Certes les similitudes entre ce qui se passe à Gaza et à Donetsk sont nombreuses et évidentes : agressions militaires de populations civiles par des armées de métier, l’une au mains de putschistes ouvertement nazis, l’autre dirigé par un régime d’Apartheid, dissymétrie flagrante entre les moyens militaires à la disposition de chacune des parties, guerre mondiale de l’information et bourrage de crane de la « communauté internationale » (comprendre l’O.T.A.N. et ses vassaux ou affidés), mise hors jeu de l’O.N.U. et du droit international… Cependant, il est un point commun moins visible mais qui est un but de guerre inavouable mais néanmoins important : le gaz et plus loin l’isolement de la Russie !
Officiellement l’écrasement de la population de Gaza sous un tapis de bombes est justifié par le gouvernement israélien par la nécessité de désarmer le Hamas, et de détruire 32 tunnels sortants de la bande de Gaza, le casus belli est constitué par l’assassinat de 3 jeunes israéliens.
Passons sur le fait que nul ne sait par qui et pourquoi ce crime a été commis.
Passons sur le fait que Gaza est victime d’un odieux blocus, et que la bade de Gaza constitue pour le Peuple de Palestine qui y est enfermé sinon un immense camps de concentration à ciel ouvert, du moins un ignoble ghetto.
Passons sur le fait que c’est la politique d’Israël à l’égard de l’OLP qui a permis au Hamas de prendre le pouvoir à Gaza (au pris d’une féroce répression des progressistes et des communistes gazaouis).
Passons sur le droit imprescriptible d’un peuple occupé à se défendre.
Le Hamas est au pouvoir depuis 2006 à Gaza, le tirs de roquettes depuis la bande de Gaza est bien antérieur à cette date, et les interventions militaires israéliennes sur Gaza (tant bombardements qu’invasions terrestres) se sont succédées depuis plus de dix ans, alors derrière le casus belli officiel, qu’est ce qui pousse l’Etat (voyou) d’Israël à une escalade sans précédent depuis des années dans la violence ?
Certes la volonté expansionniste d’un Israël qui piétine les résolutions de l’O.N.U concernant ses frontières explique en partie cette agression terroriste contre le peuple palestinien, mais deux évènements récents expliquent l’accélération des événements. Le 2 juin 2014, la formation d’un gouvernement d’unité national palestinien est annoncé, celui-rompt l’isolement du Hamas, et un peu auparavant le 23 janvier 2014 un partenariat entre Gazprom et l’Autorité Palestinienne est signé. Ce partenariat concerne l’exploitation des ressources maritimes gazières de Gaza qui sont estimées à 30 milliards de mètres cubes, ainsi qu’à l’exploitation du pétrole de Ramallah en Cisjordanie ainsi que la construction d’une centrale thermoélectrique.
La conjonction de ces deux événements ouvrent la porte à l’exploitation des ressources énergétiques palestiniennes, alors même que celles-ci, bien que connues depuis des années (dès 1999 deux puits ont été construits au large de Gaza) sont pour l’instant restées inexploitées.
En effet, Israël en a bloqué l’exploitation, jusqu’à ce que le « Quartet International » tente de spolier la Palestine de ses ressources en contraignant le consortium d’exploitation (majoritairement détenu par British Group) à verser les trois quarts des revenus sur un compte international contrôlé par les U.S.A etpar le Royaume Uni… C’est alors que le Hamas remporte les élections en 2006 à Gaza et s’oppose à cet accord injuste d’exploitation.En 2007, l’actuel ministre israélien de la Défense, Moshe Ya’alon indique que «le gaz ne peut pas être extrait sans une opération militaire qui éradique le contrôle du Hamas à Gaza ».
En 2008, Israël lance l’opération « Plomb durci » contre Gaza. En septembre 2012 l’Autorité Palestinienne annonce que, malgré l’opposition du Hamas, elle a repris les négociations sur le gaz avec Israël. Deux mois après, l’admission de la Palestine à l’ONU en tant qu’« Etat observateur non membre » renforce la position de l’Autorité palestinienne.
On le voit dans les buts de guerre israéliens, l’enjeu énergétique est bien présent, voire central : il s’agit de fait de priver le peuple palestinien de ses ressources énergétiques, et d’empêcher la Russie de reprendre position au moyen orient.
On trouve ainsi le lien avec la déstabilisation de l’Ukraine fomenté par les U.S.A (voir l’enquête de la télévision allemande ARD sur les événements de Maïdan) et sa courroie de transmission atlantique qu’est l’U.E.
En effet, les principaux gazoducs russes passent en Ukraine…Se dessine alors une volonté de repartage du monde au profit de l’impérialisme bifide occidental U.S.A./U.E. dans lequel Israël et les nazis du Maïdan s’unissent pour massacrer au Donbass et à Gaza et plus loin pour agresser la Russie l’attaquer dans le cœur de son économie : l’énergie.
Pourtant, la Russie ne se laisse pas faire, en effet le 18 juillet le sommet Russie/B.R.I.C.S. mettait en place une banque d’investissement présentant une alternative au FMI, alors même que la Chine ravissait la place de première puissance économique mondiale au U.S.A.
On le voit décidément, les menées impérialistes n’ont que faire des peuples et des vies humaines, plus que jamais le capitalisme dans sa lutte pour le partage du monde fomente guerres et massacres. Aussi au delà du soutien que nous devons au peuples de Gaza et du Donbass en lutte pour leur survie, il nous faut dénoncer l’oligarchie financière mondialisée qui, derrière le masque de la « communauté internationale », sème les ferments d’une troisième guerre mondiale et qui des marches de la Russie à l’Afrique en passant par le Moyen Orient essaime ses F16 et ses Rafales.
Le capitalisme sème la misère, le chaos et la guerre, il faut en sortir !
Pour comprendre quelle est une des raisons de l’attaque israélienne contre Gaza il faut aller en profondeur, exactement à 600 mètres sous le niveau de la mer, à 30 Km au large de ses côtes. Là, dans les eaux territoriales palestiniennes, se trouve un gros gisement de gaz naturel, Gaza Marine, estimé à 30 milliards de mètres cubes d’une valeur de milliards de dollars. D’autres gisements de gaz et pétrole, selon une carte établie par la U.S. Geological Survey (agence gouvernementale étasunienne), se trouvent en terre ferme à Gaza et en Cisjordanie.
En 1999, avec un accord signé par Yasser Arafat, l’Autorité Palestinienne confie l’exploitation de Gaza Marine à un consortium formé de British Group et Consolidated Contractors (compagnie privée palestinienne), avec respectivement 60% et 30% des actions, dans lequel le Fonds d’investissement de l’Autorité Palestinienne a un pourcentage de 10%. Deux puits sont creusés, Gaza Marine-1 et Gaza Marine-2. Mais ils n’entrent jamais en fonction, car bloqués par Israël , qui veut tout le gaz à des prix cassés. Par l’intermédiaire de l’ex Premier ministre Tony Blair, envoyé du « Quartet pour le Moyen Orient », est préparé un accord avec Israël qui enlève aux Palestiniens les trois quarts des futurs revenus du gaz, en versant la part qui leur revient sur un compte international contrôlé par Washington et Londres. Mais, immédiatement après avoir gagné les élections de 2006, le Hamas refuse l’accord, en le qualifiant de vol, et demande sa renégociation. En 2007, l’actuel ministre israélien de la Défense, Moshe Ya’alon indique que «le gaz ne peut pas être extrait sans une opération militaire qui éradique le contrôle du Hamas à Gaza ».
En 2008, Israël lance l’opération « Plomb durci » contre Gaza. En septembre 2012 l’Autorité Palestinienne annonce que, malgré l’opposition du Hamas, elle a repris les négociations sur le gaz avec Israël. Deux mois après, l’admission de la Palestine à l’ONU en tant qu’« Etat observateur non membre » renforce la position de l’Autorité palestinienne dans les négociations. Gaza Marine reste cependant bloqué, empêchant les Palestiniens d’exploiter la richesse naturelle dont ils disposent. En ce point l’Autorité palestinienne prend une autre voie. Le 23 janvier 2O14, lors de la rencontre du président palestinien Abbas avec le président russe Poutine, est discutée la possibilité de confier au russe Gazprom l’exploitation du gisement de gaz dans les eaux de Gaza. C’est l’agence Itar-Tass qui l’annonce, en soulignant que Russie et Palestine entendent renforcer la coopération dans le secteur énergétique. Dans ce cadre, en plus de l’exploitation du gisement de gaz, on prévoit celle d’un gisement pétrolifère dans les environs de la ville palestinienne de Ramallah en Cisjordanie. Dans la même zone, la société russe Technopromexport est prête à participer à la construction d’un site thermoélectrique d’une puissance de 200 MW. La formation du nouveau gouvernement palestinien d’unité nationale, le 2 juin 2014, renforce la possibilité que l’accord entre Palestine et Russie parvienne à bon port. Dix jours après, le 12 juin, survient l’enlèvement des trois jeunes Israéliens, qui sont retrouvés tués le 30 juin : le ponctuel casus belli qui amorce l’opération « Barrière protectrice » contre Gaza. Opération qui entre dans la stratégie de Tel Aviv, visant à s’approprier aussi des réserves énergétiques de l’entier Bassin du Levant, réserves palestiniennes, libanaises et syriennes comprises, et dans celle de Washington qui, en soutenant Israël, vise le contrôle de tout le Moyen Orient, en empêchant que la Russie ne réacquière une influence dans la région.
Un mélange explosif, dont les victimes sont une fois de plus les Palestiniens.
Manlio Dinucci
Edition de mardi 15 juillet 2014 de il manifesto
Traduit de l’italien par Maie-Ange Patrizio