
« C’est les moments décisifs… »
Ce début de printemps est hélas bien moins lumineux, politiquement parlant, que ne l’est pour l’instant ce beau ciel d’avril…
En Ukraine, le trio maléfique Macron, Starmer, von der Leyen fait tout pour saboter la très timide et fragile amorce de désescalade, ou du moins d’accalmie, que dessine l’esquisse de navette diplomatique amorcée à Riyad entre les USA, la Russie et l’Ukraine. Tout montre que le trio belliciste euro-otanien a peur, c’est un comble, non du danger de guerre mondiale, mais d’une possible négociation russo-ukraino-américaine débouchant sur une paix durable.
Pire que cela, l’autorisation permanente donnée par Macron et Cie à Kiev d’utiliser des bombardiers occidentaux pour pilonner le territoire russe, accompagnée de l’annonce répétée de l’envoi imminent d’un contingent militaire anglo-français en Ukraine, crée les conditions d’un possible casus belli prédéfini comme tel par V. Poutine entre notre pays et la première puissance nucléaire du monde, la Russie. Cette stratégie suicidaire est le contraire d’une politique patriotique tant elle met en danger « existentiellement » la population de l’Hexagone que risque d’exterminer exhaustivement un éventuel échange de tir nucléaires entre la France et la Russie !
Nous laisserons donc le camp peu responsable des bavards « rassuristes »
(dont la devise réelle est « optimisme de l’intelligence, pessimisme de la volonté! », bref, du Gramsci à l’envers!) continuer à clamer qu’ « il n’y aura pas de guerre!« , que « tout ça, c’est du cinéma!« , que « la guerre entre puissances nucléaires est impossible! » et autres mantras démobilisateurs qui permettent à certains analystes en chambre de bien dormir la nuit et…d’endormir la vigilance d’autrui. Au contraire, la tâche des vrais révolutionnaires est de mobiliser le monde du travail et la jeunesse contre l’engrenage macroniste d’où peut sortir à tout moment la Troisième guerre mondiale: pessimisme (ou plutôt, réalisme) de l’intelligence, optimisme de la volonté! Il faut en réalité ne pas perdre un instant pour préserver ce qui reste de la paix mondiale, socle désormais indispensable à la survie de la population française… voire à la survie de l’humanité au XXIème siècle. Cela signifie militer d’arrache-pied pour la paix auprès des masses populaires (sur les marchés, au pied des tours HLM, à l’entrée des entreprises et des facs…) au lieu de susurrer : « tout va très bien Madame la Marquise, le château flambe mais ça finira bien par s’arrêter tout seul » !
Les racines de classe de cette irrationalité folle des Macron, Starmer, von der Leyen et Cie sont pourtant claires quand on veut bien les analyser point par point.
Il s’agit d’abord de l’horizon proprement exterministe du système capitaliste-impérialiste historiquement à bout de souffle dont l’espèce humaine n’a plus désormais à « espérer » que guerres mondialisées, strangulation des Etats souverains, fascisation des institutions, épuisement rapide des ressources terrestres, destruction obscurantiste des sciences, etc. C’est cette profonde morbidité du capitalisme-impérialisme parvenu peu à peu au stade de l’exterminisme qui, de Guernika à Gaza, d’Hiroshima à la crise dite « des fusées de Cuba », de la crise des euromissiles Pershing (1984) au « Grand Rift mondial » actuel opposant l’impérialisme euro-atlantique au reste du monde, mène objectivement l’humanité aux portes de l’autodestruction: ce qui rend d’autant plus actuel le mot d’ordre objectivement anti-exterministe de Fidel Castro : « le socialisme ou mourir, nous vaincrons!« .
A noter que l’exterminisme capitalisme ne disparaît nullement parce que, tactiquement et provisoirement, l’Empire étatsunien cherche à relâcher quelque peu la pression militaire sur la Russie pour tenter de la découpler (en vain du reste!) de cette Chine populaire que Washington considère très officiellement comme son « ennemie stratégique ». Il s’agit moins au fond d’une divergence stratégique entre les deux ailes « démocrate » et « républicaine » de l’Aigle impériale étatsunienne que d’un désaccord tactique sur la manière de s’y prendre: d’une manière globalisante pour le camp Biden/Harris/von der Leyen, ou bien en « saucissonnant » les problèmes côté trumpiste. Trump considère en effet qu’il serait absurdre d’affronter à la fois la Chine et la Russie, et derrière elles les BRICS et la « majorité mondiale », et qu’il faut donc appliquer la vieille tactique impérialiste du « diviser pour régner » en s’occupant de vaincre successivement, et non simultanément, les deux géants de l’Eurasie: déjà le général romain Scipion savait qu’il ne devrait jamais attaquer à la fois Hannibal et Jugurtha s’il voulait conquérir et raser Carthage !
Trump en est-il moins « exterministe » pour autant? Il suffit d’observer comment cette brute politique particulièrement gratinée, obscurantiste et grimaçante tente de stranguler Cuba socialiste et de saboter le Venezuela bolivarien ; ou de voir comment le même personnage gratifie à profusion l’Attila moderne qu’est Netanyahou des moyens militaires US nécessaires pour raser Gaza et pour purger ethniquement la Cisjordanie: on comprend alors que le trumpisme est moins, hélas, « la politique d’un homme d’affaires qui veut faire des « deals » en évitant la guerre« , comme le disent certains analystes sur ce point superficiels, que l’une des variétés possibles de l’exterminisme: manifestement, Trump et son double juvénile J.D. Vance cherchent d’abord à faire le plein des réserves stratégiques américaines (rétablir d’abord les arrières des USA en annexant le Groenland, le Canada, Panama et l’Amérique latine; geler provisoirement le front russo-ukrainien; tenter d’écraser définitivement Gaza, le Yémen, le Liban et l’Iran) pour mieux attaquer ensuite, toutes les « cartes » territoriales les plus faciles à prendre ayant d’abord été raflées, ce « Sud global » et cette Eurasie qu’il faut à tout prix maintenir tout au bas des chaînes de valeur de la production capitaliste: une démarche qui est diamétralement opposée en son principe aux « routes de la soie » dites « gagnant-gagnant » dont se réclame Pékin. Bref, si l’on peut dire, la somme globale d’exterminisme incandescent que nourrit le capitalisme-impérialisme agonisant se maintient tout en changeant de formes et en se déplaçant pendant que l’Europe occidentale pilotée par le trio Macron/Starmer/von der Leyen (soutenus de loin par leurs inspirateurs « démocrates » U.S.) devient l’épicentre purulent du bellicisme ultra. Et il est navrant pour nous, patriotes républicains, syndicalistes de lutte et militants politiques de la classe laborieuse française, de constater à cette occasion que le très déclinant, donc très agressif et revanchard impérialisme « français », cet ennemi principal de notre peuple qu’il voudrait pousser au suicide militaire, joue dans cette affaire le triste rôle du poisson-pilote de l’hégémonisme euro-atlantique global, faute de pouvoir maintenir sa vieille emprise néocoloniale sur l’Afrique !
Concernant l’irrationalité suicidaire de Macron – qui se vante, tel un sale gosse, de n’avoir « aucune ligne rouge »! – la raison politique permet d’en rendre compte au second degré. Macron et ses pairs ouest-européens veulent en effet saisir l’occasion que leur offre le très momentané et provisoire retrait américain d’Europe pour marcher sur le ventre de leurs peuples respectifs (Anglais, Allemands et Français, classes ouvrières en tête, veulent davantage de souveraineté et d’acquis sociaux, et non pas davantage d’Europe supranationale et de régressions sociales!) et leur imposer à l’arrache la mise en place d’un Etat fédéral européen. Un Empire européen assis sur une ‘ »armée européenne », adossé à une économie de guerre continentale (= un « capitalisme monopoliste d’Etat » continentalisé), disposant très vite de l’arme nucléaire française et du siège français à l’ONU, arasant les acquis sociaux et les souverainetés nationales, criminalisant le mouvement ouvrier et les communistes véritables (Roussel ne craint rien!) en tant qu’ « ennemis de l’intérieur »; bref, un Reich continental violemment tourné vers l’expansion vers l’Est, vers la remilitarisation de l’Allemagne, vers l’ (impossible) recolonisation rampante du Sud (Maghreb, Afrique subsaharienne, Proche-Orient..) et prenant de grands airs « démocratiques » alors même que tout est fait pour bâillonner les peuples européens comme on le voit présentement en Roumanie. Honni par le peuple français, Macron se voit déjà ainsi en premier président des futurs Etats-Unis d’Europe et, pour commencer, en preux « chef de guerre » de l’Occident prenant sa revanche sur l’odieux pays d’Octobre 17 et de Stalingrad (la russophobie étant comme un « retour de refoulé » de l’antisoviétisme recuit…).
A noter que la dispute actuelle opposant les tenants de la mondialisation libre-échangiste dite néolibérale (moribonde) et ceux du néo-protectionniste nationaliste incarné par Trump ne doit pas nous leurrer : d’une part, l' »avantage » idéologique de cette querelle planétaire est de révéler au monde combien le capitalisme actuel et son « hégémon » étatsunien s’affichent ouvertement rétrogrades (cf. la chasse aux sorcières géante qui fait rage aux « libres » USA à l’encontre de milliers de scientifiques). Cette querelle réduit ainsi à néant des décennies de vénéneux « soft power » américain à base de sucreries hollywoodiennes. Mais surtout, cette fracture « transatlantique » entre USA protectionnistes et UE de moins en moins « libérale » (ce qui n’empêche pas l’UE, l’OTAN, Macron et Cie de continuer d’américaniser nos façons de vivre et de parler…) n’en prouve pas moins ceci: du point de vue des intérêts populaires, l’euro-mondialisme néolibéral et le protectionnisme trumpiste, qui se nourrissent l’un l’autre de leurs excès même, sont uniquement porteurs de régressions de toutes sortes, en un mot, de course à la décivilisation par des voies différentes, et finalement, complémentaires. C’est donc bien du système capitaliste-impérialiste lui-même, ainsi que de l’ensemble des institutions qui le charpentent, UE et OTAN en tête, qu’il faut sortir à temps, et non pas de telle ou telle de ses variantes destructives. Et pour cela, qu’est-ce qui urge davantage de nos jours que de reconstituer, pays par pays, de puissants partis communistes de combat, et à l’échelle internationale, un large syndicalisme rouge international ainsi qu’une dynamique Internationale Communiste et Ouvrière animant un large front mondial anticapitaliste, anti-hégémonique, antifasciste et anti-exterministe, l’enjeu en étant la défense des Lumières et de la vie elle-même ?
Il est alors facile de mettre en perspective la situation politique française: sauvé et conforté de justesse à plusieurs reprises (refus de le censurer!) par la pseudo « gauche » social-impérialiste (sociale en paroles, impérialiste en pratique!) des Raphaël Glucksmann, Olivier Faure, Marine Tondelier, François Hollande et Cie, le gouvernement minoritaire et Retailleau-dépendant de Bayrou se sert de la marche à la guerre continentale et du climat anxiogène et antidémocratique qu’elle génère pour saigner à blanc les services publics, le pouvoir d’achat populaire et la protection sociale: qu’importe alors l' »endettement de la France », qui ne pèsera jamais que sur les dépenses sociales, et que s’ouvre en grand le subventionnement public des marchands de missiles, l’ « économie de guerre » signifiant en réalité: ceinture à perpétuité pour les prolétaires, gavage général des gros actionnaires ! Bref, la préparation de la guerre à l’extérieur du pays ne fait, comme toujours, que prolonger la guerre de classe dès longtemps menée à l’intérieur de nos pays à l’encontre des couches populaires et moyennes !
Face à cela il est suicidaire que, imitant la fausse gauche politique dont ils sont proches (derrière les déclarations mensongères sur l' »apolitisme » syndical!), les états-majors confédéraux des syndicats français accompagnent la marche à la guerre avec quelques bémols: bref, « allons-z-enfants-de-la-patrie (européenne) ! » pour peu… qu’on ne touche pas au remboursement du Doliprane? Jaurès, Sémard, Timbaud, Krazucki, Frachon, doivent se retourner dans leur tombe s’ils entendent les déclarations déshonorantes des dirigeant(e)s syndicaux(-ales) à la Binet qui relaient le mensonger narratif euro-atlantique sur la « menace existentielle russe » ou sur le « péril chinois ». Et qui, très logiquement, font totalement abstraction de la nature de classe capitaliste de l’UE-OTAN. En agissant ainsi, ils et elles DÉSARMENT idéologiquement le prolétariat de France au moment même où il devrait y avoir des millions de travailleurs dans la rue comme c’est le cas en ce moment en Grèce, en Belgique, voire en Italie !

Plus que jamais, l’instinct de survie pour nous et nos enfants commande de briser cette union sacrée folle et mortifère qui conduit mécaniquement au pire si le monde du travail ne s’interpose pas.
C’est pourquoi le PRCF appelle à une prise de parole plurielle le 8 mai prochain devant le Café du Croissant où fut assassiné Jaurès en août 14.
C’est pourquoi aussi le PRCF soutient l’appel-pétition de cinq organisations appelant à un référendum sur l’appartenance ou non de la France à l’UE.
C’est pourquoi le Pôle participera au rassemblement unitaire du 30 mai pour commémorer dans l’action le 20ème anniversaire du Non français à la constitution d’un Etat européen supranational.
Ne regardez pas, en vous lamentant, ou en vous rassurant à bon compte, passer le TGV mortifère que conduit Macron.
Engageons-nous tous à temps, non dans la marche à la guerre impérialiste, mais dans la reconstruction du Mouvement syndical de classe et d’un parti communiste de combat en France: et pour cela n’hésitez plus à soutenir, voire à rejoindre, le PRCF et la JRCF.
2 avril 2025 – Par Georges Gastaud, directeur politique d’Ininiative communiste, responsable du Secteur Études et Prospective du PRCF