifiques du monde entier. Le SNCS-FSU défend un CNRS fort, volontaire et démocratique auquel est adossé le comité national de la recherche scientifique qui, représentant l’ensemble des personnels des unités du CNRS et de la recherche publique, joue un rôle essentiel dans la force et la vie démocratique du CNRS et de la communauté scientifique française.
Pourtant, depuis de nombreuses années, le comité national de la recherche scientifique et les personnels de la recherche publique sont soigneusement exclus des réflexions et décisions structurantes du paysage de la recherche. Les dernières en date sont : les programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR) et leur mise en œuvre par les établissements, l’élaboration de la prospective scientifique et la mise en œuvre des agences de programmes ; l’articulation sur les différents sites entre le CNRS, les universités et les autres organismes à travers la gestion et le pilotage des UMR (unités mixtes de recherche) ; et maintenant la politique des « CNRS Key Labs ». Ces décisions, élaborées par les seules directions d’établissement en réponse à des injonctions de plus en plus contraignantes et excluant les instances et les personnels, conduisent à un paroxysme de confusion, de dissensions et de compétition entre acteurs dans le paysage de la recherche. Avant cela, ce mode de prise de décision a déjà conduit la recherche publique à un système de financement reposant quasi-exclusivement sur les appels à projet qui apparaît aujourd’hui totalement absurde et inefficace.
Le SNCS-FSU considère que cette situation très dégradée rend indispensable une réflexion d’ensemble sur l’organisation de la recherche publique en France, incluant la politique du CNRS et le rôle du CNRS dans la recherche, qui associe les instances du comité national de la recherche scientifique, les directrices et directeurs d’unité, les personnels, les directions d’établissement de la recherche publique (organismes de recherche et universités), etc. Le SNCS-FSU demande l’organisation d’une conférence nationale ayant pour objectif de proposer une organisation de la recherche qui soit partagée par l’ensemble des personnels.
En attendant, le SNCS-FSU appelle² tous les personnels, les instances du comité national de la recherche scientifique et les directrices et directeurs d’unité du CNRS à réagir, par tous les moyens, pour refuser la politique des « CNRS Key Labs ».
¹ Le conseil d’administration (CA) du CNRS a approuvé le 20 décembre 2024 le contrat d’objectifs, de moyens et de performance du CNRS pour la période 2024-2028 qui programme la politique des « CNRS Key Labs » avec trois votes contre (deux élu-es SNCS-FSU et une élue SNTRS-CGT), un vote abstention (une élue SNPTES-UNSA) et tous les autres votes pour (deux élu-es SGEN-CFDT et l’ensemble des nommé-es au CA du CNRS).
² Communiqué du SNCS-FSU du 18 décembre 2024 – Le SNCS-FSU appelle à refuser la politique destructrice des « key labs » au CNRS
³ Il est inacceptable pour le SNCS-FSU que la politique des « CNRS Key Labs » ait été lancée par la direction du CNRS à l’insu des instances scientifiques : conseil d’administration du CNRS, conseil scientifique du CNRS, conseils scientifiques d’institut du CNRS, sections et commissions interdisciplinaires du comité national de la recherche scientifique. Le SNCS-FSU s’associe pleinement à la déclaration du conseil scientifique du CNRS du 20 décembre 2024 qui dénonce vivement l’absence de consultation du conseil scientifique « en amont de la mise en place de cette politique structurante pour l’organisme, sur les objectifs stratégiques poursuivis, l’approche retenue et les critères utilisés par la direction du CNRS pour établir la liste préliminaire de ‘’key labs’’ ».
L’appel des 5200 chercheurs du CNRS : motion de défiance envers les keylabs et la présidence du CNRS
Nous, l’ensemble des agents (C, EC, IT, Doc, Pdoc, etc.) des laboratoires et UMR où le CNRS est tutelle, mais aussi l’ensemble de la communauté scientifique publique, inquiète de ce qu’une telle décision préfigurerait, exprimons notre plus vive inquiétude et notre opposition résolue aux orientations stratégiques récemment annoncées par M. Antoine Petit, président-directeur général du CNRS.
Ces orientations, notamment matérialisées par le projet des « Key Labs », constituent une remise en cause profonde de l’essence même de la recherche scientifique publique telle que le CNRS la défend depuis sa création. Les « Key Labs », en ciblant les financements et ressources sur quelques rares (25 %) laboratoires identifiés comme majeurs sur des critères inconnus, viennent accentuer la tendance préoccupante de l’intensification de la concurrence dans le monde de la recherche. Ce processus, largement engagé au fil des années de la mandature de M. Antoine Petit et totalement assumé et même prôné par lui, atteint cette fois un paroxysme pour nous insupportable.
En effet, ce projet :
- Se dresse contre les principes fondamentaux de la liberté académique, en oubliant l’importance de conjuguer toutes les thématiques, qu’elles soient orientées par des intérêts économiques à moyen et court terme ou qu’elles s’inscrivent dans de la recherche fondamentale, exploratoire et désintéressée qui ne peut s’inscrire que sur un temps long ;
- Renforce des inégalités territoriales et disciplinaires en concentrant les financements et les ressources sur quelques laboratoires jugés « stratégiques », au détriment de l’écosystème scientifique global et en mettant ainsi à son ban la plus grande partie (75 %) de ses laboratoires et personnels ;
- Fragilise le statut des chercheuses et chercheurs et des ITA en favorisant des modèles de financement précaires et ponctuels, au lieu d’un soutien durable et structurant ;
- S’inscrit en contradiction avec la réforme de l’évaluation scientifique qui vise à mettre en place des critères plus qualitatifs et à intégrer les enjeux environnementaux ;
- S’impose de la manière la plus brutale qui soit aux autres tutelles des Unités Mixtes de Recherche (UMR) qui composent elles-mêmes l’essentiel du paysage de la recherche française ;
- Ne fait l’objet d’aucune concertation transparente avec la communauté scientifique, rompant ainsi avec les valeurs de collégialité et de démocratie scientifique qui devraient présider à toute évolution majeure au sein de notre institution.
Face à ces dérives, nous estimons que M. Antoine Petit a failli à sa responsabilité de garantir un pilotage de l’organisme respectueux de sa mission première : le développement de connaissances au service de la société, dans un cadre public et autonome. Alors que l’urgence devrait être de faire en sorte que la France parvienne enfin à financer correctement sa recherche publique comme elle le devrait eu égard à ses engagements européens, ce projet ne pourra qu’entraîner la destruction même de tout ou partie du CNRS, organisme irremplaçable que nous envient nombre de pays, européens ou non.
Nous réaffirmons que les transformations actuelles sont incompatibles avec les valeurs de la recherche publique et appelons :
- À un arrêt immédiat du projet des « Key Labs » et à une révision de l’ensemble des orientations stratégiques récentes du CNRS ;
- À une réforme en profondeur de la gouvernance du CNRS, incluant l’ensemble des personnels qui, pour la plupart, s’impliquent sans compter dans les différentes instances assurant la bonne marche de l’organisme, mais qui sont totalement ignorés, voire méprisés dans le mode de fonctionnement actuel ;
- À la démission de M. Antoine Petit pour permettre une refondation collective de notre institution sur des bases conformes à ses missions fondamentales.
Nous invitons l’ensemble des laboratoires, instances scientifiques et collectifs à soutenir cette motion et à se mobiliser pour défendre une recherche publique, libre et indépendante.
Décidée dans la plus totale opacité, y compris envers ses propres agents, et sans qu’aucun responsable de fouille ne soit prévenu, ni ne puisse anticiper si ce n’est au dernier moment, cette coupe budgétaire compromet voire interrompt de fait des programmes de recherche collectifs de long terme, dans lesquels s’investissent de nombreux collègues de diverses institutions et d’autres partenaires financiers et scientifiques.
Le 10 janvier 2025
Le collectif « Motion de défiance A. Petit »