
Le PRCF était invité à participer au second congrès international antifasciste qui s’est tenu du 22 au 24 avril à Moscou, à l’initiative du Parti Communiste de la Fédération de Russie (PCFR – KPRF), 1er parti d’opposition à la Douma. Cela faisait suite à un premier congrès co-organisé à Minsk en avril 2023 avec le Parti Communiste de Biélorussie (PCB). Cette seconde rencontre coïncidait avec le 155e anniversaire de la naissance de Lénine et les 80 ans de la victoire des peuples contre l’Allemagne nazie. Un jubilé d’une signification évidemment particulière pour la Russie et tous les ex-pays soviétiques qui ont joué le rôle principal dans cette bataille et fourni le plus grand sacrifice. Une réalité tragiquement dissimulée aujourd’hui en France, particulièrement dans les médias et les programmes scolaires. A titre d’exemple, un Biélorusse sur trois a payé de sa vie pour débarrasser le monde de la peste brune.
Alors que les forces d’extrême-droite se renforcent de façon dramatique partout sur le globe et particulièrement aux États-Unis, en Europe et en Amérique latine, et que la marche à la 3e guerre mondiale est désormais enclenchée par l’axe impérialiste hégémonique États-Unis/UE/OTAN, l’affirmation d’un solide front antifasciste international est une nécessité vitale pour l’humanité. 160 délégations de plus de 90 pays étaient présentes, avec la participation notable de la Chine populaire, de Cuba socialiste et de tous les partis communistes des ex-Républiques soviétiques.

Afin de placer les débats sous les auspices de cette double commémoration, les quelques 200 participants sont allés déposer des œillets rouges sur la tombe du soldat inconnu et devant le mausolée de Lenine, sur la célèbre place rouge où est également enterrée une centaine de dirigeants révolutionnaires soviétiques et internationaux. Nous avons également pu faire une brève visite du musée de la grande guerre patriotique. La première journée s’est clôturée par un puissant concert du célèbre chœur de l’armée rouge Alexandrov, au cours duquel de grands solistes de l’ensemble et des chanteurs d’opéra ont interprété avec l’orchestre des chants antifascistes et anti-guerre célébrant l’amitié et la solidarité entre les peuples.

Le forum en lui-même s’est tenu sur une journée, le mercredi 23. Dans son discours inaugural, le secrétaire général du PCFR, Guennadi Ziouganov, a signalé que l’hyperconcentration du grand capital mondial était bien plus grave aujourd’hui que lors de la seconde guerre mondiale. Les 1000 plus grandes entreprises concentrent 80% des richesses mondiales. Un véritable poulpe qui asphyxie l’humanité et la mène au désastre avec l’aggravation extrêmement préoccupante des rapides changements environnementaux que cette production capitaliste génère. Le danger fasciste actuel est d’autant plus grand qu’il revêt des formes idéologiques variées pour tromper les peuples et avancer masqué. Il prend notamment le visage aujourd’hui de la défense des droits de l’homme et fait appel comme toujours à des désirs profonds et justes parmi les masses. C’est ainsi qu’il puise sa force a-t-il fait très justement observer. Alors que la Russie se trouve déjà sur le front militaire, aux prises avec l’OTAN et ses supplétifs néonazis locaux par Ukraine interposée, Ziouganov a enfin remarqué que pour vaincre l’hydre fasciste, l’URSS avait fourni un effort extraordinaire en portant à 17% la croissance annuelle de sa production, tandis que l’économie russe actuelle enregistre une hausse annuelle de seulement 4%. Il a conclu de manière très convaincante en rappelant que seuls les communistes ont l’expérience de la victoire sur le fascisme et que seuls les communistes sont prêts à aller au bout de ce combat pour terrasser à nouveau la bête immonde. Le PCFR a ensuite projeté un documentaire très pédagogique et informatif, a la fois théorique et historique, sur le fascisme d’hier et sa resurgence aujourd’hui. Celui-ci soulignait notamment des faits majeurs mais volontairement dissimulés ici en Europe parmi lesquels : l’accord naval signé entre la Grande Bretagne et les nazis en juin 1935 en violation du Traité de Versailles ; l’offensive éclair de l’URSS sur le Japon fasciste qui a permis de le mettre à genoux en 15 jours seulement en août 1945, ou encore l’ampleur des pertes humaines sur ce front asiatique, la Chine étant le pays à compter le plus grand nombre de victimes avec 35 millions de morts sous le feu de l’envahisseur japonais.
Trois sessions thématiques de travail étaient proposées : « L’enseignement de Lénine sur l’impérialisme et le fascisme », « Le facsisme et le nazisme comme continuation logique du capitalisme colonial » et « Le fascisme : menace pour la sécurité et la coopération en Europe ». Le PRCF a pris part à cette dernière. Dans l’intervention du PRCF que vous pouvez lire ici, le PRCF a insisté sur trois points.
- Premièrement : la définition du fascisme donnée par Dimitrov reste pleinement d’actualité. Dans son essence le fascisme reste la dictature ouverte, terroriste des éléments les plus réactionnaires du capital financier. Un phénomène qui surgit en raison des contradictions du mode de production capitaliste lui-même, soumis à la loi d’airain de la baisse tendancielle du taux de profit. Les agissements désespérés de la nouvelle administration états-unienne le montrent clairement : le vaisseau amiral de l’axe impérialiste hégémonique se retrouve au pied du mur, sans autre option que l’esclavagisation de sa propre population et/ou la paralysation de ses concurrents et la guerre ouverte avec la Chine qui prend le dessus économique sur le capital US.
- Deuxièmement, l’Union européenne constitue clairement le véhicule et le carburant de la fascisation sur notre continent à travers le dépeçage des souveraineté nationales, la destruction des protections sociales, la casse des services publics et la mise en concurrence des travailleurs des pays membres. Ce faisant, ce syndicat des monopoles qui a su institutionnaliser et faire accepter sa tutelle sur nos constitutions et nos gouvernements, sape les démocraties libérales tout en alimentant logiquement la montée des ressentiments nationaux.
- Enfin, nous avons souligné l’erreur tragique de ceux qui, en France, dans les organisations politiques et syndicales de la classe ouvrière ou de la gauche, osent encore promettre aux Français une « Europe sociale », absolument impossible en régime capitaliste. C’est un peu comme demander à votre bourreau de changer la couleur de la corde qu’il noue et resserre de jour en jour autour de votre cou.
Si le processus de fascisation est très avancé en Europe, le Parti Communiste Allemand a fait justement remarquer qu’il n’y avait pas encore de fascisme réellement au pouvoir, car le parlementarisme bourgeois arrive encore à gérer la crise, notamment parce que les mouvements syndicaux et pour la paix existants ne remettent pas en cause le système capitaliste et que les forces réellement révolutionnaires sont trop faibles et divisées. Toutefois, la répulsion morale pour le nazisme s’érode de plus en plus avec le soutien occidental à l’Ukraine néo-fasciste. Si cela s’avère nécessaire, les bourgeoisies européennes n’hésiteront pas à mettre en place un réel régime fasciste. La journée s’est conclue par un rapport sur les travaux thématiques en assemblée plénière et par l’adoption d’un appel que vous pouvez lire ici. Dans son mot de conclusion, le secrétaire général du PCFR a rappelé, malgré l’élan et l’enthousiasme suscités par cette importante rencontre internationale matérialisant l’union des forces progressistes antifascistes qui œuvrent partout dans le monde, que nous ne faisons malheureusement pas assez et pas assez vite. Si nous ne résistons pas fermement tous ensemble, le fascisme nous balaiera a-t-il averti.
Le lendemain, les délégations ont pu visiter une toute petite partie du parc d’exposition des réalisations de l’économie nationale de l’URSS et ses plus de 250 magnifiques pavillons dédiés aux différents secteurs productifs et à chacune des républiques soviétiques, érigés entre 1934 et 1954. À travers ce parc d’exposition et les différents trajets dans Moscou, nous avons eu un aperçu de ce qu’était l’architecture soviétique. On comprend alors tout de suite pourquoi il y a une telle nostalgie de l’URSS en Russie malgré l’incessante propagande anticommuniste. Les bâtiments expriment non seulement la puissance de ce qu’était cette Union qui a changé la face du monde et fait sortir des millions de personnes de la pauvreté et de la sujétion féodale, mais aussi un grand raffinement culturel et la volonté de cultiver le beau et de l’offrir à l’ensemble de la population. Riches ornementations déclinant de mille façons les symboles socialistes, matériaux nobles, détails et designs uniques comme on n’en fait plus… Rien n’était trop beau pour le peuple, raison pour laquelle l’ensemble du réseau de métro est somptueux et certaines stations sont même connues pour être de véritables œuvres d’art.





Nous avons été frappés par la présence à Moscou d’un héritage marxiste-leniniste très visible. Non loin du Kremlin, une superbe statue de Marx fait résonner le mot d’ordre du manifeste du parti communiste « Prolétaires de tous les pays unissez-vous », renforcé par des citations d’Engels et de Lenine également gravées dans la pierre. D’innombrables bâtiments et infrastructures portent le nom de Lenine, à commencer par l’ensemble du réseau de métro et la bibliothèque d’État dont l’ancien nom, « Bibliothèque Lenine », figure encore sur le majestueux frontispice. La figure de Staline, elle, avait été complètement effacée du patrimoine. Malgré cela, Staline reste le personnage historique national de loin le plus populaire en Russie. Depuis que le président Vladimir Poutine a lancé l’opération militaire spéciale en Ukraine, il a d’ailleurs été contraint de remobiliser malgré lui la figure de Staline, qui incarne sans pareille le patriotisme et la lutte antifasciste, en autorisant le PCFR a ériger à nouveau des statues en son honneur dans plusieurs villes du pays.
C’était encore plus beau de découvrir la ville de Moscou à cette période puisqu’il y avait de belles décorations partout pour les 80 ans de la victoire, y compris sur des galeries commerciales, des cafés et jusque sur les cartes d’embarquement à l’aéroport.





Cette rencontre nous a permis de concrétiser les liens du PRCF avec le PCFR et le parti communiste de Biélorussie avec qui nous allons pouvoir initier une véritable coopération bilatérale structurée. La délégation du PRCF a aussi eu de riches échanges sur la situation politique internationale et les tâches des révolutionnaires avec plusieurs organisations communistes d’Allemagne, d’Italie, de Suisse, d’Angleterre, d’Irlande, du Luxembourg, de Belgique, d’Espagne, de Macédoine et de République Tchèque, mais aussi du Swaziland, d’Angola, de Tunisie, du Liban et de Corée du Sud.
À la soirée de clôture, après les mots conclusifs du PCFR et du PCB, la parole a été donnée à une représentante du SWAPO namibien, au pouvoir depuis l’indépendance en 1990. Avec une certaine émotion, elle a rappelé la dette éternelle du peuple namibien envers la Russie soviétique, sans le soutien militaire et financier de laquelle les forces patriotiques ne seraient pas venues à bout de leur occupation par l’Afrique du Sud et son régime d’apartheid. Peuple namibien qui, rappelons-le, a subi le premier génocide moderne perpétré par la bourgeoisie colonialiste allemande. Notre représentante et membre du comité central, Pauline Detuncq, a également pu de nouveau prendre la parole. Remerciant le PCFR pour ce forum international d’une vitale importance pour les tâches immenses qui se dressent devant l’humanité tout entière, elle a fait remarquer à l’assemblée que le PRCF était la seule organisation française présente, ce qui a immédiatement provoqué des applaudissements de soutien. Soulignant que le PRCF était un noyau actif mais malheureusement encore modeste en nombre, elle a lancé un appel en invitant ces organisations du monde entier à nous aider à faire grandir les forces franchement communistes en France, afin de pouvoir contribuer pleinement à ce front international pour briser les chaînes du fascisme en attaquant chacun de ses maillons, et particulièrement au centre de la bête impérialiste.

Le forum s’est ainsi achevé par de puissants « Free Palestine » scandés avec détermination par les centaines de participants ; aux cris de « no pasarán », aux hourra célébrant le socialisme, le communisme, le marxisme-léninisme et par le refrain « El pueblo unido jamás será vencido » et enfin, bien-sûr, par une vibrante internationale chantée dans plus d’une dizaine de langues à la fois. Мы победим! Nous vaincrons !