
Le hasard du calendrier a voulu que dimanche 6 avril 2025, trois rassemblements émanant des trois principaux blocs politiques du pays se déroulent au même moment à Paris. Façon de rejouer la confrontation de février 2017 lorsque Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon rassemblaient leur troupes le même weekend pour animer l’élection présidentielle. Et de faire oublier que, huit ans après, les illusions se sont dissipées et les masques sont tombés.
Rallié à l’euro-atlantisme, le corrompu RN bascule dans la sédition trumpiste
Depuis sa condamnation à cinq ans d’inéligibilité, Marine Le Pen multiplie les offensives pour dénoncer les « atteintes à la démocratie » et la volonté de bâillonner la souveraineté populaire en vue de 2027. Non pas que cette dynamique n’existe pas : depuis l’arrivée au pouvoir de la Macronie en 2017, jamais la souveraineté populaire, les libertés publiques et la démocratie n’ont été autant attaquées, de la répression sauvage des gilets jaunes à la négation du résultat des législatives de juillet 2024 en passant par la multiplication des 49-3 pour détruire les retraites. Non pas que la Macronie ne cherche pas à profiter de la condamnation de Marine Le Pen, ni même que la décision rendue soit exonérée de possibles considérations politiques et/ou idéologiques.
Mais entendre Marine Le Pen geindre sur sa condamnation relève de la cocasserie, elle qui ne cesse de réclamer l’inflexibilité de la justice pour combattre… la délinquance. Or, voici que la justice vient de condamner des actes de délinquance avérés : détournement de fonds publics, recel de détournement de fonds publics, existence d’un système organisé, etc. Faits avérés par… l’échange de courriels du 22 juin 2014 entre Jean-Luc Schaffhauser, alors eurodéputé, et Wallerand de Saint-Just, trésorier du RN, dont l’objet était intitulé « règlement du parlement ». Jean-Luc Schaffhauser écrivait en effet au trésorier du parti, qui se trouvait par ailleurs être alors avocat de profession : « Ce que Marine nous demande équivaut qu’on signe pour des emplois fictifs… et c’est le député qui est responsable pénalement sur ses deniers même si le parti qui en est le bénéficiaire… Je comprends les raisons de Marine mais on va se faire allumer car on regardera, c’est sûr, nos utilisations à la loupe avec un groupe si important. Je n’ai pas prévenu les autres du cadre légal car je créerai encore plus de bordel. » La réponse de Wallerand de Saint-Just, malgré ses dénégations, est particulièrement claire aussi : « Je crois bien que Marine sait tout cela… ».

Cela n’empêche pas Marine Le Pen de dénoncer une atteinte à la démocratie du fait de l’exécution provisoire (ni exclusive ni inédite) de sa peine d’inéligibilité, lui fermant la porte pour la présidentielle… pour le moment. En effet, un jugement en appel est prévu pour l’été 2026, lui offrant une occasion potentielle d’échapper à l’actuelle sentence la concernant personnellement. Car ni Jordan Bardella ni le RN ne sont empêchés de se présenter à la présidentielle pour 2027. Qu’importe : dans une fuite en avant trumpiste, le RN organise dimanche 6 avril 2025 une « manifestation pour la démocratie » et… « contre les juges rouges » selon Jordan Bardella. Et de chercher à demeurer la principale alternative à Emmanuel Macron.
Bonne façon de faire oublier l’ancrage euro-atlantique du RN, totalement rallié à l’Axe UE-OTAN dont il ne souhaite absolument pas sortir… et de masquer sa réalité antipopulaire et anti-patriotique en espérant soudoyer les travailleurs par son éternel discours identitariste xénophobe. Bref, du trumpisme pur et dur pas loin de la sédition prête à remettre en cause le peu de « démocratie » qu’il reste en France.
Avant-garde de l’euro-bellicisme, la Macronie veut accélérer le « saut fédéral européen »
Le hasard veut que depuis plusieurs semaines était prévu un rassemblement de la Macronie sous l’impulsion de Gabriel Attal pour ce même dimanche 6 avril, officiellement pour « défendre la République et les valeurs de la République ». La manifestation lepéniste offre l’occasion à la Macronie – réunie dans la tartuffe coalition « Ensemble pour la République » – de se présenter une énième fois en « rempart contre les extrêmes ». Belle tentative de faire oublier que la Macronie n’a jamais été un rempart contre la fascisation, mais tout au contraire son carburant le plus redoutable à travers la promotion de l’ordre euro-atlantique et la reprise des discours anti-immigrés et antimusulmans sous couvert de lutter contre l »islamo-gauchisme ».
Plus encore, les appels des illuminés Macron, Barrot (ministre des Affaires étrangères expliquant que « le réarmement des esprits commence à l’école »), Darmanin (expliquant que les assassins de Samuel Paty étant tchétchènes, la responsabilité de Vladimir Poutine est engagée !), etc., à préparer une « économie de guerre » sont de véritables appels au suicide collectif et à l’exterminisme. Quitte à nier la force de frappe nucléaire de la Fédération de Russie, cible d’une intense propagande violemment russophobe dans l’objectif de préparer les esprits à une confrontation générale toujours plus proche.
Pour la paix, c’est les moments décisifs – par Georges Gastaud
Mais nous aurions tort de croire que cet appel à « l’union sacrée » belliciste n’obéit pas à un projet politique. Pour Macron, totalement discrédité au niveau national, il s’agit d’accélérer la dissolution de la France dans l’ordre euro-atlantique à travers le funeste « saut fédéral européen », dont le réarmement massif du continent voulu par Macron, Ursula von der Leyen, le Premier ministre « travailliste » Keir Starmer, le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte et… Donald Trump, constitue une étape fondamentale. En somme, Emmanuel Macron reprend le projet de « Communauté européenne de Défense » rejeté par les communistes et les gaullistes en 1954 et qui offrait la voie royale à l’hégémonisme germano-étasunien en Europe.
Et pour que ce projet advienne, encore faut-il trouver les 800 milliards d’euros exigés par von der Leyen. La solution est toute trouvée, comme l’a récemment rappelé Mark Rutte : moins d’argent pour la Santé, plus pour la Défense. Soit l’antithèse du slogan porté par le PRCF depuis 2022 : « l’argent pour les salaires, pas pour la guerre ! ». Le projet Macron-von der Leyen-Rutte, ou l’assassinat de ce qu’il reste de la France et de la République, nécessitant une véritable alternative de RUPTURE patriotique et populaire.
Derrière l’indispensable combat contre l’extrême droite, l’euro-conformisme du NFP
Une alternative que ne peut nullement représenter un « Nouveau Front populaire » dont la principale conséquence politique aura été, comme pour la NUPES, de… redonner vie à un « Parti socialiste » au bord de l’effondrement au soir du premier tour de la présidentielle de 2022. Un PS qui, depuis, ne cesse de vitupérer contre LFI et qui refuse de prendre part aux manifestations contre l’extrême-droite comme celle organisée ce dimanche 6 avril 2025. Au lieu de cela, Olivier Faure s’attelle à préparer une « plateforme commune de la gauche non mélenchoniste » en vue de la présidentielle, allant « de François Ruffin à Raphaël Glucksmann ». Soit toutes les forces euro-bellicistes qui ont encore approuvé, le 12 mars dernier, une résolution macroniste en faveur du soutien militaire et financier au régime pronazi de Kiev.

Une telle situation est en grande partie le résultat du choix politique désastreux de LFI d’abandonner la juste ligne de 2017 – « l’UE, on la change ou on la quitte ! »– au profit d’une énième « gauche plurielle » qui, comme ne cesse de l’annoncer le PRCF, ne peut que se désagréger face aux énormes contradictions (sur l’UE, l’OTAN, etc.) existant au sein de cette alliance électoraliste. Et ce, sans empêcher la montée en puissance du RN qui est désormais le premier parti politique à l’Assemblée nationale… Pire encore : des déclarations comme celles de Manon Aubry estimant qu’en cas d’attaque de la Russie contre la Pologne, la France devrait être solidaire dans le cadre de l’OTAN (!), ne peuvent que déboussoler des travailleurs à la recherche d’une véritable alternative patriotique et populaire.
Une alternative que tente de représenter le faussaire Fabien Roussel, pourtant écrasé au premier tour des législatives en juin 2024 dans une circonscription que détenait le PCF depuis… 1962. Porteur d’un anti-mélenchonisme primaire, l’actuel secrétaire national du PCF-PGE s’apprête à intervenir à Vénissieux dans un grand meeting pour la paix, avec notamment pour slogan… « L’argent pour les salaires et les services publics, pas pour la guerre ! ». Belle nouvelle tentative de récupération de la ligne du PRCF pour un spécialiste de la copie sur les originaux. A ceci près que cette tentative se heurte à une contradiction majeure : comment porter un tel discours quand on refuse de sortir de l’UE, partenaire stratégique de l’OTAN, et qu’on renvoie la sortie de cette dernière aux calendes grecques depuis l’intervention de la Russie en Ukraine en février 2022 ?
Certes, il faut saluer le vote bienvenu des députés PCF et LFI du 12 mars dernier contre la résolution macroniste en faveur du régime pronazi de Kiev, et dès lors encourager toutes les initiatives en faveur de la paix. Mais encore faut-il que cette démarche soit portée de manière non confuse ; or, comment oublier que le 30 novembre 2022, les députés PCF – Fabien Roussel en tête – ont approuvé une résolution macroniste en faveur de l’ancrage de la France dans l’ordre UE-OTAN, du soutien militaire et financier au régime pronazi de Kiev et de l’adhésion de ce dernier à l’OTAN et à l’UE ??!! Comment oublier que le PCF, comme LFI, est membre du NFP dont le programme implique la « livraison d’armes nécessaires » au régime pronazi de Kiev ?!
Une seule véritable alternative : Frexit progressiste !
Raison de plus pour soutenir et rejoindre la seule véritable alternative politique possible pour sortir de cette situation funeste pour le pays et les travailleurs : Rouge et Tricolore. Une alternative portée par le PRCF et ouverte aux travailleurs en lutte, aux syndicalistes de classe, aux militants franchement insoumis et communistes, aux forces patriotiques antifascistes (et non subjugués par Trump comme Asselineau et Philippot), aux citoyens épris de paix. Bref, à toutes celles et tous ceux qui ne croient plus aux partis établis et qui attendent de « nouveaux jours heureux », comme le propose le PRCF depuis 2004.
Raison de plus pour participer au rassemblement pour la paix jeudi 8 mai 2025 à 11h devant le Café du Croissant – où fut assassiné Jean Jaurès – organisé à l’initiative du PRCF, ainsi qu’au rassemblement commun du samedi 31 mai 2025 pour les 20 ans de la victoire du NON au référendum sur la « constitution européenne ». Et plus encore de soutenir et de rejoindre le PRCF et la JRCF !
Par Fadi Kassem, secrétaire national du PRCF
Georges Gastaud, directeur politique d’Initiative communiste
Gilliatt de Staërck, secrétaire exécutif du PRCF